Uropi

Uropi
Auteur Joël Landais
Date de création 1986
Catégorie langue auxiliaire internationale
Classification par famille
Échantillon
Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (texte en français)

Tale humane gen lifri id egli in dignid id rege. Lu se indaven ki razòn id kozàv id doʒ akto do unaltem in u spirt fratidi.

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L'uropi est une langue construite créée en 1986 par Joël Landais, un enseignant français, dans le but de servir de langue auxiliaire pour l'Europe et pour aider à construire l'identité européenne. L'uropi est basée explicitement sur les langues indo-européennes.

L'Uropi a connu une certaine notoriété européenne au tournant des années 1990[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11]. Il ne semble cependant pas qu'un mouvement ait été constitué à la suite de cette publicité. Toutefois l'Uropi, en tant que langue auxiliaire de synthèse, n'a pas pour vocation de bâtir une nouvelle communauté linguistique ou culturelle, mais plutôt de créer un lien simple et pratique entre des langues et des cultures différentes en apparence, en se faisant le reflet de leurs points communs.

Uropi Kreator, le créateur de l'Uropi.

À l'issue de ses études de langue à l'université d’Orléans-Tours, puis à la Sorbonne et à l'École normale supérieure de Saint-Cloud, Joël Landais a passé l'agrégation d’anglais. Il parle l'anglais, l'italien, l'espagnol, l'allemand et connaît également le grec moderne et le russe. Il enseigne actuellement dans un lycée de Chartres. Parallèlement à sa formation de linguiste, ses voyages à travers l'Europe, puis le Sénégal, le Maghreb, l'Égypte, le Mexique, l'URSS, les Caraïbes, le Vietnam, et sa passion pour les langues l’ont amené à créer l’Uropi, auquel il travaille depuis plus de 30 ans.

Prononciation

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L'alphabet de l'uropi compte 24 lettres, les 26 lettres de l'alphabet latin moins le q, le x et le y, mais additionné de la lettre ʒ, qui provient de l'alphabet phonétique international. Toutes les lettres se prononcent comme en français, sauf les suivantes :

  • c se prononce comme ch : [ʃ]
  • e se prononce comme é : [e]
  • g se prononce toujours "dur" (comme dans gars) : [g]
  • h se prononce comme en anglais ou en allemand : [h]
  • j se prononce comme y ou ille  : [j]
  • ʒ se prononce comme j : [ʒ]
  • o est toujours ouvert , même en fin de mot : [ɔ]
  • s se prononce comme ss, même entre deux voyelles : [s]
  • u se prononce comme ou : [u]
  • w se prononce comme en anglais : [w], jamais comme [v].

L'accent tonique reste habituellement sur la racine principale. Cependant, certains suffixes (comme -èl indiquant l'instrument) et la terminaison du prétérit portent toujours l'accent ; dans toute combinaison de deux suffixes ou plus, l'accent tombe sur l'avant-dernier suffixe. L'accent est noté par un accent grave (à è ì ò ù) sur la voyelle accentuée lorsqu'il porte sur la dernière syllabe. Par exemple: kotèl, perì, fotò, menù = couteau, porta, photo, menu.

Vocabulaire

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Uropi flag

On peut répartir les racines de l'uropi en trois catégories :

Racines indo-européennes

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L'uropi se veut d'abord une manière de recréer l'unité entre les langues indo-européennes. Dans ce but, une grande part des racines de l'uropi est constituée des racines indo-européennes communes, mais simplifiées, en prononciation et en longueur (souvent, les racines n'ont qu'une syllabe, parfois deux). Ainsi, mère se dit mata (indo-européen : *mâtêr) ; soleil se dit sol (indo-européen : *sâwel). Ces simplifications correspondent à l'évolution naturelle[pas clair] des racines indo-européennes qui a donné les mots utilisés aujourd'hui dans les langues indo-européennes modernes. Ainsi mata correspond a l'hindi mata, sol à l'espagnol et au scandinave sol.

Racines « métissées »

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Quand aucune racine indo-européenne n'est connue ou qu'une réalité utilise plusieurs racines en diverses langues, l'Uropi peut utiliser des racines métissées, empruntant aux diverses langues de manière à créer le mot le plus facilement reconnaissable par les locuteurs du plus grand nombre de langues indo-européennes. Ainsi, liamo, aimer, le li- provenant des langues germaniques et slaves (cf. lieben en allemand et lioubit' en russe), et le -am, des langues latines (amo, amare, amar) ; ou mand, main, le ma- provenant des langues latines et le -and, des langues germaniques. Ce processus n'est pas aussi artificiel qu'il le paraît : il a été observé dans les langues naturelles (par exemple le français haut est issu du croisement entre le vieux français aut — du latin altus — et le francique hôh), et y est utilisé délibérément pour former des « mots-valises » (par exemple l’anglais smog de smoke + fog, ou le français franglais de français + anglais).

