Gaston Tissandier, né le à Paris où il est mort le , est un scientifique et aérostierfrançais.
Ce chimiste attiré par toutes les sciences de la nature et fasciné par le monde des techniques et de l'invention, a également été un aventurier de l'air et un écrivain scientifique. Au sortir de la guerre de 1870-71, préoccupé par les lacunes françaises de l'information scientifique, il est devenu éditeur de revues, en particulier La Nature au milieu de l'année 1873.
Il fait ses études au lycée Bonaparte de Paris, puis étudie la chimie au Conservatoire des arts et métiers. Chimiste et physicien de formation, il enseigne et participe aux travaux de diverses sociétés savantes. Il est notamment professeur à l'école de la Société polymathique et dirige un laboratoire d'analyses à partir de 1864.
Féru d'observations scientifiques et toujours disposé à expliquer au plus grand public, enfants et adultes confondus, cet homme enjoué est un parfait enfant perdu de la tradition des Lumières. Malgré sa présentation soignée et bourgeoise, on rechercherait en vain un quelconque a priori social, un mépris de l'homme commun, un dogmatisme positiviste, une affirmation de supériorité hautaine. Gaston témoigne de l'attrait des sciences qui a progressivement saisi une fraction de la jeunesse bourgeoise à partir des années 1830 et a déterminé leur vocation de recherche, puis leur tentative de contribuer à l'éducation. L'œuvre de ces jeunes scientifiques enthousiastes et anglophiles annonce le retour de la science et de l'invention française au premier plan mondial après 1880 et les éclipses partielles du XIXe siècle, qui laissent toutefois d'énormes lacunes que perpétuent les esprits cartésiens et positivistes dans l'entre-deux-guerres[Note 1].
Ce spécialiste de l'analyse des gaz est également météorologiste et, en quête d'application et de découverte de l'atmosphère, aéronaute. Toute sa vie, il n'a de cesse de faire partager la joie de la découverte, l'attrait de la recherche et le frisson des aventures scientifiques passées ou présentes. Écrivain scientifique fécond, accessible aux plus jeunes lecteurs, il devient éditeur de livres et surtout de revues scientifiques, à fort contenu de bonne vulgarisation.
Le , il fait avec Jules Duruof sa première ascension, suivie de 44 autres. Durant le siège de Paris, il est le quatrième à partir dans un ballon monté, le Céleste, qui atterrit à Dreux. Son frère Albert Tissandier (1839 - 1906) le rejoint peu après, à Tours, à bord du Jean Bart. Ils proposent aux autorités de tenter le retour sur Paris. Pour cela, ils utilisent le Jean Bart, mais sans succès.
On crée alors une équipe d'aérostation militaire, destinée à l'observation des champs de bataille. Tissandier est nommé capitaine dans ce nouveau corps, qui utilise des ballons neufs en plus des ballons récupérés lors du siège de Paris.
Après la guerre, il prépare et accomplit, avec son frère Albert Tissandier, l'ascension de longue durée du ballon le Zénith, de Paris (décollage de l'usine à gaz de La Villette) à Lanton, près d'Arcachon (Gironde), voyage qui a lieu les 23 et , au cours duquel ils battent le record de durée, avec 22 h 40.
Le , Gaston Tissandier accompagne les aéronautes Joseph Croce-Spinelli et Théodore Sivel lors de la seconde tentative de montée au-delà de 7 300 mètres d'altitude. La lettre de Paul Bert qui les avertissait de la nécessité d'emporter des réserves d'oxygène plus importantes ne leur parvient pas à temps. Les trois hommes s'évanouissent, le Zénith s'écrase au sol à Ciron dans l'Indre. Seul Tissandier, qui parvient à reprendre connaissance lors de la descente, échappe à la mort, mais y perd presque la totalité du sens de l'ouïe[2].
En 1881, à l’Exposition internationale d'Électricité, Gaston et Albert Tissandier contribuent au premier modèle de ballon dirigeable mû par l'électricité (vol non habité en intérieur). À la suite de ces premières expériences, ils font construire en grand le modèle exposé. Albert Tissandier dessine l'épure de ce ballon construit par Henri Lachambre. L'ascension du premier aérostat dirigeable électrique a lieu le . Un deuxième essai est effectué le . Il donne tous les résultats attendus : possibilités de manœuvre, mais impossibilité de remonter le vent par manque de puissance[3].
Liste des expéditions aériennes de Gaston Tissandier
: 18e ascension avec le contre-amiral baron Roussin. Observation de halo autour de l'ombre du ballon[5]
Déplacement du Jean-Bart par la troupe.
: avec Albert. Observation de halo autour de l'ombre du ballon. Traversée de cristaux de glace. Création d'éclairs artificiels. Descente rapide et atterrissage au plateau de Montireau[6]
: Le Jean-Bart. Usine de La Villette - atterrissage en douceur à Crouy-sur-Ourcq. Changements de direction avec le vent. Étude de la polarisation de l'atmosphère. Passagers : Paul-Pierre Henry, Albert Tissandier, Léon Bonnat. Vols captifs des villageois.
: Le Zénith. Tentative de record d'altitude. Sivel et Crocé-Spinelli meurent.
: L'Atmosphère, appartenant à M Duté-Poitevin, beau-frère de Sivel, avec le propriétaire, Albert, Louis Redier et les frères Frantzen. Atterrissage à Illiers[7].
: Usine Flaud (avenue de Suffren) à Chavenay. Ballon Giffard, gonflé à l'hydrogène. copilote : Albert.
: des Tuileries à Torcy, avec Jules Godard, dans un ballon Giffard gonflé à l'hydrogène (préparatifs pour le ballon captif de l'exposition universelle)[8].
: le National. De la Villette à Vinante. Avec Armand Petit et Albert[9].
: première ascension en dirigeable
: deuxième ascension en dirigeable
: de l'atelier aéronautique d'Auteuil, à bord du Commandant Rivière, avec Jacques Ducom, photographe[10]
Gaston Tissandier a réuni un grand nombre de manuscrits concernant l'aérostation (comme la description du premier vol en montgolfière par Benjamin Franklin, qu'il a publié dans La Nature) et de très nombreux objets relatifs à l'aérostation.
Les Récréations scientifiques, ou l'Enseignement par les jeux, la physique sans appareils, la chimie sans laboratoire, la maison d'un amateur de science, Paris, Masson, 1886
Histoire de mes ascensions récit de quarante voyages aériens (1868-1886), 7e éd., Paris, Maurice Dreyfous, 1887
La Photographie en ballon (avec une table), Gauthier-Villars, Paris, 1886, 1 vol., 45 p. (Lire en ligne)
Bibliographie aéronautique : Catalogue de livres d'histoire, de science, de voyages et de fantaisie, traitant de la navigation aérienne ou des aérostats, Paris, 1887. Réédition : Amsterdam, Israël, 1971.
La Tour Eiffel de 300 mètres : description du monument, sa construction, ses organes mécaniques, son but et son utilité. Avec une lettre autographie de G. Eiffel, Paris, Masson, 1889
Recettes et procédés utiles, G. Masson, s.d.
La Science pratique, suite des Recettes et procédés utiles, G. Masson, s.d. [1889] ; texte sur Gallica
Histoire des ballons et des aéronautes célèbres, Paris, H. Launette & C., 1890
Souvenirs et récits d'un aérostier militaire de l'Armée de la Loire, 1870-1871, Paris, Dreyfous, 1896.