Eugène Criqui | |
Portrait d'Eugène Criqui en 1927. | |
Fiche d’identité | |
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Nom de naissance | Eugène Antoine Criqui |
Surnom | Mâchoire de fer |
Nationalité | française |
Naissance | 4e arrondissement de Paris |
Décès | (à 83 ans) Noisy-le-Grand |
Taille | 1,62 m (5′ 4″) |
Catégorie | Poids mouches à poids plumes |
Palmarès | |
Professionnel | |
Combats | 130 |
Victoires | 99 |
Victoires par KO | 53 |
Défaites | 17 |
Matchs nuls | 14 |
Titres professionnels | Champion du monde poids plumes (1923) Champions d'Europe poids plumes (1922-1923) |
International Boxing Hall of Fame 2005 | |
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Eugène Criqui, né le dans le 4e arrondissement de Paris et mort le à Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis, est un boxeur français, champion du monde des poids plumes en 1923.
Champion de France des poids mouches avant la Première Guerre mondiale avec un style scientifique, le boxeur est gravement blessé à la mâchoire par une balle allemande pendant la bataille des Éparges. Opéré à de multiples reprises, il devient « Gégène la Gueule cassée ». Loin d'abandonner le sport, le Parisien devient un redoutable cogneur sous la direction de Robert Eudeline. Au début des années 1920, une longue tournée australienne pleine de succès et une victoire expéditive sur Charles Ledoux lui ouvrent les portes des principaux championnats internationaux.
Face aux meilleurs athlètes de la catégorie des poids plumes, de tous les continents, ses exploits lui valent le surnom de « Roi du KO ». Eugène Criqui devient l'incontestable champion d'Europe en battant Arthur Wyns puis en défendant sa ceinture à trois reprises. Le rescapé de l'enfer voyage en Amérique pour contester à Johnny Kilbane son titre de champion du monde des poids plumes. Le au Polo Grounds, son triomphe par knockout au sixième round du combat en fait un fleuron du sport français. Le deuxième champion du monde français de boxe anglaise ne le reste que deux mois. Détrôné par Johnny Dundee, il rentre en France sans ceinture mondiale.
La perte de son titre mondial marque le début de son déclin. Blessé à la main lors d'un combat caritatif pour les laboratoires, Criqui est moins actif, moins en rythme. Il enchaîne plusieurs défaites avant de prendre sa retraite sur une ultime victoire en 1928. Reconverti entraîneur, il ne connaît pas la même réussite depuis l'extérieur des rings. Modeste et simple, l'ancienne gloire s'éloigne peu à peu du milieu de la boxe. Un gala est organisé à son profit sous l'Occupation, l'ancien soldat n’ayant pour revenu qu’une pension d'invalidité pour le reste de sa vie. Vice-président de l'Association amicale des anciens combattants et mutilés, il devient aveugle avant de mourir en 1977. Son entrée au panthéon de la boxe, l'International Boxing Hall of Fame, en 2005, le fait sortir d'un long oubli.
Eugène Criqui naît le 15 août 1893 dans le 4e arrondissement de Paris[1]. Il est le fils d'Eugène Félix Criqui, garçon de café et sommelier originaire de Strasbourg, et de Joséphine Marie Garnier, domestique native de la Mayenne, mariés le dans le 3e arrondissement de Paris[1],[2]. Le jeune garçon ne s'attarde pas à l'école et aide financièrement sa famille modeste en travaillant dès l'âge de treize ans[3]. Il travaille en tant qu'apprenti tourneur-décolleteur dans une usine de la rue Saint-Maur à Belleville[2],[4]. Criqui n'a pas bon caractère et son apparence chétive cache une force insoupçonnable[4]. Petit voyou, il apprend à se battre dans la rue et remporte régulièrement ses duels[3],[4].
Vers l'âge de seize ans, il fait la connaissance d'Auguste Saint-Didier qui vient de monter une société de sportifs où la boxe anglaise tient la place principale[3],[4]. Criqui entre dans la société et commence les combats officiels entre les cordes en tant que professionnel en 1910[4]. De son propre aveu, Criqui ne s'entraîne ni physiquement ni techniquement, et progresse par l'observation et les combats d'entraînements face à Georges Bernard, Paul Manceau ou encore Lucien Vinez[4]. Saint-Didier le lance dans le championnat des novices organisé au Wonderland[4]. Après plusieurs victoires en tours éliminatoires, il s'incline face à son camarade d'entraînement Lucien Vinez, plus lourd que lui de 8 kg[4],[5]. Perdant mais heureux, car le créateur de la compétition, Théodore Vienne, lui donne 75 francs[4].
En , le boxeur parisien affronte l'Anglais Buster Brown au Wonderland pour quatre-vingts francs[4]. Il le met knockout rapidement dans la première reprise, si bien que le public réclame qu'il combatte une deuxième fois, cette-fois contre le Martiniquais Cherubin Durocher[note 1],[6],[7].
Le , Eugène Criqui devient champion de France des poids mouches en dominant manifestement René Voirin, ce qui lui vaut d'être proclamé vainqueur à l'unanimité des trois juges[note 2],[4],[8]. À la fin de l'année, il voyage pour la première fois de sa carrière à l'étranger et va battre aux points le Britannique Tom Smith sur ses terres[4]. De retour en France, Criqui remet en jeu son titre national contre Francis Charles[4],[9]. Au Cirque d'Hiver, le champion bat son challenger par abandon au dix-septième round, mais il perd son titre, les organisateurs ne sont pas en règle avec la Fédération française de boxe qui décide de retirer le titre au boxeur au profit d'Albert Bouzonnie[4]. Pour reconquérir son bien, Criqui doit affronter le champion désigné, ce qu'il fait à l'Élysée-Montmartre en [4]. Il le bat aux points à l'issue d'un match terne[10], mais Bouzonnie conserve son titre parce que la rencontre n'a pas été précédée d'un défi[4],[11]. Un mois plus tard, Criqui rencontre, à Paris, le champion britannique Sid Smith (en) qui gagne le combat, en vingt rounds, aux points[12].
