Naissance |
Abidjan (Côte d'Ivoire) |
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Nationalité |
Ivoirien Français |
Profession | |
Formation |
Tidjane Thiam, né le à Abidjan en Côte d'Ivoire, est un dirigeant d'entreprise et homme politique ivoiro-français.
Diplômé de l'École polytechnique et de l'École des mines de Paris, il rejoint McKinsey & Company en qualité de consultant en management de 1986 à 1994[1]. De 1994 à 1999, il retourne en Côte d'Ivoire comme directeur général du Bureau national d'études techniques et de développement (BNETD), rattaché directement au Premier ministre et au président. À partir de 1998, il est à la fois président du BNETD et ministre du Plan et du Développement.
Après le coup d'État de 1999 en Côte d'Ivoire, il retourne dans le secteur privé, d'abord chez McKinsey à Paris de 2000 à 2002, avant d'intégrer l'équipe dirigeante d'Aviva et enfin, de rejoindre Prudential. De septembre 2009 à , il dirige le groupe d'assurances Prudential, ce qui fait de lui le premier dirigeant noir d’une entreprise du FTSE 100[1]. Tidjane Thiam est également membre de l'Africa Progress Panel, une fondation basée à Genève.
Il a occupé le poste de directeur général du Crédit suisse[2] durant quatre années, au terme desquelles il estime avoir ramené la banque à une situation de profitabilité[3]. Cette évaluation s’avère rapidement caduque : quelques mois après son départ (février 2020), la banque vit une véritable descente aux enfers[4],[5].
Thiam est nommé administrateur auprès du groupe Kering[6] en 2020 et fut pressenti pour devenir ministre de l'Économie et des Finances en France[7]. Il est élu à la présidence du PDCI, principal parti d'opposition en Côte d'Ivoire, en décembre 2023[8].
Né en Côte d'Ivoire, Tidjane Thiam est issu de deux familles africaines influentes. Sa mère était la nièce de Félix Houphouët-Boigny (sa grand-mère maternelle Aka Amoin Thérèse est la cousine de ce dernier[9]), premier président de Côte d'Ivoire[10].
Journaliste né au Sénégal, diplômé de l’Institut international de journalisme de Strasbourg[11], son père, Amadou Thiam, émigre en Côte d'Ivoire en 1947 (son oncle Habib Thiam a été Premier ministre du Sénégal pendant plus de dix ans ainsi que président de l’Assemblée nationale du Sénégal). Il soutient Houphouët-Boigny dans son combat pour l’indépendance de la Côte d’Ivoire. En 1959, il est nommé directeur de Radio Côte d’Ivoire et est deux fois ministre de l'information sous le régime de ce dernier (1963 et dans les années 1980)[12],[11].
Tidjane Thiam est le benjamin de sept enfants, quatre frères et deux sœurs[11] :
En , après quelques mois au ministère de l'Information, son père est arrêté avec une trentaine de personnes soupçonnées d’avoir fomenté un complot contre le président. Finalement mis hors de cause, Amadou Thiam est nommé ambassadeur au Maroc en 1966. Tidjane Thiam passe ainsi une grande partie de son enfance à Rabat, jusqu'à son départ en 1977, à l'âge de 15 ans[11].
En 1989, alors que Tidjane Thiam suit pendant un an à New York le Young Professional Program de la Banque mondiale, il rencontre Annette, une Afro-Américaine de Pennsylvanie, qu’il épousera peu de temps après[11]. Ils se sont séparés fin 2015[13].
Après avoir fait une partie de ses études au lycée classique d'Abidjan, Tidjane Thiam part en 1980 en classe préparatoire au lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles[11].
En 1982[15], Tidjane Thiam est le premier Ivoirien à réussir le concours d’entrée à l'École polytechnique[16]. Il sort diplômé de cette école en 1984.
En 1986, il obtient le diplôme d’ingénieur de l'École nationale supérieure des mines de Paris (major de promotion)[1], mais malgré ses résultants brillants, ne reçoit que très peu de propositions d'emploi[11]. Cette même année, il reçoit une bourse pour passer le MBA de l’INSEAD et rejoint le McKinsey Fellows Programme à Paris[17]. Il obtient le MBA en 1988 (Dean's list) et rejoint le cabinet McKinsey.
En 1989, il prend une année sabbatique pour suivre le Programme des jeunes professionnels de la Banque mondiale à Washington, D.C. Il retourne chez McKinsey en 1990, d’abord à New York puis à Paris[1].
