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Pierre René Paul Émile Acollas |
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Pierre-Antoine-René-Paul-Émile Acollas[1], généralement appelé Émile Acollas, né le à La Châtre et mort le à Asnières, est un jurisconsulte français. Il défend la thèse politique d'un « anarchisme » individualiste.
Émile Acollas, juriste, organise et réalise le premier Congrès de la paix et de la liberté à Genève en 1867. Il invitera de nombreux acteurs républicains comme Victor Hugo, Ledru-Rollin, Victor Schoelcher et d'autres[2]. Il fonde à cette occasion la Ligue de la Paix et de la Liberté[3]. À Berne, il est titulaire d’une chaire de droit dont il démissionnera en [4]. Emprisonné comme partisan de la création d'une Fédération démocratique de l'Europe unie[Information douteuse]. À son retour à Paris, en , il se voit refuser par Jules Simon, ministre de l’Instruction publique, une chaire de droit à l’Université de Paris. En 1878, il fonde à Berne la revue mensuelle La Science politique[5]. Il fut inspecteur général des services pénitentiaires, il défendit à cette occasion le développement des travaux forcés en plein air ainsi que l'exploitation de la Colonisation pour les camps de prisonniers[6].
Il est l'ami de Georges Clemenceau, le professeur de droit de Saionji Kinmochi, un noble japonais envoyé en Europe de 1870 à 1881 pour préparer la future Constitution impériale et, de 1872 à 1874, ainsi que de Nakae Chômin, traducteur de Rousseau et penseur du Mouvement pour la liberté et les droits du peuple. Chômin fait traduire en 1884 l'ouvrage d'Acollas Philosophie de la science politique et commentaire de la déclaration des droits de l’homme de 1793.
Commentateur des Droits de l'homme, critique du Code Napoléon, partisan de l'égalité des femmes, auteur de nombreux ouvrages de droit, ce jurisconsulte, peu connu aujourd'hui, a ainsi une influence intellectuelle notable.
Une thèse lui est consacrée : Benoît Granjard, Un juriste républicain, Émile Acollas : une « refondation » du droit et de la famille, thèse de doctorat en histoire du droit, sous la direction de M. Ganzin, Université Paul Cézanne-Aix-Marseille 3, 2011.
En , Émile Acollas est traduit avec son ami Alfred Naquet, devant le tribunal sous le chef d'accusation de manœuvre à l'intérieur dans le but de troubler la paix publique et d'exciter à la haine et au mépris du gouvernement[2]. Il est accusé d'avoir reçu de l'étranger et fait distribuer des brochures contre le règne de Napoléon III des titres suivant : "La France ne s'appartient plus", "Il y a seize ans, la République a été nuitamment égorgée" et "Le règne de Bonaparte commence par le crime". Les brochures auraient été ensuite distribuées par courrier au sein de Paris par une société secrète (Commune Révolutionnaire des Ouvriers Français) constituée pour la défense de la République. Acollas n'est pas accusé d'en avoir été membre contrairement à ses co-accusés. Il est défendu par Maitre Favre.
Les avocats condamnent d'abord le chef d'accusation sous le prétexte que celui-ci, si l'accusé est reconnu coupable, peut entrainer une peine criminelle de déportation (transportation) à Cayenne ou en Algérie décrété par l'Administration en vertu du décret du . Ils demandent que le procès soit porté devant un Tribunal criminel qui est seul à avoir la capacité à condamner à une peine criminelle. Cette affirmation est rejetée par le Tribunal.
L'essentiel des accusations portées contre E. Acollas repose sur le témoignage d'un co-prévenu Clément-Henri Hayot, absent de l'audience car ayant souhaité en être dissocié. L'Avocat Impérial utilise alors la communication personnelle d'E. Acollas pour appuyer son propos et notamment l'organisation du Congrès de la Paix à Genève. Il qualifie alors ce Congrès d'assemblée ne cherchant qu'à ruiner "toute autorité politique et religieuse". E. Acollas répond néanmoins à l'Avocat Impérial qu'il a toujours exprimé ses opinions hautement. Lors de la plaidoirie de l'avocat de Las, celui-ci met également en avant que l'esprit de loi sur les manœuvres à l'intérieur est certainement mal interprété.