Eugène Criqui traverse la Manche pour affronter le champion d'Angleterre Percy Jones à Liverpool le . Reconnu comme le champion du monde de la catégorie, Jones ne met aucun titre en jeu et est surpris par le batailleur français qui le bat aux points[4],[13]. Les deux hommes signent rapidement pour se disputer quelques semaines plus tard une revanche avec les titres comme enjeu. Pour se préparer, Criqui multiple les combats et les victoires, face à Gaston Simon, Cherubin Durocher, Jack Bertin et Pat McAllister[4],[14]. Le grand match se tient le , une nouvelle fois à Liverpool. Les deux champions doivent se présenter à la limite des poids mouches (50,800 kg), soit plus de deux kilogrammes de moins que pour la première rencontre[15]. Le Gallois prend l'avantage sur un Criqui, fatigué, amaigri, dès la deuxième reprise, l'envoyant au tapis à deux reprises sept et huit secondes[15]. S'il passe à côté de son combat, le Parisien va jusqu'au terme de celui-ci et est logiquement annoncé perdant aux points par les juges[4],[15],[16].
Si sa défaite par knockout contre Charles Ledoux et son courage sont remarqués par la presse[17], la différence de puissance entre « Cyclone Ledoux » et la mécanique plus fragile de Criqui ne fait aucun doute[18]. Lorsque sa carrière pugilistique est interrompue par la Première Guerre mondiale, le boxeur parisien est dans l'ombre du champion français incontesté de sa catégorie.
Réformé de service militaire — officiellement parce que trop maigre et chétif, officieusement sur demande de son manager et grâce aux privilèges du sportif —, Eugène Criqui s'engage lorsque la mobilisation française est déclenchée en [19]. Le boxeur est affecté le au 54e régiment d'infanterie de ligne à Compiègne qu'il rejoint par la voie ferrée[19],[20]. Armé d'un fusil Lebel, habillé d'un képi et pantalon rouge vif, Criqui suit le début de sa formation en Picardie[20],[21]. Après le passage obligatoire à la vaccination anti-typhoïdique, l'athlète s'illustre sur le champ de tir dès les premiers jours de sa formation bien qu'il épaule et vise en gaucher[22], son œil droit étant toujours marqué par son affrontement avec Charles Ledoux[21]. Criqui rejoint la Mayenne en camion pour deux nouvelles semaines d'entraînement afin de terminer sa formation à Laval[21]. Par la voie ferrée et une longue randonnée dans la campagne, le régiment atteint le front près de Rupt-en-Woëvre dans la Meuse[23]. Le soldat enchaîne les gardes dans les tranchées. L'hiver et les rats n'épargnent personne sur la tranchée de Calonne où les obus pleuvent en [22].
La vie de l'ancien boxeur bascule le aux Éparges :
« Et je m'installe, fusil chargé, à mon créneau, guettant. Tout à coup, une tache grise remue là-bas. Instinctivement, j'ai tiré. [...] La tache a disparu. Je recharge et reviens au créneau. Je regarde une ou deux secondes le champ bouleversé qui s'offre à ma vue... Et, tout à coup, vlan ! ... un coup de cravache me cingle le visage. Je tombe assis dans la tranchée. »
— Eugène Criqui, propos recueillis par Robert Bré pour Match l'intran en 1932[22].
Blessé par une balle à fragmentation à la tête, le soldat perd une partie de sa denture (22 dents), sa mâchoire est fracturée, sa langue sectionnée en deux[22],[24]. Soigné en urgence dans un hôpital de fortune de Rupt-en-Woëvre, son hémorragie est jugulée et il est stabilisé pour être transféré à Verdun[25]. Deux jours plus tard, Criqui est opéré[22]. Le médecin réussit à enlever le plomb de la balle mais sept fragments de l'enveloppement en nickel de celle-ci restent incrustés dans l'os maxillaire[22]. Une fois ces fragments enlevés et sa mâchoire recousue, Criqui est transféré par convoi sanitaire à l'hôpital de Neuville-sur-Saône[26]. Les opérations de chirurgie maxillofaciale se multiplient dans les semaines qui suivent, Gégène s'alimente de bouillie, se désaltère à la paille et n'a plus l'usage de la parole[26],[27].
Consolidée par un appareil en fer, sa mâchoire se ressoude peu à peu[27]. À l'hôpital, il teste la solidité de sa mâchoire et est rassuré sur sa possibilité de poursuivre sa carrière de boxeur[27]. Cette prothèse, que Criqui conservera lors de ses combats, lui vaut le surnom de « Mâchoire de fer ». Il est renvoyé à son dépôt à Laval où il peine à se nourrir, et un colonel le fait réformer temporairement pour une année[27].
Eugène Criqui pense arrêter la boxe anglaise et cherche du travail lorsqu'il rencontre par hasard Robert Eudeline dans la rue[28]. Pionnier de la boxe en France, originaire du Havre, Eudeline l’invite à faire de la culture physique dans sa salle parisienne[28]. L'ancien boxeur reprend progressivement la boxe dans le groupe d'entraînement du « manager sans chapeau » en aux côtés de boxeurs renommés comme Georges Papin, Constant Pluyette et Raymond Vittet[29]. Son nouvel entraîneur oblige son nouveau poulain à changer de style et lui fait travailler sa puissance[29]. Poussé à frapper un ballon de sable sans s'arrêter, Criqui s'entraîne à contre-cœur jusqu'à avoir un déclic en envoyant au tapis Maesens au Cercle Hoche[29]. Lorsqu'il retrouve les rings, Eugène Criqui est un homme différent de celui d'avant-guerre, plus mature et expérimenté, transformé par la blessure et confiant en sa puissance[18]. Il enchaîne plus d'une vingtaine de combats entre l'automne 1917 et l'hiver 1918, principalement au National Sporting Club de Paris qui organise des soirées hebdomadaires.