En , le premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny meurt et Henri Konan Bédié lui succède. En , à la demande du Henri Konan Bédié, Tidjane Thiam accepte, à l'âge de 31 ans, le poste de directeur général de la Direction et le contrôle des grands travaux (DCGT, devenue le Bureau national d'études techniques et de développement - BNETD - en 1996)[13],[18] à Abidjan, organisme de développement des infrastructures et de conseil économique. À ce poste, il doit gérer les lourdes conséquences de la dévaluation de 50 % du franc CFA au début de l'année 1994 et assure également des négociations avec le FMI et la Banque mondiale alors que la situation financière du pays est très dégradée.
En , en plus de ses fonctions au BNETD, dont il devient président, Tidjane Thiam est formellement intégré au gouvernement comme ministre du Plan et du Développement[18]. Il met en œuvre plusieurs projets, notamment la centrale électrique d’Azito[19], la rénovation de l’aéroport d’Abidjan et la construction du pont à péage Riviera-Marcory, dont le financement est finalisé quelques jours avant le coup d’État de 1999.
Entre 1994 et 1999, Tidjane Thiam participe activement au programme de privatisation[20] réclamé par le FMI, avec la privatisation du réseau téléphonique, des services, de la production d’électricité, des aéroports, du réseau ferroviaire et de nombreuses sociétés du secteur agricole[18].
En 1998, il est sélectionné parmi les « 100 jeunes décideurs du monde de demain » (Young Global Leader of Tomorrow) du Forum économique mondial de Davos, et en 1999, il est élu membre du « Dream Cabinet » par ce même Forum[18].
En , alors que Tidjane Thiam est en déplacement à l’étranger, le gouvernement est renversé par l’armée ivoirienne. À son retour au pays, Tidjane Thiam est arrêté et assigné à résidence pendant plusieurs semaines. Le général Robert Guéï, qui a pris le pouvoir, lui propose le poste de chef de l’exécutif, mais il refuse et quitte le pays début 2000[10].
De retour en Europe, Tidjane Thiam devient associé chez McKinsey à Paris, participant ainsi à la direction du département « institutions financières » de la société.
En 2002 il rejoint Aviva[18], d’abord comme directeur de la stratégie et du développement du groupe, puis il prend la responsabilité des opérations internationales et d'Aviva Europe et enfin, il devient directeur général, siégeant au conseil d'administration de l’entreprise.
Il quitte Aviva en pour devenir directeur financier de la compagnie d'assurances britannique Prudential plc. En , Tidjane Thiam est nommé directeur général, à compter du départ de Mark Tucker en octobre. Il devient ainsi le premier dirigeant noir d’une entreprise du FTSE 100[1].
Prudential lance alors une offre de rachat sur AIA, la branche asiatique de l’assureur américain AIG, très durement touché par la crise[21]. Une bataille boursière s’ensuit, tandis que certains investisseurs jugent excessif le prix de 35,5 milliards de dollars offert par Prudential[22]. L’opération finit par échouer, après le rejet par le conseil d'administration d’AIG d’une offre revue à la baisse[23]. Il refuse de démissionner, soutenant n’avoir commis aucune erreur[14]. AIA est par la suite introduit à la Bourse de Hong Kong, et sa valorisation monte rapidement au-delà du prix proposé initialement par Prudential[24].
Tidjane Thiam fait l’objet de vives critiques personnelles après cet échec, en raison notamment des coûts engagés par la société pour le lancement de cette opération avortée[25]. Il est cependant réélu directeur général lors de l’assemblée générale de , avec 99,3 % des voix[26]. Depuis lors, la performance de la société ne semble pas avoir eu à souffrir de cet épisode : sur les neuf premiers mois de 2011, Prudential affiche un profit sur les nouveaux contrats en hausse de 14 % par rapport aux chiffres de 2010 à la même période, tandis que le chiffre d’affaires total de l’assurance progresse de 10 %[27].
Le , la FSA inflige une sanction de 30 millions de livres à Prudential ainsi qu'un blâme à Tidjane Thiam pour ne pas avoir correctement informé le superviseur britannique du secteur financier lors de la tentative de rachat d'AIA[28].
En , il est nommé directeur général de Crédit suisse en remplacement de l'américain Brady Dougan[29]. Il parvient à redresser la banque, avec un retour à la rentabilité[30]. En tant que directeur général, il est jugé coresponsable de la mise sous surveillance par son bras droit de l'ancien patron de la division internationale de gestion de fortune de Crédit Suisse, Iqbal Khan, en , une affaire qui fait scandale[31],[30]. En , il annonce sa démission[32],[33].
