Sandarmokh

Sandarmokh
Un des monuments commémoratifs de Sandarmokh.
Nom local
(ru) СандармохVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
République
District municipal
Établissement urbain
Coordonnées
Fonctionnement
Patrimonialité
Objet patrimonial culturel de Russie d'importance régionale (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Histoire
Fondation
Carte

Sandarmokh (en russe : Сандармо́, en carélien : Sandarmoh) est un massif forestier situé dans la République de Carélie en Russie. Le massif est situé le long de l'autoroute A119 entre Karhumäki et Poventsa, à 19 kilomètres de Karhumäki[1].

Le massif est notamment connu pour avoir été le lieu d'exécutions de masse lors des purges staliniennes.

Exécutions de masse

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Le lieu fut le théâtre d’exécutions de masse lors des purges staliniennes[2],[3]. Les exécutions de masse à Sandarmokh ont commencé le 11 août 1937 et se sont poursuivies pendant 14 mois. Selon des sources d'archives, plus de 7 000 personnes y ont été fusillées : ouvriers, paysans, fonctionnaires, travailleurs culturels, artistes, prêtres et militaires.

Parmi les personnes abattues, on a compté 3 500 habitants de la République socialiste soviétique autonome de Carélie et environ 3 000 prisonniers du canal mer Blanche-Baltique. De plus 1 111 prisonniers du camp de prisonniers des Îles Solovki y ont été exécutés.

Parmi les personnes exécutées figurent des représentants de plus de 60 nationalités, dont 2 154 Russes, 762 Finlandais, 676 Caréliens, 493 Ukrainiens, 212 Polonais, 184 Allemands et 89 Biélorusses[4]. Jusqu'à 9 500 personnes y auraient été exécutées[5].

Entre autres, Kouzebaï Gerd, qui était considéré comme le poète national des Oudmourtes a été tué à Sandarmokh[6].

Habituellement, les accusés étaient condamnés par un tribunal constitué de trois juges du NKVD, la police secrète soviétique[5]. Après un procès sommaire, ils ont été emmenés dans la forêt de Sandarmokh[5].

Les condamnés étaient placés face contre terre dans la fosse, et le bourreau tirait sept coups sur le condamné avec un revolver, puis rechargeait son arme[5].

Victimes abattues à Sandarmokh, 1937-1938

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Les milliers de personnes exécutées pendant 14 mois d'octobre 1937 à décembre 1938 se répartissent en trois grands groupes.

Nombreux étaient Caréliens, un total de 2 344 habitants libres de la république de Carélie. Un plus petit nombre (624) étaient des "colons" forcés, c'est-à-dire des paysans exilés vers le Nord après la collectivisation de l'agriculture. Un grand nombre de ces fusillés (1 988) étaient déjà prisonniers des camps de Belbaltlag (Canal de la mer Blanche). Un petit groupe de 1 111 prisonniers y a été amené du camp de prisonniers des Îles Solovki. Ensemble, ils représentaient près de la moitié des personnes abattues pendant la Grande Terreur Page d'aide sur l'homonymie en Carélie.

Youri Alexeyevitch Dmitriev a écrit: « Aux côtés des paysans travailleurs, des pêcheurs et des chasseurs des villages voisins, il y avait des écrivains et des poètes, des scientifiques et des universitaires, des chefs militaires, des médecins, des enseignants, des ingénieurs, des membres du clergé de toutes confessions et des hommes d'État qui ont trouvé leur dernière demeure ici." Parmi le dernier groupe nommé se trouvaient des membres éminents de l'intelligentsia issus des nombreuses cultures nationales et ethniques de l'URSS, par exemple des Finlandais, des Caréliens et des Allemands de la Volga. L'Ukraine a été particulièrement pointée du doigt, perdant 289 de ses écrivains, dramaturges et autres personnalités publiques, la Renaissance fusillée, en une seule journée. »

Les 25 victimes suivantes illustrent la diversité des personnes tuées.

