Volksgrenadier était le nom donné à un type de division de l'armée allemande (Wehrmacht) formée à l'automne 1944 après les pertes du groupe d'armées Centre lors de l'opération Bagration face aux Soviétiques et de la 5e Panzer Armee face aux Alliés en Normandie.
La situation du Reich durant l'été 1944, la mise en place d'une gestion de la guerre totale, ainsi que les défaites militaires du Reich, poussent les dirigeants à prendre des mesures pour permettre au Reich de combler les pertes de l'été.
Nommé ministre plénipotentiaire à la guerre totale le 21 juillet 1944, Joseph Goebbels, déjà ministre de la propagande, dispose des moyens pour procéder à la mobilisation de la société allemande pour la guerre[1].
L'urgence et le manque de soldats concomitant aux pertes de la mi-1944, ont exigé la création de divisions d'infanterie basées sur la force défensive plutôt que sur la force offensive. Le nom lui-même était destiné à renforcer le moral, faisant appel à la fois au nationalisme (Volk) et aux vieilles traditions militaires (Grenadier).
Une cinquantaine de divisions ont été formées à la fin de la guerre. Ces Volksgrenadiere ou Volksgrenadier divisions ne doivent pas être confondues avec le Volkssturm, qui est une entité totalement différente.
Pour certaines unités, le nom est simplement changé. Par exemple, la 12. Infanterie-Division qui a combattu en Pologne, en France puis sur le front de l’Est avant d’être transférée à l’Ouest en pour être engagée dans les combats près d’Aix la Chapelle, devient, le 9 octobre 1944 la 12. Volks-Grenadier-Division.
Les divisions de Volksgrenadiere utilisaient seulement six bataillons d'infanterie de ligne au lieu de neuf pour les divisions d'infanterie d'avant la réforme de l'automne 1943 qui institue les divisions du type "Neue Art" à six bataillons de ligne plus un bataillon de Füsiliere qui sert à la fois d'unité de reconnaissance et de troupe de choc. Cette structure sera retenue pour la création des divisions de Volksgrenadiere bien que dans certains cas, le bataillon de Füsiliere soit réduit à une compagnie.
La division de Volksgrenadiere se décompose théoriquement de la façon suivante[2] :
À droite, exemple de régiment (fictif, mais reprenant les symboles et les quantités réelles) correspondant à cette organisation :
En pratique, les divisions sont généralement en sous-effectif plus ou moins critique et ne disposent pas toujours de tout le matériel prévu si on se réfère à la lecture des Kriegsgliedrunge dont celle de la 12e volksgrenadiere publiée dans le "Panzer voran" numéro 29 qui disposait de seulement 3 automoteurs antichars (normalement de type stug ou hetzer) au lieu des 14 prescrits et ne disposait d'aucun canon antichar tracté pour son bataillon antichar le ainsi que dans l'ouvrage de Nafziger sur les divisions d'infanterie allemandes durant la Seconde Guerre mondiale[3].
Les unités de Volksgrenadiere avaient également un pourcentage plus élevé de mitraillettes et d'armes légères automatiques, donc une puissance de feu à courte portée plus importante que dans les unités standards de l'infanterie de l'armée allemande.
Les unités étaient principalement dotées d’armes automatiques, comme le Sturmgewehr 44 équipant théoriquement deux pelotons d'assaut sur trois dans les compagnies d'infanterie ou le fusil K-98 et d’armes antichar à un coup comme le Panzerfaust, mais également de grenades à manche (appelée « presse-purée » pour sa forme), de vieux fusils et de lance-grenades.
Chacune des 9 sections (Gruppe en allemand à 9 combattants) de fantassins de chaque compagnie légère disposait en théorie d'un lance grenade (nommé schiessbecher pouvant tirer des grenades de 61 mm explosives ou antichar) monté sur un fusil ou un fusil d'assaut en plus de 4 Panzerfäuste.
Les deux pelotons d'assaut (Sturmzug en Allemand) de chaque compagnie légère disposaient théoriquement en plus d'une mitrailleuse légère en réserve ce qui fait que chaque compagnie légère disposait de 9 mitrailleuses légères de type MG42 selon l'organisation théorique reprise dans le K.St.N. 131 V du .
La valeur combative de ces divisions était variable bien que lors de la bataille des Ardennes certaines unités de volksgrenadiere aient eu une conduite remarquable notamment lorsque la 18e Volksgrenadiere encercla et fit capituler deux régiments de la 106e division américaine (alors que les effectifs des deux forces étaient similaires : 6 bataillons d'infanterie dans chaque camp plus le bataillon de Füsiliere qui tenait le front et fit diversion) dans le massif du Schnee Eifel et lors des combats très durs autour de Bastogne.
Au départ, les unités de Volksgrenadier se sont organisées autour d'officiers, sous-officiers et soldats vétérans endurcis. Puis le recrutement s’est élargi au personnel sans affectation, provenant principalement de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe, aux soldats blessés ou convalescents, aux hommes plus âgés ou aux adolescents, exclus de la conscription en temps normal, ou plus généralement aux personnes qui auraient été réformées en temps de paix.
Au mois de septembre, Goebbels, chargé des opérations de recrutement, a permis de constituer des divisions de Volksgrenadier avec 300 000 hommes, mais Hitler exige que le ratissage mis en place par Goebbels fournisse 450 000 recrues supplémentaires dans le mois qui suit[4]. Pour satisfaire cette demande, Goebbels se voit forcé d'entrer en conflit avec Albert Speer, pour permettre le recrutement de ces soldats[5]. De fait, il délègue le ratissage aux Gauleiter[6], qui s'exécutent avec zèle, malgré les réserves de Speer, dans lesquelles le ministre de l'armement tente de mettre en avant la désorganisation dont seraient victimes les industries d'armement après les ponctions opérées[7].
Les divisions de Volksgrenadier ont participé à la bataille de Metz, à la bataille des Ardennes, à la défense de la ligne Siegfried, et contre les Soviétiques sur le Front de l'Est, ainsi que dans les derniers combats en Allemagne. Certaines divisions ont lutté avec acharnement, car elles étaient bien formées avec des vétérans endurcis et de personnels provenant de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe. D’autres divisions ont été jetées dans la bataille avec un minimum de formation.