Affecté au 22e Régiment d'Infirmier, il participe au tri des blessés pour les transporter dans des hôpitaux correspondant à leurs blessures[30]. Il n'est démobilisé que le [31]. Parallèlement, il enchaîne les succès avant la limite contre Auguste Grassi, Cherubin Durocher, Joseph Marty[32], Eugene Clifford ou encore Jimmy O'Day[33]. Si Arthur Wyns résiste jusqu'au terme du combat, il finit assommé, mitraillé de coups[34]. Après la fin des hostilités, Eugène Criqui poursuit une ascension fulgurante et accumule les victoires : Osmin Lurie, Jimmy Doyle, Kid Sullivan, Léon Poutet, Digger Evans[35], Walter Ross[36],[37] et Sam Keller[38] s'ajoutent à la liste des vaincus[39]. Seuls le Britannique Tommy Noble (en) et l'Américain Pal Moore le battent par knockout[40],[41].
En , Criqui domine l'Américain Joe Mandell au Cirque de Paris[42]. Malgré une série de victoires, Eugène Criqui reste largement considéré à la fin des années 1910 comme un « champion modeste » qui ne peut rivaliser avec les meilleurs boxeurs de sa catégorie[43].
À l'automne , Eugène Criqui fait partie de la tournée organisée par son manager Robert Eudeline en Australie avec Arthur Wyns, Francis Charles et André Dupré[44]. Le long voyage qui part de Toulon fait d'abord une escale à Port-Saïd[45]. La forte chaleur lors de la traversée de la mer Rouge fait trois morts parmi les passagers de l'Osmonde et amaigrit les boxeurs[45]. L'équipe retrouve ses forces dans l'océan Indien avant l'escale à Colombo[45].
Les Australiens opposent à Criqui des hommes de second plan ou d'anciens champions[46]. Pour son premier combat en Australie, Eugène Criqui domine Vince Blackburn au Sydney Stadium par knockout en octobre[47], avant de récidiver en mettant hors combat en quatre rounds le poids plume Jack Green[46],[48]. Il enchaîne contre Bert Spargo en décembre, gagnant de multiples surnoms[46],[49]. Si les autres boxeurs européens du groupe déçoivent, Eugène Criqui reçoit les louanges de la presse sportive australienne[46].
L'athlète se voit proposer des adversaires de la catégorie supérieure mais ces derniers subissent le même sort. Le poids coq Jerry Sullivan est mis hors combat en treize reprises après un combat mouvementé[48]. Le Français attire les foules et s'impose le contre Sid Godfrey devant 18 000 personnes[48]. Les Australiens demandent au Français et à son entraîneur de prolonger leur séjour dans le pays d'un mois pour affronter les Philippins Silvino Jamito et Dencio Cabanela qu'il bat avec difficulté[48].
Le , de retour en France, Eugène Criqui remporte le titre de champion de France des poids plumes en battant Auguste Grassi par KO dès la 1re reprise[50],[51]. Il se montre à son avantage contre Alfons Spaniers[52] avant de confirmer sa ceinture nationale aux dépens de Georges Gaillard qu'il contraint à l’abandon, un renoncement vivement critiqué par le public du Cirque de Paris[53].
Le au Cirque de Paris, Eugène Criqui retrouve son grand rival Charles Ledoux, champion d'Europe des poids coqs, dans un choc entre deux champions français[54]. Criqui conserve le souvenir de la « raclée » que lui a mise son compatriote à l'Élysée-Montmartre juste avant la guerre[27]. La rencontre est attendue depuis plusieurs années[55] mais la tournée de Ledoux en Amérique puis de Criqui en Australie ont repoussé l'échéance des retrouvailles[56]. Dès l'entame du combat, l'avantage de taille de Criqui lui permet de viser et de frapper fort en plongeant avec des droites au menton[57]. Victorieux du favori en seulement 83 secondes, Criqui confirme sa qualité. Ce succès lui ouvre les portes de tous les championnats, à commencer par celui d'Europe contre le Belge Arthur Wyns[54],[58]. Ce dernier s'accroche à sa ceinture européenne et esquive pendant de nombreuses semaines les propositions françaises, obligeant Criqui à se rendre disponible tout en refusant de l'affronter en déclinant les offres de bourses[59]. Le Français patiente en surclassant Ben Callicott[60], Joe Fox, Joseph Youyou et Tom Anderson.
Le au Vélodrome d'Hiver, Eugène Criqui retrouve le champion belge dans le ring pour la revanche. Après trois reprises égales, le Belge faisant même une belle impression, Gégène prend le dessus d'une droite dans la quatrième reprise[61]. Dès lors, Wyns multiplie les comptes, il titube, s'aide des cordes, tente de survivre à la violence de Criqui[61]. Après un énième compte de neuf secondes dans la sixième reprise, Prémont, le manager de Wyns, jette l'éponge et met fin au spectacle d'horreur[61]. Cette nouvelle étape sur la route du championnat du monde place Criqui comme l'un des meilleurs boxeurs d'une catégorie jugée comme la plus chargée en valeurs pugilistiques[62].
La propagande sportive française n'hésite pas à utiliser son histoire militaire pour faire sa promotion[58]. Le Français multiplie les combats internationaux et se voit opposer au champion d'Angleterre, Billy Matthews, qui se proclame champion d'Europe après avoir également battu Arthur Wyns[63]. Devant un Vélodrome d'Hiver comble, Criqui donne une punition à son adversaire qui prouve ses qualités défensives[63]. S'il est bien protégé, Matthews subit et les coups de Criqui boursoufflent et ensanglantent sa figure[63]. Tombé deux fois au tapis au douzième round, l'Anglais résiste jusqu'à la dixième reprise lors de laquelle l'arbitre met un terme à son agonie et arrête le combat après qu'il se soit relevé à la dernière seconde[63]. Criqui est champion d'Europe et son succès ne souffre aucune contestation[63]. Après le combat, Matthews déclare : « Je rends hommage à la grande valeur de votre champion. C'est un boxeur remarquable que je suis heureux d'avoir rencontré »[63].
