Il a traité du fascisme dans son livre Il vecchio con gli stivali ce qui lui a valu de vives critiques. Cependant, Brancati a su montrer les limites du fascisme et les moyens employés par ses partisans pour faire inscrire au parti toute la population. Un de ses autres livres, Le Bel Antonio, a été adapté au cinéma par Mauro Bolognini.
« Vitaliano Brancati fut l'un de ces jeunes gens chez qui l'ennui acquiert une dimension quasi-métaphysique, et génère un déséquilibre durable. »
Fils d'un avocat, issu d'une famille assez aisée, Vitaliano Brancati arrive à Catane à l'âge de treize ans. Il baigne dans un milieu familial très littéraire : son père écrit des nouvelles et des critiques littéraires. Son grand-père a lui-même publié des poèmes.
À dix-sept ans, il fonde une revue dans laquelle il publie des poèmes. C'est à cette même époque (1924) qu'il s'inscrit au parti national fasciste. Par la suite, il écrit : « Je regardais avec une admiration béate, comme des statues de Phidias, ceux de ma génération qui étaient les plus robustes et les plus stupides, et j'aurais donné deux tiers de mon cerveau contre un biceps bien prononcé[2]. »
À Rome, sa fascination pour Mussolini le pousse à écrire une pièce de théâtre à la gloire du Duce, qu'il rencontre personnellement (1931), et à collaborer à des journaux fascistes, malgré son admiration pour Giuseppe Antonio Borgese, violemment opposé au régime. En 1934, à Rome il est le rédacteur en chef de la revue Quadrivio (« carrefour »). Cependant sa réussite dans le milieu littéraire ne l'empêche pas d'exprimer son malaise dans Singulière aventure de voyage, un roman jugé érotique et anti-conformiste, qui lui vaut des critiques acerbes, puis la censure[3].
Dès la fin de 1934, horrifié par ses précédents écrits, il exprime un dégoût du fascisme dans Les Années perdues (1934-1936), que l'on retrouve dans ses livres suivants. De retour à Catane, il écrit Rêve d'une valse (1938), Don Juan en Sicile (1941), Le Vieux avec les bottes (1944), Le Bel Antonio, qui obtient en 1949 le prix Bagutta, Les Ardeurs de Paolo, inachevé, publié après sa mort et dont son ami Alberto Moravia dira que c'est « Une voix qui survit au silence du temps[4]. »
En 1937, son retour en Sicile pousse Brancati à chercher une activité plus noble que la vie littéraire à Rome dont l'aspect superficiel l'a beaucoup désillusionné. Il reprend ses études et devient professeur dans un collège de Caltanissetta. Cela ne l'empêche pas de continuer à écrire nouvelles, romans, chroniques, pièces de théâtre, scénarios. Mais il reste profondément amer et déprimé. À Leonardo Sciascia qu'il rencontre en , à Rome, il annonce : « Nous ne nous verrons peut-être plus. Je pars à Turin pour me faire opérer[5]. » En effet, Brancati meurt au cours de cette intervention qui aurait dû être bénigne, et Sciascia en conclut : « La vérité, c'est que lorsqu'un homme veut mourir, il y parvient. »
Singulière aventure de voyage et autres récits, Fayard, 2001 ((it) Singolare avventura di viaggio, A. Mondadori, 1934), trad. et pref. Alain Sarrabayrouse, 271 p. (ISBN2-213-60884-9)
Les Années perdues, Fayard, 1988 ((it) Gli anni perduti, Parenti, 1941), trad. et préf. Jean-Marie Laclavetine, 262 p. (ISBN2-253-05391-0)
Don Juan en Sicile, Gallimard, 1968 ((it) Don Giovanni in Sicilia, Rizzoli & C., 1941), trad. Adeline Arnaud, 208 p.
Le Bel Antonio, R. Laffont, 1950 ((it) Il bell'Antonio, Bompiani, 1949), trad. Armand Pierhal, 311 p.
Ardeurs de Paolo, R. Laffont, 1959 ((it) Paolo il caldo, Bompiani, 1955), trad. Nino Frank, pref. Alberto Moravia, 384 p. Roman inachevé, publication posthume.
Rêve de valse ; Les aventures de Tobaïco : récits, Fayard, 1991 ((it) Sogno di un valzer, Quadrivio (revue), 1938), trad. Soula Aghion, 182 p.
Le Vieux avec les bottes, Fayard, 1989 ((it) Il vecchio con gli stivali, L'Acquario, 1945), trad. Jean-Marie Laclavetine ; postf. de Leonardo Sciascia, 317 p. (ISBN2-213-02288-7)
La gouvernante ; suivi de Retour à la censure, Fayard, 1992 ((it) La governante. Commedia in tre atti, Laterza, 1952), trad. Martine Guglielmi et Michel Orcel, 196 p. (ISBN2-213-02918-0)
Les plaisirs et autres textes, Fayard, 2002 ((it) I piaceri. Parole all'orecchio, Bompiani, 1943), trad. , préf. et annot. par Alain Sarrabayrouse, 251 p. (ISBN2-213-61163-7). Réunit : Les Plaisirs ; Petit Dictionnaire bourgeois ; Nouvelles ; Les Deux Dictatures ((it) Le due dittature, Associazione italiana per la libertà della cultura, 1952).
Retour à la censure, Fayard, 1992 ((it) Ritorno alla censura, Laterza, 1952), trad. Martine Guglielmi et Michel Orcel, 196 p. (ISBN2-213-02918-0)
Journal romain, 1995 (Diario romano, Bompiani, 1961), trad. et annoté par Alain Sarrabayrouse ; préf. par Leonardo Sciascia et Sandro De Feo, 358 p. (ISBN2-213-59383-3)