VéloSoleX | |
VeloSolex 1010 de 1957. | |
Constructeur | Solex |
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Années de production | 1946 - 1988 |
Production totale | Sept millions exemplaire(s) |
Type | Cyclomoteur |
Moteur et transmission | |
Moteur(s) | Monocylindre 2-temps refroidi par air |
Démarrage | poussette ou pédalage |
Cylindrée | 45 puis 49 cm3 |
Alimentation | Solexine (ou sans plomb 95 ou 98, maximum 5 % d'éthanol, plus 6 % d'huile minérale 2 temps pour mélange) |
Embrayage | Centrifuge |
Boîte de vitesses | Non |
Transmission | Par galet métallique |
Vitesse maximale | 35-40 km/h |
Cadre, suspensions et freinage | |
Cadre | Tôle emboutie assemblée par boulonnage (1964) |
Suspension avant (débattement) | Non |
Suspension arrière (débattement) | Non |
Frein avant (diamètre) | Patins sur jante |
Frein arrière (diamètre) | Patins puis tambour |
Poids et dimensions | |
Roue avant | 175/19 |
Roue arrière | 175/19 |
Poids à sec | 28,5 kg |
Réservoir (réserve) | Plastique moulé (S3800) L |
Directeur | Grégory Trébaol |
Société | Groupe Rebirth |
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Le VéloSoleX (marque déposée), plus communément appelé Solex, est un cyclomoteur dont le moteur a été créé et fabriqué par la société de mécanique française Solex. Il en a été produit plus de sept millions, sous plusieurs versions, de 1946 à 1988.
En tant que cyclomoteur, il pouvait se conduire en France sans permis dès l'âge de quatorze ans. Légère, rustique et économique, « la bicyclette qui roule toute seule » (selon un slogan des années 1950) a été très populaire chez les lycéens, les étudiants et les ouvriers. C'était en quelque sorte la 2 CV des cyclomoteurs[N 1].
L'entreprise créée en 1905 par Maurice Goudard et Marcel Mennesson, dispose alors d'une usine à Saint-Laurent-Blangy (Pas-de-Calais) spécialisée dans la carburation, la métrologie (mesure de haute précision) et la locomotion. Plus de 75 millions de carburateurs auront été produits par Solex et le VéloSoleX sera vendu dans plus de 75 pays répartis sur les cinq continents. L'usine immercurienne produit en moyenne 260 VéloSoleX par jour et, forte de ses 75 employés, est capable de faire des pointes à 800 exemplaires jour. Son emplacement a été savamment choisi, à proximité des sites de la Française de Mécanique de Douvrin (Pas-de-Calais) et de l’usine Renault de Douai (Nord), qu’elle fournit notamment en carburateurs.
La production du VéloSolex est aussi assurée avenue de Verdun à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine puis dans deux autres usines situées à Asnières-sur-Seine et Mâcon, avant d'être regroupée en 1975 à Saint-Quentin dans l'Aisne après le rachat de la marque par Motobécane[1]. La marque a également produit des bicyclettes au début des années 1970[2].
Une tentative de relance du VéloSolex a lieu en Hongrie de 1998 à 2002 par la société Impex.
En 2006, la marque Solex et son esthétique vintage sont repris pour un cyclomoteur électrique dessiné par Pininfarina et produit en Chine : l'e-Solex.
En 2013, la société MGF qui appartient à l'homme d'affaires Grégory Trébaol rachète la marque Solex et tous les modèles commercialisés. Il s'agit d'une entreprise spécialisée dans les vélos à assistance électriques.
En 2022, la société MGF décide de changer de nom, elle opte pour le nom Rebirth. Elle souhaite mettre l'accent sur la renaissance des marques de vélos iconiques. Elle relocalise sa production dans l'usine d'assemblage de Saint-Lô, en Normandie.
Le VéloSoleX n'est pas le premier engin à moteur avec transmission sur la roue avant, ni le premier à disposer d'une transmission par galet, un engin avait été notamment construit chez Le Poulain et Cyclotracteur. Cependant, une grande industrialisation permettant un prix très faible[N 2], une fiabilité satisfaisante, un entretien simplifié, etc., ont permis une diffusion importante de ses modèles.
Le modèle emblématique de la marque, le S3800 sorti en 1966, nommé familièrement le « SoleX » et surnommé « la bicyclette qui roule toute seule », est mu par un petit moteur disposé sur la roue avant.
