Guinot étudie au Lycée impérial de Marseille, où il se fait remarquer pour son talent d'écriture. Après s’être fait inscrire sur le tableau des avocats de sa ville natale, il est monté, en 1835 à Paris, où il a débuté dans la carrière littéraires avec quelques nouvelles publiées dans l’Europe littéraire[2].
Il a fait ses débuts de journaliste au quotidien des spectacles Vert-vert (d) d’Anténor Joly ; on ne signait pas alors ses articles, et cependant, sous le voile léger dont il s’entourait, chacun devinait Eugène Guinot[3]. Collaborateur, entre autres, de la Revue de Paris, en 1836 et 1837[2], puis au Siècle, où il rédigea jusqu’en 1848 un courrier de Paris[2], sous le nom de plume de « Pierre Durand[4] ». En 1848, la sensation causée par les idées et le langage réactionnaire de sa pièce, la Restauration des Stuart, a motivé sa sortie du Siècle et son passage à l'Ordre, ouvert par Chambolle, aux dissidents de l’ancienne feuille libérale[5].
Il a longtemps fait, avec Louis Lurine et Marie Aycard, le feuilleton du Courrier français[6]. Un de ces feuilletons qui a connu le plus grand succès, L'Écu de cent sous, écrit par Marie Aycard, a ensuite été réédité (par erreur) sous le nom d'Eugène Guinot pour être publié dans plus de 416 journaux dans le monde entier, parfois anonymement[7].
Chroniqueur aimable, qui ne critiquait que par des allusions, ne dénonçant que par des initiales, on ne lui connait qu’un seul feuilleton qui ait été une satire, et même une personnalité. Il s’agissait de « Faire son chemin », dirigé contre Émile de Girardin, à qui les républicains n’avaient pas encore pardonné la mort d’Armand Carrel[6].
Auteur de nombreux feuilletons, écrivain en vogue à son époque, publiant chez de grands éditeurs comme Hetzel, Hachette ou Michel Lévy parmi d’autres, il faisait en même temps jouer, seul ou en collaboration[a], sous un autre nom de plume, celui de « Paul Vermond[4] », des vaudevilles qui ont été représentés sur les plus grandes scènes parisiennes du XIXe siècle : théâtre des Variétés, théâtre du Vaudeville, théâtre du Gymnase-Dramatique, etc.
Au moment de sa mort, des suites d’une congestion cérébrale, à son domicile du 22 rue de Noailles, il était attaché, cette fois, sous son vrai nom[b], en qualité de chroniqueur au Pays[c]. Selon l’auteur de l’Histoire littéraire du dix-neuvième siècle, Antoine Laporte (d), s’il a beaucoup écrit, le succès de quelques uns de ses ouvrages n’est dû qu’aux illustrations qui les ont fait rechercher de certains amateurs[10].
Une nuit au sérail, comédie en 3 actes, mêlée de chant, avec de Forges, 1841.
Listrac, feuilleton, 1841.
Pierre Durand (pseud.) (ill. Gavarni et Théodore Maurisset (d)), Physiologie du provincial à Paris, Paris, Aubert ; Lavigne, (réimpr. 1850), 121 p., ill. ; 13 cm (OCLC43757175, lire en ligne sur Gallica).
Les Mémoires du diable, comédie en trois actes, avec Étienne Arago, 1842.
Jacquot, vaudeville en 1 acte, 1843.
Le Bon Œil, feuilleton, 1843.
Le Bouquet de violettes, feuilleton, 1843.
Le Chalet, feuilleton, 1843.
Un héros de roman, feuilleton, 1843.
Les Maris malheureux, nouvelle, 1843.
Les Inconvénients de la vertu, feuilleton, 1843.
L'Ogresse, ou Un mois au Pérou, comédie-vaudeville en 2 actes, 1843.
L'Ami du ministre, feuilleton, 1844.
La Polka, vaudeville en 1 acte, avec Frédéric Bérat, 1844.
Le Conciliateur, feuilleton, 1845.
La Famille Wilberston, feuilleton, 1845.
L'Héritière, nouvelle, 1845.
Paris à cheval, revue cavalière en 5 relais, avec Carmouche, 1845.
Les Succès, feuilleton, 1845.
Un tuteur de vingt ans, comédie-vaudeville en 2 actes, avec Mélesville, 1845.
La Provence ancienne et moderne, 1846.
avec Jean-François Bayard, L'Enfant de l'amour ou les Deux Marquis de Saint-Jacques : comédie-vaudeville en trois actes, Paris, Michel Lévy frères, , 81 p., fig. ; 31 cm (OCLC25581214, lire en ligne sur Gallica).
avec Édouard Lafargue et Siraudin (Paris, Gymnase-dramatique, 3 avril 1847.), La Cour de Biberack : comédie-vaudeville en 1 acte, Paris, Beck, , 20 p., Gr. in-8º (OCLC45567274, lire en ligne sur Gallica).
