Boris Balinsky

Boris Balinsky
Biographie
Naissance
Décès
Nationalités
Domicile
Formation
Université nationale Taras-Chevtchenko de Kiev (-)
Gymnasium Gottlieb-Walker (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Enfant
John B. Balinsky (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Maître
Ivan Schmalhausen (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Directeur de thèse
Ivan Schmalhausen (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Abréviation en zoologie
BalinskyVoir et modifier les données sur Wikidata

Boris Ivan Balinsky (ou Boris Ivanovich Balinsky) () est un scientifique ukraino-sud-africain. Biologiste, embryologiste et entomologiste, il est considéré comme un pionnier de l'embryologie expérimentale, de la microscopie électronique et de la biologie du développement. Il a été professeur de l'Université de Kiev et de l'Université du Witwatersrand.

Famille et éducation

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Balinsky est né le 23 septembre 1905 à Kiev, en Ukraine sous l'Empire russe à l'époque de la révolution de 1905[1],[2]. Son père, Ivan Balinsky, est historien, juriste et enseignant au Galen College. Sa mère, Elizaveta Radzymovska est enseignante de biologie et sa tante Valentyna Radzymovska est une scientifique en biologie qui a été impliquée dans les mouvements de renaissance de l'Ukraine. Ses parents aiment la littérature anglaise et parlent l'ukrainien, le russe et l'anglais à leur domicile[3]. Aîné des deux enfants du couple, Boris Balinsky a évolué dans un milieu très érudit[4]. Son intérêt pour la zoologie est rapidement apparu à l'occasion de vacances d'été chez son grand-père maternel, un prêtre orthodoxe russe qui vivait au village de Severinovka (à 80 km au sud-ouest de Kiev)[4]. Balinsky a été très influencé par l'ouvrage d'Akasov sur la collection des papillons qu'il reçoit en [4] et par celui de Berge Small Atlas of Butterflies and Moths qu'il avait découvert chez son grand-père[5]La brève période d'indépendance de l'Ukraine en 1918 grâce aux troupes allemandes et l'assassinat de son grand-père durant la guerre civile russe joueront beaucoup dans ses choix durant la seconde guerre mondiale[6].

Le têtard à 5 pattes

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Dès , il est un des étudiants d'Ivan Schmalhausen[1],[2] à l'université St Vladimir (qui deviendra plus tard l'université de Kiev)[4]. En , ce dernier lui demande de poursuivre les travaux de Dmitriy Filatov qui avait transplanté une vésicule otique sur un embryon de grenouille et de présenter ses travaux lors de séminaires. Une des premières conséquence de ces séminaires a été sa rencontre avec sa futur épouse, Katia Syngayevskaya, elle aussi étudiante[4]. Balinsky modifie ce protocole et implante la vésicule otique sur le flanc de l'embryon ce qui donnera naissance à un membre ectopique démontrant ainsi que le mésoderme conservait des capacités de compétences[1],[2]. Il devient par cette expérience un des premiers chercheurs à induire expérimentalement l'organogénèse chez les embryons d'amphibiens et « le tétard à cinq pattes devient sa mascotte »[1]. Il termine ses études en mais ne reçoit pas de diplôme car cela fait «bourgeois»[4].

Carrière prometteuse

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À partir de ce premier article, Balinsky gravit rapidement les échelons et passe assistant puis professeur à l'Université de Kiev[1],[2]. Il devient directeur de l'Institut de Biologie et de Zoologie de Kiev dès l'âge de 28 ans en 1933[1],[2],[4]. Il est devenu un expert reconnu dans la biologie du développement des poissons et des amphibiens. Les soviétiques réintroduisent l'obtention de diplômes et en , Balinsky soumet l'ouvrage «Induction of the Limbs in Amphibia», ce qui lui permet d'obtenir son doctorat de sciences biologiques de l'académie ukrainienne des Sciences[4].

Vers le milieu des années 1930, il se tourne de plus en plus sur des recherches portant sur le développement du mésoderme[1]. C'est à partir de ce moment là où en étudiant la biologie du développement, il étudie aussi différents poissons comme le poisson rouge, la dorade, le brochet et le gardon[7]. Sa situation se détériore à partir de lorsqu'il est victime de la répression soviétique. Cette année-là, une des campagnes de purges staliniennes voit son épouse Katia arrêtée le [4] et condamnée à 10 ans de Goulag[2],[3]. Balinsky est démis de ses principaux postes et ne conserve que la direction de son laboratoire[1]. Après deux années d'appels, son épouse est relâchée. Elle retrouve son poste à l'Institut de Biologie mais ces événements marquent durablement le chercheur[1],[3].

