Après ses études à la Maîtrise Saint-Evode à Rouen[3], Gaston Sébire, de 1936 à 1944, travaille la nuit aux PTT pour pouvoir peindre le jour, et connait ses premières expositions à Rouen vers 1944[4].
Gaston Sébire s'installe à Paris en 1951 et va très rapidement exposer dans les galeries Visconti, Charpentier, Drouant et par la suite Findlay. Sa première grande réalisation va être la conception des costumes et des décors de L'Ange gris, ballet de Claude Debussy pour le marquis de Cuevas en 1953. Cette même année, il est lauréat de la Casa de Velázquez à Madrid. Il fait partie de la 24e promotion artistique avec ceux qui resteront ses amis : Jacques Berland, Marcelle Deloron, Jean Joyet, Sauveur Galliéro, le graveur Lucien Guezennec, Henriette Lambert, le sculpteur Olivier Pettit, Ernest Risse et Geoffroy Dauvergne[7]. La fille de l'artiste, Claudine Sébire, évoquant les tableaux initialement plus sombres que le dictionnaire Bénézit situe pour sa part dans la suite de Francis Gruber, restitue l'influence sur sa peinture des deux années passées à Madrid : « vers 1957, ses compositions sont devenues plus lumineuses. C'est d'ailleurs cet aspect de sa peinture qui lui a valu son succès aux États-Unis »[8].
Pendant toute la seconde moitié du XXe siècle, il expose dans les principaux salons parisiens, et fait notamment partie du groupe de Maurice Boitel au Salon Comparaisons, pendant 45 ans. Pour René Huyghe et Jean Rudel, Gaston Sébire est à situer, de fait avec Maurice Boitel, mais aussi Guy Bardone, Albert Lauzero, Michel Rodde, Michel de Gallard, Jean Pollet et Camille Fleury, parmi les peintres qui « se sont attachés à traduire les aspects fugitifs de la nature en un art qui tend à la permanence »[10].
Exposition d'hiver - Collection d'un amateur collectionneur et mécène, des années 1940 à nos jours : Roger Tolmer, Marcel Cramoysan, Georges Mirianon, Franck Innocent, Gaston Sébire, Jean Dannet, Jean Bréant, Denis Godefroy, Tony Fritz-Villars, Galerie Bertran, Rouen, janvier-mars 2012.
« Un monde où l'on respire l'essence de la pureté, où les couleurs sont des pétales de vérités bonnes à dire : je crois que l'art peut créer cette dimension et que Sébire est le serviteur d'une tradition qui est la plus haute noblesse de l'homme. Les marines de Sébire nous parlent d'une mer, ou du temps où l'homme croyait en lui, l'air du large lui apportait la joie de vivre… Sébire, comme le dit André Dunoyer de Segonzac, c'est une raison de croire qu'il y a des raisons d'espérer dans un monde de désespoir. » - André Parinaud[59]
« Né en Normandie, il est né de la Normandie. Terre et mer l'ont engendré. De la terre il tient son épaisseur charnelle, sa solidité massive, ses larges épaules, sa forte charpente d'aplomb, sa puissance végétale, la robustesse du maintien, un pas grave et mesuré, un appétit sain. Il s'enfonce dans la peinture avec la vérité d'un chemin entre deux talus et s'y installe avec l'entêtement d'un plant vert et vigoureux dans la terre mouillée. À la mer, il doit son lyrisme, son mystère poétique, sa cordialité souriante évoquant la fraîcheur heureuse et détendue de la grande mare sans ride à la fenaison des algues, son impétuosité, parfois sa violence. Tel je le crois campé, bon vivant, solide et franc, honnête, sincère, vrai, lucide, exigeant vis-à-vis de lui-même. Coiffé à la Titus, le sourcil épais, les yeux bleus, le regard droit, vif, subtil et pénétrant, le menton décidé, les mains carrées sans gestes trépidants. » - Pierre Osenat[60]
« L'art de Gaston Sébire est à la fois terrestre et maritime. Une solide attache à la terre lui permet de saisir des personnages au milieu d'une nature luxuriante, jardins foisonnants de plantes ou sous-bois touffus. La lumière évoque le sujet, le met en valeur et lui rend son importance exacte dans le tableau. Tour est impression. Les couleurs franches suggèrent et dessinent les éléments… Seul l'essentiel est exprimé. L'émotion de l'artiste est restituée intacte, sans fioritures, sans détails détournant l'attention du sentiment principal. La nature se fait sentir. Elle imprègne touts les pores de la toile. Le son du vent dans le feuillage répond au bruit de la mer. Tout vit en effet dans un style mouvant d'une intense expression. Ma peinture de Gaston Sébire est une représentation poétique des choses à travers le regard de l'émotion. » - Patrick-F. Barrer[29]
« De puissants portraits de fleurs un peu nostalgiques, des marines normandes aux relations de tons très fines, de verts pâturages d'une sérénité pleine de distinction. » - Gérald Schurr[54]
« Sans prétentions exagérées, hors de tous les courants, il propose une peinture pour l'agrément du souvenir évoqué. Dans les œuvres de sa première période, il se tenait dans une gamme de gris distingués qui lui permettait de prendre place dans le courant néo-réaliste qui suivit la mort de Francis Gruber. Apprécié pour ses marines et ses bords de mer d'inspiration postimpressionniste et comme façonnés par une, simple touche de matière-couleur, il a également peint des paysages de verdure joyeusement remplis de lumière et des fleurs qui laissent poindre une note de mélancolie. » - Dictionnaire Bénézit[19].