Sa série de victoires et son titre de champion d'Europe, bien que peu reconnu aux États-Unis, valent à Eugène Criqui d'être un candidat au titre de champion du monde poids plumes[64]. Le , Eugène Criqui monte avec son manager Robert Eudeline dans le train à la gare Saint-Lazare pour Le Havre où il embarque dans le paquebot transatlantique Paris en direction de l'Amérique[65],[66]. Dès son arrivée à quai, le boxeur français est l'objet de manifestations de sympathie d'Américains, au moins autant pour son parcours militaire que pour ses exploits sportifs[64],[67]. Le clan français apprend que le combat pour lequel ils ont fait voyage est loin d'être conclu, la commission de boxe de l'État de New York contestant à Johnny Kilbane sa licence pour disputer le championnat du monde au Français sans le défendre auparavant face à Johnny Dundee[68]. Après un mois de négociations, le Français s'engage, pour débloquer la situation, à affronter ce dernier s'il remporte le titre[64],[69]. Pendant un mois et demi, Eugène Criqui s'entraîne à Manhasset, aidé par Léon Poutet et Mario, arrivés quelques semaines après lui, tout comme sa femme et son masseur Darras[70],[71]. Les Français se sont installés dans une grande villa de douze pièces, permettant d'installer un ring à l'intérieur et un autre en extérieur[64].
Le combat pour le titre se déroule le au Polo Grounds de New York. Toute la nuit, plus de trois cents ouvriers travaillent à l'aménagement de la grande arène[72]. Le ring est placé sur la pelouse de l'habituel stade de baseball et accueille jusqu'à 40 000 spectateurs[72]. Sous une chaleur torride, l'attente autour de la rencontre est importante. Des nombreux paris sont pris sur le combat, tellement que le conseil de la commission de boxe de New York désigne au dernier instant les juges et l'arbitre pour éviter toute tricherie[72]. Johnny Kilbane, champion NBA incontesté de la catégorie depuis douze ans, est le favori des pronostics[72],[73].
Entouré par des anciens combattants français, Eugène Criqui monte sur le ring en fin d'après-midi[74]. Après une présentation des deux boxeurs, le combat débute. Après un premier round d'observation, Eugène Criqui prend la mesure du champion américain et marque des points avec des coups appuyés à l'estomac[75]. Kilbane excelle dans le blocage, obligeant le Français à se montrer patient[76]. Dans la cinquième reprise, Eugène Criqui trouve l'ouverture avec un crochet du droit[76]. Kilbane est ébranlé, il saigne de la bouche[76]. Criqui en profite pour poursuivre dans le round suivant son travail de démolition au corps avant d'envoyer le champion du monde au tapis d'un nouveau crochet du droit à la mâchoire[77]. Kilbane tente de se relever, est sur les genoux alors que l'arbitre compte « six » avant de s'effondrer[75]. Vainqueur par KO à la 6e reprise, Eugène Criqui devient le deuxième Français à décrocher un titre mondial après Georges Carpentier[72],[78].
Comme prévu par une clause de son contrat avec Kilbane, le nouveau champion du monde français doit remettre sa ceinture en jeu face à Johnny Dundee dans les semaines suivant son sacre. Criqui n'a pas le temps de retourner en France, il enchaîne les événements en Amérique et prépare sa défense de ceinture, organisée par le promoteur irlando-américain du Polo Grounds Tom O'Rourke le [79].
Dès la première reprise, Criqui est touché à la pointe du menton et est compté au sol pour neuf secondes[80]. La suivante le voit aller au sol à deux reprises, pour sept et neuf secondes, évitant la défaite par KO de peu[80]. Criqui titube, chancelle, mais trouve l'énergie de poursuivre le combat qui tourne nettement à l'avantage du challenger[80]. L'Américain l'emporte aux points à l’issue des 15 reprises après avoir mis à terre Criqui quatre fois[81]. Dans sa déclaration d'après-match envoyé en France par télégramme, Criqui déclare : « J'ai défendu ma couronne jusqu'au bout avec la dernière énergie et je crois que l'honneur du sport français est sauf »[80].
Après la désillusion de sa campagne américaine, Eugène Criqui loue une villa à la campagne pour se reposer auprès de sa femme[82]. La basse-cour panse sa rancœur et son dégoût pour le sport, le titi parisien s'émerveille pour la campagne française[82]. Assez vite cependant, l'athlète doit retourner à l'entraînement car son manager, Robert Eudeline, a engagé sa parole pour disputer un match au profit des laboratoires[83]. La boxe n'a pas bonne presse car le public jalouse les gains grandissant des athlètes[82],[84]. Eudeline espère à cette occasion rendre son champion encore plus populaire en récupérant la cause d'un combat taillé pour la revanche entre Georges Carpentier et Battling Siki[83].
Lors de ce combat, Criqui se voit opposé le champion belge Henry Hébrans au Vélodrome d'Hiver de Paris. Ce match est la première compétition sportive retransmise sur la TSF[85]. Alors qu'il affronte son adversaire à titre gracieux, il se casse la main gauche sur son crâne avant de remporter la victoire aux points[86],[87]. Les examens radioscopiques révèlent une phalange du majeur brisée en son milieu et une cassure du métacarpe[88]. Deux mois plus tard, le champion de France et d'Europe n'est pas remis de sa blessure et ne peut relever le défi de son compatriote Édouard Mascart[89]. Le défi étant antérieur à la blessure et régulier, Criqui se voit retirer ses titres administrativement[90].
