Entre le et le , la Maison-Blanche déclare que deux destroyers américains, le USS Maddox et le USS Turner Joy, qui se sont aventurés dans les eaux territoriales du Nord-Viêt Nam, ont essuyé des tirs de la part des Nord-Vietnamiens. Il est établi aujourd'hui que les incidents du golfe du Tonkin ont été instrumentalisés pour permettre une escalade de l'intervention américaine dans le conflit vietnamien. Les « Pentagon Papers » ont révélé que le texte de la résolution a été rédigé par l'administration Johnson plusieurs mois avant que lesdits « incidents » aient lieu[1].
Ces « incidents » ont donc fourni au président Johnson, successeur de Kennedy à la mort de ce dernier, le prétexte pour faire voter le texte de la résolution par le Congrès américain, qui donne au président le pouvoir de déclarer la guerre sans avoir à demander au préalable, comme l'exige la constitution, la permission du congrès[2]. La Cour suprême, gardienne du respect de cette constitution, refusa de décréter l'anticonstitutionalité de la guerre malgré les pétitions qui lui étaient adressées[2]. Le président lance dès le les premiers raids américains sur les positions du Front national de libération du Sud Viêt Nam (FNL, ou Việt Cộng) au Sud-Viêt Nam et, le , il obtient du Congrès les pleins pouvoirs militaires pour attaquer la république démocratique du Viêt Nam. « On august 7, both houses of Congress, in a rush of patriotism, passed the Tonkin Gulf Resolution, giving president Johnson the authority to take all necessary measures to prevent further aggression. When the Johnson administration was sending large american military forces to Vietnam in later years, it sometimes cited this resolution as giving him the authority to do so[3]. » (Le les deux instances suprêmes, dans un élan de patriotisme, acceptèrent la résolution du golfe du Tonkin, donnant au président Johnson le pouvoir de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face aux agressions futures. Quand l'administration Johnson a envoyé par la suite d'abondantes forces américaines au Viêt Nam, elle s'est parfois réclamée de cette résolution qui lui en donnait le pouvoir)
Le , trois semaines après l'assassinat de Ngô Đình Diệm à Saïgon, le président John F. Kennedy est assassiné à son tour. En moins d'un mois, deux acteurs clés du conflit armé au Viêt Nam disparaissent ainsi à un moment critique.
Le vice-président Lyndon Baines Johnson, successeur de Kennedy, a choisi la politique du soutien à Saïgon. Dès le , celui-ci fut confirmé par le Mémorandum 273[réf. nécessaire].
Dans la république du Viêt Nam, appelée « Sud-Viêt Nam », la junte militaire, qui avait renversé Diêm, était dirigée par le Général Duong Van Minh, dit « Big Minh » de par sa corpulence. Elle a éliminé les partisans de Diêm du système politique et a remplacé 35 des 44 gouverneurs de province. Les luttes de factions ont réapparu et les nouveaux représentants politiques, aussi bien que les rares anciens maintenus en place, n’ont pu que se montrer prudents et attentistes.
Les dirigeants de la république démocratique du Viêt Nam à Hanoï, désireux d'exploiter les faiblesses de Saïgon, ont pris l’option de renforcer leur aide au Viet Cong qui contrôlait alors d'importantes zones au sud et à l'ouest de Saïgon. Le , un nouveau coup d'État survint au Sud-Viêt Nam. Minh est resté le chef officiel mais le pouvoir réel passa aux mains du général Nguyên Khanh, dans la valse de généraux. À la tête du gouvernement de la république du Viêt Nam à Saïgon créée par Diem.
Durant le reste de l'année 1964, cinq autres coups d'État, ou tentatives de coup d’État, se sont déroulés à Saïgon et sept gouvernements se sont succédé, dans une caricature de « république bananière »[réf. nécessaire]. Les États-Unis ont commencé à dresser des plans d'intervention en cas d'effondrement du pays et ont envisagé le bombardement de cibles stratégiques au nord du Viêt Nam afin de contraindre Hanoï à retirer son soutien au Viet Cong.