Le bloc-moteur complet situé au-dessus de la roue avant, fixé sur deux pattes soudées en haut de la fourche, contient le réservoir, l'ensemble du système de transmission et d'allumage, ainsi que le phare[N 3]. Le tout peut être accessoirement entouré d'un pare-chocs de protection en tube coudé, tenu par un support accolé en haut de la fourche, et tenu vers l'avant par deux tringles sur le garde-boue. Le pot d'échappement descend le long du garde-boue de la roue avant. Il n'y a pas de boîte de vitesses.
Le petit moteur à deux temps, à vilebrequin en porte-à-faux asymétrique, de 49 cm3 de cylindrée, pouvant être relevé au-dessus de la roue avant à l'aide d'un levier qui s'enclenche sur une patte fixée sur le tube guidon, entraîne directement l'engin par un galet qui appuie sur le pneu, grâce à deux ressorts[N 4]. Le démarrage se fait par pédalage ou à la poussette, en actionnant simultanément la manette de décompression au guidon. Ce type de transmission peut provoquer une usure relativement rapide du pneu, ainsi qu'une transmission peu efficace lorsque le pneu est mouillé, avec un patinage voire un démarrage impossible lorsqu'il a gelé la nuit et que le galet n'a pas été nettoyé la veille de ses traces de boue.
L'arrêt du moteur se fait en tirant une manette située au guidon près de la poignée droite pour décompresser le moteur. Il n'y a pas d'interrupteur électrique tel qu'une clé de contact. Il n'y a pas non plus de poignée rotative d'accélération, mais une manette de décélération à main droite, couplée à une deuxième manette de blocage et de décompression, reliée au carburateur par une simple tige d'acier.
Le freinage est assuré par un freins à patins directement sur la jante de la roue avant, un petit frein à tambour à l'arrière apparaît à partir de 1964 sur le modèle 3300. La nouveauté sur ce modèle est que la poignée de frein avant est couplée à la commande de décélération du carburateur, en cas de freinage et de débrayage du moteur avec maintien du ralenti[N 5]. Le réglage du frein avant se fait aisément, sans outil, par l'enroulement du câble autour de l'axe de la clé à crans[N 6].
La transmission peut être complètement débrayée à l'aide d'un levier monté sur la culasse du moteur, surmonté d'une boule de préhension, le moteur étant basculé sur arrière et maintenu par une patte de blocage à cran sur un plat engagé dans le tube du guidon, de manière à libérer totalement le galet de la roue, ce qui permet l'utilisation en mode bicyclette. Le cadre est dépourvu de suspension. Une petite boîte à outils métallique garnie pour réparer une crevaison, est logée à l'extrémité arrière sous le porte-bagages.
Dès les années 1920, la société Goudard et Mennesson propose des évolutions aux vélomoteurs. Elle dépose ainsi, par exemple, un brevet le 31 décembre 1918 qui « a pour but, principalement, d'établir les cadres des motocyclettes d'une façon plus pratique que jusqu'ici. »[3]
Le premier « prototype du VéloSolex roule dès décembre 1940 »[4],[5].
Le , la Société d'appareils de contrôle et d'équipement des moteurs, filiale du groupe Solex, dépose un brevet apportant des perfectionnements « aux dispositifs de commande des moteurs d'entrainement, avec décompresseur, pour véhicules légers tels que bicyclettes, vélo-moteurs, motocyclettes »[6].
Le premier VéloSoleX est commercialisé en 1946. Depuis lors, sept millions d'exemplaires ont été vendus en France et à l'étranger, en particulier aux Pays-Bas, dont les routes ont un profil qui se distingue par un relief peu accidenté. À noter que les parties peintes et pièces en plastique des moteurs des VéloSoleX néerlandais étaient de couleur brune et non noire. Des importateurs et des constructeurs sous licence VéloSoleX ont été présents dans 57 pays.
Les Solex construits de 1946 à 1958, ancienne génération, sans embrayage automatique, avaient le silencieux d'échappement (petite boite circulaire à couvercle démontable) vissée sur le haut droit de la fourche jusqu'en 1957.
En 1957, à l'occasion d'un changement de technologie du moteur (balayage), le pot démontable situé sous le réservoir est remplacé par un tuyau coudé vers l'avant qui descend et débouche sur un petit silencieux rond près de la bavette et vissé avec un écrou de la tringlerie-bavette. La jonction haute entre la sortie moteur par un petit tube et le tuyau de descente s'est toujours faite avec un raccord emboité, permettant la cassure du tube avec le moteur relevé.
Les modèles furent les suivants :
freiner coupe désormais automatiquement les gaz ;
Il y eut également plusieurs types de modèles adaptés pour les marchés néerlandais, italien et américain ; on pouvait apercevoir ces engins chez des collectionneurs et dans des pays relevant de l'ancien empire colonial français.
