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Adolphe Kégreisz, ou Kégresse, né le à Héricourt (Haute-Saône) et mort le à Croissy-sur-Seine, est un ingénieur français.
Après avoir suivi les cours de l'école pratique de Montbéliard, il travaille dans la société Jeanperrin Frères à Glay. En 1900, il s'engage pour trois ans au 1er régiment d'artillerie de marine à Lorient. Libéré avec un certificat de bonne conduite, il séjourne quelques mois chez ses parents à Beaucourt (Territoire de Belfort). Il part en 1903 à Saint-Pétersbourg. Mécanicien très inventif, il commença sa carrière comme responsable technique du premier garage impérial du tsar Nicolas II de 1906 à 1917. En 1910, à la demande du tsar, il met au point des autochenilles originales (à partir de véhicules Packard, Mercedes-Benz et Delaunay-Belleville) capables de se déplacer facilement, particulièrement dans la neige. Il expérimente divers matériaux légers et souples comme des cordes, des courroies de cuir tressé et du caoutchouc armé. Il avait ainsi inventé le principe du « half-track » qui fut largement utilisé par la plupart des armées pendant la Seconde Guerre mondiale.
Outre les véhicules impériaux, son système s’appliquera à des véhicules de l’armée impériale russe dès 1914 en particulier des ambulances Packard et des auto-mitrailleuses Austin-Putilov qu’utilisèrent plus tard les bolcheviks.
Durant la Première Guerre mondiale, il est détaché auprès de la société Renault, qui le charge d'organiser la réparation des véhicules militaires. Il accompagne le Tsar Nicolas II durant ses déplacements sur le front autrichien en tant que responsable des services automobiles militaires russes. Il quitte la Russie après la Révolution d'Octobre à la demande du consulat de France, selon son dossier d'attribution de Légion d'Honneur.
Rentré en France, c’est avec Citroën qu’il crée un département de véhicules « tout terrain » en 1919. Les véhicules Citroën Kégresse équipés du système Kegreisz-Hinstin seront produits de 1921 jusqu’en 1940. Ces véhicules connurent un certain succès et différentes versions ont été utilisées par l’armée en France et à l’étranger par des services publics (postes, douanes) ou par l’armée dans les pays tels que la Belgique, le Chili, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne.
Après avoir quitté Citroën, Kegreisz continue ses travaux de recherche. En 1935, il met au point une boîte de vitesses automatique à double embrayage, dénommée « AutoServe »[1] et, en 1939, il essaie une chenillette électrique filoguidée, dont le prototype sera saisi par l'occupant allemand en et donnera lieu à l'invention du Goliath, l'un des premiers drones téléguidés.
Durant toute sa vie, Kegreisz déposa plusieurs centaines de brevets de toutes sortes, la plupart en rapport avec des composants automobiles.
Ce système de chenilles, adaptable aux châssis existants, est composé d’une bande épaisse de caoutchouc moulé et armé s’enroulant sur deux poulies dont l’une est motrice et l’autre libre sur un essieu porteur constituant ainsi un bogie à deux essieux ayant une assez large liberté de tangage pour s’adapter au terrain accidenté. La poulie motrice (diamètre 500 mm) est à deux joues mobiles enserrant la chenille en fonction des efforts demandés lors de la traction ou du freinage. Un train de quatre galets groupés deux à deux assure la fonction porteuse. Les principaux intérêts du système par rapport aux chenilles classiques sont sa légèreté et son fonctionnement relativement silencieux. Son plus gros défaut était la durée de vie assez faible de la bande sans fin (2 000 à 6 000 km).
Avec l’ingénieur Jacques Hinstin en 1922, Kegreisz finalise le premier véhicule « tout terrain » Citroën K1 qui est un châssis B2 équipé du système. Le système « Kegresse-Hinstin » équipera beaucoup d’autres modèles comme les C4 et C6.
Compte tenu de ses performances, André Citroën se lance dans plusieurs opérations de promotion de grande envergure à retentissement international :
Des véhicules Citroën équipés de « Kegreisz » sont fabriqués jusqu’en 1937, puis par Unic et Somua. Durant cette période, le système se perfectionna tout en conservant le principe d’origine : les modifications portaient sur l’entraînement de la chenille et sur le renforcement de celle-ci par une association de plaques métalliques et de blocs de caoutchouc.
Le système Kegreisz-Hinstin est à l'origine des Halftracks M2/3[2].