Durant sa courte carrière littéraire, environ 15 ans, Emile Moselly a écrit huit romans (l'Aube fraternelle, Terres lorraines, Joson Meunier, Fils de Gueux, le Journal de Gottfried Mauser, les Etudiants, les Grenouilles dans la mare, la Houle), deux essais littéraires (George Sand, Lucien Descaves) et un peu plus d'une centaine de nouvelles dont certaines regroupées en livres (le Rouet d’Ivoire, Jean des Brebis, la Charrue d’Erable).
Même si l'histoire de la littérature le classe parmi les auteurs régionalistes, Emile Moselly témoigne avant tout d'une pensée puis d'une parole à la portée émancipatrice qui se forge à partir des personnes qu'il a côtoyées et des lieux qu'il a parcourus [1].
C'est dans sa Lorraine qu'il trouvera les raisons d'une aventure littéraire qui le rendra maître dans l'art d'une narration impressionniste, loin du naturalisme et du positivisme ou des tentations scientistes de son temps, loin aussi du roman "moderne" qu'il apprécie peu [1].
E. Moselly reprend le chant de la terre qu'il connait le mieux, celui d'une nature qu'il sublime d'images, de sens et de rythmes, à travers laquelle sa vocation impressionniste se confirme. A la fois instinctif dans ses élans et cultivé dans ses réflexions, E. Moselly affirmera dans son œuvre cet alliage particulier de l'amour de la terre et de son peuple et la sensualité vibrante d'une Lorraine savamment idéalisée.
Indépendant à l'égard des courants intellectuels et littéraires de l'époque [2], il préfère les sensations, recherchées, analysées et savourées pour ce qu'elles sont : une jouissance de l'instant, une émotion et un frisson de la vie universelle.
Fils de Marguerite Joséphine Gantois et d'Auguste François Achille Chénin, Émile François Achille Chénin est né à la Bibliothèque nationale, site de la rue de Richelieu à Paris[3], où son père travaille en tant que gardien. Il rejoint très tôt la Lorraine et Chaudeney-sur-Moselle (canton de Toul) dont sa famille est originaire, village où il passera son enfance dès 1874.
Il étudie au lycée Henri-Poincaré à Nancy et à la faculté de Nancy jusqu'à l'obtention de sa licence en lettres en 1891, puis à la faculté des Lettres de Lyon où il est reçu agrégé de Lettres en 1895. Il a alors 25 ans.
Émile Chénin se marie le avec Marie Barthélémy à l'église Saint-Laurent de Paris. Le naît son premier fils, François, suivie de Germaine le , puis de Jacqueline le (morte en bas âge) et enfin de Jean-Pierre, né le . Germaine Chénin-Moselly (1902-1950) devient peintre et graveur, et illustre plusieurs ouvrages de son père.
Il meurt brutalement d'une crise cardiaque le entre Quimper et Lorient, dans le train Quimper-Paris, de retour de vacances passées à Lesconil. Son corps repose temporairement à Lorient avant d'être transporté à Chaudeney-sur-Moselle où il est inhumé le [4].
Il figure, avec Charles Péguy, parmi les premiers auteurs des Cahiers de la Quinzaine (fondés par Péguy en 1900). Il prend pour nom de plume Moselly, qui vient de la rivière Moselle, mais aussi de la résidence d'été des évêques de Toul, construite par Monseigneur Claude Drouas de Boussey afin de donner du travail aux pauvres lors de temps de disette et afin de fixer les évêques dans leur diocèse : cette propriété avait été nommée par le prélat lui-même Moselli.
Ses archives (manuscrits, épreuves corrigées) ont été données en 2007 par sa famille à la Ville de Nancy. Elles sont déposées à la bibliothèque municipale (Bibliothèque Stanislas) de cette ville.
Entre 2022 et 2024, les arrière-petits-enfants d'Emile Moselly ont réalisé l'édition de son œuvre complète[8] et, en particulier, la publication des Nouvelles (en deux volumes) parues dans les journaux et revues de l'époque (Le Pays Lorrain, L'Humanité, La Grande Revue, La revue Bleue, Le Matin, Le Temps, La Revue des Deux Mondes...) mais jamais éditées en ouvrage [9], la publication de ses Cahiers (1890-1914) [10], ainsi qu'un roman inédit Suzanne[11].
