Témoin muet | ||||||||
Auteur | Agatha Christie | |||||||
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Pays | Royaume-Uni | |||||||
Genre | Roman policier | |||||||
Version originale | ||||||||
Langue | Anglais | |||||||
Titre | Dumb Witness [UK] Poirot Loses a Client [USA] |
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Éditeur | Collins Crime Club | |||||||
Lieu de parution | Londres | |||||||
Date de parution | ||||||||
Version française | ||||||||
Traducteur | Louis Postif | |||||||
Éditeur | Librairie des Champs-Élysées | |||||||
Collection | Le Masque no 377 | |||||||
Date de parution | 1950 | |||||||
Nombre de pages | 243 p. | |||||||
Chronologie | ||||||||
Série | Hercule Poirot | |||||||
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Témoin muet (titre original : Dumb Witness) est un roman d'Agatha Christie publié le au Royaume-Uni, mettant en scène le détective belge Hercule Poirot et son ami le capitaine Hastings. Il est publié la même année aux États-Unis sous le titre Poirot Loses a Client, et treize ans plus tard, en 1950, en France.
Le roman est en fait la réécriture d'une nouvelle plus ancienne, L'Incident de la balle du chien, découverte en 2004 seulement.
Emily Arundell est victime d'un étrange accident dans les escaliers de sa maison, qui a failli lui coûter la vie. Soupçonnant l'un de ses proches de l'avoir piégée et d'essayer de la tuer pour garder son héritage, elle écrit une lettre au détective Hercule Poirot pour lui faire part de ses craintes. Lorsque Poirot reçoit la lettre l'invitant à Littlegreen House pour élucider les faits, il est déjà trop tard : elle est morte. Poirot et Hastings s'y rendent quand même, pour essayer de découvrir si elle a vraiment été assassinée et qui pourrait l'avoir fait. Cependant, le seul qui semble avoir vu quelque chose est Bob, le chien de compagnie de la défunte.
Emily Arundell écrit un courrier à Hercule Poirot car elle pense qu'elle a été récemment victime d'une tentative de meurtre. Vivant dans le Berkshire, elle est seule et riche. Ce qu'elle interprète comme une tentative de meurtre est considéré par son entourage comme un accident domestique : après tout, la vieille dame n'a fait que glisser sur la balle en mousse de son chien Bob, un fox-terrier.
Lorsque Poirot reçoit la lettre et s'enquiert de la santé d'Emily, celle-ci vient de mourir. Son médecin déclare qu'elle est morte d'une insuffisance hépatique.
La demoiselle de compagnie d'Emily, Minnie Lawson, est, à la surprise de tous, la bénéficiaire d'une très grande partie de la fortune de la vieille dame, en vertu d'un testament rédigé récemment. Selon les anciennes dispositions testamentaires d'Emily, les principaux héritiers devaient être son neveu, Charles Arundell, et ses nièces Theresa Arundell et Bella Tanios. Le nouveau testament a entraîné un « déshéritement » des héritiers naturels.
En examinant la maison, Poirot découvre un clou recouvert de vernis et une petite chaîne attachée en haut de l'escalier. Avant sa mort, Emily avait dit quelque chose comme « Bob... chien... image... un pot ». Poirot en déduit qu'elle voulait dire quelque chose du type « un pot sur lequel une photo de chien avait été laissée toute la nuit », ce qui signifiait que le chien Bob ne pouvait pas avoir mis la balle en haut des escaliers. Poirot pense que la vieille dame a chuté en raison d'un fil installé en haut des escaliers et attaché à un clou. Il apprend aussi que peu avant sa mort, une étrange lumière verte était apparue près de la bouche d'Emily.
Theresa et Charles envisagent de contester le dernier testament d'Emily. Bella est plus réservée et préfèrerait une solution à l'amiable. À la maison de Minnie Lawson, Poirot parle au jardinier et apprend que Charles lui avait parlé de pilules d'arsenic à usage biologique. La bouteille est quasiment vide, chose que le jardiner trouvé bizarre. Interrogée, Minnie Lawson dit se souvenir avoir vu quelqu'un, situé en haut des escaliers, à travers le miroir de sa chambre, le soir de la chute d'Emily dans l'escalier. Cette personne portait une broche avec les lettres « TA » appartenant sans doute à Theresa Arundell, dont c'étaient les initiales.
S'estimant maltraitée par son époux Jacob, Bella le quitte et se réfugie chez Minnie Lawson, qui la cache avec les enfants dans un hôtel. Apprenant cela, Poirot lui trouve un autre hôtel et lui explique où il en est dans son enquête.
