La commune de Saint-Chef compte plus de 3 000 habitants répartis sur 2 716 hectares, dans le nord-ouest du département de l'Isère, dans le canton de Bourgoin-Jallieu. Le relief tourmenté de ce vaste territoire culmine à 308 mètres d'altitude.
Le bourg s'est développé autour d'un monastère fondé au VIe siècle, dans un vallon jadis appelé le val Rupian. Cette communauté religieuse fut une des plus puissantes de France avant de connaître le déclin, puis sa translation en 1774.
Ce village a accueilli quelques personnes célèbres comme l'acteur Louis Seigner qui y est né et y a passé son enfance et l'écrivain Frédéric Dard, né à Jallieu (ville aujourd'hui raccrochée à Bourgoin), qui a passé une partie de sa vie. En hommage à Louis Seigner, un groupe scolaire portant son nom.
Frédéric Dard, enfant du pays, a écrit :
« Saint-Chef [...] somnole comme une bête heureuse à l'ombre de son abbaye. [...] C'est le lieu du recueillement, de la méditation, de la sérénité. »
La commune est située au nord-est de Bourgoin-Jallieu (et donc à l'est de Lyon), en bordure de l'Isle Crémieu, pays du calcaire, un vallon composé de bois de châtaigniers, d'étangs et de plateaux propices à la vigne.
La commune de Saint-Chef est située en bordure sud-orientale de la région naturelle de L'Isle-Crémieu qui est riche en débris d'oursins et quelquefois même de débris de crustacés[2].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,3 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 17,9 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 114 mm, avec 10,5 jours de précipitations en janvier et 6,9 jours en juillet[3]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Bourgoin », sur la commune de Bourgoin-Jallieu à 8 km à vol d'oiseau[5], est de 12,4 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 844,0 mm[6],[7]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[8].
Au , Saint-Chef est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[9].
Elle est située hors unité urbaine[10]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Lyon, dont elle est une commune de la couronne[Note 1],[10]. Cette aire, qui regroupe 397 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[11],[12].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (66,4 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (73 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
terres arables (35 %), zones agricoles hétérogènes (31,4 %), forêts (23,2 %), zones urbanisées (9,2 %), zones humides intérieures (1,1 %)[13]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
L'ensemble du territoire de la commune de Saint-Chef est situé en zone de sismicité no 3 (sur une échelle de 1 à 5), comme la plupart des communes de son secteur géographique[14].
La commune doit son nom à saint Theudère du Dauphiné, né dans le proche hameau de Arcisse, et mort en 575 à la recluserie de Vienne en Dauphiné. Il fonda au VIe siècle, sur le site de l'actuel Saint-Chef, un monastère dont subsistent de nombreux vestiges. Le village s'est développé autour de cette communauté religieuse et portait le nom de Sanctus Theudérium.
D’après l’Histoire de la sainte église de Vienne depuis les premiers temps du christianisme, le bourg fut appelé d’abord Saint-Theudère, ensuite Saint-Chef, à cause du chef (caput) du saint que l’on conservait en cet endroit-là[16].
Victor Teste, auteur d'un Essai archéologique sur le monastère de l'église abbatiale de Saint-Chef en Dauphiné (1852), cite[17] l'historien Charvet, auteur d'une Histoire de la sainte église de Vienne (1761), qui indique qu'il s'agissait de la relique de saint Thibaud, archevêque de Vienne au Xe siècle[18]. Victor Teste mentionne ainsi les pèlerins qui aurait eu « pour habitude de dire : Allons au saint Chef » (Adeamus Sanctum Caput), expression qui serait ensuite passée au lieu. L'auteur Achille Raverat (1812-1890), dans son À travers le Dauphiné (1861), reprend cette même version.
L'abbaye se développe au fil du temps. L'église abbatiale est datée des Xe et XIe siècles. Un premier château est construit sur la colline nord. Il sera suivi par deux autres, plus tardifs, toujours sur cette même colline mais plus à l'ouest. Après la Révolution française, l'abbaye est démantelée et ses bâtiments ré-utilisés pour la plupart, ou détruits pour certains autres. On peut s'y souvenir des pas des moines bénédictins dans le centre historique du village, résonnants au détour des ruelles, aux abords des maisons à tourelles et bâtiments du XVIe siècle. Daft y est passé.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[20]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[21].
En 2021, la commune comptait 3 795 habitants[Note 2], en évolution de +4,83 % par rapport à 2015 (Isère : +2,71 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Chaque année, la commune de Saint-Chef organise une riche palette d'animations :
la fête vigneronne de la Saint-Valentin (en février), accompagnée d’une foire aux vins et produits régionaux.
les Musées en Fête (les 3es weekends de mai) et de nombreuses activités en lien avec l'enfant du pays Frédéric Dard, dont la célèbre enquête policière à la San-Antonio dans le centre historique du village.
la Fête de la musique (en juin) sur le parvis de l’église et la place de la Mairie, pour une soirée sous le signe des musiques du monde.
les Journées européennes du patrimoine (les 3es weekends de septembre), qui permettent de découvrir gratuitement le musée et les fresques de Saint-Chef.
le festival Gospel (en octobre) spectacle de chant avec de très belles voix de jeunes et de moins jeunes gens.
le concours les 3 glorieuses de la boule rupéenne (en octobre) concours contenant en tout 12 compétitions allant du double au simple toutes divisions en passant par le mixte et le junior.
