Il perd sa mère à l'âge de 4 ans. Jusqu'en 1755, Étienne de La Porte est son gouverneur, à qui il rendra hommage dans un de ses livres : « Formant mon âme en même temps que mon esprit, il acquit d'autant plus de droits à ma reconnaissance que je crois que si je valais quelque chose, ce serait à lui que je le devrais. »
À l'âge de 15 ans, il rédige son premier ouvrage, Discours sur la profession des armes. En 1751, son père le conduit à Vienne et le présente à l'empereurFrançois Ier et à l'impératrice Marie-Thérèse, qui le fait chambellan.
Le , il épouse à Vienne la princesse Françoise-Marie-Xavière de Liechtenstein. Entré au service de l'Autriche la même année, il accomplit, en qualité d'officier, de vaillantes campagnes durant la guerre de Sept Ans. Il prend part, entre autres, aux batailles de Kolin, de Breslau, de Leuthen et de Hochkirch.
Il est nommé grand bailli du Hainaut en 1791. Entré en diplomatie, sa sympathie pour les rebelles belges lui en ferme la porte. Lors de l'annexion par la France, en 1792, ses biens sont confisqués. Il ne reverra plus son château de Belœil mis sous séquestre, et s'installe définitivement à Vienne en 1792.
Il est alors un homme âgé au seuil de la vieillesse (58 ans) et vit assez pauvrement, ne s'occupant plus que d'art et de science. Catherine II, pour améliorer sa situation, le fait feld-maréchal russe et lui donne une terre en Crimée.
Le , à la suite de la confiscation de ses biens lors de l'annexion française, il reçoit une compensation par le recès de la Diète d’Empire[1]. À l'article 11 de la résolution, il est écrit que : « pour la perte de Fagnolle, le prince de Ligne obtient l'abbaye d'Edelstetten(en) comme comté ». Il obtint également un siège au conseil impérial (Reichsfürstenrat), au banc des comtes de Souabe, le siège CXXVI (no 126). Le , deux ans avant la dissolution du Saint-Empire, il vend Edelstetten au prince Esterhazy de Galantha.
Le crépuscule de sa vie se déroule au moment du congrès de Vienne, dont il devient le « maître des plaisirs ». « C'est une chose étrange qu'on voit ici, pour la première fois, le plaisir conquiert la paix », dit-il à son ami et alter ego, le prince de Talleyrand. Auteur du célèbre « Le congrès danse beaucoup, mais il ne marche pas », il annonce sa propre mort (dans sa 79e année) par : « Il manque encore une chose au Congrès : l'enterrement d'un feldmarschall, je vais m'en occuper. »
Charles-Joseph de Ligne fut membre de la loge bruxelloiseL’Heureuse Rencontre. En 1785 fut fondée la loge Ligne équitable du régiment de Ligne, dont il fut le vénérable maître[3],[4]. Ses funérailles ont lieu en l'église des Écossais à Vienne(en) et il est ensuite inhumé dans la capitale autrichienne.
Marie-Christine (1757-1830), dame de la Croix-Étoilée, mariée le 31 janvier 1775 à Bruxelles, avec Johann Nepomuk (17 décembre 1753, Vienne - 3 janvier 1826, Vienne, 2eprince vonClary-Aldringen, dont postérité ;
d'une relation adultère avec « Mademoiselle Fleury » (Marie-Anne-Florence Bernardy-Nones) (28 décembre 1766, Anvers - 23 février 1818, Orly), il eut une fille légitimée en 1810, (Fanny-)Christine - celle que l'on nomme "Titine" dans les chroniques familiales - (4 janvier 1788 - 19 mai 1867), mariée le 6 octobre 1811 avec Maurice O'Donnell von Tyrconell(en) (18 mars 1780 - 1er décembre 1843), comte O'Donnell von Tyrconell, dont postérité ;
François Léopold (1764-1771) ;
Louis-Eugène (12 mai 1766, Bruxelles - 10 mai 1813, Bruxelles), marié, le 27 avril 1803 au château de Belœil, avec Louise van der Noot de Duras (15 septembre 1785, Bruxelles - 4 mars 1863, Paris, remariée au comte Charles d'Oultremont), dont :
Il avait eu également de ses relations extra-conjugales deux filles, la première (1770-1770) née d'Angélique D'Hannetaire (1749-1822), la seconde, Adèle (1809-1810), née de « Mademoiselle Adélaïde ».
Charles-Joseph de Ligne, Œuvres, édition établie et présentée par Roland Mortier, Bruxelles, Éditions Complexe, 2006, coffret composé de 3 tomes (ISBN978-2-80480-081-9).
↑Genealogisches Handbuch des Adels, Fürstliche Häuser XIV. "Ligne". C.A. Starke Verlag, 1991 (ISBN978-3-7980-0700-0), p. 495-500.
↑Basil Guy, « Le Prince de Ligne et Voltaire ou (d'après l'air célèbre des Noces de Figaro) « se vuol ballare, signor Voltaire » ? », Cahiers de l'AIEF, vol. 54, no 1, , p. 103–113 (DOI10.3406/caief.2002.1451, lire en ligne, consulté le ).
↑Eugen Lennhoff, Oskar Posner, Dieter A. Binder: Internationales Freimaurer Lexikon. 5. Auflage 2006, Herbig Verlag (ISBN978-3-7766-2478-6), p. 517.
Marthe Oulié, Le Prince de Ligne ; un grand seigneur cosmopolite au XVIIIe siècle, Paris, Hachette 1926.
Claude Pasteur, Le Prince de Ligne : l’enchanteur de l’Europe, Paris, Librairie académique Perrin, 1980 (ISBN226200188X).
Nicolas Joseph Peetermans, Le Prince de Ligne; ou, Un écrivain grand seigneur à la fin du XVIIIe siècle, Liége, Renard, 1857.
Raymond Quinot, Charles-Joseph de Ligne, prince wallon et européen, Gilly, Institut Jules Destrée pour la défense et l’illustration de la Wallonie, 1973.
Frédéric Auguste Ferdinand Thomas de Reiffenberg, Le Feld-maréchal prince Charles-Joseph de Ligne, Bruxelles, Hayez, 1845.
Joseph Schulsinger, Un Précurseur du sionisme au XVIIIe siècle : le Prince de Ligne, Paris, Librairie internationale de langue française, 1936.
Maurice Wilmotte, Le Prince de Ligne et la France Bordeaux, 1916.
Louis Wittmer, Le Prince de Ligne, Jean de Muller, Frédéric de Gentz, et l’Autriche. Paris, [s.n.], 1925 ; Lévy, 1890.
Groupe d'Études lignistes de Bruxelles Site consacré à la présentation de l'intégrale des 34 volumes des "Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires".