La carrière de Bernardi traverse la transition entre la fin de la musique de la Renaissance et le début du Baroque, avec certaines de ses œuvres dans le style polyphonique de Palestrina et d'autres dans le style nouveau du concertato[2]. Il compose à la fois de la musique sacrée et de la musique profane, notamment plusieurs messes et motets, ainsi que sinfonias et trois livres de madrigaux à cinq voix. Il écrit également un traité sur le contrepoint, publié en 1615.
Bernardi naît à Vérone. Il effectue ses études à la Scuola Accolitale (Acolyte), attaché à la Cathédrale de Vérone[3], où il chante dans le chœur, sous la direction d'Ippolito Baccusi[4]. En 1602, il est rémunéré en tant que musicien à la cour du Comte Mario Bevilacqua et à l'Accademia Filarmonica de Vérone. En 1606, l’Accademia l'élève au poste de maestro della musica (maître de musique). L'année suivante, Bernardi se rend à Rome pour poursuivre sa formation, y restant quatre ans, avant de devenir le maître de chapelle de Santa Maria à Monti en 1610. Il retourne à Vérone en 1611, lorsqu'on lui offre la même position à la Cathédrale de Vérone, en succession de Francesco Anerio. Il occupe ce poste jusqu'en 1622, tout en étant également en étroite association avec l'Accademia Filarmonica. Il publie un traité de contrepoint, Porta musicale, en 1616, principalement à destination des élèves de la Scuola Accolitale où il enseigne également. Parmi ses élèves de ces années, se trouvent Antonio Bertali et Pietro Verdina[5].
En 1622, Bernardi quitte Vérone pour prendre un poste de directeur de la musique de la cour de l'Archiduc Carl Joseph, évêque de Breslau et de Bressanone[6]. À la suite de la mort de l'Archiduc en 1624, Bernardi s'installe à Salzbourg, où il est nommé directeur de la musique à la cour de Paris von Lodron, le Prince-Évêque de Salzbourg[7], poste qu'il occupe jusqu'en 1634. En tant que tel, il est profondément impliqué dans la vie musicale de la Cathédrale de Salzbourg, où il est l'un des premiers compositeurs à introduire le nouveau style italien du concertato[8]. Pour sa consécration en 1628, Bernardi compose d'un Te Deum (musique perdue) chanté par douze chœurs séparés placés dans les différentes galeries de marbre de la cathédrale[9]. Toujours à Salzbourg, il est ordonné prêtre et reçoit également un doctorat dans le droit canon et civil. Vers la fin de sa vie, Bernardi retourne à Vérone, où il meurt en 1637[10].
La plupart des œuvres de Bernardi ont été publiées de son vivant, principalement à Venise chez Giacomo Vincenti et après 1619, par Alessandro Vincenti, qui a également publié un recueil posthume de Bernardi en 1638, la Messe a otto voci (Messe pour huit voix). Deux recueils de ses œuvres ont été publiés à Rome : Motecta (motets) pour deux à cinq voix en 1610, dont quatre ont été également publiés dans l'anthologie de Georg Victorinus, Sirene coelestis publié à Munich en 1616[11], et un recueil de madrigaux à trois voix en 1611, qui contient également « la mascarade des paysans » à six voix. Les deux œuvres qu'il a composées à Salzbourg ont été perdues : le Te Deum et une œuvre dramatique au titre inconnu. Cependant, Encomia sacra pour deux à six voix, écrit à Salzbourg, a été publié par Gregor Kyrner en 1634[2]. Son Salmi concertati à cinq voix, publié en 1637, est considéré comme particulièrement important pour la manière dont les psaumes mettent en valeur un alto ou un soprano soliste, contre un chœur à quatre voix qui fait écho aux débuts et à la fin des passages soli[12],[13]. En plus des cinq psaumes pour les vêpres, la collection contient également un Magnificat et l'hymne, Jesu nostra redemptio. Une autre œuvre importante est la Concerti Accademici que Bernardi a composé pour l'Accademia Filarmonica de Vérone entre 1615 et 1616. Initialement publié en 1616 et contenant ce que Michele Magnabosco considère comme ses plus belles pièces de musique profane, il contient dix madrigali concertati (madrigaux concertants) et huit sinfonias[10].
Une édition moderne des Concerti Accademici de Flavio Cinquetti et Matteo Zenatti, avec relecture critique et un essai de Marco Materassi, est publiée en 2008[14].
↑Magnabosco 2007, Il y a des variations considérables pour la date de naissance de Bernardi, dans les diverses sources. Magnabosco fournit une date de décès exacte, mais donne la date de naissance comme c.1575. D'autres sources italiennes, telles que Gatti et Basso (1968) donnent c.1576, alors que Marionni (2004) donne 1577 ou 1578. Les sources autrichiennes, par exemple Heinisch (1991) et Schimek (1995), donnent 1577. Les sources en anglais, par exemple, Roche, Arnold (1983) et Randel (1996) donnent sa date de naissance en tant que probablement 1585 et sa date et lieu de mort, comme « 1636 ?, probablement Salzbourg », p. 23.
↑Magnabosco 2007, La Scuola Accolitale de Vérone offrait une éducation religieuse, littéraire et musicale principalement aux jeunes hommes qui se préparaient au sacerdoce (voir Grove 2001b), p. 22.
↑Stefano Bernardi: Concerti academici con varie sorte di sinfonie a sei voici 1615-1616, trascrizioni Flavio Cinquetti e Matteo Zenatti, revisione, introduzione e apparato critico Marco Materassi), Edizioni LIM, 2008. (ISBN978-88-7096-521-6).
↑Liste des œuvres principalement basée sur Grove 2001.
(en) Niels Martin Jensen, « The Instrumental Music for Small Ensemble of Antonio Bertali: The Sources », Danish Yearbook of Musicology, vol. 20, , p. 25–43 (lire en ligne [PDF]).
Julie Anne Sadie (dir.) (trad. de l'anglais), Guide de la musique baroque, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 736 p. (ISBN2-213-59489-9, OCLC34495042), « Bernardi, Stefano », p. 127.
(it) Michele Magnabosco, « Stefano Bernardi: il primo dei moderni », Cadenze, Vérone, Accademia Filarmonica di Verona, vol. année III, no 10, (OCLC955568051, lire en ligne [PDF])
(en) Alexander Fisher, « Celestial Sirens and Nightingales: Change and Assimilation in the Munich Anthologies of Georg Victorinus », Journal of Seventeenth-Century Music, vol. 14, no 1, (ISSN1089-747X, OCLC818880048, lire en ligne)