En , le New York Times revient sur l’éviction de Tidjane Thiam du Crédit Suisse. Le quotidien américain laisse entendre que Tidjane Thiam aurait été traité différemment par l’establishment bancaire suisse s’il avait été Blanc. Pour étayer cette thèse, le New York Times s’appuie sur une série d’incidents visant à démontrer le racisme ambiant des milieux d’affaires zurichois. Propos publics d’une actionnaire offusquée par la présence d’un dirigeant associé « au tiers-monde », attaques sournoises d’une partie de la presse zurichoise, et vexations diverses. Le New York Times retrace aussi le malaise grandissant de Tidjane Thiam qui se sentait rejeté par l’establishment. Un évènement fait particulièrement couler de l’encre, il s’agit de la fête d’anniversaire organisée en l’honneur du président du Crédit Suisse, Urs Rohner (en), en , dans un grand restaurant de Zurich où sont réunis amis et collaborateurs du PDG. Tidjane Thiam est le seul invité noir. La soirée avait pour thème le Studio 54, célèbre boîte de nuit new-yorkaise des années 1970. Soudain, un artiste noir déguisé en balayeur monte sur scène et balaie tout en dansant. Tidjane Thiam se lève et quitte la salle, il reviendra quelque temps plus tard pour constater que certains de ses collègues, perruque afro sur la tête, se trémoussent sur la piste de danse[34],[30].
En , Tidjane Thiam est nommé président du conseil d’administration du Rwanda Finance Limited, l’agence gouvernementale chargée du développement et de la promotion du Kigali International Financial Centre (KIFC)[35].
En , Tidjane Thiam est sollicité par James Wolfensohn pour devenir l'un des 20 membres du conseil consultatif de l’Institut de la Banque mondiale[36], auquel l’Institut fait appel pour obtenir des conseils et des orientations[37].
Il est membre de l'Africa Progress Panel (APP), autorité indépendante sur l'Afrique présidée par Kofi Annan, et lancée en pour veiller à la mise en œuvre des engagements de la communauté internationale à l'égard de l'Afrique[38]. Il est également sponsor d'Opportunity International, et membre du Council of the Overseas Development Institute de Londres[39].
En , Tidjane Thiam est nommé président du groupe d'expert de haut niveau sur les investissements dans les infrastructures du G20[40]. Créé lors du sommet du G20 de Séoul en 2010, ce groupe d’experts regroupe plusieurs cadres dirigeants des principaux établissements financiers et agences de développement, qui sont chargés de produire des propositions concrètes visant à encourager l’investissement du secteur privé dans les projets d’infrastructures dans les économies émergentes[41]. Le groupe a présenté son rapport lors du sommet du G20 de Cannes en [42].
En 2013, Tidjane fut l'un des auteurs du rapport « Un partenariat pour l'avenir », rédigé à la demande du ministre français de l'Économie et des Finances, avec cinq experts politiques et économiques français et franco-africains. Le rapport émettait des propositions en faveur du développement d'un nouveau partenariat économique fondé sur une relation d'affaires entre la France et le continent africain, plus particulièrement les pays de l'Afrique subsaharienne[43].
Tidjane Thiam est président du conseil d'administration de l'Association of British Insurers[44] et de l'International Business Council du Forum économique mondial. Il a occupé le poste d'administrateur non exécutif du groupe chimique français Arkema jusqu'en [39].
Depuis 2011, la rumeur de son retour en Côte d'Ivoire pour prendre un poste de responsabilité refait régulièrement surface[13]. Sa candidature à l'élection présidentielle de 2020 a également fait l'objet de beaucoup de spéculations[13]. Quelques mois plus tard, il est pressenti pour prendre la tête du ministère de l'Économie et des Finances français selon les médias mais refuse le poste[45].
Il rentre au conseil d'administration de Kering en [46]. Son mandat prendra fin à l'issue de l'Assemblée générale appelée à statuer sur les comptes clos le 31 décembre 2023.
Le 9 janvier 2024, Tidjane Thiam a démissionné de son mandat d’administrateur de Kering[47].
Après avoir passé 20 années en France et aux États-Unis, Tidjane Thiam retourne en Côte d'Ivoire le 8 août 2022[48]. Il est reçu par le président de la République, Alassane Ouattara à Abidjan le 8 août 2022 ; puis à Daoukro par l'ancien président Henri Konan Bédié, le lendemain. Le 22 décembre 2023, il prend à 61 ans la tête du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) avec 96,48 % des suffrages exprimés face à son unique rival, le maire de Cocody, Jean-Marc Yacé.
Février 2022 : Le livre Best-seller Abidjan.net, Une histoire d'avenir, Les digital entrepreneurs Jil-Alexandre N'Dia et Daniel Ahouassa, Frat Mat Editions, préface de Tidjane Thiam.