Poirot craint en effet un second meurtre et, esseulée, Bella pourrait être la prochaine victime. Néanmoins, le jour suivant, Bella est retrouvée morte à la suite d'une overdose de somnifère. Assassinat ou suicide ?
Hercule Poirot réunit l'ensemble des protagonistes afin de leur expliquer comment Emily est décédée, dans quelles circonstances, et qui est à l'origine de toute l'affaire.
Il pense qu'au début, Theresa a volé l'arsenic mais ne s'est pas résolue à l'utiliser. Elle et son frère se soupçonnaient mutuellement de vouloir empoisonner la vieille dame. Celle-ci craignait que Charles, le seul homme de la famille susceptible de porter le nom d'Arundell après sa mort, avait tenté de la tuer. Elle lui avait parlé du changement des termes du testament. Par ailleurs, Poirot explique que les initiales « TA » concernant la broche aperçue par Minnie Lawson ne se rapportaient pas à Theresa Arundell, mais à Bella : cette dernière s'appelle Arabella Tanios (AT), dont les initiales font TA à travers un miroir. Poirot affirme que c'est Bella la meurtrière.
Elle n'avait jamais réellement aimé son mari Jacob, et sa haine à son encontre avait augmenté au fil des années. Elle voulait se séparer de lui et garder les enfants avec elle en Grande-Bretagne, mais n'avait aucune profession, aucune économie et aucun moyen financier. La mort de sa tante lui aurait permis d'entrer en possession immédiatement d'une partie de la fortune de la vieille dame. Quand sa première tentative avait échoué (chute dans l'escalier), elle avait essayé une seconde fois en insérant du phosphore dans l'une des gélules de médicament pour le foie que prenait Emily. L'ingestion de cette capsule avec phosphore pouvait faire croire aux effets d'une maladie du foie, et avait occasionné les exhalaisons de buée phosphorescente aperçues par les témoins. Bella ignorait que sa tante avait changé ses dernières dispositions. De remords, elle s'était suicidée après avoir entendu Poirot faire un bilan provisoire de son enquête. Elle avait détruit toutes les preuves. Le somnifère qu'elle avait ingurgité était en fait destiné à son époux, qu'elle voulait empoisonner.
Dans un geste de compassion, Minnie Lawson décide de partager l'héritage entre elle et les autres membres de la famille. Theresa, pour sa part, épouse le Dr Donaldson. On donne le choix au chien Bob d'aller avec Hastings ou Poirot. Mis en présence des deux, Bob préfère aller avec Hastings.
C'est la première fois qu'Agatha Christie fait enquêter un de ses détectives sur une affaire passée, dans le cas présent, Hercule Poirot sur un meurtre datant de deux mois. Elle utilisera ce procédé à nouveau, six ans plus tard, dans Cinq petits cochons (1942), où le détective belge enquête cette fois-ci sur un crime vieux de seize ans[1].
En 2004, John Curran découvre dans les carnets d'Agatha Christie une première version du roman titrée L'Incident de la balle du chien (The Incident of the Dog’s Ball )[2]. Cette nouvelle est comparable au roman mais comporte néanmoins deux différences fondamentales : l'identité de l'assassin et le mobile du meurtre. La nouvelle, présente dans les carnets nos 30 et 66, n'aurait pas été écrite au début des années 1920 comme toutes les autres mettant en scène Poirot et Hastings, mais bien plus tard, en 1933 selon J. Curran. Elle ne fut cependant jamais publiée, A. Christie ayant apparemment fait le choix de la rallonger et de la publier quatre ans plus tard dans Témoin muet. Elle est donc publiée pour la première fois en 2009 au Royaume-Uni dans Agatha Christie's Secret Notebooks: Fifty Years Of Mysteries de John Curran, puis en 2011 en France dans l'adaptation Les Carnets Secrets d'Agatha Christie : Cinquante ans de mystères en cours d’élaboration[3].
Le roman est précédé d'une dédicace d'Agatha Christie[2] :
« À mon cher Peter, le plus fidèle des amis et le plus merveilleux des compagnons, un dieu comme on n'en fait pas. »
— Agatha Christie
Il s'agit du fox-terrier à poil dur de la romancière, qui acquiert via sa transposition romanesque (sous le nom de « Bob ») une renommée qui dépasse celle de sa vie canine et du cercle des amis et connaissances de la romancière, puisqu'il est ainsi vu comme un personnage important de l'intrigue policière, allant jusqu'à inspirer le titre de l'œuvre.
C'est l'avant-dernière apparition du capitaine Hastings[2].
Plusieurs références sont faites à d'anciennes enquêtes : Le meurtre de Roger Ackroyd (1926), Le Crime de l'Orient-Express (1934) et La Mort dans les nuages (1935)[2].