Seconde guerre mondiale

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En , il reçoit le prix Kawaleswky et l'année suivante, il est nommé professeur de zoologie à l'école de médecine de Kiev[8]. Il se trouve dans la station de Biologie marine de Karadag en Crimée lors du déclenchement de la guerre[8]. Il songe un moment à rejoindre l'armée pour la défense de l'Union Soviétique mais il se ravise en repensant aux arrestations massives d'opposants et attend[6]. Il rejoint Kharkov et y travaille dans les chemins de fer comme chef de la division de dératisation dont le profil de poste nécessite d'avoir eu une formation de biologie[8]. Lorsque les Allemands s'emparent de Kharkov, il choisit, en de revenir à Kiev malgré l'occupation allemande[9]. Il commence à travailler pour l'Institut Fisherei, un institut de recherche sur les poissons établi par les Allemands, ce qui lui permet de vivre à Kiev[6],[8]. Il commence à se rendre compte que les Allemands ne sont pas forcément des libérateurs. Sa femme meurt en [3] puis avec le recul de l'armée allemande, il réalise qu'il peut être inquiété par les soviétiques. Il décide alors de partir pour Poznań avec sa mère[6] et son fils Ivan[3]. Pendant son séjour en Allemagne, il en profite pour visiter plusieurs laboratoires dont celui d'Otto Mangold à Fribourg. À Poznań, il dessinera beaucoup, illustrant les différentes étapes de développement des poissons qu'il a étudiés et en réalisant son ex-libris, le têtard à cinq pattes[6]. Il perdra la majorité de ses illustration durant l'évacuation de Poznań. Après guerre, il s'installe à Munich[6] et y rencontre, l'allemande Elisabeth Stengel[7] qu'il épouse en [3].

Balinsky rejoint ensuite l'Écosse en et travaille brièvement dans le laboratoire de Conrad Hal Waddington sur l'embryologie murine et sur le développement des glandes mammaires des mammifères[7]. C'est là qu'il commence l'écriture de son ouvrage le plus célèbre, le traité An Introduction to Embryology qui sera rapidement publié en sept éditions anglaises, deux japonaises, deux italiennes et une espagnole[1]. Durant cette période écossaise, il aussi été brièvement tuteur de Mary F. Lyon, alors jeune étudiante[7].

Afrique du Sud

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Il part ensuite, en en Afrique du Sud où il est recruté comme maître de conférence au département de Zoologie de l'Université du Witwatersrand[10]. Il y est promu professeur en [10]. Il est un des fondateurs de la biologie expérimentale d'Afrique du Sud.

Il part aux États-Unis pour y découvrir de nouvelles techniques et y reste près de six de mois pour apprendre la technique de microscopie électronique[11]. Il revient en Afrique du Sud persuadé de l'utilité de cette technique[12] et met à profit l'appareil acquis par des physiciens de son université pour être le premier biologiste à utiliser la technique de microscopie électronique au développement précoce des embryons[13],[12].

Ses travaux de recherchesur la morphologie et le développement des structures dérivées de l'endoderme chez Xenopus laevis font désormais parties du tableau de Nieuwkoop and Faber sur le développement normal de ce modèle de référence en biologie[14]. Balinsky est aussi un des fondateurs de la société savante Electron Microscopy Society of Southern Africa[3]. Utilisant des conditions très controllées au laboratoire, Balinsky a pu déterminer les temperatures les plus basses et les plus hautes du développement normal de six espèces de grenouilles et de crapauds (Amietophrynus regularis, Phrynobatrachus natalensis, Pyxicephalus adspersus, Schismaderma carens, Tomopterna delalandii, Xenopus laevis)[15]. Il a ainsi pu remarquer qua dans des conditions de grands froids, le développement pouvait être anormal dans la nature. Ainsi, en maîtrisant drastiquemeent les conditions de développement des larves étudiées, Balinsky a énormément contriubé à l'écologie de la Biologie du développement[15].