Les Bords du Rhin, 1847.
L'Amoureux et le Bandit, feuilleton, 1847.
Le Dévouement d'une femme, feuilleton, 1847.
L’Été à Bade (ill. Tony Johannot, Eugène Lami, Français et Jaquemot), Paris, Furne ; Ernest Bourdin, , 300 p., fig., pl. en noir et en coul., carte ; in-4º (OCLC37309237, lire en ligne sur Gallica).
Les Exilés de Wissbade, feuilleton, 1847.
La Femme aux cinq maris, feuilleton, 1847.
Enghien et la vallée de Montmorency, précédé d'une description historique du parcours du chemin de fer du Nord, 1847.
Le Pactole, nouvelle, 1847.
Le Lion et le Rat, comédie-vaudeville en 1 acte, avec Adolphe de Leuven, 1848.
Le Marquis de Lauzun, comédie en 1 acte, mêlée de couplets, avec Carmouche, 1848.
Scapin, comédie en 1 acte, mêlée de couplets , avec Carmouche, 1852.
Soirées d'avril, roman, 1852.
Itinéraire du chemin de fer de Paris à Bruxelles, comprenant l'embranchement de Creil à Saint-Quentin, 1853.
Promenade au château de Compiègne et aux ruines de Pierrefonds et de Coucy, Paris, Louis Hachette, , 64 p., 1 vol. pl. ; in-16 (OCLC1176967619, lire en ligne sur Gallica).
Un frère terrible, comédie-vaudeville en 1 acte, avec Dupeuty, 1854.
De Paris à Boulogne, à Calais et à Dunkerque, 1855.
Les Chiens de Saint Malo, feuilleton, 1857.
Le Premier Pas, feuilleton, 1857.
Une victime, feuilleton, 1857.
Un vieux beau, comédie-vaudeville en 1 acte, 1857.
Ce que c'est qu'une Parisienne, Les Maîtresses à Paris, Les Veuves du diable, romans, avec Léon Gozlan, 1858.
Le Provincial à Paris (ill. Gavarni, posth.), Paris, Aubert, , 16 p., 65 vignettes par Gavarni ; fig. ; 31 cm (OCLC223106363, lire en ligne sur Gallica).
↑Il a notamment collaboré en 1842 avec Étienne Arago, à la rédaction du vaudeville en 3 actes, les Mémoires du Diable, qui a obtenu de grands succès[8].
↑Ses divers pseudonymes avaient fait courir sur son compte plusieurs anecdotes singulières auxquelles se laissaient prendre ceux qui n’étaient pas dans la confidence. Ainsi on aurait annoncé le mariage de Pierre Durand avec une jeune fille aimée par Eugène Guinot, et qui aimait Paul Vermond. Deux duels s’en étaient suivis, et Eugène Guinot avait tué Pierre Durand et grièvement blessé, voire tué, Paul Vermond. Le chroniqueur Solignac se rappelle un vieillard qui ne prononçait jasais le nom d’Eugène Guinot sans ajouter : « L’assassin de Pierre Durand. »[9].
↑Commerson rapporte, dans Le Tintamarre que Bernard-Adolphe Granier de Cassagnac ayant eu un jour la fantaisie de se séparer de Guinot, cette mesure a produit un désabonnement instantané sur toute la ligne, qui a eu pour effet de convaincre le rédacteur en chef du Pays que les revues de Paris de Guinot y étaient préférées à ses propres articles[8].
↑Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains : contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers ...: Supplément à la IVe édition par Léon Garnier, vol. 1, Paris, Hachette, , 3e éd., 927 p., 26 cm (lire en ligne), p. 816.
↑Jean-Luc Buard, Culture médiatique et presse numérisée : médiasphère des feuilletons-nouvelles de Marie Aycard (1794-1859), Presses de l'Enssib, 2019.
↑Histoire littéraire du dix-neuvième siècle : manuel critique et raisonné, de livres rares, curieux et singuliers, d’éditions romantiques, d’ouvrages tirés a petit nombre, de réimpressions d’auteurs anciens, etc., depuis 1800 jusqu’à nos jours, t. 6, Paris, E. Vieweg, (lire en ligne), p. 238.
Cette nécrologie le qualifie d’« esprit fin et avisé ».
Jérôme Mavidal, Annuaire des faits, résumé universel chronologique…, Paris, (lire en ligne), p. 62
Il y est qualifié d’« écrivain gracieux »
Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains : contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers ...: Supplément à la IVe édition par Léon Garnier, vol. 1, Paris, Hachette, , 3e éd., 927 p., 26 cm (lire en ligne), p. 816.
Pierre Échinard, Marseille à la une : l'âge d'or de la presse au XIXe siècle, Gémenos, Autres temps, , 113 p., 1 vol., couv. ill. en coul. ; 22 cm (ISBN978-2-84521-285-5, OCLC470932049, lire en ligne), p. 48-50.