Web-brigades (en russe : Веб-бригады) est un terme créé par la journaliste russe Anna Polianskaïa, calqué sur celui de Red brigades (Brigades rouges, en russe : Красные бригады), pour dénommer des groupes d'utilisateurs du réseau informatique international, contributeurs ou hackers, qui interviennent sur Internet pour faire valoir un point de vue, effacer des données déplaisantes, défendre une cause commerciale, religieuse, idéologique, politique ou autre, et détruire les sites ou les contributions de leurs contradicteurs. Ces groupes peuvent soit se former spontanément en raison de l'identité, des convictions ou d'intérêts de leurs membres, soit être constitués et coordonnés par les instances communicantes d'une entreprise, confession, boîte à idées, parti politique ou tout autre groupe de pression.
Dans un article intitulé L'Œil virtuel de Big Brother publié en sur le site américainVestnik Online[1] la journaliste russe Anna Polianskaïa révéla l'existence de groupes d'utilisateurs reliés au FSB, qu'elle dénomma web red brigades. Un autre journaliste russe par ailleurs proche de Vladimir Poutine (membre du conseil stratégique national) Aleksandr Ioussoupovski réplique dans le Journal russe du , édité par le politologue Gleb Pavlovski qu'elle était paranoïaque et que son affirmation relevait de la théorie du complot. En , l'opposante Tatiana Kortchevnaïa révèle avoir elle-même fait partie d'une web-brigade d'opposants à Vladimir Poutine. Après ces aveux, l'expression web-brigades, vigoureusement contestée et considérée comme un fantasme par de nombreux commentateurs tels ceux du RIO-Centre, se répand dans le milieu des journalistes : par exemple, dans son documentaire de 2011Hackers, ni dieu ni maître, Fabien Benoît[2] présente entre autres la Web-brigade ultranationaliste russe Nashii, dirigée par Konstantin Goloshkokov qui, pour punir l'Estonie d'avoir déboulonné un monument symbolisant l'occupation soviétique, a réussi en avril 2007 à saturer et bloquer la majeure partie des systèmes informatiques de ce pays[3].
À titre d'exemple, les Nashii ont mené des opérations d'influence en ligne pour le compte du gouvernement russe, en lien peut-être avec une frange d'extrême-droite des services de renseignement anglo-saxons et à l'aide de faux comptes sur les plus grands réseaux sociaux, journaux en ligne, forums de discussion ou encore sur des services d'hébergement de vidéos[14]. Ces web-brigades publient massivement des posts diffuser :
À l'encontre des Nashii, les Anonymous ou elfes sont les dissidents, militants de la démocratie, des droits de l'homme ou de l'ancienne ONGMémorial (dissoute par le Kremlin), journalistes ou simples citoyens qui luttent contre la désinformation des trolls pro-russes sur Internet, et sont considérés par les autorités russes comme des espions ou des agents d'influence du « nazisme ukrainien » et de l'« impérialisme occidental ». Opérant dans une douzaine de pays européens, ils participent depuis le début de la guerre en Ukraine à des attaques par déni de services (DDOS) à l'égard d'institutions russes, d'organes de propagande et de sites d'infrastructures russes et biélorusses[25].
↑Oz Sultan, « Tackling Disinformation, Online Terrorism, and Cyber Risks into the 2020s », The Cyber Defense Review, vol. 4, no 1, , p. 43–60 (ISSN2474-2120, JSTOR26623066, lire en ligne)
↑Caitlin Dewey, The Washington Post, « Flight MH17's Wikipedia page edited by Russian government; An IP address associated with Vladimir Putin's office has made multiple edits to the Wikipedia page for the MH17 flight page », Toronto Star, (lire en ligne, consulté le )
↑Olga Zeveleva, « Knowledge is power: why is the Russian government editing Wikipedia? », The Calvert Journal, (lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) ShareAmerica, « Trolls: Everything you wanted to know | ShareAmerica », ShareAmerica, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bSébastian SEIBT, « L'Internet Research Agency : cette usine à "trolls" russe dans le collimateur de Facebook », France24, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Guerre en Ukraine : Wikipédia, menacée de blocage en Russie, poursuit sa documentation du conflit », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑(ru) Diana Khachatryan, « Как стать тролльхантером » [« Comment devenir chasseur de trolls »], Novaïa Gazeta, vol. 24, (lire en ligne, consulté le )
↑Yochai Benkler, Robert Faris, Hal Roberts, Network propaganda: Manipulation, Disinformation and Radicalization in American Politics, Oxford University Press 2018, (ISBN978-0190923631), [2]
↑(en) Kate Proctor, « PMQs: Keir Starmer criticises Boris Johnson over Russia report delay », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Severin Carrell, « Russian cyber-activists 'tried to discredit Scottish independence vote' », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).