La Srpska književna zadruga (en serbecyrillique : Српска књижевна задруга ; en abrégé : SKZ/СКЗ), en français : la Coopérative littéraire serbe[N 1], créée le [1], est la plus ancienne organisation d'écrivains et la seconde plus ancienne maison d'édition de Serbie encore en activité après la Matica srpska de Novi Sad. Depuis 2013, son président est l'écrivain Milovan Danojlić[2].
La Coopérative littéraire serbe a comme but de contribuer par son activité à diffuser la culture en général et la culture nationale serbe en particulier, notamment en publiant des œuvres dans le domaine de la création culturelle. Elle fonctionne comme une organisation indépendante gérée par ses membres.
Lors de sa fondation en 1892, l'académicienStojan Novaković (1842-1915)[3] été élu comme son premier président[4],[N 2] et le poète Jovan Jovanović Zmaj (1833-1904)[5],[N 3] été élu comme son premier président vice-président, tandis que l'historien Ljubomir Jovanović (1865-1928) a été élu secrétaire[6],[N 4]. Jovan Jovanović Zmaj a également dessiné son emblème[7]. Pendant de nombreuses années, Novaković a été président de coopérative, qui a publié les meilleurs ouvrages de la littérature serbe, de l'histoire et de la littérature scientifique nationale ; son premier livre publié a été Život i priključenija Dimitria Obradovića (La Vie et les Aventures de Dimitrije Obradović) de Dositej Obradović (1833)[N 5],[8].
Le jour de sa fondation, les statuts de la Srpska književna zadruga ont été adoptés, stipulant que l'association se donnait comme but « de contribuer à une meilleure diffusion d'œuvres choisies de la belle littérature et de cours utiles généralement et de créer ainsi une bibliothèque pour toutes les catégories du peuple »[1],[9]. Le second point du règlement stipule que l'Association littéraire serbe prendra soin de « préparer de manière critique les éditions d'écrivains serbes des plus anciens aux plus récents, de publier des œuvres sélectionnées de la littérature contemporaine belle et généralement utile, de diriger le choix de la traduction et des emprunts aux littératures slaves, étrangères et classiques, de contribuer généralement au développement plus large de la littérature populaire, en facilitant l'édition et la diffusion des livres par tous les moyens à sa disposition »[1],[9]. Les règlements précisent que, pour atteindre ces objectifs, la Coopérative publiera « une série de livres selon ses propres ressources » chaque année, qui « ne peut inclure moins de six livres ni moins de six pages imprimées » par livre[1],[9].
Le , les fondateurs ont envoyé une proclamation intitulée « À tous le peuple serbe » (Svem srpskom narodu), dans laquelle ils invitaient les Serbes à « acheter » la Srpska književna zadruga, en soulignant notamment que l’unité de l’espace culturel serbe constituait l’une des conditions fondamentales du progrès du peuple serbe[1].
À l'automne de 1892, la Srpska književna zadruga a publié son premier Kolo[1],[N 6], nom donné à la série de publications de l'année et nom qu'il conserve encore aujourd'hui[10]. Cette première série comptait sept ouvrage : Život i priključenija (Vie et Aventures) de Dositej Obradović (1er livre), S mora i sa suva (De la mer et du sec) de Milan Jovanović, Davorje de Jovan Sterija Popović, Bakonja fra Brne de Simo Matavulj, Dramatski spisi de Kosta Trifković, Istinska služba d'Ignati Potapenko, Istorija srpskog naroda de Ljubomir Kovačević et Ljubomir Jovanović[1]. L'année suivante, en 1893. le second Kolo a été imprimé, lui aussi formé de sept ouvrages : le second livre de Život i priključenija de Dositej Obradović, les Memoari (Mémoires) de Prota Mateja Nenadović, Dva idola (Deux Idoles) de Bogoboj Atanacković, Kameno doba (L'Âge de pierre) de Jovan Žujović, Prve žrtve (Les premières Victimes) d'Andra Gavrilović, Iz prirode (De la nature) de Josif Pančić et S francuskoga Parnasa (Du Parnasse français), une anthologie de la poésie française du XIXe siècle[1]. Le premier Kolo a été imprimé à 5 000 exemplaires et l'année suivante une réédition de ce Kolo a été imprimé à 4 000 exemplaires ; le second Kolo a été imprimé à 7 000 exemplaires[1]. Le tirage a augmenté avec le temps comme le nombre de ses abonnés, qui vivaient en Serbie, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, en Dalmatie, au Monténégro et en Voïvodine, si bien qu'avant la Première Guerre mondiale, le tirage des Kolos atteignait 10 000 à 11 000 exemplaires[1]. De l'origine à 2020, 110 Kolos de la Srpska književna zadruga ont été publiés, avec près de 700 titres[1].