Le , rétabli de la blessure qui a failli mettre un terme à sa carrière pugilistique, Eugène Criqui retrouve le ring au stade Buffalo face à Danny Frush, un boxeur irlando-américain de grande classe âgé de 22 ans[91]. Préparé avec Ascensio, un bon boxeur, cinq semaines en Algérie puis à Pontoise[24], Eugène Criqui ne trouve pas son punch et s'incline nettement, mis KO par l'Anglais à la huitième reprise[92].
À la fin du mois du , le boxeur est blessé dans un accident de la route. L'éclatement d'un pneu arrière le propulse sur la route, ce qui lui provoque une entorse à la cheville dont il est opéré aussitôt[93]. L'âge avançant, Eugène Criqui se dirige vers la retraite sportive mais il souhaite terminer sa carrière pugilistique sur un ultime succès[94]. Il demande une licence de manager à la Fédération française de boxe, qui la lui refuse et lui accorde celle de directeur de combat professionnel[82]. S'il ne l'est pas officiellement, Eugène Criqui entame une carrière de manager déguisée derrière son ami Henri Pilgrain, administrateur officiel de l'équipe[82]. En , il voyage en Argentine avec ses poulains : Antoine Ascensio, Serge Artakoff et Alf Ross, pour sortir de deux années de retraite[82],[95]. Sa reprise se conclut par un échec face au champion chilien Carlos Uzabeaga et il rentre en France, annonçant une nouvelle fois sa retraite[96],[97],[98].
Loin des rings, hors de forme, Eugène Criqui affronte Panama Al Brown au Vélodrome d'Hiver le [99]. L'exceptionnel boxeur panaméen envoie le Français au tapis d'un enchaînement gauche-droit au début du troisième round[99]. Après s'être relevé au compte de huit secondes, Criqui expédie immédiatement Brown à terre à son tour, étonnant l'audience qui crie au combat arrangé[99]. Le président de la Fédération française de boxe Paul Rousseau déclenche une enquête sur la rencontre, qui n'aboutit à rien[99]. En fin d'année, il tente également sa chance face à Gustave Humery pour le championnat de France mais est arrêté au 6e round[100].
Pour Le Figaro, ces derniers combats contre de jeunes champions lui portent préjudice[101]. Sa quête de la dernière victoire s'achève en avec une décision favorable aux points face à l'Américain Kid Carter au Cirque d'Hiver[102]. Eugène Criqui prend définitivement sa retraite sportive.
Eugène Criqui devient entraîneur et donne des cours de boxe anglaise le soir au stade Anastasie[103]. Il compte parmi ses premiers élèves le joueur de rugby à XV Charles Herzowitch[104]. Il s'occupe d'une petite vedette pugilistique, Jo Populo[28].
En 1941, Criqui chute gravement à bicyclette et se brise la hanche[105],[106]. Criqui, qui survit avec sa pension de Poilu mutilé après de mauvaises affaires financières, subit une convalescence difficile et vit en ermite au Vert-Galant[106],[107]. Le monde sportif se mobilise pour aider l'ancien champion du monde et collecte près de 300 000 francs lors d'une soirée de gala en son hommage marquée par la mise de gants de André Routis et Charles Ledoux vingt ans après leur affrontement officiel[108].
Peu à peu, l'ancien champion du monde de boxe tombe dans l'oubli. Il conseille de jeunes boxeurs à Livry-Gargan[109]. En 1950, Criqui signe l'appel de Stockholm[110]. Retraité habitant un petit pavillon de Villepinte, il préside activement l’Association amicale des anciens combattants et mutilés[28]. Admis comme pensionnaire de la maison de retraite des artistes de Ris-Orangis en 1968, il devient aveugle à la fin de sa vie avant de mourir en 1977 à la maison de repos de Villepinte[28]. Il est inhumé au cimetière parisien de Pantin dans la 21e division.
Deux décennies après avoir pris sa retraite, Eugène Criqui indiquait à Paris-Soir avoir effectué entre 400 et 500 combats entre ses 16 et 35 ans[107]. Le palmarès du boxeur parisien diffère selon les sources car il est souvent difficile à cette époque de distinguer les combats officiels des exhibitions. De plus, trois classes de boxeurs sont reconnus au début de sa carrière : les amateurs, les professionnels et les novices[111] ; ses premiers combats en tant que novices sont inclus dans le palmarès professionnel d'Eugène Criqui. Son palmarès officiel est le suivant[112],[113] :
135 combats | 104 victoires | 16 défaites |
---|---|---|
Avant la limite | 62 | 5 |
Sur décision | 42 | 11 |
Match nul | 15 |
Décision possible : KO • TKO (KO technique) • UD (décision aux points unanime) • MD (décision aux points majoritaire) • SD (décision aux points partagée) • D (match nul) • NC (sans décision) • RTD (abandon) | |||||||
Résultat | Record | Adversaire | Type | Round | Date | Lieu | Notes |
