Fritz Wiedemann

Fritz Wiedemann
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 78 ans)
EggenfeldenVoir et modifier les données sur Wikidata
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Centre pénitentiaire de Nuremberg (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Fritz Wiedemann (né le à Augsbourg, mort le à Eggenfelden en Bavière) est un ancien officier du 16e régiment bavarois d'infanterie de réserve (16e RIR), plus connu sous le nom de « Régiment List (de) », où servit Adolf Hitler durant la Première Guerre mondiale. Devenu l'un des aides de camp personnels de Hitler entre 1935 et 1939, il est ensuite disgracié et éloigné comme consul aux États-Unis puis en Chine. Arrêté en 1945, il témoigne au procès de Nuremberg, avant d'être libéré en 1948.

Le régiment List (1915-1918)

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Officier de carrière, il est affecté en 1915 comme commandant en second du régiment List.

Aide de camp de Hitler (1934-1939)

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Il quitte le régiment List en 1918 pour le 3e régiment d'infanterie bavarois, puis, revenu à la vie civile, entame des études d'économie à Munich[1]. En 1919, il rejoint brièvement le Freikorps Schwaben à Kempten en Bavière[1] Sollicité par Hitler, il refuse tout d'abord de participer au mouvement nazi en 1922[2] et se consacre à l'agriculture.

Il est cependant, après Max Amann, celui des anciens du régiment List qui connaît finalement le parcours le plus spectaculaire. En , à nouveau à la demande de Hitler, il adhère au NSDAP et rejoint le cabinet de Rudolf Hess, puis celui de Hitler. Membre de l'entourage le plus proche de ce dernier, il succède à Wilhelm Brückner dans l'organisation de l'Adjudantur, le cabinet personnel de Hitler[3]. Il s'occupe notamment de sa correspondance privée et « veille à la bonne marche du cabinet, mais [sans intervenir] dans les questions politiques ». Pour l'historien Thomas Weber, « sa présence donnait corps à la version officielle véhiculée par la propagande nazie : la guerre mondiale et le régiment List avaient « fait » Hitler »[4].

Son rôle peut cependant avoir été plus politique. Weidemann témoigne après la guerre du désordre croissant du mode de vie de Hitler à partir de 1935, de son indifférence envers les dossiers et le travail bureaucratique, ainsi que des difficultés qu'avaient ses collaborateurs à obtenir des décisions ou parfois même à le rencontrer. Dans ces conditions, et dans la structure de pouvoir très particulière de l'oligarchie nazie, Weideman et les autres aides de camp personnels (Brückner, Julius Schaub et Albert Bormann - frère de Martin - en 1937) exerçaient selon les termes de Ian Kershaw « un formidable pouvoir informel en montant la garde aux portes du Führer[5] ». Fabrice d'Almeida insiste pour sa part sur le rôle clé joué par le contrôle de la correspondance privée adressée à Hitler et sur les liens privilégiés que les hauts dirigeants du régime cherchaient à nouer avec les membres de l'entourage immédiat de Hitler et de l'Adjudantur. Weidemann aurait été à cet égard proche des intérêts de Göring, mais aussi sollicité par l'amiral Canaris[6].

Wiedemann visite les États-Unis en , y rencontre les représentants du Bund germano-américain dont il retire une piètre opinion et y note la force des sentiments anti-nazis. Avec Ernst Hanfstaengl, Colin Ross (de) ou encore Friedrich von Bötticher (de), il pourrait avoir figuré dès lors parmi les quelques membres de son entourage auprès desquels Hitler cherche alors des sources d'information plus directes que son ministère des Affaires étrangères[7].

ll contribue en à faire libérer son ancien condisciple de régiment, juif, Hugo Gutmann (de), qui avait été à l'origine de la remise de la Croix de fer au soldat Hitler en et qui avait été arrêté par la Gestapo en juillet[8].

Son crédit est entamé à la suite d'une mission plus politique en 1938 : Göring, alors partisan de l'entente avec la Grande-Bretagne, l'envoie à Londres rencontrer lord Halifax pour le sonder sur une éventuelle rencontre au sommet, ce qui lui vaut l'hostilité de Ribbentrop[9]. Il semble avoir finalement perdu la confiance de Hitler en , en s'étant déclaré en faveur de concessions territoriales dans le souci d'éviter la marche à la guerre après la crise des Sudètes[10]. Remplacé par Julius Schaub, il est alors écarté de l'entourage du Führer et, à sa demande[11], nommé consul général d'Allemagne à San Francisco.