Ces mots métissés ne représentent que 3 % du vocabulaire uropi.

Mots internationaux

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L'uropi fait aussi place à un grand nombre de mots « internationaux », tels que taksì, skol (école), bus, art, matc (match), poliz (police), simfonij (symphonie), tabàk (tabac) etc.

Mots composés

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Comme un très grand nombre de langues construites, l'uropi fait une large place aux mots composés, soit entre deux racines, soit à l'aide d'affixes.

Parmi les premiers, on peut donner pour exemple lucitòr, phare, de luc, lumière et tor, tour; ou, de sopo, dormir, sopisàk, sac de couchage, ou sopivagòn, wagon-lit.

Quant à la dérivation à l'aide d'affixes, on peut aussi donner de très nombreux exemples: de davo, donner, on a disdavo, distribuer; de tel, but, on obtient atelo, aboutir; de brek, rupture, et us, dehors, on a usbrèk, éruption; de apel, pomme, on a aplar, pommier, et aplaria, pommeraie.

Dans la plupart des cas, le lecteur ou l'auditeur peut sans peine retrouver facilement les racines et donc le sens du mot composé. Cependant, certaines dérivations, qui suivent l'étymologie des mots équivalents dans des langues naturelles, ont par eux-mêmes un sens plutôt métaphorique. Ainsi, ruspeko[12], au sens propre regarder en arrière, signifie-t-il respecter; ou incepo, au sens propre saisir en dedans, signifie-t-il comprendre, comme l'arménien emprnèl (comprendre, concevoir) de pernèl = saisir.

Substantifs

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À l'exemple de certaines langues indo-européennes actuelles, l'uropi a conservé une déclinaison minimaliste avec deux cas: le nominatif et le génitif. Ils ont deux nombres, le singulier et le pluriel.

Les substantifs uropi se divisent en deux groupes principaux: ceux qui finissent par une consonne, ceux qui finissent par -a; un très petit nombre de noms empruntés au vocabulaire international, par exemple (burò, menù, taksì, klicè) se terminent par une voyelle accentuée.

Parmi ceux qui finissent par une consonne, on retrouve entre autres tous les substantifs représentant un homme ou un animal mâle: man: homme; gal: coq. (noms masculins)

Les substantifs représentant des femmes ou des animaux femelles se terminent par un -a: ʒina: femme; gala: poule (noms féminins[13]).

Tous les autres substantifs sont neutres: ils se terminent indifféremment par une consonne ou en -a: par ex:tab: table ou ment: esprit, ou encore teatra: théâtre ou centra : centre. Ils correspondent au pronom personnel neutre "je"

Déclinaisons
Substantifs nominatif singulier génitif singulier nominatif pluriel génitif pluriel
se terminant par une consonne kun kuni kune kunis
se terminant par a mata matu matas matus
se terminant par une autre voyelle taksì taksì taksìs taksìs

Les adjectifs qualificatifs ne varient ni en nombre ni en cas. Ils se placent avant le substantifs qu'ils qualifient. Il existe des adjectifs propres : bun : bon ; glen : vert ; kurti : court, ainsi que des adjectifs dérivant de substantifs. Dans ce cas, leur forme est identique à celle du génitif singulier : mani : viril, masculin ; ʒinu : féminin.

Il existe quelques adjectifs indéfinis quantitatifs qui peuvent prendre la marque du pluriel; ces adjectifs servent également de pronoms : mol, mole = beaucoup (de), poj, poje = peu (de), tal, tale = tout/e, tous/tes, ek, eke = quelque, -s.

Les pronoms personnels ont trois cas : nominatif, accusatif (qui sert aussi devant toutes les prépositions) et datif. Au lieu du génitif, on utilise des adjectifs possessifs. Il existe trois pronoms à la troisième personne du singulier (masculin : he ; féminin : ce ; neutre : je) ainsi qu'un pronom réfléchi. Par ex: i = je (nominatif), ma = me, moi (accusatif), mo = me, à moi (datif), tu, ta, toetc. Liste des pronoms personnels : i, tu, he, ce, je, nu, vu, lu = je, tu, il, elle, il/elle (neutre), nous, vous, ils. Pronom réfléchi : sia = se.

Les verbes uropi connaissent les modes indicatif, impératif et conditionnel, ainsi qu'une forme simple, une forme durative et une forme parfaite.

