Colette de Corbie | |
Statue d'un retable de l'église Sainte-Colette à Gand. | |
Sainte, recluse, mystique, réformatrice | |
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Naissance | Corbie, Amiénois |
Décès | (66 ans) Gand, comté de Flandre |
Nationalité | ![]() |
Ordre religieux | Ordre de Saint-Benoît et ordre de Sainte-Claire |
Vénérée à | Poligny (Jura), Corbie |
Béatification | 23 janvier 1740 par Clément XII corriger: elle a été béatifée par Urbain VIII 1er octobre 1623 |
Canonisation | 24 mai 1807 par Pie VII |
Vénérée par | Église catholique |
Fête | 6 mars |
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Nicolette Boellet, en religion Colette de Corbie, également connue sous l'appellation sainte Colette est née le à Corbie, en Picardie et morte le à Gand, en Flandre. Entrée en religion, elle réforma l'ordre des Clarisses et certains couvents masculins de l'ordre franciscain. Elle fut béatifiée en 1740, et canonisée en 1807. Liturgiquement elle est commémorée le 6 mars.
En 1212, Claire d'Assise fonde l'ordre des Pauvres Dames, un ordre féminin inspiré par François d'Assise. Au fil des ans, plusieurs monastères en Europe sont créés en suivant cette règle (comme celui d'Agnès, fille du roi de Bohême).
À l'instar des ordres mendiants, Claire d'Assise souhaite que sa communauté ne possède aucune propriété (ni individuellement, ni collectivement). Quelques jours avant sa mort, Claire obtient du pape Innocent IV qu'il approuve sa règle, avec quelques modifications, notamment celle qui stipule que les Clarisses doivent posséder quelques biens en commun. Selon l'historien Jacques Dalarun, nier toute propriété aux Clarisses aurait été destructeur pour l'ordre dans cette société violente du XIIIe siècle[1]. Ces possessions, maintenues au strict minimum, assurent leur survie.
L'ordre franciscain connait au XIIIe siècle une évolution similaire, divisé entre les spirituels partisans stricts de la règle de mendicité prônée par François d'Assise, et les conventuels partisans d'une règle moins rigoureuse. Cette dernière vision s'impose, par le biais du pape Grégoire IX (bulle pontificale Quo elongati) et par les réformes de leur secrétaire général saint Bonaventure. L'ordre franciscain peut alors posséder terres et monastères, à condition d'en faire un « usage pauvre », c'est-à-dire tourné vers la prédication et l'aide aux pauvres[réf. nécessaire].
Au XVe siècle, le Grand Schisme d'Occident divise profondément l’Église. Ceux qui reconnaissaient le pape de Rome s'opposent à ceux qui reconnaissent celui d'Avignon[2]. En France, aux XIVe et XVe siècles, la situation politique était extrêmement troublée par la guerre de Cent Ans, la folie du roi Charles VI et la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. De plus la peste noire apparue en 1348 sévit dans une grande partie de l'Europe, réapparaissant par vagues successives[réf. nécessaire].
Colette était issue d’une famille modeste habitant à Corbie en Picardie. Son père, Robert Boellet, maître menuisier de l'abbaye de Corbie et sa mère, Marguerite Moyon, étaient très pieux et charitables. La légende rapporte que les années passaient et qu'ils n’avaient toujours pas d’enfant. Aussi prièrent-ils saint Nicolas de leur donner une descendance. Et à 60 ans, Marguerite mit au monde une fille le 13 janvier 1381. Au baptême elle reçut le prénom de « Nicolette », par reconnaissance envers saint Nicolas, mais elle fut couramment appelée « Colette », diminutif de son prénom. C'est sous ce nom qu'elle passa à la postérité[3].
