Selon Philippe Tillier, la branche abbevilloise de la famille Macret a pour aïeul le mégissier (blanchisseur de peaux de bêtes) Nicolas Macret, originaire du village d'Ancennes, près de Blangy-sur-Bresle, dont le petit-fils François († 1613) s'est installé à Abbeville[1]. Charles-François-Adrien Macret est, après sa sœur aînée Marie-Anne-Françoise-Charlotte (née en 1749, elle sera l'épouse du peintre Pierre-Adrien Choquet) le deuxième des sept enfants nés du mariage de Jean-Baptiste Macret, arrière-petit-fils de François, et de Marie-Charlotte Miannay, fille d'un brasseur et marchand tourbier de Long[2]. Le dernier des sept enfants, qui naît en 1768, est Jean-César, qui sera également graveur. Marchand savonnier de profession, Jean-Baptiste Macret mourra ébouillanté le 16 décembre 1772 des suites d'une chute accidentelle dans une cuve de sa savonnerie[2].
Les dispositions de Charles-François-Adrien Macret pour les arts le font entrer dès 1764 et pour une durée d'un an en apprentissage à Abbeville chez un graveur sur métaux du nom de Joseph Selik, originaire de Hanovre et spécialisé dans l'art héraldique[2]. C'est après cette première expérience, encore artisanale plutôt qu'artistique, qu'il trouve ses premiers vrais maîtres à Paris en Nicolas-Gabriel Dupuis et Claude-Antoine Littrey de Montigny, puis qu'il poursuit sa formation, après le décès de ceux-ci, auprès de Jacques-Philippe Le Bas, Jacques Aliamet et Augustin de Saint-Aubin[1]. Les estampes titrées La Madone aux enfants (conservée par l'Académie des Lyncéens de Rome)[3] et La fontaine enchantée de la vérité de l'amour (conservée par le British Museum de Londres)[4], en portant les mentions Gravée à l'eau-forte par A. de Saint-Aubin et Terminée au burin par C. Macret[3], insinuent qu'avec ce dernier maître une relation de collaboration et d'estime s'est nouée, ce que cautionnent les frères Goncourt en citant un document écrit de la main d'Augustin de Saint-Aubin évoquant en Charles-François-Adrien Macret l'un de ses meilleurs élèves, « faisant honneur à l'art français »[5]. Le Portrait d'Antoine Petit, « très célèbre médecin » que Charles-François-Adrien Macret grave en 1775 sera perçu comme l'aboutissement de sa pleine maturité[2].
Du mariage, en juin 1777 à Paris, de Charles-François-Adrien Macret avec Madeleine-Julie Petit († 11 mai 1782) naîtront trois enfants, Jacques-Charles en juin 1778, Pierre-Adrien en mai 1779 (Pierre-Adrien, Jacques-Alexandre en 1782[2],[1].
« Consumé par une fièvre lente que son ardeur pour le travail rendit peut-être incurable, évoque l'historien Charles François Louandre, Charles-François-Macret mourut le 24 décembre 1783, n'ayant pu terminer sa belle planche du Siège de Beauvais à laquelle il donnait tous ses soins et qui lui aurait infailliblement ouvert les portes de l'Académie royale de peinture et de sculpture »[6]. Plusieurs planches majeures restent de la sorte inachevées, parmi lesquelles le Couronnement de Jean de la Fontaine par Ésope aux Champs Élysées, reprise par Heinrich Guttenberg et terminée en 1785[7] ou Le Mouchoir, terminée par Charles-Eugène Duponchel et éditée en 1787 avec une dédicace touchante, Dédié à Monsieur de Monchanin, Écuyer, par ses trois petits serviteurs et amis les mineurs Macret, appelant à la compassion envers les orphelins[8]. « Le peu de morceaux qu'il a gravés fait regretter qu'il n'ait pas fourni une plus longue carrière », confirment Michael Huber et Carl Christian Heinrich Rost[9].
« Paraissant d'une constitution délicate, mince, de petite taille, chétif et souffreteux »[2] : c'est ainsi qu'avec semble-t-il plus de fidélité que de complaisance le peintre Pierre-Adrien Choquet (1743-1813) brossa les traits de son beau-frère Charles-François-Adrien Macret dans un important tableau intitulé Aux hommes dignes de mémoire nés à Abbeville et aux environs que conservait l'hôtel de ville d'Abbeville et qui fut détruit dans le bombardement du 20 mai 1940. Micheline Agache, conservatrice du musée Boucher-de-Perthes, sut établir cependant qu'un plus petit tableau de Choquet heureusement conservé par le musée n'était autre qu'une première version de l'œuvre disparue.
Jean-Jacques Le Barbier, Couronnement de Jean de La Fontaine par Esope aux Champs Élysées, gravure commencée par Charles-François-Adrien Macret en 1782, reprise et terminée par Heinrich Guttenberg en 1785[7].
Louis Drummond, comte de Melfort, Marches et évolution de cavalerie, représentées en XXXII estampes dessinées et gravées par les plus habiles maîtres, exécutées dans plusieurs campagnes, sous les maréchaux de Coigny, de Saxe, de Belle-Isle, de Soubise, de Contades, etc., développées dans le Traité sur la cavalerie de feu M. le Comte de Melfort[28], auxquelles on a ajouté XXII figures relatives à l'équitation, gravures notamment par Charles-François-Adrien Macret (Louis XVI passant en revue des troupes à cheval en page de titre), Charles-Eugène Duponchel et François Robert Ingouf d'après Louis-Nicolas van Blarenberghe, Guillaume-Nicolas Desprez, libraire éditeur à Paris, 1776[29].
