L’avenue George-V compte parmi les adresses les plus prestigieuses de Paris. On y trouve en effet des boutiques de luxe, mais également des palaces, des restaurants et des boîtes de nuit. Les plus célèbres d'entre eux sont l'hôtel George-V, fameux palace de la capitale au style Art déco, et le Crazy Horse Saloon, l'un des plus célèbres cabarets parisiens. L'avenue héberge également deux ambassades : celle de Chine et celle d'Espagne.
Ce site est desservi, à son extrémité nord, par la ligne 1 à la station George V et, à son extrémité sud, par la ligne 9 à la station Alma - Marceau.
André Becq de Fouquières observe en 1953 : « Les hôtels et les immeubles sont naturellement convertis pour la plupart au négoce et je crois bien que seul — au 42 — le nom du baron Bro de Comères y figure depuis cinquante ans[2]. »
No 9 : hôtel de Ganay. Construit en 1896-1898 par l'architecte Ernest Sanson pour le marquis Jean de Ganay et la marquise née Berthe de Béhague. « La marquise de Ganay, née de Béhague, grande dame d'une grande bonté, et qui montrait un goût infini — il arrivait que les officiels des Beaux-Arts eux-mêmes sollicitassent son avis pour telle acquisition qui devait enrichir l'un de nos musées — avait un hôtel où se pouvait voir un rare ensemble du XVIIIe siècle. Son salon fut un des plus selects de Paris et se signalait par le fait qu'on y rencontrait, entre autres personnalités, toute l'aristocratie du sport, M. de Ganay — qui possédait une écurie de courses — étant un fervent des jeux de plein air. Aujourd'hui (en 1953), cet hôtel n'est plus, où la charité, les arts et le sport vivaient en parfaite harmonie. On y travaille à de savantes formules chimiques pour la fabrication de couleurs industrielles qui sont bien loin des délicats pastels qui ornaient les murs de l'hôtel de Ganay »[5].
No 10 : siège de la maison de couture Balenciaga de 1937 à 1968.
No 11 : hôtel de Rouvre (dit aussi Lebaudy). Hôtel particulier construit sur les plans de l'architecte A. Coulomb pour l'industriel et homme politique Gustave Lebaudy (1827-1889), passé ensuite à sa fille Geneviève (1860-1936) et à son gendre Charles Bourlon de Rouvre (1850-1924)[6]. Ambassade de Chine jusqu'en 2017 ; le bâtiment accueille ensuite ses services consulaires.
No 15 : hôtel de Wagram. Hôtel particulier construit sur un vaste terrain à bâtir situé entre les avenues de l'Alma et Joséphine (actuelle avenue Marceau), correspondant à un emplacement partiellement traversé par l'ancien aqueduc de Paris. La construction d'un nouvel hippodrome sur ce terrain et les parcelles contiguës avait été envisagée par la Société de l'Hippodrome de Paris avant d'être abandonnée.
La Société Thome et Cie, concessionnaire de la Ville de Paris pour le percement des avenues de l'Alma et Joséphine, vendit le terrain le à Lucie Caroline Dassier (†1876), épouse de Nathaniel Johnston, riche négociant bordelais. Celle-ci fit construire en 1869 par l'architecte Delestrade un hôtel selon les règles du cahier des charges de la concession[8]. L'édifice comporte deux étages surmontés d'un toit mansardé couvert d'ardoises. Il comporte en façade une série de grandes fenêtres identiques à l'exception d'une grande baie ouverte dans la partie gauche qui forme un pavillon distinct du corps de logis principal. La façade sur jardin donne sur une terrasse et comporte un plus grand développement que la façade sur rue. Sa décoration reprend des motifs inspirés du style de la Renaissance française.
Nathaniel Johnston (1836-1914), fut député de la Gironde de 1869 à 1876 en plus de diriger la maison de vins familiale qui possédait les domaines bordelais de Ducru-Beaucaillou (Saint-Julien) et Dauzac-Labarde (Margaux). Le , au lendemain de la bataille de Sedan, il réunit dans son hôtel un groupe de parlementaires opposés à la création d'un gouvernement de la Défense nationale. Après avoir été battu aux élections législatives en 1876, année au cours de laquelle il perdit également sa femme, il se consacra à ses propriétés viticoles en Gironde et cessa d'habiter sa demeure parisienne tout en restant propriétaire de celle-ci.
Le , l'hôtel fut acquis par Berthe de Rothschild (1862-1903), princesse de Wagram par son mariage avec Alexandre Berthier (1836-1911), 3eprince de Wagram[9]. Celle-ci fit également l'acquisition, en 1893, d'une parcelle appartenant à la Société de l'Hippodrome de Paris qui lui permit d'aménager un jardin. La même année, elle acquit de la ville de Paris une portion de neuf mètres de l'aqueduc de ceinture qui traversait une partie de la propriété et qui se trouvait abandonnée. Les travaux d'agrandissement, dirigés en 1894 par l'architecte Stéphan Le Bègue, donnèrent à la demeure son aspect définitif.