La maison d'Émile Moselly, située au 18 rue du Commandant-Fiatte à Chaudeney-sur-Moselle, est signalée par une plaque[14].
Le Cercle d'études local du Toulois (CELT) décerne chaque année en hommage à Émile Moselly un prix récompensant une nouvelle ayant pour cadre la Lorraine [15].
Le CELT a consacré des dizaines de pages sur Emile Moselly à travers sa revue Etudes touloises (en consultation gratuite sur le site du CELT) [16].
↑Ravenel B., « Pierre-la-Treiche et le monocorde de Joseph Poussot », Études touloises, no 66, CELT, Toul, 1993 p. 3-14, p. 15-23 (texte de la conférence donnée à Toul le 13 octobre 1992)
Maurice Pellisson, « L’Aube fraternelle, Cahiers de la Quinzaine, 1902 ; Jean des Brebis ou le livre de la Misère, Cahiers de la Quinzaine, 1904, Plon, 1907 ; Les Retours, Cahiers de la Quinzaine, 1906 ; Terres Lorraines, Plon, 1907 ; Le Rouet d’Ivoire, Cahiers de la Quinzaine, 1907, Plon, 1908, par E. Moselly. », La Revue pédagogique, vol. 52, , p. 397-400 (lire en ligne [PDF])
Charles Daudier, Moselly, chantre de la Lorraine 1, Le Pays Lorrain, Avril 1920 (12ème année, n°4)
Charles Daudier, Moselly, chantre de la Lorraine 2, Le Pays Lorrain, Septembre 1920 (12ème année, n°9)
Charles Daudier, Moselly, chantre de la Lorraine 3, Le Pays Lorrain, Avril 1921 (13ème année, n°4)
Charles Daudier, Moselly et la Bretagne, La Pensée Bretonne, avril 1920 (6ème année, n°40)
Léopold Bouchot, Moselly chez ses paysans, Le Pays Lorrain, juillet 1927 (19ème année, n°7-246)
Alfred Saffrey, Emile Moselly, l'Amitié Charles Péguy, feuillets 120 du 15 mars 1966
Pierre Goudot, La vision mosellienne de la nature lorraine jusqu'en 1902 (1° partie), Etudes Touloises, 1974, 1, 11-22 (Lire en ligne)
Pierre Goudot, La vision mosellienne de la nature lorraine jusqu'en 1902 (2° partie), Etudes Touloises, 1975, 3, 37-52 (Lire en ligne)
Paul Sadoul, La première édition du Rouet d'Ivoire d'Emile Moselly, Le Pays Lorrain, juillet 1990
Carine Rothiot, Le « travail de terre », une philosophie de la vie dans Fils de gueux d’Émile Moselly, in Le travail en représentations, Actes du 127ème Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Le travail et les hommes », Nancy, 2002. Paris : Editions du CTHS, 2005. pp. 321-334 (Lire en ligne).
André Markiewicz, dir., Achats et dons : Quinze années d'enrichissement des collections de la Bibliothèque municipale (1993-2008), Nancy, Ville de Nancy, , 48 p., p. 42.
Patricia Szafranski, Un jeu d’épreuves de Fils de Gueux, roman d’Émile Moselly, Presses universitaires de Paris Sorbonne (PUPS), 2013, Société internationale de génétique artistique littéraire et scientifique (SIGALES) (Lire en ligne).
Daniel Jacques, Il y a cent ans, Emile Moselly rencontrait Charles Péguy - Etudes Touloises, 1999 (Lire en ligne).
Paul Montagne, Émile Moselly, Peintre des paysages toulois, poète de leur flore - Etudes Touloises, 2018, 166, 3-15 (Lire en ligne).
Philippe Masson, Une commémoration littéraire avortée : le monument à Emile Moselly, Etudes Touloises, 2018, 166, 37-41 (Lire en ligne).
Gilles et JFrançois Chénin, Emile Moselly, Prix Goncourt 1907, vie & œuvres, TheBookEdition, 2024