La disgrâce (1939-1945)

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Il est, avec Wilhelm Diess (de) et Ludwig von Vallade, l'un des principaux anciens compagnons de guerre de Hitler à s'être finalement opposé à celui-ci[12].

Wiedemann est consul général à San Francisco de 1939 à juillet 1941. Après la déclaration de guerre de l'Allemagne aux États-Unis, il est envoyé au consulat général à Tianjin (Chine) à partir de .

Un témoin coopératif après guerre

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Il prend lui-même contact avec les alliés en pour offrir sa collaboration et fournit des informations détaillées sur les activités de la Gestapo aux États-Unis et en Chine, sur la préparation de la guerre par Hitler et sur les hauts dirigeants nazis. Bien qu'il témoigne au procès de Nuremberg sur le fonctionnement de la Chancellerie et sur la connaissance qu'avaient les accusés des crimes du système concentrationnaire nazi, certaines charges, qui seront abandonnées en 1948, sont retenues contre lui, ce qui lui vaut d'être condamné à 28 mois de prison[13]. Libéré en 1948, il publie ses mémoires en 1964 et meurt le [14].

Bibliographie

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  • (en) [PDF] John W. Griggs, Memorandum for Mr. Justice Jackson, , Lire en ligne.
  • (de) Fritz Wiedemann, Der Mann, der Feldherr werden wollte : Erlebnisse und Erfahrungen des Vorgesetzten Hitlers im Ersten Weltkrieg und seines späteren persöenlichen Adjutanten, Velbert, 1964.

Notes et références

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  1. a et b Thomas Weber 2012 emplacement 5676 sur 14400.
  2. Thomas Weber 2012 emplacement 6257 sur 14400.
  3. Fabrice d'Almeida 2008, p. 123
  4. Thomas Weber 2012 emplacement 7030 et suiv. sur 14400.
  5. Ian Kershaw (trad. de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat), Hitler, Paris, Flammarion, coll. « Grandes biographies », , 1200 p. (ISBN 978-2-08-125042-0, OCLC 718374335), p. 86-87, 388-390 et 447. Laurence Rees rapporte un épisode significatif : « [...] quand, en 1935, Martin Bormann fit passer [à Hitler] une note sur les problèmes de la jeunesse, il reçut une réponse le 5 juin de Fritz Weidemann, l'aide de camp personnel, où on peut lire : "Je vous renvoie le mémorandum ci-joint. Le Führer l'a reçu, mais me l'a rendu sur le champ sans le lire. Il souhaite aborder lui-même cette question dans son principal discours au prochain congrès du parti et ne veut pas que sa pensée soit influencée d'aucune manière par qui que ce soit ». Voir Laurence Rees (trad. de l'anglais par Sylvie Taussig et Patrice Lucchini), Adolf Hitler : la séduction du diable [« The dark charisma of Adolf Hitler : leading millions into the abyss. »], Paris, A. Michel, , 441 p. (ISBN 978-2-226-24532-8, OCLC 855465318) [EPUB] (ISBN 9782226284488), emplacement 2836 sur 8147.
  6. Fabrice d'Almeida 2008, p. 129
  7. (en) Klaus P. Fischer., Hitler & America, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, , 356 p. (ISBN 978-0-8122-4338-3, OCLC 696092181, lire en ligne), p. 6, 34-35 et 67-68.
  8. Selon une source non recoupée signalée par Thomas Weber, il aurait à nouveau aidé Gutmann en 1939 lorsque celui-ci parvient à quitter l'Allemagne. Voir Thomas Weber 2012 emplacement 7201 et suiv. sur 14400.
  9. Thomas Weber 2012 emplacement 7697 et suiv. sur 14400.
  10. Thomas Weber 2012 emplacement 7604 et suiv. sur 14400, ainsi que Laurence Rees, Adolf Hitler, la séduction du diable, Albin Michel, 2013, 280 p. (ISBN 9782226245328) [EPUB] (ISBN 9782226284488), emplacement 3582 sur 8147.
  11. Fabrice d'Almeida 2008, p. 125
  12. Thomas Weber 2012 emplacement 7652 sur 14400.
  13. (en) Louis L. Snyder, Encyclopedia of the Third Reich, Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions, coll. « military library », , 410 p. (ISBN 978-1-85326-684-3, OCLC 954460015), p. 402
  14. Thomas Weber 2012 emplacement 8164 et suiv. sur 14400.