La devise du Corps Virtus fidesque bonorum corona qui pourrait être traduite par « La vertu et la fidélité sont la couronne des gens de bien » ou « Tugend und Treue sind die Krone der Guten » en allemand)[1].
Cette société a été fondée le par des étudiants de l'université de Bonn. Depuis 1856, elle est le principal membre du Kösener Couvents-Verband ou « Kösener Senioren-Convents-Verband » ou KSCV formant une sorte de « cartel » avec d'autres sociétés du même type (dont le Corps Saxo-Borussia Heidelberg et le Corps Saxonia Göttingen avec lesquelles les étudiants membres entretenaient des relations. En 1864 et 1883 au moins, le Corps a pris des positions politiques notamment en soutenant l'initiative de réforme du juriste militaire prussien Leonhard Zander(de).
Le corps a été dissout en 1935 avant d'être « officiellement » refondé en 1949, mais le réseau de ses membres a probablement continué à être actif.
Au moment de la montée du nazisme, comme chacun en Allemagne, l'élite prussienne et les membres de la société vont devoir choisir entre l'obéissance et la résistance à Hitler et son mouvement. En 1933, Hitler prend le pouvoir et le KSCV (dont fait partie le Corps de Bonn) subit la pression du régime nazi. Hitler et son gouvernement impose des changements de statuts aux associations. Les nouveaux statuts doivent inclure une « clause aryenne » excluant immédiatement de toute association ou fraternité étudiante ses membres d'origines juives (ou même ayant une épouse de religion juive), ce qui concernait alors dans le Corps Borussia au moins onze membres.
Jusqu'à la fin de l'été 1934, l'exclusion de ces « frères dans la société » en raison de leur religion ou origine a été catégoriquement rejetée par le « Corps des Prussiens de Bonn » (comme par d'autres corporations étudiantes du même type, mais pour un court laps de temps)[2]. Des négociations dilatoires sont entamées entre le KSCV et les nazis pour un compromis, mais à l'automne 1935 les membres de l'assemblée générale se disputent à ce sujet, certains membres exhortant le comte Bodo von Alvensleben(de) le président de l'association à céder aux nazis[3]. L’assemblée générale décide finalement à l'unanimité de dissoudre l'association.
Durant cette période, certains membres ont clairement choisi la résistance, dont par exemple
Friedrich von Prittwitz und Gaffron(de), ambassadeur allemand en poste aux États-Unis, ancien membre de la société, qui fut le seul ambassadeur a démissionner lors de la prise de pouvoir d'Hitler;
D'autres ou les mêmes ont participé à la tentative d'assassinat de Hitler (20 juillet 1944) ; Peter Graf Yorck von Wartenburg, « Prussien de Bonn » et membre du cercle de Kreisau, affiche des convictions démocratiques et humanistes et refuse d'adhérer au parti nazi. Accusé d'avoir participé à l'attentat contre Hitler, il sera fusillé en ; Friedrich Karl von Zitzewitz-Muttrin (1888-1975) également actif dans la résistance à Hitler et aux nazis a été inculpé en [4], mais il a survécu grâce à la prise de Berlin par les Soviétiques avant l'audience finale du procès qui devait le condamner à mort[5].
D'autres membres du Corps, ont au contraire activement soutenu les nazis. Ce fut par exemple le cas :
du SA-GruppenführerAuguste-Guillaume de Prusse dit « prince Guillaume de Prusse » ; chef de troupe SA qui a quitté le Corps en à la demande du président de l'association des anciens élèves, le comte Bodo Graf von Alvensleben[7].
Le rôle de cartel et d'influence plus ou moins secrète du « corps » a été caricaturé par le magazine Simplicissimus et diverses autres œuvres satiriques.
À partir du milieu du XIXe siècle jusqu'après la Seconde Guerre mondiale, les membres du « Corps Borussia » ne cooptent presque que de jeunes hommes issus de la noblesse allemande de Prusse et du Nord, dont de nombreux membres de l'ancienne famille royale prussienne Hohenzollern. Jusqu'à la dissolution du Corps en 1935, non moins que 11 membres de la famille royale de Prusse et 52 membres d'autres familles royales ont été « Prussiens de Bonn »[8] dont l'empereur Guillaume II[9].
Parmi les membres éminents, influents ou marquants figurent :
↑Voir hierzu (2007) Dedo Graf Schwerin v. Krosigk: Das Wappen und der Wahlspruch der Borussia zu Bonn (Le blason et la devise du Borussia Bonn) in : Beiträge zur Geschichte des Corps Borussia zu Bonn (Contributions à l'histoire du Corps Borussia Bonn), Bonn 2007, pp 148-151
↑Dedo comte Schwerin von Krosigk : Borussia pendant la période nazie. Dans : Contributions à l'histoire du Corps Borussia Bonn. Bonn 2007, p 72
↑Dedo Graf Schwerin v. Krosigk: Borussia in der Nazizeit. In: Beiträge zur Geschichte des Corps Borussia zu Bonn. Bonn 2007, S. 74
↑Hans-Adolf Jacobsen (Hrsg.): Opposition gegen Hitler und der Staatsstreich vom 20. Juli 1944. Stuttgart 1989, p733
↑Dedo comte Schwerin von Krosigk : Friedrich-Karl von Zitzewitz. Dans : Contributions à l'histoire du Corps Borussia Bonn. Bonn 2007 (voir p 230)
↑Dedo Graf Schwerin v. Krosigk : Borussia in der Nazizeit. In: Beiträge zur Geschichte des Corps Borussia zu Bonn. Bonn 2007 (voir p75)
↑Dedo Graf Schwerin v. Krosigk: Borussia in der Nazizeit In: Beiträge zur Geschichte des Corps Borussia zu Bonn. Bonn 2007 (voir p68)
↑Biografisches Corpsalbum des Corps Borussia zu Bonn 1821-2008. Bonn 2008
↑Antoine Prost, Guerres, paix et sociétés: 1911-1946, 2003, p.49.