Colette reçut une éducation religieuse accordant une grande place à la Passion du Christ sur laquelle l’entretenait fréquemment sa mère, femme très pieuse qui se confessait et communiait chaque semaine. Colette de Corbie aurait eu dès son plus jeune âge une vie édifiante, empreinte de prière et de mortification. Dès sa plus tendre enfance, à 4 ans, Colette vécut de prière perpétuelle et aida les pauvres. Elle se mortifia, se priva de nourriture pour redistribuer son repas aux pauvres, pria très longuement et alla même jusqu'à rendre son sommeil difficile en mettant des morceaux de bois sous son matelas. Elle reçut durant ses jeunes années des grâces divines telles que des guérisons miraculeuses, une croissance subite (elle était très petite)… À l’âge de sept ans, elle assistait clandestinement aux matines chantées par les bénédictins. À l'âge de neuf ans, elle reçut la révélation de l'esprit de l'ordre franciscain et de la nécessité de le réformer. En plus de cela, elle apprit à lire et à écrire[3].
En 1399, alors qu’elle avait 18 ans, ses parents moururent. Son père l'avait confiée avant sa mort à Raoul de Roye, abbé de Corbie. Elle refusa le mariage que celui-ci lui présentait et se dépouilla de tous ses biens en faveur des pauvres. Peu après, elle fit la connaissance de Jean Bassand, prieur du couvent des Célestins d'Amiens et lui fit part de son désir d'embrasser la vie religieuse[3].
Elle intègra alors les béguines de Corbie. Elle y resta un an. Mais ne jugeant pas cet ordre assez rigoureux, elle décida d’entrer au couvent des bénédictines de Corbie. Cependant, cela ne lui convint toujours pas. Elle se dirigea alors vers les clarisses urbanistes de l'abbaye du Moncel près de Pont-Sainte-Maxence où elle se présenta comme servante, se jugeant indigne d’y être religieuse. Mais là encore, elle trouva que les conditions de vie étaient trop douces. Elle retourna alors à Corbie où elle rencontra le père Jean Pinet, gardien du couvent d'Hesdin en Artois, fervent franciscain désireux de faire revivre l’ordre d’après la Règle primitive. Il proposa à Colette de vivre en recluse sous la règle du tiers-ordre franciscain. L'abbé de Corbie accorda en 1402 son autorisation. Colette fut emmurée pendant trois ans dans un reclusoir attenant à l'église Saint-Étienne, y menant une vie de prière et de charité, recevant la visite d'habitants venant lui demander prières et conseils, mais, ce cheminement n'était que provisoire[3]…
Dans son reclusoir, elle eut des visions de saint François d'Assise qui la présentait à Dieu comme la réformatrice de son ordre. Une autre fois, c'était un arbre mystérieux qui croissait et poussait ses rejetons jusque dans sa cellule. Refusant de croire à ces visions, elle fut frappée de cécité et de mutisme. Acceptant enfin sa mission, elle guérit et se mit à écrire ce qui lui avait été révélé.
En 1406, une bulle pontificale délia Colette de son vœu de réclusion et l'autorisa à fonder un couvent réformé dans les diocèses d'Amiens, de Noyon ou de Paris.
Colette put s'appuyer, pour son œuvre, sur le Père Henri de Baume, franciscain, fervent partisan d'une réforme de l'ordre. Il gagna à la cause de Colette, la comtesse Blanche de Genève, puis Isabeau de Rochechouart, baronne de Bris(s)ay[Note 1]. Colette, le Père de Baume et la baronne de Brissay rencontrèrent à Cimiez près de Nice le pape Benoît XIII qui nomma Colette, abbesse, dame et mère de toutes les personnes qui se rangeraient sous sa réforme. Il l'autorisa à accueillir dans le couvent qu'elle allait fonder des religieuses venues de couvents étrangers ou du tiers ordre franciscain.
Elle retourna à Corbie voulant faire de sa ville natale le berceau de la renaissance franciscaine. Cependant elle n’y trouva qu’hostilité et dut quitter la Picardie après un nouvel échec à Noyon. Elle trouva refuge en Franche-Comté dans le manoir d'Alard de Baume frère du père Henri, à Baume-le-Frontenay. Trois Corbéennes l'accompagnèrent : Guillemette Chrétien, Marie Sénéchal et Jacquette Legrand. Elles furent les premières moniales de l'ordre réformé. En 1410 ayant reçu confirmation du pape Alexandre V, elles s’établirent à Besançon où Colette fonda son premier monastère. Le mouvement colettin reçut des soutiens de tous côtés[4] : le roi Charles VII (puis son fils Louis XI), Bernard d'Armagnac et sa tante maternelle la duchesse de Bourbon Marie de Berry — mais aussi la cour de Bourgogne (la duchesse Marguerite de Bavière, Guillaume de Vienne)... Au total dix-sept couvents furent fondés de 1410 à 1447, et d'autres réformés :
Elle échoua, une fois encore, à créer un couvent à Corbie, en 1445.