  • Sauf à l'impératif, les verbes ne varient ni en nombre ni en personne.
  • La terminaison de l'infinitif est le -o : jedo : manger.
  • La forme du présent simple est celle du radical: i jed : je mange.
  • Le passé (simple ou prétérit) se forme par l'ajout d'un -ì (accentué) : i jedì: je mangeai, j'ai mangé.
  • Pour le futur simple, on utilise l'auxiliaire ve suivi de l'infinitif : i ve jedo: je mangerai, je vais manger.
  • Pour le conditionnel, on ajoute la terminaison -ev : Is i sev fami, i jedev: Si j'avais faim, je mangerais.
  • Le parfait et les autres formes du passé utilisent l'auxiliaire avo : avoir et le participe passé, en -en : i av jeden: j'ai mangé; i avì jeden: j'avais mangé, i avev jeden: j'aurais mangé
  • Les formes duratives utilisent l'auxiliaire so : être et le participe présent, en -an : i se jedan: je suis en train de manger; i sì jedan = je mangeais, j'étais en train de manger …
  • L'impératif: jed, jedem, jede: mange, mangeons, mangez.
  • Le passif utilise le verbe vido : devenir et le participe passé, en -en : De mus vid jeden pa de kat: La souris est mangée par le chat (comme dans la plupart des langues germaniques: cf allemand: Die Maus wird von der Katze gefressen.

1 : un ; 2 : du ; 3 : tri ; 4 : kwer ; 5 : pin ; 6 : ses ; 7 : sep ; 8 : oc ; 9 : nev ; 10 : des ; 100 : sunte ; 1000 : tilie. 357: trisunte-pindes-sep.

Les ordinaux se forment par l'ajout d'un i ou d'un j : duj : deuxième ; pini : cinquième ; sauf pri : premier.

Les fractions se forment par l'ajout de t : trit : tiers ; sauf mij : demi.


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Pont Mirabò
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Pont Mirabò Le Pont Mirabeau

(pa Guillaume Apollinaire)
Ude Pont Mirabò se flujan Sena
Id ni liame
Doʒ i ʒe ja rumeno
Glajad pos pain avì talvos venen

Las noce ven, las hore kling
De dias it ap id som i staj

Mand in mand stajem fas pro fas
Wan ude pont
Ni ramis pas
Evi gladis volne sa tan

Las noce ven, las hore kling
De dias it ap id som i staj

Liam it ap wim da vod flujan
Liam fluj ap
Kim ʒiv se lan
Id ka violti se sperad !

Las noce ven, las hore kling
De dias it ap id som i staj

De dias it ap, de sedias ven
Nè pasen tem
Nè ni liame ruvèn
Ude Pont Mirabò se flujan Sena

Las noce ven, las hore kling
De dias it ap id som i staj


Joël Landais (traduction)


Sous le Pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s'en vont et je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des regards éternels l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont et je demeure

L'amour s’en va comme cette eau courante
L'amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont et je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le Pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont et je demeure

Guillaume Apollinaire

Notes et références

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  1. Ducos, Étienne, «Joël Landais invente la 251e langue», dans Libération, 16 octobre 1986
  2. Bremer, Hans-Hagen, «Vok vu Uropi: Ein Lehrer träumt nachts auf europäisch» dans Frankfurter Rundschau, 24 novembre 1986
  3. Долгополов, Николай, «Уроки Уропи» dans Комсомольская Правда, 21 novembre 1987
  4. Étienne Ducos, «Des lettres russes arrivent par centaines chez Joël Landais», dans L'Écho républicain, 15 décembre 1987
  5. Webster, Paul, «Uropi, the new lingua franca», dans The Guardian Weekly, semaine du 15 janvier 1989
  6. Singer, Enrico, «Uropi, una nuova lingua per l'Europa», dans La Stampa, 24 février 1989
  7. Tabone, Bénédicte, «L'Uropi n'est pas une utopie», dans La Nouvelle République du Centre Ouest, 2 juillet 1989
  8. Auteur non mentionné, «Uropi, mehr als eine private Geheimsprache - Ein Chance in Europa» dans Tagespost, 28-29 octobre 1989
  9. Долгополов, Николай, «Мы снова говорим на разных языках» dans Комсомольская Правда, 29 avril 1990
  10. Hrabovský, Jiří, «Vok vu Uròpi? Hovoříte po Evropsku?» dans Svět v Obrazech, 29 novembre 1990
  11. Tribout, Carole, «Les Suisses se penchent sur l'Uropi», dans la République du Centre, 23 octobre 1991
  12. Cf. latin respicio, regarder en arrière et respectus, considération, égard.
  13. Notons quand même l'existence du mot papa...

Articles connexes

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Liens externes

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