Jean-Baptiste-Pierre Lebrun, Galerie des peintres flamands, hollandais et allemands, ouvrage enrichi de 201 planches gravées d'après les meilleurs tableaux de ces maîtres par les plus habiles artistes de France, de Hollande et d'Allemagne, gravures de Charles-François-Adrien Macret d'après Nicolas Maes et Adriaen van der Werff (citées ci-dessus), 1776.
Jean de La Fontaine, Contes et nouvelles en vers, Charles Eisen illustrateur, Paris, 1777.
Alexander Pope, Œuvres complètes, 8 volumes, Éditions de l'abbé Joseph de La Porte, 1779.
Jean-Claude Richard de Saint-Non, Voyage pittoresque, ou description du voyage de Naples et de Sicile, 5 volumes, chez Jean-Baptiste Delafosse, Paris, 1781-1786 ; on y trouve une double figure par Charles-François-Adrien Macret, La Sainte Famille d'après Nicolas Poussin et Sainte Irène couvrant le corps de Saint Sébastien, d'après Bartolomeo Schedoni[24].
« On a perdu depuis peu un artiste bien intéressant par son talent et par ses qualités personnelles. Avec des talents supérieurs, il n'est pas nécessaire d'avoir parcouru une longue carrière pour obtenir une réputation distinguée ; non seulement l'artiste dont nous déplorons la perte aurait pu égaler les plus grands maîtres, mais on remarquait dans ses ouvrages le sentiment, l'expression et le caractère des artistes qu'il traduisait, lorsqu'une mort prématurée est venue l'enlever aux arts... On remarque dans ses différents ouvrages une profonde connaissance du dessin, une touche moelleuse, suave, spirituelle. » - Mercure de France[32]
« Charles, s'il n'était mort à l'âge de 32 ans, aurait certainement figuré parmi les plus grands artistes dont Abbeville a le droit de s'enorgueillir. » - Henri Macqueron[2]
« Macrret fut aussi un charmant dessinateur ; ses paysages, notamment, sont pleins de charme et dénotent une consciencieuse étude de la nature. » - Dictionnaire Bénézit[33]
Académie des Lyncéens, Rome, Madone aux enfants, gravée à l'eau-forte par Augustin de Saint-Aubin et terminée au burin par Charles-François-Adrien Macret[3].
Fitzwilliam Museum, Cambridge, Galerie des peintres flamands, hollandais et allemands de Jean-Baptiste-Pierre Lebrun.
British Museum, Londres, Œuvres complètes de Crébillon, 1785[30] ; La fontaine enchantée de la vérité d'amour, d'après Charles-Nicolas Cochin[4] ; Les Prémices de l'amour-propre d'après Gonzales Coques[10] ; Réception de Voltaire par Henri IV aux Champs Élysées, d'après Louis-François-Sébastien Fauvel[37] ; L'Offrande faite à l'amour, d'après Jean-Baptiste Greuze[38] ; Les Trois Grâces, d'après Angelica Kauffmann[15] ; Couronnement de Jean de La Fontaine par Esope aux Champs Élysées, d'après Jean-Jacques Le Barbier[7]Jeune Enfant enlevant un cerf, d'après Nicolas Maes[17] ; Léonard de Vinci mourant dans les bras de François Ier, d'après François-Guillaume Ménageot[19] ; Arrivée de Jean-Jacques Rousseau aux Champs Élysées, d'après Jean-Michel Moreau[20] ; Samson et Dalila[25] et Le Sauveur et la Samaritaine auprès du puits[26], d'après Adriaen van der Werff.
Royal Collection, Londres, Léonard de Vinci mourant dans les bras de François Ier, d'après François-Guillaume Ménageot.
Musée d'art et d'histoire de Genève, Couronnement de Jean de La Fontaine par Ésope aux Champs Élysées, d'après Jean-Jacques Le Barbier ; Arrivée de Jean-Jacques Rousseau aux Champs Élysées, d'après Jean-Michel Moreau ; Peintures antiques d'Herculanum, d'après Pierre-Adrien Pâris[23].
↑ abc et d Philippe Tillier, Les graveurs d'Abbeville. Société d'émulation d'Abbeville / F. Paillart éditeur, 2022, pp. 355-361.
↑ abcdef et g Henri Macqueron, Les Macret, graveurs abbevillois, catalogue raisonné de leur œuvre publié d'après les notes d'Émile Delignières, Imprimerie A. Lafosse, 1914.
↑ Charles de Bremmaker, Catalogue raisonné de la précieuse collection de dessins et d'estampes au nombre de près de 30.000 provenant du cabinet de M. Charles Van Hulthem, Verhulst, Gand, 1846.
Michael Huber et Carl Christian Heinrich Rost, Manuel des curieux et des amateurs d'art, contenant une notice abrégée des principaux graveurs et un catalogue raisonné de leurs meilleurs ouvrages, depuis le commencement de la gravure jusqu'à nos jours, Orell, Fusli et Cie, Zurich, 1804.
François César Louandre, Biographie d'Abbeville et de ses environs, Imprimerie de Devérité, Abbeville, 1829.
Émile Delignières, Recherches sur les graveurs d'Abbeville, E. Plon, Nourrit et Cie, Paris, 1886 (consulter en ligne).
Émile Delignières, Les Graveurs abbevillois, Douillet, Amiens, 1888.
Émile Delignières, Conférence sur les graveurs abbevillois au musée d'Abbeville et du Ponthieu, le 30 juin 1893, H. Delesques, Caen, 1896.
Gérôme Doucet, Peintres et graveurs libertins du XVIIe siècle, Albert Méricant éditeur, Paris, 1913.
Henri Macqueron, Les Macret, graveurs abbevillois, catalogue raisonné de leur œuvre publié d'après les notes d'Émile Delignières, mises en ordre et complétées, Imprimerie A. Lafosse, 1914 (lire en ligne).