Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma

Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma
illustration de Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma
Affiche de la Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma.

Création 1875
Disparition 1923
Fondateurs Ernest Goüin
Forme juridique Société anonyme
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Activité Ferroviaire
Société mère Société de construction des Batignolles
Filiales Société anonyme d'exploitation du chemin de fer de Bône à Guelma
Société des chemins de fer de la Medjerda
Société tunisienne automobiles transports
Société Bône-Guelma-automobile
Société financière de gestion et de placements
Société commerciale Fezzan-Tchad

Société suivante Compagnie fermière des chemins de fer tunisiens

La Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma et prolongements est une société anonyme française créée en 1875 pour construire et gérer des lignes de chemin de fer en Algérie et en Tunisie. Au début des années 1900, l'évolution de la gestion des chemins de fer par l'administration française en Tunisie et en Algérie impose une modification du fonctionnement de la société. En 1923, elle devient la Compagnie fermière des chemins de fer tunisiens.

La Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma est créée[1] en 1875[2]. Elle reprend[3] la concession de la ligne Bône - Guelma, initialement attribuée à la Société de construction des Batignolles fondée par Ernest Goüin.

Le traité de concession pour la construction de la ligne de Bône à Guelma, passé entre le gouvernement français et la Société de construction des Batignolles, est rétrocédé par cette dernière en 1876 à la Compagnie du chemin de fer de Bône-Guelma, société fondée par Ernest Goüin, avec le concours de la Banque de Paris et des Pays-Bas par l'intermédiaire de son administrateur Eugène Goüin.

Jules Goüin, fils d'Ernest, fonde la Société d'exploitation du chemin de fer de Bône à Guelma en 1876, avec pour objet d'entreprendre l'exploitation du chemin de fer de Bône à Guelma, et en même temps de toutes autres lignes de chemin de fer en Algérie et en Tunisie. Elle est une filiale de la Compagnie Bône-Guelma.

Développement du réseau

[modifier | modifier le code]
Affiche de la Compagnie de Bône-Guelma (Tunisie).

La compagnie de Bône-Guelma passe aussitôt un traité de construction pour la ligne avec les Batignolles. Elle obtient la concession d'une ligne reliant Tunis au réseau algérien (ligne de Tunis à Ghardimaou) en 1877 et développe son réseau en Algérie et en Tunisie avec respectivement 449 et 1 205 kilomètres dans chacun des deux pays. La ligne de Tunis à Ghardimaou est ainsi construite entre 1878 et 1880, raccordée à Bizerte en 1894, auxquelles s'ajoutent la bretelle Mateur-Béja en 1912 et par l'embranchement Mateur-Tabarka en 1922. La Compagnie de Bône-Guelma obtient de plus la concession d'une voie ferrée de Tunis à Sousse avec les embranchements sur Pont-du-Fahs, le cap Bon, Nabeul, Kairouan et Moknine, complétée par la ligne de Pont du Fahs à Rhilane en 1906, la ligne de Sousse à Henchir Souatir en 1909. Elle est reliée par la ligne Sousse-Sfax avec le réseau de la Compagnie des phosphates et des chemins de fer de Gafsa en 1911.

La ligne a une gare à Taya, à huit kilomètres par la piste de mulets de la mine d'antimoine du Djebel Taya.

La Société de construction des Batignolles lui cède la concession de la mine de Djebba, qu'elle avait obtenu en 1873.

Situation financière

[modifier | modifier le code]

La situation financière de la compagnie est satisfaisante jusqu'aux années 1890 puis se détériore progressivement, les capitaux n'étant plus rémunérés que par des montants constants résultats de la garantie de l'État, dont la valeur réelle baisse avec l'inflation malgré quelques reprises momentanées[4].

Le réseau algérien est racheté par l'État le et exploité à partir du par les Chemins de fer algériens de l'État[5].

En 1922, le gouvernement tunisien rachète la partie tunisienne du réseau et en confie l'exploitation à la Compagnie fermière des chemins de fer tunisiens par la convention du de cette année.

Le [2], une assemblée générale des actionnaires prend acte de la modification des activités de la société en changeant son nom qui devient la Compagnie fermière des chemins de fer tunisiens.

Évolution du réseau des chemins de fer tunisiens entre 1880 et 1941.

La longueur totale du réseau est de 449 kilomètres sur le territoire algérien en 1913[6] :

La compagnie assure aussi l'exploitation de la ligne du tramway de Saint-Paul à Randon (11,4 km).