« Témoin sensible des demi-saisons normandes, son biotope impressionniste avait pourtant reçu de plein fouet le choc de cette Espagne austère, dépouillée, orgueilleuse, violente et passionnée, partagée comme les gradins des arènes entre ombre et soleil projetés brutalement sur tous les ocres d'une terre aride. Il avait exprimé son émotion esthétique dans une suite de grandes œuvres farouches comme les hauts plateaux de Castille, longtemps restées secrètes, avant que nous ne les révélions au public en 1991 au musée national de la Marine. » - François Bellec de l'Académie de Marine[61]
« Sébire was a strong man with great vitality, but silent and solitary by nature, with a personality as strong and frank as his paintings. When he tried to explain his painting, he would say : "a painting must have an element of mystery and show an effort to look beyond the surface of things". » - James R. Borynack[42]
« Les œuvres de Sébire, sans aucun doute, laissent une impression durable : l'amour du travail bien fait par un maître dans son art. Reconnu par ses pairs pour l'acuité de son regard et l'exceptionnelle précision de son pinceau, Sébire, s'exprimant dans sa palette en un mélange de couleurs et en un seul mouvement, crée, fixe et interprète une beauté qui est intemporelle. Cet art résonne comme une profession de foi… » - Jacques Chirac[42]
« Sébire a été totalement indépendant, hors des modes et des tendances. Lorsqu'on regarde l'ensemble de son œuvre, on est séduit par la magie de la lumière, des couleurs jaillissantes et lumineuses, par le calme et la sérénité de ses bords de Seine, de ses plages de Normandie avec ses baigneurs, de ses premières neiges. On ne résiste pas non plus à la somptuosité de ses bouquets, de ses vases de Delft au bleu magnétique. » - René Chabannes[11]
« Gaston Sébire, peintre figuratif, se plaisait principalement à révéler les paysages de sa Normandie natale. J'ai toujoyurs été époustouflé par la productivité de Sébire, il peignait tous les jours et à une vitesse folle. Il aimait principalement peindre d'après nature, ce qui le forçait à travailler rapidement afin de saisir la lumière de l'instant. Cette méthode demande une grande assurance dans le trait et nécessite une science approfondie des couleurs. Je partageais notamment son attrait pour le traitement de la lumière, peut-être était-ce un héritage de l'impressionnisme qui a tant influencé la peinture normande. » - Jean-Paul Tourbatez, peintre officiel de la Marine[23]
↑« Maîtrise Saint-Evode », Bulletin religieux de l'archidiocèse de Rouen, no 29, , p. 651
↑Bernard Nebout, « La peinture : Tendances rouennaises », Rouen Gazette, no 976, , p. 3
↑ a et b Éric Mercier, « La peinture des années 40 - Le manifeste de l'homme témoin », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 2, 13 janvier 2008, p. 131.
↑ a et b Francis Parent et Raymond Perrot, Le Salon de la Jeune Peinture - Une histoire, 1950-1983, éditions Jeune Peinture / Les Imprimeurs libres, 1983, p. 8.
↑Alain Valtat, Catalogue raisonné du peintre Geoffroy Dauvergne, Sceaux, éd. Levana (auto-édition), pp. 32 à 37, 483 p.
↑ ab et c Jean-Paul Tourbatez, « Gaston Sébire » dans, sous la direction de François Bellec, Les Peintres officiels de la Marine d'hier à aujourd'hui, éditions Locus Solus / Ministère des Armées, 2023, pp. 192-197, 270.
Françoise Woimant, Anne Joly et Marcelle Elgrish (préface d'Étienne Dennery), L'estampe contemporaine à la Bibliothèque nationale, B.N.F., 1973.
« Gaston Sébire », Bulletin de l'A.G.M.F., no 96, novembre 1978.
François Bergot, Artistes normands de la Casa de Velázquez, éditions du Musée des Beaux-Arts de Rouen, 1981.
Le Grand Livre des Rouennais : qui est qui dans l'agglomération rouennaise ? (préf. Guy Pessiot), Du P'tit Normand, , 253 p. (OCLC468723694), « Gaston Sébire », p. 199.
Francis Parent et Raymond Perrot, Le Salon de la Jeune Peinture - Une histoire, 1950-1983, éditions Jeune Peinture / Les Imprimeurs libres, 1983.
Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'Automne de 1903 à nos jours, Arts & Images du Monde, 1992.
René Chabannes, Quarante ans d'expositions au château de Val, Artogue, 2014.
James R. Borynack (citations de Jacques Chirac et Pierre Imbourg), Gaston Sébire - Celebrating the artist's 100e anniversary, éditions Findlay Galleries, Palm Beach (Floride), 2020 (consulter en ligne).
Bois-Guillaume en images (préf. René Seille), Mairie de Bois-Guillaume, , 144 p. (ISBN2-9520830-1-0), p. 68
Marc-Henri Tellier, historien de l'art et expert en tableaux et dessins des XIXe et XXe siècles, prépare le catalogue raisonné de l'artiste (cf. La Gazette Drouot du 29 novembre 2019).
François Bellec de l'Académie de Marine (texte de Jean-Paul Tourbatez), Les Peintres officiels de la Marine d'hier à aujourd'hui, éditions Locus Solus / Ministère des Armées, 2023.