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Victoire | 104-16-15 | Benny Carter | PTS | 10 | Cirque d'Hiver, Paris | ||
Défaite | 103-16-15 | Gustave Humery | TKO | 6 (12) | Cirque de Paris, Paris | Championnat de France des poids plumes[100]. | |
Défaite | 103-15-15 | Panama Al Brown | UD | 10 | Vélodrome d'Hiver, Paris | [114] | |
Défaite | 103-14-15 | Carlos Uzabeaga | PTS | 10 | Buenos Aires | [96],[97] | |
Défaite | 103-13-15 | Danny Frush | KO | 8 (15) | Stade Buffalo, Montrouge | [92] | |
Victoire | 103-12-15 | Henry Hébrans | PTS | 15 | Vélodrome d'Hiver, Paris | [86],[87] | |
Défaite | 102-12-15 | Johnny Dundee | PTS | 15 | Polo Grounds, New York | Championnat du monde des poids plumes[80]. | |
Victoire | 102-11-15 | Johnny Kilbane | TKO | 6 (15) | Polo Grounds, New York | Championnat du monde des poids plumes[72]. | |
Victoire | 101-11-15 | Billy Matthews | RTD | 17 (20) | Vélodrome d'Hiver, Paris | Championnat d'Europe EBU des poids plumes[63]. | |
Victoire | 100-11-15 | Ben Callicott | KO | 2 (15) | Cirque des Variétés, Liège | ||
Victoire | 99-11-15 | Walter Rossi | KO | 1 (20) | Vélodrome d'Hiver, Paris | Championnat d'Europe EBU des poids plumes[115]. | |
Victoire | 98-11-15 | Arthur Wyns | RTD | 6 (20) | Vélodrome d'Hiver, Paris | Championnat d'Europe EBU des poids plumes[61]. | |
Victoire | 97-11-15 | Arthur Wyns | KO | 12 (20) | Cirque de Paris, Paris | Championnat d'Europe EBU des poids plumes | |
Victoire | 96-11-15 | Tom Anderson | KO | 1 | Casino de la Plage, Marseille | ||
Victoire | 95-11-15 | Joseph Youyou | KO | 3 (10) | Frontón Condal, Barcelone | ||
Victoire | 94-11-15 | Joe Fox | TKO | 12 (20) | Holland Park Rink, Londres | ||
Victoire | 93-11-15 | Ben Callicott | KO | 3 (15) | Cirque de Paris, Paris | [60] | |
Victoire | 92-11-15 | Charles Ledoux | KO | 1 (15) | Vélodrome d'Hiver, Paris | [54] | |
Victoire | 91-11-15 | Georges Gaillard | DQ | 5 (20) | Cirque de Paris, Paris | Championnat de France des poids plumes[53]. | |
Victoire | 90-11-15 | Alfons Spaniers | KO | 2 (15) | Cirque de Paris, Paris | [52]. | |
Victoire | 89-11-15 | Auguste Grassi | KO | 1 (15) | Cirque de Paris, Paris | Championnat de France des poids plumes[50],[51]. | |
Victoire | 88-11-15 | Dencio Cabanela | KO | 14 (20) | Sydney Stadium, Sydney | ||
Victoire | 87-11-15 | Silvino Jamito | PTS | 20 | Sydney Stadium, Sydney | ||
Victoire | 86-11-15 | Sid Godfrey | KO | 10 (20) | Sydney Stadium, Sydney | ||
Victoire | 85-11-15 | Jerry Sullivan | RTD | 13 (20) | Sydney Stadium, Sydney | ||
Victoire | 84-11-15 | Bert Spargo | KO | 18 (20) | Sydney Stadium, Sydney | ||
Victoire | 83-11-15 | Jackie Green | KO | 4 (20) | Sydney Stadium, Sydney | ||
Victoire | 82-11-15 | Vince Blackburn | RTD | 9 (20) | Sydney Stadium, Sydney | [47] | |
Victoire | 81-11-15 | Young Baker | KO | 1 (15) | Cirque de Paris, Paris | ||
Victoire | 80-11-15 | Joe Mandell | KO | 12 (12) | Cirque de Paris, Paris | [42] | |
Défaite | 79-11-15 | Memphis Pal Moore | TKO | 14 (20) | Royal Albert Hall, Londres | [41] | |
Victoire | 79-10-15 | Sam Keller | TKO | 5 (20) | Salle Wagram, Paris | [38] | |
Victoire | 78-10-15 | Walter Ross | KO | 15 (20) | Holborn Stadium (en), Londres | [36],[37] | |
Victoire | 77-10-15 | Digger Evans | KO | 9 (20) | Nouveau Cirque, Paris | [35] | |
Match nul | 76-10-15 | Tommy Noble | D | 20 | Nouveau Cirque, Paris | [116] | |
Victoire | 76-10-14 | Auguste Grassi | TKO | 8 | Casablanca | ||
Victoire | 75-10-14 | Léon Poutet | TKO | 6 | Casino de la Plage, Marseille | ||
Défaite | 74-10-14 | Tommy Noble (en) | KO | 19 (20) | Holborn Stadium, Holborn | [40] | |
Victoire | 74-9-14 | Steve Kid Sullivan | KO | 1 (10) | Salle Wagram, Paris | ||
Victoire | 73-9-14 | Jimmy Doyle | KO | 6 | Pauillac | ||
Victoire | 72-9-14 | Osmin Lurie | TKO | 4 | Bordeaux | ||
Victoire | 71-9-14 | Marcel Lepreux | PTS | 6 | National Sporting Club, Paris | ||
Victoire | 70-9-14 | Auguste Grassi | KO | 2 (6) | National Sporting Club, Paris | [117] | |
Victoire | 69-9-14 | Paul Bertal | PTS | 10 | Marseille | [118] | |
Victoire | 68-9-14 | Jimmy O'Day | KO | 2 (10) | Nouveau Cirque, Paris | [33] | |
Victoire | 67-9-14 | Arthur Wyns | PTS | 10 | National Sporting Club, Paris | [34] | |
Victoire | 66-9-14 | Eugene Clifford | KO | 2 | Paris | [34] | |
Victoire | 65-9-14 | André Maestrini | PTS | 12 | National Sporting Club, Paris | [34] | |
Victoire | 64-9-14 | Joseph Marty | TKO | 9 (10) | National Sporting Club, Paris | [34],[32] | |
Victoire | 63-9-14 | Arthur Pain | KO | 3 (6) | National Sporting Club, Paris | ||
Victoire | 62-9-14 | Cherubin Durocher | TKO | 6 | Perpignan | [119] | |