Malgré les preuves considérées comme légères par les avocats des accusés et le fait qu'Acollas n'ai été reconnu coupable que de réception des proclamations, celui-ci est condamné à un an de prison et 500 Francs d'amende. Il s'exilera à Berne à la suite de cette décision.
Le , il écrit depuis Berne "La République et la contre-révolution : lettre au "Journal de Genève"" dans les colonnes du Journal "La Suisse Radicale". Cette réponse s'adresse au professeur Dameth qui qualifiait les Communards de "voleurs et [d']assassins", même d'un mouvement contre-révolutionnaire. Émile Acollas rétorque par un argumentaire en trois parties:
En outre, dès avant la Commune il est nommé comme candidat pour être membre d'un gouvernement provisoire[7],[8] apparemment sans s'y être présenté. Ce statut est reproposé en avril, dans le journal La Vérité, lui attribuant un poste de Ministre de la Justice[9]. Il est également nommé par la Commune elle-même à la tête de la faculté de Droit de Paris tandis que son ancien co-accusé Alfred Naquet est nommé à la tête de la faculté de Médecine[10] sans que ni l'un ni l'autre ne soit présent. Cette information fut contesté de manière contemporaine[11].
Émile Acollas a également sollicité le préfet Edmond Valentin pour lui demander un soutien à un mouvement en faveur de la Commune de Paris. Cette demande reçoit un retour négatif[12].
E. Accolas est candidat en 1871 pour les élections législatives dans le département de l'Ain[13]. Il ne recevra pas assez de scrutins pour être élu.
Émile Acollas s'est présenté aux élections du dans le 6e arrondissement parisien qui était son lieu de résidence sous l'étiquette Démocrate Radical. Il recueille 1 725 voix contre 8 031 voix pour Aristide Denfert-Rochereau et 5 041 voix pour Colin de Verdière[14]. Durant sa campagne, il avait notamment défendu l'intégration des femmes dans la politique, ce qui lui a été moqué comme admettant les enfants[15]. Il fut également soutenu par Garibaldi[5].
Les raisons de la mort d’Émile Acollas sont incertaines. En effet, s'il est avéré à la suite de son autopsie et à l'enquête diligentée à la suite de sa mort, qu'il est mort d'empoisonnement à la cantharidine, le caractère volontaire de la mort n'est pas certain. Le médicament aurait été sollicité auprès de son médecin pour traiter les rhumatismes[16]. Néanmoins son usage se fait normalement par prise externe et il n'est pas avéré qu’Émile Acollas l'ait consommé ainsi. L'enquête n'a conclu à aucun manquement de la part du médecin mais considère que l'absence de posologie avec le médicament relève de la négligence du pharmacien et le condamne à une amende de 500 Francs.
La thèse privilégiée par les journaux est celle du suicide tandis que la famille défend l'hypothèse d'une mort accidentelle.
Le récit de la mort d'Acollas nourrit en outre la thèse du suicide par des actions confuses, le mourant admettant notamment s'être empoisonné lui-même[17]. La cause du suicide serait un amour fort pour sa pupille qui devait se marier dans quelques jours. Il aurait alors pris une dose fatale de cantharidine puis demandé à appeler le médecin dissimulant et révélant tour à tour la cause de sa situation. Malgré les soins prodigués celui-ci ne réussira pas à le sauver[18],[19].
L'affaire attacha au personnage un libertinage non démontré avec « de petites bonnes » et comme prenant de la cantharidine de manière régulière[20]. Cette allégation n'est étonnamment présente que dans les journaux d'opposition.
En appendice (page 40), de "La République et la Contre-Révolution"[21], E. Acollas joint Une circulaire électorale tombée de date -- aux électeurs du département de la Seine. Il y définit un programme politique succinct.
E. Acollas rappelle également dans sa réponse la maxime : Les peuples s'appartiennent, les individus s'appartiennent. Thèse qu'il développe au demeurant en défendant pour chacun un droit à l'autonomie et en affirmant son opposition radicale au communisme. En outre, en 1868, il se définit comme n'étant "ni matérialiste ni athée"[22].