Jean-Aubry fut un homme de lettres ayant exercé la critique musicale ainsi que la critique littéraire notamment dans les périodiques : Le Petit Havre, Havre Éclair, Journal du Havre, La Province (Le Havre), Le Prisme -éphémère revue littéraire dont il est le fondateur (1905-1906)-, Le Censeur, Le Mercure musical, La Revue musicale, Le Correspondant, L'Art moderne (Bruxelles), Le Figaro (1936-1939) -rubrique « La vie littéraire », The Chesterian -revue musicale en anglais dont il est le fondateur-directeur (1919-1940).
En 1906, il fonda le Cercle de l’Art Moderne au Havre, actif jusqu'en 1910 et qui organisait activement des expositions et concerts.
Jean-Aubry fut lié d'amitié avec plusieurs compositeurs, dont Claude Debussy (depuis 1904), qui le surnomme familièrement « Géjéon »[1], Manuel de Falla, Maurice Ravel (depuis le 6 janvier 1906 par l'intermédiaire du pianiste Ricardo Viñes) et Albert Roussel. Certains de ses poèmes ont été mis en musique par Louis Aubert, André Caplet, Manuel de Falla, Jacques Ibert, Albert Roussel, etc. Il donna régulièrement des conférences musicales et littéraires, certaines avec Maurice Ravel en 1924 et 1926 avec le concours de la cantatrice Louise Alvar fixée à Londres. En 1932, il fut présent à la cérémonie de remise de la Croix de l'ordre d'Isabelle la Catholique à Maurice Ravel et Paul Valéry à l'Ambassade d'Espagne à Paris, avant de recevoir lui-même cette distinction en 1933.
Ayant rencontré Joseph Conrad en 1918, il se lia d’amitié avec lui et vécut à Londres de 1919 à 1930, y éditant un magazine publié par une société de lutherie, The Chesterian[2] avant de rentrer en France dans les années 1930.
En 1940, Jean-Aubry se maria à Paris avec Paule Mahieu laquelle, née en 1906, était donc sa cadette de vingt-quatre ans. Après la mort de Jean-Aubry, Paule Mahieu se remaria, en 1952, avec le docteur Camille Paul Drouet qui avait soigné son époux. Elle divorça en 1964[3].
L'identité exacte de cet homme de lettres a souvent posé des problèmes et il est parfois cité sous les noms de Georges Jean-Aubry, Gérard Jean-Aubry, Gabriel Jean-Aubry, Jean Aubry, etc., mais son identité d'état civil est bien irréfutablement Jean-Frédéric-Émile Aubry, et son nom de plume G. Jean-Aubry. Les erreurs sur son identité semblent venir du fait que l'intéressé n'a jamais démenti à ses interlocuteurs les développements donnés par eux à la mystérieuse initiale G.[4]. La veuve de Jean-Aubry tranche la question :
« Voulez-vous noter, pour l’exactitude, que le “G.” de Jean-Aubry n’est pas Georges, pas plus d’ailleurs que Gontrand, Gaston, Gaëtan, etc. Ce G n’est qu’un G qui devait lui permettre de mettre un trait d’union entre Jean et Aubry et faire qu’il n’y ait plus, ou moins, de confusion avec Octave Aubry, ce qui était constant et gênant pour tous deux.
Si vous en avez l’occasion, expliquez cela autour de vous à ceux que cela pourrait intéresser et je vous souhaite bonne réussite. »
Stéphane Mallarmé, Œuvres complètes : Texte établi et annoté par Henri Mondor et G. Jean Aubry, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , XXV-1654 p.
Manuel de Falla, Psyché. Poème de G. Jean-Aubry. Musique de Manuel de Falla, pour chant, flûte, harpe, violon, alto et violoncelle. Partition générale, Londres, J. et W. Chester, (BNF42980509)
↑(en) Laurence Davies et Gene M. Moore, The Collected Letters of Joseph Conrad : 1923-1924, Cambridge University Press, 2008, p. xlv.
↑Acte de mariage no 1086 de l'année 1940 de l'état civil de la Mairie du 16e arrondissement de Paris et Acte de naissance de Paule Mahieu no 401 de l'année 1906 de l'état civil de la Mairie du 19e arrondissement de Paris
↑Christian Goubault, « Compte-rendu de l’édition de la Correspondance de Claude Debussy (Paris, Gallimard, 2005) », Revue de Musicologie, nos 92/1, , p. 224-227 (p. 226) (ISSN0035-1601, BNF34349110)
↑Lettre de Paule Jean-Aubry à Jean-Philippe Segonds (15 janvier 1970) citée par Paule Moron, « Avant-propos » (note 1 en bas de page) dans Valery Larbaud, Journal, Paris, Gallimard, « NRF », 2009, p. 9.
↑« Ministère des Affaires étrangères. Légion d'honneur », Journal officiel de la République française. Lois et décrets, , p. 8808 (lire en ligne)