Sur le territoire tunisien, la compagnie gère deux réseaux. Le réseau nord est construit à voie normale et le réseau sud utilise la voie métrique. Ils comprennent les lignes suivantes :

Voie normale (réseau nord)

[modifier | modifier le code]
Train à Sousse tracté par une locomotive 130T, série 401 à 415.
Gare de Béja.
Gare de Ghardimaou.
Gare de Bizerte.
Gare de Pont-du-Fahs.
  • TunisDjedeidaTebourba (27,9 km), ouverte en 1878
  • TebourbaMedjez el-Bab (31,9 km), ouverte en 1878
  • Medjez el-Bab – Oued Zarga (18,4 km), ouverte en 1878
  • Oued Zarga – Béja – Pont-de-Trajan (34 km), ouverte en 1879
  • Pont-de-Trajan – Sidi-Ali-Jébini (20,7 km), ouverte en 1879
  • Sidi-Ali-Jébini – Jendouba (28 km), ouverte en 1879
  • Tunis-Nord – Le Bardo (9 km), ouverte en 1873 et rétrocédée en 1879 par la Tunisian Railway Company
  • JendoubaGhardimaou (33,8 km), ouverture en 1880
  • Tunis-Marine – Hammam Lif (16,9 km), ouverte en 1882 (convertie à l'écartement métrique en 1897)
  • Mastouta – Béja (12,7 km), ouverte en 1885
  • DjedeidaMateurTinjaBizerte (72,9 km), embranchement ouvert en 1894
  • TinjaFerryville (3,8 km), embranchement ouvert en 1894
  • Tunis-Jonction (Bab Alioua) – La Goulette-Port (13,9 km), ouverte en 1909 (trois files de rails 1000/1435 mm)
  • Mateur – Tamera
    • Mateur – Jefna (26,9 km), ouverte en 1909
    • Jefna – Tamera (36,2 km), ouverture le
  • Mateur-Sud – Sidi M'himech – Béja (67,5 km), ouverture le [7]
  • Sidi Smaïl – La Merja – Khereddine (14,1 km), ouverte le
  • Khereddine – Nebeur (29,2 km), ouverture en 1915
  • Tamera – Nefza (9,4 km), ouverte le

Voie métrique (réseau sud)

[modifier | modifier le code]
  • Tunis-Marine – Hammam Lif (16,9 km), ouverte en 1882 (convertie à l'écartement métrique en 1897)
  • Hammam Lif – Fondouk Jedid – Grombalia (21,9 km), ouverte en 1895
  • GrombaliaBir BouregbaNabeul-Voyageurs (37,6 km), ouverte en 1895
  • Fondouk Jedid – Menzel Bouzelfa (13,5 km), embranchement ouvert en 1895
  • Bir BouregbaEnfida (39,9 km), ouverte en 1896
  • EnfidaKalâa Seghira (42,8 km), ouverte en 1896
  • Kalâa SeghiraSousse (6,8 km), ouverte en 1896
  • Tunis-Ville – Sminja – Zaghouan (61,3 km), ouverte en 1897
  • Sminja – Pont-du-Fahs (14,6 km), ouverte en 1897
  • Djebel JelloudHammam Lif (13,3 km), ouverte en 1897 (convertie à l'écartement métrique)
  • Sousse – Sousse-Port (1,5 km), ouverte en 1897
  • Bir El Kassaâ – Radès (port sud de La Goulette ; 9,4 km), ouverte en 1897
  • Bir El Kassaâ – La Laverie (20 km), ouverte en 1899
  • SousseOuerdanineMoknine (40 km), ouverte en 1899
  • Pont-du-FahsBou Arada (25,4 km), ouverte en 1902
  • Bou AradaGaâfour (31,6 km), ouverte en 1904
  • Gaâfour – Les Salines (50,3 km), ouverte en 1904
  • Les Salines – Le Kef (30,9 km), embranchement ouvert en 1904
  • Les Salines – Fej Tameur – Kalaat Senan (81,9 km), ouverte en 1905
  • Fej Tameur – Slata (29,1 km), embranchement ouvert en 1908
  • Aïn Ghrasésia – Jilma (93,5 km), ouverte en 1908
  • JilmaSbeïtla (28,6 km), ouverte le
  • SbeïtlaKasserine – Henchir Souatir (124 km), ouverture le
  • OuerdanineSfax (116 km), ouverte en 1911
  • Menzel Bouzelfa – Henchir Lebna (35,3 km), ouverture en 1918
  • Henchir Lebna – Oum Douil (8,5 km), ouverture en 1925
  • Henchir Lebna – Menzel Temime (11 km), ouverture en 1927
  • Gare de Rhilane (Algérie) – Aïn Kerma (Tunisie ; 11 km), ouverture le

Gares de jonction

[modifier | modifier le code]