La réforme colettine s'infiltra aussi dans l'ordre masculin. Les couvents de Dole, Chariez, Sellières, Saint-Léger-sous-Beuvray, Murat, Castres et Azille l'adoptèrent.
Colette connut des extases, la lévitation, des effluves odoriférants émanant de sa personne et de ce qu'elle touchait. Elle eut connaissance de l'état des âmes du purgatoire, des dons de clairvoyance et de prophétie[5].
Elle avait le goût de la pénitence, des mortifications, des jeûnes, de la pauvreté totale.
Colette de Corbie œuvra pour l'extinction du schisme qui déchirait la chrétienté occidentale. Elle obtint des papes et antipapes la confirmation de ses pouvoirs. Elle rencontra Vincent Ferrier à Auxonne puis à Poligny en avril 1417. Colette agit auprès de l'antipape Félix V pour qu'il abdique sans succès de son vivant.
Colette réussit à passer outre aux divisions politiques de la France, s'attirant la bienveillance de la Maison de Bourgogne et de la Maison de Bourbon pourtant ennemies. Elle réussit également à se concilier les Maisons rivales de Savoie et de Genève[6].
Elle mourut à Gand dans le monastère de Bethléem (nl) (les pauvres Claires, ou Colettines) de Gand, qu'elle avait fondé en 1442 et où elle fut inhumée. Puis ses ossements furent transportés à Poligny, son couvent de prédilection, en 1783[5].
À Orbe en 1430, Colette fixa dans un texte, Sentiments de Sainte-Colette, remanié en 1432 à Besançon, sa réforme de l'ordre des Clarisses. Ce texte fut approuvé, en 1434, par Guglielmo da Casale (it), ministre général de l'ordre franciscain.
Colette a fixé en quinze chapitres les détails de sa réforme. Parmi les points essentiels on peut relever[7] :
Le pape Pie II approuva ses constitutions en 1458. La réforme colettine d'abord introduite en France et en Belgique, s’étendit ensuite en Espagne et dans toutes les colonies espagnoles du Nouveau Monde. L’action de Colette sur l'ordre des clarisses a été considérable et perdure jusqu'à nos jours[8].
Suivant son désir, elle fut inhumée dans un tombeau, sans linceul ni bière, à même la terre, dans le cimetière de Gand. En 1471, l’évêque de Tournai entreprit une enquête à la suite de miracles survenus sur sa tombe. On découvrit d'autres miracles en d'autres lieux: 14 à Hesdin, 15 à Gand, 4 à Arras et encore bien d’autres à Poligny et Auxonne.
Elle fut béatifiée en 1625 par le pape Urbain VIII, et fut canonisée par Pie VII le [6].
Ses attributs, dans l'iconographie chrétienne, sont le puits de la Samaritaine (par allusion à la découverte d'eau à Poligny, au Puy, à Hesdin, en des endroits où, avant la prière de la sainte, on ne repérait aucune nappe aquifère) ainsi qu’une poule (allusion à l’invitation du Seigneur à gober un œuf pour reprendre des forces)[9]. Les religieuses qui vivent selon la règle primitive de sainte Claire remaniée par Colette de Corbie sont appelées colettines. Et même, si son œuvre se porta sur le deuxième ordre franciscain, elle affecta aussi l’ordre masculin.
À Corbie, une chapelle fut construite à l'emplacement de sa maison natale. Une statue massive due à Albert Roze, trône à la sortie nord-est de la ville[Note 2]. Dans l'abbatiale Saint-Pierre, est exposé un tableau : Sainte Colette priant pour la délivrance d'une âme du Purgatoire de Charles Crauk (1859). Une rue et un collège-lycée agricole privé portent le nom de Sainte-Colette.