  • Fyodor Bagrov, chef de ferme collective en Carélie[7] : fusillé le 22 avril 1938, âgé de 42 ans
  • Hryhorii Epik, Écrivain ukrainien : fusillé le 3 novembre 1937, âgé de 36 ans
  • Vasily Helmersen (en), Bibliothécaire et artiste russe : abattu le 9 décembre 1937, âgé de 64 ans
  • Myroslav Irchan, Écrivain, journaliste et dramaturge ukrainien : abattu le 3 novembre 1937, âgé de 40 ans
  • Alexeï Kostine, membre d'une ferme collective en Carélie[9] : fusillé le 9 mars 1938, âgé de 39 ans
  • Camilla Krouchelnitskaïa, organisatrice d'un groupe catholique clandestin à Moscou : fusillée le 27 octobre 1937, à l'âge de 45 ans
  • Mykola Koulich, Écrivain, éducateur, journaliste et dramaturge ukrainien : abattu le 3 novembre 1937, âgé de 40 ans
  • Les Kurbas, Directeur de théâtre ukrainien : abattu le 3 novembre 1937, âgé de 50 ans
  • Nikita Remnev, charpentier en Carélie[10] : fusillé le 3 avril 1938, âgé de 37 ans
  • Ivan Siyak (ru), Chef militaire ukrainien : abattu le 3 novembre 1937, âgé de 50 ans
  • Grigori Chklovski (ru), Diplomate soviétique, ex-bolchevique : fusillé le 4 novembre 1937, âgé de 62 ans
  • Kalle Toppinen, charpentier en Carélie[11] : fusillé le 5 mars 1938, âgé de 45 ans
  • Kalle Vento (fi), Journaliste finlandais : abattu le 28 décembre 1937, âgé de 41 ans
  • Anton Yablotsky, « Colon spécial » polonais d'Ukraine[13] : fusillé le 21 janvier 1938, âgé de 37 ans
  • Mykhailo Yalovy, Ecrivain ukrainien : tué le 3 novembre 1937, âgé de 42 ans.
  • Mykola Zerov, Poète ukrainien : fusillé le 3 novembre 1937, âgé de 47 ans

Les membres de la diaspora finlandaise qui ont émigré en URSS pendant la Grande Dépression et qui ont ensuite été arrêtés et abattus à Sandarmokh dans le cadre de l'opération finlandaise du NKVD, sont répertoriés par John Earl Haynes et Harvey Klehr. Ils comptaient 141 Finno-Américains et 127 Finno-Canadiens[14].

Nouvelles fouilles et construction d'un discours officiel

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À partir de 2016, il y a eu des tentatives de réviser ce récit des fusillades à Sandarmokh et d'affirmer que parmi les morts se trouvaient des prisonniers de guerre soviétiques abattus par les Finlandais durant la guerre de continuation de 1941-1944. Il y eut des articles de journaux et des émissions télévisées en Russie et une publication dans la presse finlandaise. La même année, une enquête pour abus sexuel contre Yuri Dmitriev a été ouverte par les autorités[15].

La motivation derrière cette affirmation et les nouvelles preuves supposées ont toutes été contestées. Dans une enquête longue et détaillée, la journaliste russe Anna Yarovaya a examiné les preuves et interrogé les historiens et ceux qui avaient découvert le site. Elle s'est entretenue avec des historiens finlandais de la Seconde Guerre mondiale; Irina Flige de Memorial et Sergei Kashtanov, chef de l'administration du raïon où les fosses communes ont été découvertes. Elle a également interviewé Sergei Verigin, l'un des historiens russes qui a avancé la nouvelle hypothèse. Les journaux et la télévision russes avaient parlé de « milliers » de prisonniers de guerre abattus par les soldats finlandais et enterrés à Sandarmokh : s'adressant publiquement à Anna Yarovaya, Sergei Verigin était plus prudent et parlait de dizaines ou de centaines[16].

L'édition carélienne de la chaîne de télévision publique Rossiya a annoncé brièvement le 22 avril 2018 qu'il y aurait de nouvelles enquêtes à Sandarmokh « cet été »[17].