Historiquement, le quotidien à grand tirage Le Dauphiné libéré consacre, chaque jour, y compris le dimanche, dans son édition du Nord-Isère, un ou plusieurs articles à l'actualité du canton, de la communauté de communes, ainsi que des informations sur les éventuelles manifestations locales, les travaux routiers, et autres événements divers à caractère local.
La communauté catholique et l'église de Saint-Chef (propriété de la commune) est rattachée à la paroisse Saint François d'Assise dont la maison paroissiale est située à Bourgoin-Jallieu. Celle-ci est également rattachée au diocèse de Grenoble-Vienne[26].
Le bâtiment principal abrite l'un des plus importants ensembles de fresques romanes de France datant du XIIe siècle, sur le thème de l'Apocalypse, classées également monument historique[30] (L'intérêt historique et artistique de ses fresques leur valent d'être reproduites au sein de la Cité de l'architecture et du patrimoine de Paris.).
Dans le village, le visiteur peut découvrir de nombreux bâtiments liés à l'abbaye avec ses maisons de chanoines.
La tour du Poulet, des XIV, XVe et XVIIIe siècles, est le dernier vestige de l'ancien château fort de Montcarra, bâti par le chevalier Bertrand Carra en 1309. Le château fut incendié par l'archevêque de Vienne en 1402, car la famille des Torchefelon, qui en était propriétaire, se refusa de lui rendre hommage. Ensuite le château fut de la famille des Alleman[31],[32].
Le château Teyssier de Savy, ou le Grand château[33], est un manoir des XVe – XVIe siècle, remanié au XVIIIe siècle, cité depuis le XIVe siècle. La petite bourgade qui s'est développée à partir du milieu du Moyen Âge, autour du monastère fondé au VIe siècle était protégé par une muraille et un château, détruit en 1576. L'édifice actuel a été reconstruit à la fin du XVIe siècle après les guerres de religion. Il est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du [34].
La Maison du patrimoine, située dans une ancienne maison de chanoine du XVIe siècle, présente de manière moderne et ludique la commue de Saint-Chef, riche de près de 15 siècles d'histoire : de l'origine de la construction du monastère bénédictin à l'interprétation des plus belles fresques de l'église abbatiale, symbole du paradis céleste, en passant par la présentation des traditions locales toujours aussi présentes et des enfants du pays tels Frédéric Dard, Louis Seigner…
Quelques photos de divers monuments de Saint-Chef
La Tour du Poulet.
La Maison du patrimoine.
le monument aux morts
Église Saint-Theudère
Croix de place
Saint-Chef - Plaque de la maison des seigneurs de By
Thibaut de Vienne (927-1001), né au château de Tolvon (Dauphiné), élevé à la cour royale de Bourgogne, instruit à l'abbaye Saint-Theudère de Saint-Chef, archevêque de Vienne de 957 à 1001, grand rassembleur, battant monnaie (le denier argent Thibaud), canonisé par le peuple dauphinois, dont le culte fut approuvé par Pie X en 1902 et inscrit au diocèse de Grenoble. Il fut, aux Xe et XIe siècles, l'un des promoteurs de l'abbatiale romane Saint-Theudère participant à la réalisation de ses fresques qui font de nos jours la renommée mondiale de la commune. Thibaut de Vienne eut dans sa lignée un autre saint, l'un de ses arrière-petits-neveux, dont il prophétisa la haute destinée : Thibaut de Provins (1039-1066). Les deux Thibaut appartiennent au lignage célèbre des Bosonides, puissants et violents féodaux de l'époque.
Frédéric Dard (1921-2000), écrivain célèbre pour sa série des San-Antonio. Il est enterré dans le cimetière du village. Dans les années 1930, il a vécu une partie de son enfance dans une maison de la famille de sa mère, Joséphine-Anna Cadet.
L'inspecteur Alexandre-Benoît Bérurier et sa nièce Marie-Marie, deux personnages de la série de romans San-Antonio, habitent à Saint-Chef que l'on peut retrouver sous le nom de Saint-Locdu le Vieux dans les San-Antonio.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑François-Zénon Collombet, Histoire de la sainte église de Vienne depuis les premiers temps du Christianisme, jusqu'à la suppression du siége, en 1801, Volume 2, Lyon, (lire en ligne), p. 168.
↑Victor Teste, « Essai archéologique sur le monastère de l'église abbatiale de Saint-Chef en Dauphiné », Revue du Lyonnais, vol. IV, , p. 85-94, notamment p.86 (lire en ligne).
↑Claude Charvet, Histoire de la sainte église de Vienne, 1761, Chez C. Cizeron, 798 p. (lire en ligne), p. 454.
↑ a et bEric Tasset, Châteaux forts de l'Isère : Grenoble et le Nord de son arrondissement, Grenoble, éditions de Belledonne, , 741 p. (ISBN978-2-911148-66-8), p. 696.