Après avoir passé son enfance à Dakar, Tatiana Trouvé poursuit ses études d'art à la villa Arson de Nice, puis aux Ateliers 63 à Haarlem aux Pays-Bas où elle a notamment reçu l'enseignement de Stanley Brouwn et Chris Dercon.
À partir de 1997, elle se fait connaître avec l'installation intitulée le Bureau d'activités implicites (B.A.I.), ensemble qui ne cessera de croître et de se modifier jusqu'en 2007.
« [À cette époque], Tatiana Trouvé accumule dessins, projets et idées de titres, tout en consacrant une grande partie de son temps à sa recherche d’un emploi, ce qui suppose un vrai travail de bureau lui imposant de rédiger lettres, CV et demandes de bourses, d’imprimer des photos d’identité, de classer les courriers de refus, etc. C’est justement à partir de ces contingences que se dessine le projet de faire de tout cela œuvre autobiographique, "de construire la carapace ou la structure dans laquelle tout ce monde pourrait devenir visible" [1].»
Composé de différents modules sculpturaux dédiés chacun à une activité spécifique, le B.A.I. se propose de structurer la genèse et la mémoire de l’activité artistique, et pour cela inventorie, classe, codifie toutes formes de démarches et de pensée de l’artiste, afin d’en retenir le temps.
Depuis, les dessins, les installations architecturées, les sculptures et objets de Tatiana Trouvé rejouent les coordonnées de l’espace et du temps sur des plans matériels et physiques autant que sur des plans psychiques. Les espaces domestiques se confondent avec des espaces naturels, le minéral croit et le vivant se fige, l’intérieur et l’extérieur deviennent indistincts, les deux dimensions du dessin se combinent aux trois dimensions du volume, les échelles et les rapports entre les choses sont altérés… Ainsi, les ordres et les lois qui définissent notre réalité sont recomposés dans des mondes où se formulent de nouvelles coexistences, où l’espace et le temps flottent, où nos repères perceptifs se déplacent, à l’origine d’une expérience de désorientation.
2001 : prix Ricard S.A., décerné à l'issue de l'exposition Lost in The Supermarket à l'espace Paul-Ricard.
2007 : prix Marcel-Duchamp, décerné à l'occasion de la FIAC, et qui lui permet de présenter une exposition monographique au Centre Pompidou au printemps 2008. Le jury du prix a voulu saluer « l’univers très personnel de l’artiste, le rapport qu’elle entretient aux matériaux et aux espaces ainsi que la consistance de son projet artistique [et] le caractère visionnaire de sa démarche[2]. »
1997 : Tatiana Trouvé, textes de Charles-Arthur Boyer, Joseph Mouton, éd. Centre national d’art contemporain de la Villa Arson, Nice
2002 : Polders, texte de Gianfranco Maraniello, éd. Palais de Tokyo, Paris
2003 : Tatiana Trouvé, Aujourd’hui, hier ou il y a longtemps, textes de Elie During, François Poisay, Maurice Fréchuret, éd. Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux
2007 : Lapsus, Tatiana Trouvé, entretien avec Frank Lamy, éd. Mac/Val, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine
2008 : Tatiana Trouvé, textes de Elie During, Jean-Pierre Bordaz, éd. 315, Centre Georges-Pompidou, Paris
2008 : Tatiana Trouvé, textes de Robert Storr, Catherine Millet, Richard Shusterman, éd. Verlag der Buchhandlung Walther König, Cologne
2010 : Tatiana Trouvé, Il Grande Ritratto, textes de Peter Pakesch, Adam Budak, Dino Buzzati, Dieter Roelstraete, Pamela Lee, Francesca Pietropaolo, Maria Gough, éd. Universalmuseum Joanneum, Kunsthaus Graz
2010 : Tatiana Trouvé, textes de Maria Gough, Heike Münder, éd. Migros Museum für Gegenwartskunst ürich / Verlag der Buchhandlung Walther König, Cologne
2014 : Tatiana Trouvé, I tempi doppi, textes de Stefan Gronert, Letizia Ragaglia, Barbara Hess, entretiens de l’artiste avec Richard Shusterman, Francesca Pietropaolo, Robert Storr, éd. Snoeck, Cologne
2018 : Tatiana Trouvé,Le numerose Irregolarità, entretien de l’artiste avec Katarina Grosse, texte de Chiara Parisi, éd. Electa, Milan
2022 : Tatiana Trouvé, textes de Thierry Davila et Françoise Ninghetto, éd. Mamco, Genève
2022 : Tatiana Trouvé, Le grand atlas de la désorientation, textes de Jean-Pierre Criqui et Laura Hoptman, éd. Centre Pompidou, Paris