Victoire | 61-9-14 | Auguste Grassi | TKO | 8 (12) | Arènes des Amidonniers, Toulouse | [120] | |
Victoire | 60-9-14 | Cherubin Durocher | KO | 3 | National Sporting Club, Paris | ||
Victoire | 59-9-14 | Auguste Grassi | KO | 3 | National Sporting Club, Paris | ||
Victoire | 58-9-14 | Bombardier Rousseau | KO | 7 (15) | Théâtre des Nouveautés, Toulouse | ||
Victoire | 57-9-14 | Max Henry | PTS | National Sporting Club, Paris | |||
Victoire | 56-9-14 | Jules Husson | TKO | National Sporting Club, Paris | [121] | ||
Victoire | 55-9-14 | Marcel Lepreux | PTS | 6 | National Sporting Club, Paris | ||
Victoire | 54-9-14 | Bombardier Rousseau | PTS | 12 | Bordeaux | ||
Victoire | 53-9-14 | Messens | KO | 2 | National Sporting Club, Paris | ||
Victoire | 52-9-14 | Édouard Prie | PTS | 6 | National Sporting Club, Paris | [122] | |
Victoire | 51-9-14 | Alfred Francis | PTS | 6 | National Sporting Club, Paris | [123] | |
Victoire | 50-9-14 | Marcel Lepreux | PTS | 12 | Dunkerque | [124] | |
Victoire | 49-9-14 | Marcx | KO | 9 (12) | Bordeaux | [125] | |
Victoire | 48-9-14 | Édouard Prie | PTS | 6 | National Sporting Club, Paris | ||
Victoire | 47-9-14 | Cherubin Durocher | PTS | 6 | Paris | ||
Victoire | 46-9-14 | Georges Dravin | TKO | 5 | Paris | ||
Victoire | 45-9-14 | Georges Gravat | PTS | 4 | National Sporting Club, Paris | [126] | |
Défaite | 44-9-14 | Charles Ledoux | TKO | 12 (20) | Élysée Montmartre, Paris | [17] | |
Victoire | 44-8-14 | Jack Bertin | PTS | 10 | Bordeaux | ||
Victoire | 43-8-14 | Cherubin Durocher | PTS | 15 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Victoire | 42-8-14 | Georges Lefebvre | TKO | 7 | Nantes | ||
Victoire | 41-8-14 | Abe Mantell | PTS | 20 | Wonderland, Paris | ||
Victoire | 40-8-14 | Jim Harry | KO | 6 | Arènes de la Benatte, Bordeaux | ||
Victoire | 39-8-14 | Marcel Lepreux | PTS | 20 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Victoire | 38-8-14 | Jack Bertin | PTS | 10 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Défaite | 37-8-14 | Percy Jones | PTS | 20 | Liverpool Stadium, Liverpool | Championnat d'Europe EBU des poids mouches. Championnat du monde IBU des mouches poids[15]. | |
Victoire | 37-7-14 | Pat McAllister | KO | 10 (15) | Élysée Montmartre, Paris | [14] | |
Victoire | 36-7-14 | Jack Bertin | PTS | 10 | Boxing-Buttes, Paris | ||
Victoire | 35-7-14 | Cherubin Durocher | TKO | 7 (10) | Troyes | ||
Victoire | 34-7-14 | Gaston Simon | KO | 5 (10) | Salle de l'Alhambra, Orléans | ||
Victoire | 33-7-14 | Percy Jones | PTS | 15 | Liverpool Stadium, Liverpool | ||
Match nul | 32-7-14 | Robert Dastillon | D | 12 | Wonderland, Paris | ||
Défaite | 32-7-13 | Marcel Lepreux | PTS | 10 | Wonderland, Paris | [127] | |
Match nul | 32-6-13 | Robert Dastillon | D | 20 | Wonderland, Paris | [128] | |
Victoire | 32-6-12 | Johnny Daly | DQ | 5 | Wonderland, Paris | ||
Victoire | 31-6-12 | Édouard Prie | DQ | 5 | Enghien | ||
Victoire | 30-6-12 | Fred Anderson | PTS | 10 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Victoire | 29-6-12 | Paul Manceau | PTS | 10 | Chantilly | ||
Match nul | 28-6-12 | Auguste Grassi | D | 12 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Victoire | 28-6-11 | Sébastien Demey | KO | 6 (10) | Élysée Montmartre, Paris | ||
Défaite | 27-6-11 | Sid Smith | UD | 20 | Élysée Montmartre, Paris | Championnat d'Europe EBU des poids mouches. Champion du monde IBU des poids mouches[12]. | |
Victoire | 27-5-11 | Édouard Prie | PTS | 10 | Paris | ||
Victoire | 26-5-11 | Albert Bouzonnie | PTS | 10 | Élysée Montmartre, Paris | [10],[11] | |
Victoire | 25-5-11 | Bombardier Rousseau | PTS | 10 | Bordeaux | ||
Match nul | 24-5-11 | Alf Mansfield | D | 10 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Match nul | 24-5-10 | Marcel Lepreux | D | 10 | Palais de la Boxe, Paris | ||
Match nul | 24-5-9 | Alf Mansfield | D | 10 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Victoire | 24-5-8 | Cherubin Durocher | KO | 5 | Boulogne-sur-Mer | ||
Victoire | 23-5-8 | Francis Charles | TKO | 17 (20) | Cirque de Paris, Paris | Championnat de France des mouches[9]. | |
Victoire | 22-5-8 | Tom Smith | PTS | 15 | Birmingham | ||
Défaite | 21-5-8 | Pierre Gambetta | DQ | 9 (10) | Alcazar d'Été, Avignon | ||
Victoire | 21-4-8 | Sébastien Demey | PTS | 10 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Victoire | 20-4-8 | Marcel Lepreux | PTS | 10 | Sporting-Palace, Dinard | ||
Victoire | 19-4-8 | Marcel Lepreux | TKO | 13 (15) | Élysée Montmartre, Paris | Championnat de France des mouches | |
Victoire | 18-4-8 | Jack Gatehouse | PTS | 12 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Victoire | 17-4-8 | Kid Chicken | KO | 9 (10) | Boxing Hall, Chantilly | ||