Entomologie

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Bien que l'essentiel de l'activité de Balinsky resté centré sur l'embryologie, son arrivée en Afrique du Sud marque un autre tournant de sa carrière. Balinsky a développé un grand attrait pour les insectes depuis son enfance[5]. Alors qu'il étudiait à Kiev, Balinsky prend conseil auprès de Theodosius Dobjansky qui lui suggère de travailler sur les cochenilles. Après avoir échoué à en trouver aux abords de l'Institut Polytechnique de Kiev où travaillait Dobjansky, Balinsky se focalisa sur les éphémères, influencé en cela par la lecture de l'ouvrage The Orthoptera and Pseudoneuroptera of the Russian Empire de Jacobson et Bianki[5]. Pour des raisons pratiques, il se focalisa sur les Plécoptères plus faciles à trouver dans sa région[5]. Après avoir publié deux articles sur l'entomologie lorsqu'il séjournait en Écosse, Sa carrière d'entomologiste se révèle vraiment ici. Dès , il recueille son premier spécimen, une demoiselle à queue d'or (Allocnemis leucosticta) trouvée à Duiwelskloof[10]. Sur ses 50 publications sud-africaines, 20 concernent l'entomologie[7]. Il décrit de nombreuses espèces de Plecoptera, Odonata et de papillons de la famille des Pyralidae, principalement originaires du Caucase et d'Afrique du Sud. Il devient directeur du département de Zoologie de son université et devient entre et , il est le doyen de l'université[10]. En 1965, lors du discours inaugural d'une conférence, il s'y exprime en afrikaans avec un fort accent à tel point que certains pensaient qu'il parlait russe[16]. Il reste le directeur de son département reste jusqu'à son départ à la retraite en [7],[10],[2].

Une retraite très active

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Il prépare sa retraite en cherchant une espèce sur laquelle il pourrait étudier l'hérédité et les variations génétiques et la trouve avec Acraea horta dont les chenilles ont l'avantage de pouvoir se nourrir de feuilles de l'arbre Kiggelaria Africana qu'il fait pousser dans son jardin[5]. Il se fait construire un hangar pour élever les papillons et pouvoir étudier l'évolution des caractères phénotypiques des ailes sur 10 générations[5]. Il tente même de provoquer des mutations par des irradiations aux rayons-X et de par l'utilisation des UV[5]. Sa retraite, il se consacre donc surtout à l'entomologie[17] et notamment la classification et la taxonomie des lépidoptères[2]. Il a établi une collection de plus de 160 espèces et 4000 spécimens dont il a fait don au musée du Transvaal en [10]. Lorsque l'Ukraine a de nouveau recouvré son indépendance, Balinsky est venu à Kiev à deux reprises et y a présenté sa collection de papillons à l'Université Taras Shevchenko[18]. En , il effectue un autre don, de 40 cartons, de sa collection de lépidoptères au musée Zoologique de l'académie ukrainienne des Sciences à l'institut de zoologie Schmalhausen de Kiev[17].

Il est mort à Johannesburg le [17],[2]. Balinsky a été inhumé au West Park Cemetery[18]. Il a un fils, John B. Balinsky aussi un scientifique, qui a été directeur du département de zoologie de l'Université d'Iowa, mort d'un cancer en , et une fille Helen David, née en et qui exerce comme médecin en Afrique du Sud[17],[18]. Baoris Balinky a d'ailleurs nommé une espèce du nom de sa fille Pseudagrion helenae[19]. Benjamin Kazan, Peter W. Hawkes, Tom Mulvey

Autres centres d'intérêts

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Boris Balinsky s'est aussi intéressé de manière très professionnelle à la musique, la peinture et à l'écriture[1]. Balinsky a été un grand amateur d'opéra depuis son plus jeune âge[18].

Distinctions

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  • - Prix Kowaleswky (Drapeau de l'URSS Union soviétique)[1],[2]
    • Il reçoit ce prix mais sans la médaille du fait de la guerre en cours[1].
  • - Docteur DSc Honoris Causae de l'Université de Witwatersrand[10]

Publications

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Balinsky a publié 133 articles de recherche[20] et est l'auteur de nombreux livres dont l'ouvrage de référence en embryologie An Introduction to Embryology[21]. La première édition de cet ouvrage a été publiée en [22],[2]. Balinsky y a introduit également des travaux non publié de sa première épouse[3].