Matériel roulant

[modifier | modifier le code]
Locomotive n°183, vendue au chemin de fer de La Robla en Espagne.
  • Voie normale
    • n°1 à 39, type 030t, livrées entre 1876 et 1882 par la Société de construction des Batignolles[8]
    • n°81 à 86, type 130t, livrées en 1899 par Baldwin Locomotive Works[9]
    • n°136 à 155, type 030t, livrées entre 1880 et 1883 par la Société de construction des Batignolles
    • n°181 à 185, type 231, livrées en 1914 par la Société alsacienne de constructions mécaniques (SACM)
    • n°186 à 188, type 231, livrées en 1924 par la SACM
    • n°189 à 192, type 231, livrées en 1930 par la SACM[10]
    • n°221 à 235, type 150, livrées en 1910 par la SACM[11]
    • n°501 à 505, type 230, livrées en 1904 par la Société de construction des Batignolles
    • n°11 et 12, type 130t, livrées en 1904 par la Société de construction des Batignolles
  • Voie métrique
    • n°1 à 2, type 030t, livrées en 1888 par la Société de construction des Batignolles
    • n°3 à 9, type 030t, livrées en 1894 par la Société de construction des Batignolles
    • n°201 à 204, type 030t, livrées en 1886 par la Société de construction des Batignolles
    • n°211 et 212, type 030t, livrées en 1886 par la Société de construction des Batignolles
    • n°281 à 284, type 130t, livrées en 1899 par Baldwin Locomotive Works[12]
    • n°401 à 415, type 130t, livrées entre 1897 et 1907 par la Société de construction des Batignolles
    • n°681 à 690, type Mallet 030-030t, Baldwin Locomotive Works, livrées en 1920[13]
    • n°701 à 712, type 230, livrées entre 1905 et 1907 par la Société de construction des Batignolles
    • n°801 à 805, type 231, livrées en 1913 par la SACM[14]

Liste des présidents

[modifier | modifier le code]
  • Société anonyme d'exploitation du chemin de fer de Bône à Guelma
  • Société des chemins de fer de la Medjerda
  • Société Bône-Guelma-automobile
  • Société tunisienne automobiles transports
  • Société financière de gestion et de placements (SOFIP)
  • Manufacture algérienne de tabacs (MAT)
  • Société commerciale Fezzan-Tchad (SCOFET)

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « 156 AQ 1 à 105 « Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma » »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur daf.archivesdefrance.culture.gouv.fr.
  2. a et b Burnel 1995, p. 140.
  3. « La compagnie des chemins de fer de Bône-Guelma », Gamt, no 70,‎ .
  4. (en) « Compagnie des chemins de fer tunisiens (anciennement Bône-Guelma et prolongements) », sur dfih.fr (consulté le ).
  5. « Chemins de fer algériens de l'État : ordre général n°1 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur e-corpus.org.
  6. Gilbert Meynier, L'Algérie révélée : la guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle, Genève, Librairie Droz, , 793 p. (ISBN 978-2600040983, lire en ligne), p. 156.
  7. (de) « Streckenchronik 1912 », sur eisenbahn.wikia.com (consulté le ).
  8. « Carte postale montrant un train quittant Souk El Arba » [image], sur flickr.com (consulté le ).
  9. « Schéma de construction d'une locomotive de type 130t »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [image], sur images-00.delcampe-static.net.
  10. « Carte postale montrant la n°191 » [image], sur flickr.com (consulté le ).
  11. « Photo ancienne montrant la n°235 » [image], sur railfaneurope.net (consulté le ).
  12. (en) « Bone-Guelma 2-6-0 Locomotives in Tunisia », sur steamlocomotive.com (consulté le ).
  13. (en) « Mallets built for export by North American locomotive builders », sur loggingmallets.railfan.net (consulté le ).
  14. « Carte postale montrant la n°805 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [image], sur images.delcampe.com.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Anne Burnel, La Société de construction des Batignolles de 1914-1939 : histoire d'un déclin, Genève, Librairie Droz, , 362 p. (ISBN 978-2600000949, lire en ligne).
  • Mohamed Lazhar Gharbi, Impérialisme et réformisme au Maghreb : hstoire d'un chemin de fer algéro-tunisien, Tunis, Cérès, , 333 p. (ISBN 978-9973190543).
  • Mohamed Lazhar Gharbi, « Les rapports financiers de la Compagnie Bône-Guelma avec l'État et la Banque de Paris et des Pays-Bas, 1877-1883 », Revue d'histoire des chemins de fer, no 7,‎ (ISSN 0996-9403).
  • Pierre Morton, « Le développement des chemins de fer en Algérie », Revue du Cercle généalogique Algérie - Maroc - Tunisie,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Rang-Ri Park-Barjot, La Société de construction des Batignolles : des origines à la Première Guerre mondiale (1846-1914), Paris, Presses Paris Sorbonne, , 542 p. (ISBN 978-2840503897, lire en ligne).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]