En 64 av. J.-C., la ville est reprise aux Parthes par la République romaine, et prend le nom de Zeugma. S'ouvre alors une période de développement et de prospérité due à sa position stratégique de traversée de l'Euphrate sur la route de la soie, entre la Chine et Antioche.
En 256, elle est ravagée par le roi
sassanideShapur I. Victime ensuite d'un tremblement de terre, elle ne retrouvera jamais l'éclat de la période romaine.
Le site est abandonné au milieu du XIe siècle.
Elle est en fait constituée par la réunion de deux cités primitives situées de part et d'autre du fleuve : Apamée (rive droite) et Séleucie de l'Euphrate (rive gauche). Cette configuration et le passage sur l'Euphrate qui constitue une position stratégique importante est à l'origine du nom de la ville, Zeugma signifiant en greclien, qui supplante le nom d'origine, Séleucie.
Du côté d'Apamée, une large plaine nécessite la construction d'un important rempart de 3 km de pourtour. Séleucie, pour sa part, est située sur des collines remontant à partir du fleuve.
Le site a été proposé en 2012 pour une inscription au patrimoine mondial et figure sur la « liste indicative » de l’UNESCO dans la catégorie patrimoine culturel[2].
En 1995 commence la construction de l'important barrage de Birecik sur l'Euphrate, dont le lac de retenue va engloutir la totalité d'Apamée et une bonne part de Séleucie. Des fouilles d'urgence sont entreprises, sous la direction de R. Ergeç (Musée de Gaziantep) et de Catherine Abadie-Reynal (Ministère français des Affaires étrangères), qui permettent de mettre au jour une organisation urbanistique très évoluée, de nombreux bâtiments importants, temples, théâtre, nécropole et grandes demeures patriciennes romaines qui livrent une quantité de peintures murales et de mosaïques d'un intérêt exceptionnel[3].
La mise en eau du barrage commence en 1999. Les mosaïques, peintures murales et objets découverts sont prélevés et rassemblés dans le musée archéologique de Gaziantep. Un examen du site est mené après la première vidange du réservoir et les archéologues peuvent constater que le site, en dépit des protections, a grandement souffert de l'inondation et est quasiment détruit. 15 % seulement de la surface de l'ancienne Zeugma antique fut fouillée et inspectée par les archéologues.
↑Il est possible qu'Alexandre le Grand ait aussi passé le fleuve à cet endroit dans sa marche vers l'est, quoique la ville de Thapsaque soit plus généralement admise comme lieu de franchissement : Voir page Wikipedia « Alexandre le Grand », chapitre "Vers la bataille décisive (printemps 331 - Octobre 331").
↑C. Abadie-Reynal, R. Ergec, J. Gaborit, P. Leriche, Deux sites condamnés dans la vallée de l’Euphrate, Séleucie-Zeugma et Apamée, Archéologia, mars 1998, pages 28 à 39.
C. Abadie-Reynal, « Séleucie-Zeugma et Apamée sur l'Euphrate : étude d'un cas de villes jumelles dans l'Antiquité », Histoire urbaine, 1/2001 (n° 3), p. 7-24 Lire en ligne sur Cairn.
Alix Barbet (dir.), Zeugma II : peintures murales romaines, Institut français d'études anatoliennes Georges Dumézil, Istanbul ; diff. de Boccard, Paris, 2005, 330 p. + pL. (ISBN2-906053-88-0)
Catherine Abadie-Reynal (dir.), Zeugma III. Fouilles de l'habitat (2). La maison des Synaristôsai. Nouvelles inscriptions, TMO 62, 2012, Lyon, 200 p. + pl.
Daniel Frascone, Zeugma IV. Les monnaies, TMO 63, 2013, Lyon, 312 p. + pl.
Nadine Dieudonné-Glad, Michel Feugère, Mehmet Önal, Zeugma V. Les objets, TMO 64, 2013, Lyon, 350 p. + pl.
Jean-Pierre Darmon, Merveilles de ZeugmaTurquie, in : Dossiers d'Archéologie, n°346, juillet-août 2011. pp. 38–45.
J. P. Darmon: Le programme idéologique du décor en mosaïque de la maison de la Télétè dionysiaque, dite aussi de Poséidon, à Zeugma (Belkis, Turquie), dans: La mosaïque gréco-romaine, X, Rome 2005 (Collection de l'École française de Rome, 352), pp. 1279–1300; Zôsimos de Samosate, peintre actif à Zeugma autour de 200 ap. J-C., Misiva & Sectlia, 1, 2004 (2005), pp. 75–88, 15 fig.
K. Dunbakin, Domestic Dionysus ? Telete in mosaics from Zeugma and the Late Roma Near East/JRA, 21, 2008. pp. 193–224; The pantomime Theonoe on a mosaic from Zeugma/JRA, 23, 2010, pp. 413–426.
D. Kennedy & alii - The Twin Towns of Zeugma on the Euhrates Rescue Work and Historical Studies, Porstmouth (RI), 1998 (JRA Supplementary Series 27).
ARCHÉOfolio, Mosaïques de Zeugma, photographies et descriptions de cinq mosaïques du musée, Archéologia N°581 de novembre 2019, p.64-67. La bohémienne - Oceanos et Thétis - Akratos et Euphrosyne - L'enlèvement d'Europe - Pasiphaé et Dédale.
(en) C. Abadie& alii - Zeugma: Interim Reports, Portsmouth (RI), 2003 (JRA Supplementary Series, 51).
(en) Rifat Ergeç, Belkis-Zeugma and its mosaics (trad. par Bilgi Altınok), Sanko, Istanbul, 2007, 224 p. (ISBN978-975-9011-08-6)
(en) Mehmet Önal, Zeugma mosaics : a corpus, A Turizm Yayanlari, Istanboul, 2009, 127 p. (ISBN978-975-644528-0)
(en + tr) Ahmet Denizhanoğullari (dir.), Clay seal impressions of Zeugma, Gaziantep Müzesi, Gaziantep, 2007, 128 p. (ISBN978-975-9011-12-3)