C'est une voie radiale qui permet, en venant du quartier de la salle Garnier, de s'approcher du centre de Paris ou de traverser en direction de la rive gauche par le pont du Carrousel. Très fréquentée par les touristes, elle accueille notamment de nombreuses agences de voyages, des magasins de souvenirs et des banques. On peut lui rattacher le petit quartier japonais de la rue Sainte-Anne.
La butte avait été arasée de moitié en 1615, couvertes de petites rues et de moulins, mais elle restait un obstacle sérieux. Tout le quartier, entre le Louvre et les Grands Boulevards, était occupé par des îlots aux rues étroites considérées comme insalubres et mal famées.
Les énormes déblais servirent à combler les excavations du Champ-de-Mars. Pour avoir une idée de l'importance de cette butte dans un quartier aujourd'hui complètement nivelé, il suffit de voir l'entrée de l'église Saint-Roch où l'on monte treize marches. Avant l'arasement de la butte, il fallait en descendre sept[1].
Un premier projet prévoit de créer une « avenue Napoléon » (en l'honneur de Napoléon III) depuis le Louvre jusqu'à l'endroit où la rue de la Paix rejoint les boulevards. Ce tracé fait l'objet d'un décret le , mais ne reçoit qu'un commencement d'exécution : les abords du Louvre sont dégagés dans le cadre du prolongement de la rue de Rivoli en direction du Châtelet.
Au début des années 1860, le projet de construction d'un nouvel opéra relance le projet de l'avenue par le décret du 24 août 1864, d'abord pour une largeur de 22 mètres[3]. Le chantier démarre à chaque extrémité, mais progresse lentement. La chute du Second Empire, en 1870, marque un coup d'arrêt des travaux, du moins pour quelque temps. L'« avenue Napoléon » est d'abord rebaptisée « avenue de la Nation[3] », puis « avenue de l'Opéra » en 1873[4],[5]. Après le décret d'utilité publique du 27 juin 1876, les travaux reprennent et sont rapidement achevés, avec une largeur de 30 mètres.
Les terrains riverains sont vendus par la ville de Paris avec obligation pour les acquéreurs d'y édifier des bâtiments en se conformant aux plans de façades indiqués par l'administration municipale[3]. Les derniers immeubles bordant cette nouvelle percée haussmannienne seront édifiés en 1879.
Une toile anonyme de 1878 conservée au musée Carnavalet figure le percement de l'avenue de l'Opéra[6].
rue l'Évêque, elle commençait rue de l'Anglade et finissait rue des Orties-Saint-Honoré. Ouverte vers 1615, elle s'appelait alors « rue Culloir » ;
rue de l'Anglade, qui portait le nom de Gilbert Anglade, propriétaire du terrain sur lequel la rue fut ouverte, commençait aux rues l'Évêque et des Frondeurs et se terminait rue Traversière ;
« J'oublie de t'annoncer que j'ai trouvé une chambre au Grand Hôtel du Louvre avec une vue superbe de l'avenue de l'Opéra et du coin de la place du Palais-Royal ! C'est très beau à faire ! Ce n'est peut-être pas très esthétique, mais je suis enchanté de pouvoir essayer de faire ces rues de Paris que l'on a l'habitude de dire laides, mais qui sont si argentées, si lumineuses et si vivantes. C'est tout différent des boulevards. C'est moderne en plein ! »
— Camille Pissarro, lettre du 15 décembre 1897[9].
Dans les années 1950, l'avenue a été profondément transformée par l'élargissement de sa chaussée automobile, passée de 15 à 20 mètres de large, au détriment des trottoirs[10].
No 6 : emplacement de l'ancienne parfumerie Gellé Frères.
No 10 : le critique d'art Félix Fénéon y vécut de 1931 à 1941[11].
No 11 : emplacement du siège de la Compagnie des mines de Carmeaux, devant lequel le terroriste anarchiste Émile Henry dépose une bombe le 8 novembre 1892. Découverte par la police, elle est transportée rue des Bons-Enfants et y explose[12].
No 19 : emplacement des locaux de la maison de thé Compagnie Coloniale. Durant la Première Guerre mondiale, la municipalité de Reims, en exil, y tient son premier conseil municipal le 19 avril 1918. Une plaque rend hommage à cet évènement.
Au no 20 (ou 21, selon certaines sources) se trouvait la salle du Guide, ou salle du Guide du Concert, où avaient lieu concerts et conférences. Elle tirait son nom du Guide du Concert, publication (1910-1966) dont le directeur était Gabriel Bender (1884-1964).
No 22 : emplacement de l'ancien Hôtel des deux mondes, qui ferma en 1940 et fut après-guerre le siège des services secrets américains. En 1936 est apposée une plaque commémorative sur la façade, rappelant que dans l'hôtel siégea entre janvier 1917 et juin 1919 le « Comité national de l'unité roumaine ».
No 23 : emplacement d'un ancien grand-magasin Au gagne petit, aujourd'hui remplacé par un magasin Monoprix. Subsiste une décoration extérieure.
En 1933 y ouvre le cinéma Studio Universel. Son architecte est Maurice Gridaine. Il compte une salle de 400 places, avec balcon. À partir de 1951, il commence à diffuser des dessins animés pour les enfants, notamment des productions de Walt Disney. Il ferme en 1973[15],[16].
No 32 : ancien cinéma fermé en mars 1991. En 1967, Georges Peynet a rénové la salle.
↑Florence Bourillon, « La désimpérialisation des voies parisiennes 1870-1879 », dans Sarah Gensburger et Jenny Wüstenberg (dir.), Dé-commémoration : Quand le monde déboulonne des statues et renomme des rues, Paris, Fayard, (ISBN978-2-213-72205-4), p. 31-39.
↑Christopher Lloyd, Barbara Stern Shapiro, Anne Distelet al. (trad. de l'anglais), Pissarro : Camille Pissarro 1830-1903, exposition Haywart Gallery de Londres, Grand Palais de Paris et Museum of Fine Arts de Boston, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, , 264 p. (ISBN0-7287-0253-3).
↑Frédéric Héran, Le Retour de la bicyclette. Une histoire des déplacements urbains en Europe, de 1817 à 2050, Paris, La Découverte, 2015, 255 p. (ISBN978-2707182029), p. 74.
↑Claire Paulhan et alii, "Histoire vraie", dans le catalogue Félix Fénéon. Critique, collectionneur, anarchiste, RMN, 2019, p. 50 sq.