Entre les deux guerres mondiales, deux nouvelles bibliothèques coopératives ont été fondées : Poučnik (« Manuel »)[14] en 1925 et Savremenik (« Contemporain ») en 1931[15],[1]. Dans la collection Poučnik, qui fait paraître des livres consacrés à la science et à la culture couramment écrits, les deux premiers livres édités ont été Bosna i Hercegovina (La Bosnie-Herzégovine) de Vladimir Ćorović[16] et Plemeniti minerali i drago kamenje (Minéraux nobles et Pierres précieuses) de Sava Urošević[17],[N 7],[1]. La collection Savremenik a publié quatre livres d'écrivains nationaux déjà confirmés et aussi plus jeunes chaque année jusqu'à la Seconde Guerre mondiale ; dans la première série figurent les Pripovetke (Contes) d'Ivo Andrić, les nouvelles du recueil Ludilo srca (La Folie du cœur) de Desanka Maksimović, les Pozorišne kritike (Critiques théâtrales) de Milan Grol et le drame U agoniji (Dans l'agonie) de Miroslav Krleža ; dans la dixième série, en 1940, figurent notamment la Kronika palanačkog groblja (La Chronique du cimetière de Palanka) d'Isidora Sekulić et Planinci de Branko Ćopić[1].
2018 (110e Kolo)[31] : Mira Radojević, Srpski narod i jugoslovenska kraljevina 1918–1941, Prvi tom [« Le Peuple serbe et le royaume de Yougoslavie (1918-1941), tome 1 »] ; Catulle, Mrzim i volim (Je hais et j'aime)[N 16] ; Milo Lompar (directeur éditorial) et al., Knjiga o Lubardi [« Le Livre sur Lubarda »] ; Milovan Đilas, Crna Gora (Monténégro) ; Snežana Samardžija, Reči u vremenu [« Les Mots dans le temps »] ; Branko Ćopić, Izabrane pjesme (Poèmes choisis).
Istorijska izdanja (Éditions historiques)[34] : İlber Ortaylı, Najduži vek imperije [« Le plus long Siècle de l'empire »][N 19].
Istorijska misao (Pensée historique)[35] : Richard J. Evans, U odbranu istorije [« In Defense of History »] ; Lucien Febvre, Borba za istoriju [« Combats pour l'histoire »].
↑Ljubomir Jovanović a également été ministre de l'Intérieur, ministre de l'Éducation, membre du Conseil d'État et professeur à la Haute école de Belgrade.
↑Miloš Blagojević a notamment participé à la rédaction de l'Istorija srpskog naroda, publié par la Srpska književna zadruga à partir de 1981
↑Le livre a été écrit à l'occasion du 200e anniversaire de la naissance de Petar II Petrović-Njegoš. La notice de la Srpska književna zadruga considère ce prince-évêque du Monténégro comme « le plus grand poète serbe ».
↑Cet ouvrage est une édition traduite en serbe des Élégies du poète latin Properce.
↑L'ouvrage se présente comme une chronique de la Seconde Guerre mondiale, passée aux côtés de Draža Mihailović, le commandant en chef des Tchetniks, une armée de résistants royalistes.
↑En 2018, Grozdana Olujić a reçu le prix Bora-Stanković pour l'ensemble de son œuvre, avec une mention particulière pour son roman Preživeti do sutra (Survivre jusqu'à demain), paru en 2017.
↑Les Lauriers de la montagne est une œuvre poétique du prince-évêque du Monténégro Petar II Petrović-Njegoš, publiée en 1847 ; en français le recueil du poète est également connu sous le nom de La Couronne de la montagne ou La Couronne des montagnes.
↑Le titre de cette traduction des poèmes de Catulle est une citation de la pièce 85 ; « Odi et amo. Quare id faciam, fortasse requiris./Nescio, sed fieri sentio et excrucior. » (« Je hais et j'aime. Pourquoi ferais-je ainsi, me demandes-tu peut-être./Je n'en sais rien, mais je sens que cela se fait et je suis à la torture. »)
↑Cet ouvrage est en fait une traduction de la thèse présentée par Grgur Jakšić à la Sorbonne en 1907 et publié chez Hachette la même année ; toujours en 1907, l'historien a reçu un prix de l'Académie française pour ce livre.
↑L'empire en question est l'Empire ottoman et le « siècle » le XIXe siècle.
↑(sr) Dositej Obradović, Život i priključenija Dimitria Obradovića [« La Vie et les Aventures de Dimitrije Obradović »], (lire en ligne) - On peut lire le texte en serbe dans une orthographe non réformée.
↑ ab et c(sr) « Pravila SKZ » [« Règlements de la Srpska književna zadruga »] [PDF], Srpska književna zadruga (consulté le ) - Article 1 : « U nameri da potpomogne pravilnije širenje odabranih dela iz lepe književnosti i izopštekorisne pouke i tako da stvara knjižnicu za sve redove naroda, osniva se društvo, koje će se zvati: „Srpskaknjiževnazadruga“ sa sedištem u Beogradu. ».
↑(sr) « Kolo », Srpska književna zadruga (consulté le ).
↑(sr) « Zabavnik », Srpska književna zadruga (consulté le ).
↑(sr) « Posebna izdanja », Srpska književna zadruga (consulté le ).
↑(sr) Sava Urošević, Plemeniti minerali i drago kamenje [« Minéraux noble et Pierres précieuses »], Belgrade, Srpska književna zadruga, (lire en ligne)
↑(sr) « Presednici » [« Présidents »], Srpska književna zadruga, (consulté le ).
↑(sr) « 103. Kolo (2011) », Srpska književna zadruga (consulté le ).
↑(sr) « 104. Kolo (2012) », Srpska književna zadruga (consulté le ).