Nom de naissance | Émile Courtet |
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Naissance |
Paris (France) |
Nationalité | Français |
Décès |
(à 81 ans) Villejuif (France) |
Profession |
caricaturiste photographe artiste peintre réalisateur animateur |
Films notables |
Fantasmagorie Génération spontanée |
Émile Courtet, dit Émile Cohl, est un dessinateur, animateur et réalisateur français, né à Paris le et mort à Villejuif le .
Il est l’élève du caricaturiste André Gill.
Émile Courtet est né à Paris, mais à sept ans, à la suite du décès de sa mère, son père le place dans une famille aux Lilas, en banlieue. À 15 ans, il devient apprenti chez un bijoutier, mais il s’intéresse déjà davantage au dessin et à la prestidigitation[1].
Touche-à-tout de génie, il est tour à tour illustrateur, photographe, auteur de vaudevilles et de pièces de théâtre, comédien, peintre, journaliste, magicien. Caricaturiste reconnu à la fin du XIXe siècle, élève d'André Gill, il flirte avec les mouvements qui influencent plus tard les surréalistes. Il fréquente les cabarets du Chat noir près de Pigalle et du Lapin Agile à Montmartre, et il est membre des groupes artistiques des Hydropathes d'Émile Goudeau, puis des Incohérents. Ses caricatures paraissent dans de très nombreux journaux (La Nouvelle Lune, Les Hommes d'aujourd'hui…). Du au , il dessine les unes de La Libre Parole illustrée (no 24 au no 53)[2], dont quelques-unes présentent un caractère antisémite. Il propose des jeux et des énigmes dans le supplément illustré Nos loisirs (1906).
Il fréquente de nombreux écrivains tels que Victor Hugo et Paul Verlaine. Il rencontre également des cinéastes comme Sacha Guitry et Georges Méliès.
Marié en 1881 avec Marie Louise Servat (1862-1891), il a une fille en 1883, qu'il prénomme Andrée, en hommage à André Gill : il organise une souscription pour soutenir son ami enfermé à l'asile de Charenton[3]. Cette même année, il travaille au journal Le Masque avec le photographe Charles Gallot qui l'initie vraisemblablement au maniement du collodion humide, un an avant qu'il n'ouvre son atelier de photographe portraitiste, rue Saint-Laurent à Paris[4].
À partir de 1886, son épouse entretient une liaison avec Henry Gauthier-Villars, dit Willy (qui sera plus tard le mari de Colette) ; les deux amants ont un fils ensemble. Cet épisode provoque le second duel à l'épée de la vie d'Émile Cohl, le , le premier duel l'ayant opposé[pourquoi ?] à Jules Jouy en 1880.
Sa seconde épouse, Suzanne, fille d'Hippolyte Camille Delpy, peintre de l'école de Barbizon, élève de Camille Corot et Charles-François Daubigny, lui donne un fils, prénommé André. Sa femme Suzanne meurt en 1930.
Émile termine sa vie dans une grande pauvreté. En avril 1937, alors qu'il est penché sur sa table de travail, sa barbe prend feu sur la flamme d'une bougie avec laquelle il s'éclairait. Placé en observation à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, son état de santé ne s'améliore pas durant les mois qui suivent. Il est transféré à l'hôpital Paul Brousse à Villejuif, où il mourra, le 20 janvier 1938, des suites d'une bronchopneumonie mal soignée[5]. Ses cendres reposent à Paris au columbarium du Père-Lachaise (case n°24023).
En 1892, les pantomimes lumineuses d'Émile Reynaud, les premiers dessins animés de l'histoire du cinéma, sont projetées à Paris au musée Grévin à l’aide du Théâtre optique, un système de projection sur grand écran de dessins tracés et coloriés directement sur une pellicule de 70 mm constituée d'une suite de carrés de gélatine protégés de l'humidité par un recouvrement de gomme-laque[6], initiant alors la technique de l'animation sans caméra. Ces séances étaient présentées dans une salle où se rassemblait un public payant et furent les premières projections sur écran du cinéma, le sous-sol du musée Grévin devenant ainsi la première salle de cinéma de l'histoire. Le procédé fut abandonné par la suite car il ne permettait pas le tirage de copies[7].
En 1906, on découvre un procédé nouveau pour le cinéma, ce que l’on nomme le « tour de manivelle », un « procédé (qui) fut appelé en France « mouvement américain ». Il était encore inconnu en Europe[8] », car le tour de manivelle provient du studio Vitagraph Company qui l'utilise pour mettre des objets inanimés en mouvement. C'est un comédien américain, James Stuart Blackton, qui réalise alors le premier dessin animé sur support filmique de l'histoire du cinéma (ceux d'Émile Reynaud étant directement dessinés sur la pellicule, sans le truchement d'une prise de vues), Humorous Phases of Funny Faces (Phases amusantes de faces rigolotes), où l'on voit, tracé en blanc à la craie sur un fond noir, un jeune couple qui se fait les yeux doux, puis vieillit, enlaidit, le mari fume un gros cigare et asphyxie son épouse grimaçante qui disparaît dans un nuage de fumée, la main de l'animateur efface alors le tout. Le dessin animé filmé sur pellicule de cinéma argentique 35 mm, est né avec ce film[9].
Ayant compris le principe du procédé image par image de Blackton, Émile Cohl crée Fantasmagorie qui est projeté pour la première fois le au théâtre du Gymnase à Paris, pour la société Gaumont. De 1908 à 1923, Émile Cohl réalise 300 autres films, pour la plupart des films précurseurs en matière de cinéma d'animation puisqu'il manie avec autant de bonheur le dessin que les allumettes, le papier découpé ou encore les marionnettes, ou des objets divers comme des citrouilles. Ses films sont réalisés pour les compagnies cinématographiques françaises Lux, Gaumont, Pathé et Éclipse. Il travaille aussi pour les Laboratoires Éclair à Fort Lee aux États-Unis de 1912 à 1914, comme directeur d'animation.
La créativité, aussi bien technique qu'artistique, dont témoigne son œuvre subsistante — seuls 65 films d'Émile Cohl ont été retrouvés — le fait rejoindre les créateurs les plus inventifs et les plus importants des premiers temps du septième art.