Après la mort de la princesse, l'hôtel resta à son mari, puis à leur fils, Alexandre Berthier (1883-1918), 4e et dernier prince de Wagram, seul propriétaire de l'hôtel en 1911, qui fut tué au combat durant la Première Guerre mondiale. « À une époque où beaucoup de collectionneurs, même lorsqu'ils manifestaient un véritable sens de la beauté devant les œuvres des vieux maîtres, manquaient si souvent de flair et de goût devant la peinture moderne, le Prince, sans se soucier de ce que certains pouvaient penser de ses achats, avait réuni un ensemble magnifique de toiles. Il possédait, de Renoir, des pièces exceptionnelles, comme le fameux Marchand de Vin, La Source, La Place Pigalle, Les Filles de Catulle Mendès, La Grenouillère, et aussi des Puvis de Chavannes, des Monet, des Van Gogh, des Sisley. Il avait acheté cette nature morte de Cézanne, qui appartint à Gauguin, et dont Huysmans s'était si cruellement moqué, la décrivant comme des “fruits de guingois dans des poteries saoules[10]”. »
L'hôtel fut loué pendant quelque temps à la délégation de Pologne qui participa aux négociations du traité de Versailles après la Première Guerre mondiale. En 1920, le royaume d'Espagne s'en porta acquéreur pour y installer son ambassade, jusque-là établie boulevard de Courcelles. Le duc de Pomar avait souhaité léguer à l'État espagnol son hôtel parisien afin qu'il pût disposer d'une ambassade jugée digne de lui, mais divers rapports sur cet édifice mirent en évidence son état de délabrement si bien que le gouvernement espagnol préféra décliner le legs et utiliser le crédit ouvert pour les travaux à l'acquisition d'un autre immeuble. Le , sur la proposition de l'ambassadeur de l'époque, José Maria Wenceslao Quinones de Leon, il se porta donc acquéreur de l'hôtel de Wagram pour la somme de 5 000 050 francs[11]. Le bâtiment fut trouvé en assez mauvais état et nécessita d'importants travaux d'aménagement et de modernisation qui donnèrent lieu à une polémique politique au Parlement espagnol lors de la discussion du budget de 1922. Le roi Alphonse XIII visita l'immeuble lors de son voyage à Paris en 1921 et les travaux de restauration commencèrent sous la direction de l'architecte Walter-André Destailleur[12]. L'ambassade put s'y installer définitivement le . Elle a depuis déménagé non loin, 22 avenue Marceau, dans un bâtiment contemporain, celui de l'avenue George-V accueillant ensuite pour sa part la chancellerie de l'ambassade puis l'office économique et commercial.
No 36 : « Au 36, résidait en 1900 un […] prince […] de la maison royale de Serbie, Alexis Karageorgévitch. Il épousa Miss Abigaïl Pankhurst, de Cleveland, dans l'Ohio — et qui troqua un prénom un peu trop judaïque pour devenir Daria Karageorgévitch. Je fus souvent son hôte… et sa victime, car elle avait la passion de la harpe, en jouait certes agréablement, mais se laissait aller volontiers à transformer chacune de ses réceptions en récital. Elle m'accueillit souvent dans sa villa de Cannes, La Fiorentina, où elle élevait des paons blancs et cultivait toutes les variétés de camélias et, si je fais abstraction du quotidien concert de harpe, je puis dire que ces séjours m'ont laissé un souvenir ravi[14]. » Daria Pankhurst (1859-1938) était divorcée de son premier mari, J. Huger Pratt. Elle se remaria le à Paris avec le prince Alexis Karageorgévitch (1859-1920), chef de la branche aînée de la maison des Karađorđević.
No 43 : « La comtesse Abraham de Camondo, qui habitait au 43 de l'avenue de l'Alma, dans un intérieur empli de meubles de la Renaissance italienne et de nos XVIIe et XVIIIe siècles, possédait […] aussi des Degas et des Manet[15]. » Regina Baruch (1822-1905) était la veuve du comte Abraham Behor de Camondo (1829-1889), banquier, de la famille Camondo, originaire de Constantinople.
Nos 53-55, entre le croisement avec la rue Vernet et celui avec l'avenue des Champs-Élysées : façade latérale d'un complexe immobilier inauguré en 1931, dont l'entrée principale est le 101 avenue des Champs-Élysées. Une restructuration dans les années 1990 conduit à la destruction d'un bâtiment haussmannien à l'angle de la rue Vernet et de l'avenue George-V et la construction d'un nouvel édifice s'intégrant au reste de l'îlot de 1931. Depuis 2005, magasin amiral de Louis Vuitton[16].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
↑Le premier Hippodrome se trouvait place de l'Étoile, alors située extra muros. Lors de l'ouverture de l'avenue du Roi-de-Rome (avenue Kléber), il fut transféré place d'Eylau (place Victor-Hugo) où il fut détruit par un incendie en 1869.
↑Alignement sur la voie publique, façades latérales décorées, pierre de taille pour la façade principale, ornementation de corniches, moulures et pilastres.
↑Les vendeurs étaient les héritiers du prince de Wagram : sa fille, Louise Berthier de Wagram, ses sœurs, la princesse de La Tour d'Auvergne-Lauragais et la princesse de Broglie et les fils de celles-ci. Plusieurs des cohéritiers étant mineurs, la propriété était placée sous administration judiciaire et la vente eut donc lieu devant le Tribunal civil de la Seine.
↑Reprise des fondations, travaux de maçonnerie et de peinture, réfection des installations de chauffage et d'électricité, changement de quelques éléments des façades, modifications de la distribution intérieure. Un porche d'entrée fut créé pour les voitures, ainsi qu'une grande terrasse côté jardin. Les lucarnes des mansardes furent agrandies et une nouvelle entrée fut ouverte pour accéder aux locaux de la chancellerie du côté de l'avenue George-V. L. Roussel réalisa un nouveau jardin car celui qui existait avait été complètement abandonné. Les écuries, les deux pergolas et la fontaine centrale du jardin ont disparu depuis.