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Thomas Elek, ou Tamás Elek ( - ) fut l'un des résistants fusillés au fort du Mont-Valérien pour avoir été soldat volontaire des FTP-MOI au sein du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman des FTP-MOI de la région parisienne. Son nom est l'un des dix qui figurent sur l'« Affiche rouge » placardée par les Allemands peu avant leur exécution. Sa photographie y est accompagnée de la mention : « ELEK Juif hongrois 8 déraillements ».
Thomas Elek (Elek Tamás en hongrois[1]) naît à Budapest en Hongrie le . Ses parents, Sandor (ou Alexandre) et Hélène Hofmann, sont des intellectuels communistes. Alors que la mère est enceinte d'un second fils, Béla, la famille Elek, déjà agrandie d'une petite Marthe, émigrent en 1930, en France, pays dont ils révèrent la culture. Ils s'installent à Fontenay-sous-Bois. Thomas y est scolarisé à l'école Jules Ferry.
En 1933, ils partent à Paris, où sa mère, après divers petits métiers, devient restauratrice en 1934, prenant en gérance Le Fer à cheval, 42, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève[1]. Son restaurant devient un lieu de ralliement de l'immigration hongroise et des étudiants de la Sorbonne[1].
Thomas serait un élève brillant s'il avait la tête à ses études[2]. Mais par ses parents et leurs amis réfugiés, il est parfaitement au courant de projet totalitaire et antisémite d'Adolf Hitler et de son avancement.
Il quitte sa classe de seconde au lycée Louis-le-Grand en juin 1941 après avoir manqué de tuer à mains nues un camarade de classe qui avait fustigé sa condition de « juif » et d'étranger. Il a seize ans et décide de s'engager dans l'action clandestine.
Il rejoint un groupe d'étudiants de la Sorbonne liés au Groupe du musée de l'Homme, confectionne et distribue des tracts, colle des « papillons » sur les murs. La rupture du Pacte germano-soviétique le libère les militants mais aussi les sympathisants communistes des freins imposés par la direction du Parti aux velléités de résistance armée exprimée par la base.
Il commence la lutte avec son petit frère Béla (12 ans) à l'insu de leurs parents en réalisant et distribuant des tracts, et en collant la nuit des affichettes aux murs de la capitale[3].
En août 1942, sympathisant puis adhérent des Jeunesses communistes qu'il approche dans le restaurant de sa mère[1], il s'engage par l’intermédiaire de Joseph Clisci[1] sous le pseudonyme de Tommy[1] dans les rangs des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) sous le matricule 10306[1], et commence la lutte armée.
Sa première action d'éclat est un attentat qu'il commet de sa seule initiative, toujours aidé de son petit frère qui repère les lieux la veille[3]. Le , il confectionne une bombe, la cache dans l'exemplaire évidé du Capital dérobé à son père et la dépose sur un rayon de la librairie allemande Rive Gauche, 47, boulevard Saint-Michel qui est incendiée[3].
Le , en compagnie d'un jeune Tchèque de son âge, Pavel Simo, il attaque à la grenade un restaurant réservé aux officiers allemands à Asnières-sur-Seine. Pavel Simo est arrêté et sera fusillé le 22 mai au stand de tir de Balard. Le , attaquant à l'improviste, il jette deux grenades dans un groupe de 70 Allemands devant le métro Jaurès.
Son attitude courageuse lui vaut de monter en grade et il est nommé chef de groupe au sein du 4e détachement des FTP-MOI de la région parisienne, détachement dit « des dérailleurs » commandé par un ancien de la guerre d'Espagne, Joseph Boczov. Il participe à plusieurs déraillements, notamment la nuit du , sur la ligne Paris-Château-Thierry. Ce déraillement aurait causé la mort de plusieurs centaines de soldats allemands. Le nombre d'actions qu'il aura accomplies, armées ou non, dépasse la centaine.
Thomas Elek est trahi par la concierge qui a remis à la police les deux derniers messages qu'il lui avait confiés pour un de ses camarades, Wolf Wajsbrot, après que celui-ci eut été arrêté. Arrêté à son tour et torturé par les Brigades spéciales des Renseignements généraux comme ses camarades de combat en novembre 1943, il est livré aux Allemands et incarcéré à la prison de Fresnes. Tous les membres du groupe sont condamnés à mort le à l'issue d'un simulacre de procès, et (à l'exception d'Olga Bancic, guillotinée le 10 mai dans une prison de Stuttgart) fusillés trois jours plus tard au fort du Mont-Valérien[4],[5],[6],[7].
Au 19, rue au Maire, dans le 3e arrondissement de Paris, est apposée une plaque sur l'immeuble où Manouchian réunissait les jeunes résistants de la FTP-MOI.
Le livre "L'Affiche rouge", du journaliste et écrivain Philippe Ganier-Raymond, paru le 5 mai 1975, quelques mois avant le film L'Affiche rouge de Franck Cassenti, rappelle en 250 pages l'action des combattants des FTP-MOI du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman. Sur ses sept chapitres, un est consacré à Joseph Boczov[8], un autre à Missak Manouchian[9], un troisième à Thomas Elek[10] et un autre à Marcel Rajman[11]. Le , il est cité « Mort pour la France », ainsi que ses 23 autres camarades, avec l'entrée de Missak et de Mélinée Manouchian lors de la cérémonie de panthéonisation en présence d'Emmanuel Macron, président de la République française. Une plaque portant son nom et ceux des 23 résistants du groupe Manouchian est apposée au Panthéon[12]. Son portrait figure avec les autres camarades du groupe des FTP-MOI de l'Ile-de-France.
La liste suivante des 23 membres du groupe Manouchian exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l'Affiche rouge :