Anne de France | |
Anne de France, triptyque de Jean Hey, détail. | |
Titre | |
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Régente du royaume de France | |
– (7 ans, 9 mois et 28 jours) |
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Monarque | Charles VIII |
Prédécesseur | Charles ou Jean de Lancastre |
Successeur | elle-même |
– (1 an, 2 mois et 1 jour) |
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Monarque | Charles VIII |
Prédécesseur | elle-même |
Successeur | Louise de Savoie |
Comtesse de Gien, vicomtesse de Thouars et de Chatellerault | |
Prédécesseur | Domaine royal |
Successeur | Charles III de Bourbon |
Biographie | |
Dynastie | Maison de Valois |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Genappe (Pays-Bas bourguignons) |
Date de décès | (à 61 ans) |
Lieu de décès | Chantelle (France) |
Sépulture | Prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Souvigny |
Père | Louis XI |
Mère | Charlotte de Savoie |
Conjoint | Pierre II de Bourbon |
Enfants | Charles de Bourbon Suzanne de Bourbon |
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Régent de France | |
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Anne de France, dite Anne de Beaujeu ou Anne de Bourbon, née en à Genappe (duché de Brabant, dans les Pays-Bas bourguignons) et morte le à Chantelle (duché de Bourbon), fille aînée de Louis XI, est régente du royaume de France de 1483 à 1491 au début du règne de son frère Charles VIII, avec l'appui de son époux, Pierre de Beaujeu, qui devient duc de Bourbon en 1488.
Durant cette période de régence (de droit, puis de fait), elle est considérée comme une des femmes les plus puissantes d'Europe et est surnommée « Madame la Grande »[1], triomphant de la rébellion féodale de la Guerre folle, dirigée par le duc Louis II d'Orléans, héritier présomptif de Charles VIII, et par le duc de Bretagne François II.
Sa principale réussite est, après la défaite et la mort de François II (1488), le mariage de Charles VIII avec la duchesse Anne de Bretagne (1491), première étape de la transformation du duché en province du royaume (1532).
Entre la mort de son époux en 1503 et sa propre mort en 1521, elle est régente du duché de Bourbon au nom de sa fille Suzanne.
À son décès, elle est la dernière représentante des Valois directs.
Anne de France est née probablement[2] le au château de Genappe, dit « château du Lothier » (Pays-Bas bourguignons), durant le séjour du roi son père dans les territoires du duc Philippe le Bon.
Encore en bas âge, elle est fiancée au jeune Nicolas de Lorraine, marquis de Pont-à-Mousson, qui était le petit-fils de René d'Anjou, héritier (après son père) des trônes de Lorraine, Bar, Anjou, Maine, Provence, Naples et Sicile.
Au mois de , son père attribue à sa fille la vicomté de Thouars et les seigneuries de Marans et de Berrye[a 1]. À la suite de la mort de son fiancé Nicolas de Lorraine le [a 2], Anne épouse Pierre de Beaujeu, de plus de vingt ans son aîné, sire de Beaujeu et frère cadet du duc Jean II de Bourbon. Le contrat est passé à Jargeau près d'Orléans le [a 3], et le mariage célébré l'année suivante. La princesse est alors âgée de 12 ans. Pierre, lui, est âgé de 35 ans.
À partir de 1473, la santé du roi Louis XI décline. Sentant sa fin approcher, selon ses dernières volontés le roi déclare sur son lit de mort qu'il souhaite qu’Anne de Bourbon et son mari le sire de Beaujeu assurent la régence durant la minorité royale de son fils, le dauphin Charles VIII (à l'époque la majorité était fixée à 14 ans)[3],[4].
À la mort de Louis XI en 1483, le dauphin Charles VIII n'a que treize ans. N'ayant pas encore atteint l'âge de la majorité royale, il ne peut exercer le pouvoir. Durant sa minorité, c'est sa sœur Anne qui exerce la régence, de 1483 à 1491, de concert avec son mari Pierre II de Bourbon.
Afin de répondre aux contestations des nobles qui avaient commencé dès la mort de Louis XI, Anne convoque alors les états généraux à Tours[5]. Pour se concilier les grands du royaume, elle accepte de se séparer de trois des conseillers de son père, Jacques Coitier, Jean de Doyat et Olivier Le Daim.