Insectes décrits

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Plecoptères

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Lépidoptères

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Nouveaux genres

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Nouvelles espèces

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Références

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  1. a b c d e f g h i j k l et m Korzh 2005, p. 970.
  2. a b c d e f g h i j et k Fabian 2009, p. 410.
  3. a b c d e f g et h Kliuchkovska et al 2020, p. 12.
  4. a b c d e f g h et i Grossman 2005, p. 309.
  5. a b c d e f et g Fabian 2009, p. 411.
  6. a b c d e et f Korzh 2005, p. 971.
  7. a b c d e et f Korzh 2005, p. 972.
  8. a b c et d Grossman 2005, p. 310.
  9. Korzh 2005, p. 970-971.
  10. a b c d e f et g Willis et Samways 2011, p. 27.
  11. Desnitskiy 2014, p. 102.
  12. a et b (en) « Balinsky B I & Devis R J. Origin and differentiation of cytoplasmic structures in the oocytes of Xenopus laevis. Acta Embryol. Morphol. Exp. 6:55-108, 1963. », This Week's Citation Classic, no 2,‎ , p. 25 (lire en ligne)
  13. Fabian 2009, p. 412.
  14. Desnitskiy 2014, p. 101.
  15. a et b Desnitskiy 2014, p. 103.
  16. (en) Benjamin Kazan, Peter W. Hawkes et Tom Mulvey, The Growth of Electron Microscopy, Elsevier Science, , 885 p. (ISBN 9780080577623)
  17. a b c et d Korzh 2005, p. 976.
  18. a b c et d Kliuchkovska et al 2020, p. 13.
  19. (en) Frank Suhling et Andreas Martens, Dragonflies and Damselflies of Namibia, Gamsberg Macmillan, , 280 p. (ISBN 9789991607641), p. 115
  20. Willis et Samways 2011, p. 28.
  21. (en) Boris Balinsky, An Introduction to Embryology, Philadelphia, W.B. Saunders Company, (ISBN 0721615171, lire en ligne Inscription nécessaire)
  22. Korzh 2005, p. 973.


Bibliographie

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  • (en) Boris Balinsky, Digital Surrogate of Boris Balinsky Memoir, University of Illinois Archives, (lire en ligne)
  • (en) Vladimir Korzh, « Boris Balinsky: transition from embryology to developmental biology », BioEssays, Wiley periodicals, vol. 27, no 9,‎ , p. 970–977 (PMID 16108077, DOI 10.1002/bies.20253, lire en ligne [archive du ])
  • (en) C.K. Willis et M.J. Samways (photogr. Helen David), Waterdancers of South Africa's National Botanical Gardens, vol. 21, Pretoria, Afrique du Sud, South African National Biodiversity Institute, coll. « SANBI Biodiversity Series », , 108 p. (ISBN 978-1-919976-68-6, lire en ligne [archive du ]), « Champions of dragonfly exploration in South Africa », "Balinsky, Boris Ivan (1905–1997)" p27-28
  • (en) B. Fabian, « Balinsky's Darwinian roots », South African Journal of Science, vol. 105, nos 11–12,‎ , p. 410–414 (DOI 10.4102/sajs.v105i11/12.149 Accès libre, lire en ligne)
  • (en) E.S. Grossman, « Boris Ivan Balinsky 10 September 1905 — 1 September 1997 », South African Journal of Science, vol. 101, no May/June,‎ , p. 309–312 (hdl 10520/EJC96417)
  • (en) Iryna Kliuchkovska, O. Pyatkovska, Y. Marusyk, V. Hoisan et K. Zhylych (trad. Mykola Biletskyi, préf. Liubov Abravitova et Andre Johannes Groenewald, BORIS BALINSKY p12-13), Ukrainians of South Africa : Society, identity and future, Cape Town, UAZA, , 53 p. (ISBN 9780620961431), « Ukrainians, Ukrainian places and the Ukrainian community in South Africa »
  • A. G. Desnitskiy, « On a contribution of Boris Balinsky to the comparative and ecological embryology of amphibians », Russian Journal of Developmental Biology, vol. 45, no 2,‎ , p. 101–104 (ISSN 1062-3604, DOI 10.1134/S1062360414010032, S2CID 5635200, lire en ligne)

Liens externes

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