La pièce la plus coûteuse et la plus fragile du moteur est le volant magnétique — magnéto d'allumage —, qui se trouve sur la gauche du moteur (sens de la marche), ce qui lui donne une forme cylindrique : l'embrayage automatique et situé en arrière vers l'embiellage, donc un choc provoqué par une chute sur cette partie peut casser net le capot-volant fabriqué en nylon et peut rendre hors d'usage le volant magnétique en aluminium. Aussi, de nombreux propriétaires prennent le pare-chocs en tubes chromés optionnel (présent sur certaines photographies).
Il existe aussi en options un enjoliveur de montant de selle en aluminium, un repose-pied en aluminium, un tablier avant en tôle positionné de chaque côté du cadre, protégeant les jambes des projections de boue, des réservoirs additionnels, des porte-bidons de Solexine maintenus par un écrou de roue avant, et bien d'autres options trop nombreuses pour être nommées en totalité.
Le condensateur électrique présent dans le volant magnétique ainsi que les vis platinées sont des pièces d'usure, fragiles, qui doivent être remplacées plus ou moins fréquemment selon sa qualité de fabrication et son utilisation.
En 1947, le fabricant préconisait comme carburant un mélange anti-calamine appelé « Solexine ». Distribué par la société française des pétroles BP, ce mélange d'essence sans plomb pré-dosé à 6 % d'huile (dont l'origine est certifiée sur tous les guides de l'utilisateur jusqu'à la reprise par Motobécane) et vendu en bidon de deux litres, en général. Aujourd'hui, il suffit d'un mélange d'essence sans plomb 98 et de 6 % d'huile minérale pour moteurs à deux temps pour que le VéloSoleX fonctionne convenablement.
Le dosage en huile s'explique par son mode de graissage et sa faible consommation spécifique : le Solex consomme moitié moins qu'un cyclomoteur classique, et comme c'est l'essence consommée qui apporte l'huile de graissage, il en faut nécessairement deux fois plus dans le mélange que pour un cyclomoteur classique pour être lubrifié normalement.
La consommation modique du VéloSoleX (environ 1,4 l/100 km) sera mise en exergue dans sa publicité avec ce slogan à la fin des années 1960 : « 1 sou le kilomètre ».
Il reste encore en France quelques distributeurs d'essence à pourcentage d'huile réglable où notamment les anciens VéloSolex peuvent s'alimenter ; il s'en trouve un de ce type à Levallois-Perret.
Chaque année, des compétiteurs sportifs se retrouvent dans les courses de Nouziers, Chaumont, Guilers, etc.[8],[9],[10] Les équipes et les pilotes préparent leur VéloSolex quelquefois durant des mois pour tenter de remporter un trophée.
Lors du festival de musique Rock'n Solex à Rennes, sont organisées depuis 1967 des courses de Solex par catégories : origine (40 km/h), promo, prototype, super-proto (100 km/h), etc., qui rassemblent des milliers d'amateurs et de curieux sur le campus de l'INSA Rennes où différentes épreuves s'enchaînent : endurance (six heures), vitesse, etc.[11].
Si de nombreux VéloSolex ont été abandonnés par leurs anciens propriétaires dans les caves ou les déchèteries ces dernières décennies, au profit de véhicules plus modernes, il reste des aficionados isolés ou regroupés au sein de clubs partout en France et même à l'étranger. Ils restaurent et entretiennent leurs engins avec des pièces de rechange et des consommables anciens (NOS) ou fabriqués notamment en Hongrie et en Chine. En outre, on peut trouver des VéloSolex d'antan en vente sur les brocantes mais le plus fréquemment par internet.
Malgré son moteur deux-temps à mélange non séparé, sa transmission par galet, son démarrage à la poussette, son arrêt moteur par décompression, son absence de suspension, son poids moteur affectant la direction, son frein à patins sur la roue avant, son frein à tambour sur la roue arrière plus puissant que celui de l'avant ; le VéloSolex demeure une icône intemporelle parmi les deux-roues au même titre que la Trabant 601 l'est parmi la production automobile.
Jacques Sternberg, dans son livre Vivre en survivant : démission, démerde, dérive[12] (illustré par Gourmelin), fait un éloge marqué du VéloSoleX en l'opposant à la moto sur tous les points :
Primo Levi, docteur en chimie et rescapé d'Auschwitz, dans son recueil de nouvelles autobiographiques intitulé Le Système périodique, évoque le VéloSolex dans la nouvelle no 17 ; l'ouvrage est déclaré Meilleur livre scientifique au monde (Best science book ever) par la Royal Institution d'Angleterre en 2006[13].