Durant cette période, Pierre et Anne contiennent les ambitions des nobles et réaffirment l'autorité royale contre le parti du duc d’Orléans. Ils consolident également l’unité du royaume en mettant un terme à la guerre folle en 1488 à Saint-Aubin-du-Cormier. Après la reddition des grands princes bretons, qui perdirent plus de 10 000 hommes durant cette bataille, Anne de Beaujeu, qui a mis fin politiquement dans son propre camp aux nombreuses intrigues ou conspirations nourries par quelques grands féodaux, fait signer le traité du Verger, le à Sablé-sur-Sarthe.
Conséquence de la guerre folle, elle marie son frère Charles VIII à Anne de Bretagne, ce qui complète l'expansion territoriale accomplie par Louis XI en préparant le rattachement du duché de Bretagne à la Couronne.
Outre ses fonctions de régente, Anne supervise l’éducation de nombreux enfants de l'aristocratie de l’époque, dont Diane de Poitiers et Louise de Savoie. Elle s’occupe également de l’éducation de Marguerite d’Autriche qui deviendra par la suite gouvernante des Pays-Bas bourguignons[6].
Lors de la Guerre des Deux-Roses qui secoue l'Angleterre à la fin du XVe siècle, Anne apporte son soutien à Henri Tudor contre son rival, le roi Richard III. Lorsqu'Henri lui demande de l'aide pour évincer son ennemi, Anne lui envoie des troupes françaises grâce auxquelles Henri peut envahir l'Angleterre en 1485 et remporte la victoire de la Bosworth[7]. Henri monte alors sur le trône d'Angleterre sous le nom d'Henri VII.
Après le mariage du roi en 1491, Anne est progressivement écartée du pouvoir par la nouvelle reine, Anne de Bretagne, qui lui en veut d’avoir mis fin à l’indépendance du duché de Bretagne quelques années plus tôt[8]. Cela n'empêche pas le jeune couple royal de continuer à passer plusieurs mois par an chez elle, à Moulins, pour suivre ses conseils[9].
À la mort du duc Jean de Bourbon en 1488, elle négocie le duché de Bourbon pour son mari. Elle tient à Moulins une des cours les plus fastueuses du royaume[10].
Elle est aussi, par son conjoint, duchesse d'Auvergne et dame de Beaujeu.
En 1477, son mari récupère le comté de La Marche, après l'exécution de Jacques III d'Armagnac, son cousin au 3e degré. Elle fut aussi comtesse de Clermont en Beauvaisis, baronne du Roannais, princesse des Dombes, comtesse du Forez, vicomtesse de Carlat et comtesse de Gien.
Après la mort de son mari, Anne de France écrit Enseignements à ma fille[11] (Suzanne avait 12 ans), source importante sur l’éducation des jeunes filles de l’aristocratie de l’époque. Dans celui-ci, elle conseille à sa fille de s'entourer de gens frugaux. Elle lui indique également que la véritable noblesse vient de son humilité, de sa douceur et de sa courtoisie. Sans cela, les autres vertus ne valent rien[12].
Elle publie également Histoire du siège de Brest, œuvre littéraire dont l’action se déroule durant la guerre de Cent Ans, qui donne en exemple les actes d’une femme lors d’une situation critique.
Anne de France est inhumée dans la chapelle neuve du prieuré clunisien de Souvigny auprès de son époux et de sa fille[13].
Personnalité au tempérament affirmé, Anne de France laisse l’image d’une femme énergique, à la fois intelligente et astucieuse. À son propos, son père Louis XI déclare qu’elle est « la moins folle des filles de France, car de sage il n'y en a point »[14].
Elle était brune avec un front haut et des sourcils finement arqués. Ses yeux étaient marron clair. Son regard était franc. Elle avait des lèvres et des mains fines. Au dire de ses contemporains, elle « se tenait droite comme une lance »[15].
Anne de France fait une brève apparition dans le roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Dans celui-ci, l'écrivain indique que la « dame de Beaujeu, fille du roi » vient visiter le cloître de Notre-Dame[16].
Anne de France avait un frère et une sœur.
De son mariage avec Pierre II de Bourbon, elle a deux enfants :
Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome III, p. 173-174 note no 1, Société de l'histoire de France et Librairie Renouard, Paris 1887, 389 p.