Défaite | 16-4-8 | Robert Dastillon | PTS | 15 | Wonderland, Paris | ||
Match nul | 16-3-8 | Jack Gatehouse | D | 10 | Maisons-Laffitte | ||
Victoire | 16-3-7 | Édouard Prie | PTS | 10 | Élysée Montmartre, Paris | ||
Match nul | 15-3-7 | Jack Gatehouse | D | 10 | Premierland Francaise, Paris | ||
Victoire | 15-3-6 | Jack Gatehouse | PTS | 8 | Wonderland, Paris | ||
Victoire | 14-3-6 | René Voirin | KO | 10 | Cirque de Paris, Paris | Championnat de France des mouches[8]. | |
Victoire | 13-3-6 | Cherubin Durocher | PTS | 4 | Wonderland, Paris | ||
Victoire | 12-3-6 | Buster Brown | RTD | 1 (8) | Wonderland, Paris | ||
Victoire | 11-3-6 | Marcel Lepreux | PTS | 8 | Wonderland, Paris | [129] | |
Victoire | 10-3-6 | René Voirin | PTS | 4 | Cirque de Paris, Paris | [130] | |
Victoire | 9-3-6 | Cherubin Durocher | PTS | 6 | National Sporting Club, Paris | [131] | |
Victoire | 8-3-6 | Jim Barrey | KO | 2 (6) | Neuilly-sur-Seine | ||
Victoire | 7-3-6 | Auguste Relinger | TKO | 2 | Neuilly-sur-Seine | ||
Victoire | 6-3-6 | Robert Dastillon | DQ | 4 | Neuilly-sur-Seine | ||
Victoire | 5-3-6 | Andre Teyssedre | PTS | 6 | Neuilly-sur-Seine | ||
Match nul | 4-3-6 | Alfred Francis | D | 8 | Wonderland, Paris | ||
Match nul | 4-3-5 | Montors | D | 4 | Paris | ||
Défaite | 4-3-4 | Lucien Vinez | PTS | 8 | Wonderland, Paris | [132] | |
Défaite | 4-2-4 | Marcel Mouginot | PTS | 4 | Arènes de boxe, Paris | [133] | |
Victoire | 4-1-4 | André Teyssedre | PTS | 4 | Arènes de boxe, Paris | ||
Défaite | 3-1-4 | Paul Manceau | PTS | 8 | Paris | ||
Match nul | 3-0-4 | Édouard Prie | D | 8 | Wonderland, Paris | ||
Match nul | 3-0-3 | Alfred Francis | D | 8 | Paris | ||
Victoire | 3-0-2 | Louis Gouzenne | PTS | 4 | Wonderland, Paris | ||
Victoire | 2-0-2 | Boyo Lambert | PTS | 4 | Wonderland, Paris | ||
Victoire | 1-0-2 | Gouguillon[note 3] | KO | Wonderland, Paris | |||
Match nul | 0-0-2 | Fransisque | D | 8 | Paris | ||
Match nul | 0-0-1 | Édouard Prié | D | 8 | Paris |
Eugène Criqui a été honoré à plusieurs reprises pour ses services militaires pendant la Première Guerre mondiale :
En 2005, Eugène Criqui est introduit à titre posthume dans l'International Boxing Hall of Fame[138]
À Villepinte, un stade porte son nom.
Eugène Criqui est un boxeur de 1,62 m malingre et pâle[139],[140]. Né sur les hauteurs de Belleville, le « parigot » est narquois, blagueur et parle exclusivement l'argot[139]. N'acceptant pas un apprentissage classique par un professeur, Criqui imite ses camarades[3]. Pour Pierre Hanot, son style à ses débuts est celui d'un « danseur », à l'aise avec les esquives, compensant sa relative faiblesse physique par sa souplesse[3]. Il se déplace bien et est un styliste, Criqui est un boxeur scientifique[3].
En vieillissant, Criqui perd sa maigreur et monte de catégories, bien qu'il reste toujours le petit boxeur remuant et bagarreur[139]. Teigneux, les épreuves qu'il traverse après sa blessure à la mâchoire renforcent sa résistance aux coups[141]. Le titi parisien se révèle avec une rapidité d'exécution de plus en plus mordante et une puissance de frappe importante pour un combattant de son poids[141]. La presse le couronne « Roi du KO » au début des années 1920, un surnom jugé exagéré par Jacques Mortane qui note qu'il n'a remporté que cinq combats par KO avant la Grande guerre[140]. Mais le boxeur scientifique, « qui utilise son cerveau autant que ses poings, qui étudie l'adversaire, cherche les points faibles et frappe avec jugement » selon une description dans L'Auto en [142], a trouvé en cours de carrière le poing qui endort et enchaîne les succès avant la limite pendant plusieurs années jusqu'à la perte de son titre de champion du monde en 1923[143].
Au lendemain de son titre de champion du monde, le romancier Tristan Bernard résume son évolution ainsi en première page de L'Auto : « Le développement de Criqui a suivi une progression salutaire. Dans sa jeunesse, c'était déjà un très beau boxeur qui n'a été complet que lorsqu'il est arrivé à son poids définitif. À plusieurs égards, son voyage en Australie lui a fait du bien, surtout parce qu'il l'a mis en présence de boxeurs très durs et aux jeux variés. On peut dire que de retour de Sydney, ce n'était plus le même homme »[144].
Au cours de sa carrière, Eugène Criqui est également surnommé « Gégène Gueule cassée » et « le Pâle de Belleville » en raison de sa face blafarde[145]. Dans Le Miroir des sports, André Glarner évoque sa « simplicité naturelle, un peu gavroche » et sa « modestie d'un homme que les succès n'ont pas su griser »[75].
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