Dany Dauberson passe une partie de sa jeunesse à Saint-Claude (Jura), où sa mère, d'origine suisse, travaille comme femme de chambre dans un hôtel. Pensionnaire à l'école supérieure de jeunes filles, elle se fait remarquer, dès l'âge de 15 ans, par son interprétation, dans les galas scolaires, de chansons en vogue[1],[2],[3].
La jeune fille entreprend des études de chant classique à Lyon. Elle y rencontre l'actrice Carmen Torrès, avec qui elle a une liaison qui fait scandale[4]. Elle quitte alors la province, monte à Paris et débarque au cabaret de Suzy Solidor, icône du mouvement lesbien. Celle-ci la prend sous son aile et la fait débuter dans son établissement[5].
Sa carrière artistique lancée, Dany Dauberson reprend des chansons d'Édith Piaf, de Mick Micheyl et de Gilbert Bécaud et se fait petit à petit un nom, notamment en apparaissant dans les émissions télévisées de Danièle Gilbert et de Philippe Bouvard[1].
Dans les années 1950 et 1960, elle fait des tournées internationales et, chantant en anglais, fait un tabac à Londres et à la télévision américaine[6]. Elle fait aussi quelques apparitions au cinéma dans des rôles secondaires, notamment dans Du rififi à Paname en 1966[2].
Le , lors de la première édition du concours Eurovision de la chanson, au Kursaal de Lugano, compétition où chaque pays interprète deux chansons, Dany Dauberson interprète la seconde chanson représentant la France, Il est là, après Mathé Altéry, qui chante Le Temps perdu. Elle arrive à la douzième place[1],[7],[8].
Le , de nuit, sur la RN 13 aux abords de Duranville dans l'Eure, Nicole Berger, qui conduit, perd le contrôle de la voiture à cause d'un orage de grêle et percute un arbre. Dany est éjectée et Nicole a la cage thoracique enfoncée par le volant et le crane fracturé[10]. Grièvement blessées, les deux accidentées sont emmenées à l’hôpital, mais Nicole meurt au bout six jours de lutte et de souffrances, à 32 ans. Dany restera inconsolable et ne recouvrera jamais une santé parfaite. Cet accident tragique met quasiment un terme à sa carrière : elle arrête les récitals mais revient régulièrement à Saint-Claude pour donner des concerts au profit d’œuvres sociales[2].
1953 : Padam, padam - Ni toi, ni moi - Geule d'ange - Evasion - Ceux-qui s'aiment - Amours perdues - Y'a tant d'amour
1957 : Ses mains - Celui que j'attends - Des fleurs pour mademoiselle - Les feuilles mortes - Flaner tous les deux - Mélancolie - La foule - Est-ce ma faute ?
1958 : Si je pouvais revivre un jour ma vie - Je te donnerai - Envoie la musique - Ça t'va bien
↑René Beaudelaire, La chanson réaliste, Livre numérique Google, L’Harmattan, 1996, 156 p., p. 139 : « En 1948, une belle chanteuse à la voix grave et chaude, qui est passée au music-hall après des études de chant classique, débute au Caroll’s : c’est Dany Dauberson, trop tôt disparue, hélas ! Elle chante aussi à Bobino, à Pacra, et elle enregistre des disques. Elle interprète Gueule d'ange qui lui convient parfaitement, Tu te fous de moi , La fille aveugle de la poétesse Angèle Vannier ».
↑Charles Dumont, Non je ne regrette toujours rien (Livre numérique Google), Calmann-Lévy, 2012, 256 p. : « Dany Dauberson est une actrice-chanteuse qui fait les plus belles soirées du Club des 5 et du Caroll's, et qui représentera la France lors de la première édition du Concours Eurovision en 1956 ».
↑Pascal Sevran, Je me souviens aussi, Albin Michel, 1997, 513 p., p. 509 : « Je me souviens que l’actrice Nicole Berger vivait avec la chanteuse Dany Dauberson représentait la France au concours Eurovision. Retour sur la vie d'une jurassienne en avance sur son temps ».
↑Alexandre Mathis, LSD 67 (Livre numérique), UNIVERS POCHE, , 393 p. (ISBN978-2-8238-1096-7, lire en ligne), p. 392 : « Dans la nuit du 8 avril, pendant un orage de grêle sur la route de Honfleur à la sortie de Folleville [...], la Chevrolet Corvair de Nicole Berger dérape et s'encastre contre un arbre. La chanteuse Dany Dauberson, à côté, éjectée du véhicule, s'en tire sans trop de mal. Nicole Berger, crâne fracturé, a la cage thoracique enfoncée par le volant ».