L'Agence France-Presse a couvert les développements ultérieurs en septembre 2018, citant des critiques qui affirment que les fouilles ont une motivation politique pour manipuler l'opinion publique et une tentative de dissimulation des crimes staliniens[15]. Le site web EUvsDisinfo.eu du Service européen pour l'action extérieure a classé les allégations selon lesquelles les Finlandais seraient responsables des meurtres de Sandarmokh comme de la « désinformation pro-Kremlin »[18].

Le responsable du musée local, Sergei Koltyrin, a été arrêté en octobre 2018, peu après avoir critiqué publiquement les nouvelles fouilles. Il a été condamné à huis clos pour pédophilie à 9 ans de prison. Début mars 2020, un tribunal local a décidé de le libérer en raison d'une maladie en phase terminale, mais le procureur a contesté cette décision et Sergei Koltyrin est décédé dans un hôpital pénitentiaire le 2 avril 2020[19].

Bibliographie

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  • Irina Flige, Sandarmokh : Le livre noir d'un lieu de mémoire, Paris, Belles lettres, , 167 p. (ISBN 978-2-251-45129-9)[3]

Références

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  1. Pierre Avril, « Russie : en Carélie, les charniers des victimes de Staline revisités », Le figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Flige 2001
  3. a et b Sylvain Boulouque, Sandormokh, lieu de mémoire de la terreur soviétique, nonfiction.fr, 9 février 2021
  4. (ru) « Objekty istoriko-kulturnogo nasledija Karelii: Sandarmoh », sur monuments.karelia.ru (consulté le )
  5. a b c et d (fi) « Sandarmohin metsän synkkä salaisuus paljastui, mutta jääkö muualle haudattujen suomalaisten kohtalo selvittämättä? », sur tel.fi, Yle Uutiset (consulté le )
  6. (fi) « Mihail Hudjakov Dorvyžy », sur Kiiltomato.net (consulté le )
  7. (en) « Fyodor P. Bagrov, Sandomorkh memorial graveyard », sur sand.mapofmemory.org, Iofe Foundation,
  8. (ru) "Natsionalnyje pisateli Karelii: finskaja emigratsija i politicheskije Repressii 1930h godov: biobibliograficheski ukazatel", Petrozavodsk, National Library of Karelia, (ISBN 5-7378-0074-1), p. 40–41
  9. (en) « Alexei Kostin » (Sandomorkh memorial graveyard), sur sand.mapofmemory.org, Iofe Foundation,
  10. (en) « Nikita F. Remnev, Sandomorkh memorial graveyard », sur sand.mapofmemory.org, Iofe Foundation,
  11. (en) « Kalle P. Toppinen, Sandomorkh memorial graveyard », sur sand.mapofmemory.org, Iofe Foundation,
  12. (en) « Pavel Chichikov, "Modern Martyrdoms" », Catholic Exchange,
  13. (en) « Anton P. Yablotsky, Sandomorkh memorial graveyard », sur sand.mapofmemory.org, Iofe Foundation,
  14. (en) John Earl Haynes, Harvey Klehr, In Denial: Historians, Communism, and Espionage, Encounter Books, , 117, 235 (ISBN 1-893554-72-4)
  15. a et b « "Ils veulent effacer les crimes staliniens": fouilles controversées en Carélie », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le )
  16. (en) Anna Yarovaya, « "Rewriting Sandarmokh" », The Russian Reader, (consulté le )
  17. (en) « "Disquieting News" », sur dmitrievaffair.com, (consulté le )
  18. (en) « Disinfo cases – Finns organised mass shootings of Soviet soldiers in Sandarmokh, Karelia », sur EUvsDisinfo.eu, Service européen pour l'action extérieure, (consulté le )
  19. (fi) Arja Paananen, « Venäläisessä vankilasairaalassa kuoli Suomen puolia pitänyt Sergei Koltyrin », Ilta-Sanomat,‎ (lire en ligne, consulté le )

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Article connexe

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Liens externes

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