À cette même époque, des détachements armés de la CIA, en coopération avec l'Armée nationale de la république du Viêt Nam, ont effectué des opérations de commando contre des objectifs côtiers au nord du Viêt Nam (opération Plan 34 A). Dans le même contexte, des navires américains furent envoyés dans les eaux territoriales du Viêt Nam du Nord, dans le golfe du Tonkin (opération De Soto (en)), en observation, reconnaissance et soutien. L’incident, en lui-même, a été une défense côtière des garde-côtes de l’Armée populaire vietnamienne contre ces raids de la CIA. Le , des agents de la CIA opérèrent une mission clandestine contre des objectifs situés sur les îles de Hon Mé et Hon Ngu. Les dégâts qu'ils ont occasionnés furent limités mais Hanoï entendit riposter durement. Des patrouilleurs du Nord-Viêt Nam furent envoyés au large des îles afin d'éviter toute nouvelle intervention des États-Unis.
À Washington, Johnson a confirmé les opérations « De Soto » et le destroyer USS Turner Joy a rejoint le Maddox pour une nouvelle patrouille dans le même secteur. Dans la soirée du , les marins américains signalent une nouvelle attaque ; selon leur rapport, un combat de quatre heures a été mené au cours duquel 22 torpilles ont été tirées contre les navires américains et à l'issue duquel trois navires adverses ont été touchés[réf. nécessaire]. La réalité de ce second incident reste des plus controversées. Aucune preuve matérielle ne fut découverte : ni corps, ni débris ou épaves, ni impacts sur les navires américains ; l'« accrochage » s'était d'ailleurs déroulé lors d'une nuit sans lune et avec des orages dans le secteur. La version qui a été longtemps avancée des incidents du golfe est que la désinformation aurait été due à un simple problème de communications[réf. nécessaire]. C'est en 2001 seulement qu'un historien de la National Security Agency, Robert Hanyok, a établi que ces communications avaient été délibérément falsifiées[réf. nécessaire]. Mais ce rapport interne n'a pas été rendu public, jusqu'à ce qu'un article du New York Times du en révèle la teneur.
En résumé, ces incidents du golfe du Tonkin se sont avérés être la fabrication d’un prétexte pour étendre les combats au nord du Viêt Nam par une guerre aérienne.
« Joint Resolution of Congress
H.J. RES 1145
August 7, 1964Resolved by the Senate and House of Representatives of the United States of America in Congress assembled,
That the Congress approves and supports the determination of the President, as Commander in Chief, to take all necessary measures to repel any armed attack against the forces of the United States and to prevent further aggression.
Section 2. The United States regards as vital to its national interest and to world peace the maintenance of international peace and security in southeast Asia. Consonant with the Constitution of the United States and the Charter of the United Nations and in accordance with its obligations under the Southeast Asia Collective Defense Treaty, the United States is, therefore, prepared, as the President determines, to take all necessary steps, including the use of armed force, to assist any member or protocol state of the Southeast Asia Collective Defense Treaty requesting assistance in defense of its freedom.
Section 3. This resolution shall expire when the President shall determine that the peace and security of the area is reasonably assured by international conditions created by action of the United Nations or otherwise, except that it may be terminated earlier by concurrent resolution of the Congress. »
Les opérations aériennes ont amené rapidement la nécessité de résoudre un autre problème, celui de la protection des bases aériennes américaines au sud. Le 7 mars 1965, le président Johnson a ordonné le déploiement terrestre de Marines en vue de protéger la base de Da Nang. Cette décision, qui signifiait le début de l'envoi massif de troupes terrestres et leur logistique au Viêt Nam, jusqu’à 500 000 militaires par rotation (« tour of duty ») d'un an à chaque séjour), dont trois combattants sur dix dans la lourde logistique, allait avoir des conséquences irrémédiables.[réf. nécessaire]