Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Nationalité | |
Activités |
Mouvement | |
---|---|
Site web | |
Archives conservées par |
Sarane Alexandrian est un essayiste, romancier, historien d’art et critique littéraire français appartenant au mouvement surréaliste, né le à Bagdad et mort le à Ivry-sur-Seine[1].
Sarane Alexandrian est né à Bagdad d'une mère française et d'un père irakien, stomatologue du roi Fayçal ibn Hussein. Sa famille s'installe en France en 1932. Durant son adolescence, il participe, à seize ans, à la Résistance dans le Limousin. À la même période, il est initié au dadaïsme et au non-conformisme par le dadasophe Raoul Hausmann. À vingt ans, à Paris, il devient « le bras droit d’André Breton », selon l’opinion publique, et « le théoricien no 2 du surréalisme ». André Breton lui confia d’ailleurs la direction du secrétariat de Cause, avec Georges Henein et Henri Pastoureau, pour répondre à l’afflux des jeunes candidats au groupe surréaliste venus du monde entier[2]. Cofondateur, en 1948, de la revue Néon (5 numéros de à ), et porte-parole du « Contre-groupe H » qui se regroupe autour du peintre Victor Brauner, son grand ami, qui le surnommera le Grand Cri-chant du rêve, Alexandrian devient le chef de file de la jeune garde surréaliste (Stanislas Rodanski, Claude Tarnaud, Alain Jouffroy, Jean-Dominique Rey ou la peintre Madeleine Novarina qui sera la Fée-précieuse, l'épouse d'Alexandrian de 1954 jusqu'à sa disparition en 1991[2]), des novateurs, qui s’opposent aux orthodoxes du mouvement, en situant le surréalisme au-delà des idées et en accordant la priorité au sensible. La « rupture » avec André Breton intervint en , mais ne remit jamais en cause son estime et son admiration pour le fondateur du surréalisme. « Auprès de lui, on apprenait le savoir-vivre des poètes, dont l’article essentiel est un savoir-aimer… On l’admirait pour la dignité de son comportement d’écrivain, ne songeant ni aux prix, ni aux décorations, ni aux académies », a écrit Sarane Alexandrian dans son mémorable André Breton par lui-même (Le Seuil, 1971). Pour Alexandrian, dès l’après-guerre (in Christophe Dauphin, Sarane Alexandrian ou le grand défi de l'imaginaire, L'Âge d'Homme, 2006), être surréaliste revint à intégrer un collectif ayant pour but la quête de la « beauté convulsive », et dont les membres s’aimaient fraternellement en se contestant parfois âprement au nom des plus hautes exigences de perfection. Écrivain révolutionnaire, Sarane Alexandrian a toujours travaillé à l’éveil comme à la libération de l’homme, puisant ses sources et ses inspirations dans la poésie vécue: c'est-à-dire la vie entière.
Depuis lors, l’originalité de la création de Sarane Alexandrian, comme l’importance de sa pensée – qui s’étendent à des domaines aussi vastes que la fiction, la critique d’art, la politique, l’histoire, la magie sexuelle et la pensée magique –, n’ont pas tant reposé sur son activité au sein du groupe surréaliste, que sur sa démarche de continuité et de dépassement de ce mouvement. Au sein de son œuvre, Le Surréalisme et le rêve, Le Socialisme romantique, et L’Histoire de la philosophie occulte, forment une trilogie à la gloire des pouvoirs réels de l’imagination et de l’intuition. Le premier livre montre comment l’imaginaire absolu peut féconder la poésie écrite et vécue ; le second, comment il est capable d’édifier de grands systèmes sociaux ; le troisième établit une synthèse de la philosophie et de la religion pour trouver le sens de l’inconnu, l’invisible, l’infini. Les œuvres critiques d’Alexandrian ne sont pas des travaux de vulgarisation (l’idée lui répugne), mais des essais de méditations qu’il rend accessible à un large public, en évitant l’excès des termes spéciaux. Il n’en va pas autrement de son œuvre de création. Le surréalisme, la psychanalyse, le socialisme romantique, la philosophie occulte, l’humanisme libertin du XVIe au XVIIIe siècle, sont autant de goûts intellectuels que cet écrivain a contracté dans sa jeunesse, sans jamais en déroger. Ces influences ont largement influencé sa conception des êtres comme des choses ; l’écrivain ne cessant même à travers l’exploration de ces domaines contigus, d’y découvrir des merveilles trop ignorées, et pourtant profitables au monde futur.
Romancier, essayiste, historien d’art, journaliste (L’Œil, L’Express) et fondateur, en 1995, de la revue d’avant-garde Supérieur Inconnu[2], Sarane Alexandrian, a publié de nombreux livres, dont certains ont connu un succès international : Le Surréalisme et le rêve (Gallimard, 1974), Histoire de la philosophie occulte (Seghers, 1983), Histoire de la littérature érotique (Seghers, 1989). Cet ouvrage fut toutefois critiqué car contenait une certaine hostilité, voire une agressivité gratuite, contre les homosexuels. Ses romans d’aventures mentales, comme ses nouvelles, imbibées de poésie, sont de véritables mythes modernes écrits en autohypnose. Toutes ses œuvres de fiction sont fondées sur le principe de la métaphore en action. Les Terres fortunées du songe, avec dix-huit dessins de Jacques Hérold, Galilée, 1980), est considéré comme le chef-d’œuvre de sa création, et comme l’une des plus hautes cimes de la prose surréaliste. Il s’agit d’un roman mythique absolument inclassable, ni science-fiction, ni allégorie, ni récit fantastique traditionnel, ni satire d’humour noir, mais tenant de tout cela ensemble. Sa dernière publication aura été Les Peintres surréalistes (Hanna Graham, New-York – Paris, 2009), somme dans laquelle il démontre qu’il est l’un des meilleurs connaisseurs de l’art surréaliste. Un des titres auquel il tenait par-dessus tout aura été d’avoir animé, en vingt-neuf numéros, l’une des meilleures revues littéraires et artistiques de la dernière décennie, et d’avoir réuni autour de lui une « fratrie » ardente, qui aspire à être à la hauteur de son magnifique non-conformisme. La pensée d’Alexandrian se rattache à la Gnose moderne, c’est-à-dire à cette activité de connaissance qui implique aussi bien la philosophie occulte et l’érotologie, que l’analyse des principaux systèmes d’évaluation du réel. La pensée d’Alexandrian n’a pas d’œillères et se nourrit aussi bien de la pensée d’André Breton, le poète insoumis du surréel, que de celles de Charles Fourier, le maître d’Harmonie, de Aleister Crowley, le maître de la Haute magie sexuelle (lire d’Alexandrian sur le sujet : Le Doctrinal des jouissances amoureuses, Filipacchi, 1997 ; La Magie sexuelle, La Musardine, 2000[3], ou encore La Sexualité de Narcisse, Le Jardin des Livres, 2003), ou de celle de Cornelius Agrippa, modèle de l’humanisme de tous les temps. Chez Alexandrian, le mot Gnose est à prendre dans son vrai sens, celui de « connaissance pure », et non dans un contexte religieux, (in Christophe Dauphin, Hommage au Grand Cri-chant: Sarane Alexandrian, in Les Hommes sans épaules no 28, 2009). La Gnose moderne d’Alexandrian préconise le salut par le rêve, la révolution, la connaissance et l’amour.
Sarane Alexandrian a également préfacé plusieurs expositions (Max Ernst, Roger Langlais[4], Matta, etc.).
Il entreprit également une correspondance avec Ghérasim Luca[5].
Il est inhumé au columbarium du Père-Lachaise (division 87, case n° 40 048).