Günter naît dans une famille de musiciens professionnels. Par sa mère, Maria Becker, une excellente violoniste, Raphael est le petit-fils du compositeur Albert Becker (1834-1899) qui avait un rôle important dans la capitale par ses responsabilité du chœur de la cathédrale. Becker eut notamment pour élève Jean Sibelius. Georg Raphael (1865–1904) son père, descendant de drapiersjuifs, s'était converti au protestantisme à cause de son amour pour la musique de Bach. Il avait commencé par étudier la médecine mais avait choisi ensuite la carrière musicale. Il avait un poste de cantor et d'organiste d'abord à l'église Luther, puis à l'église St Matthieu de Berlin(de). En tant que compositeur, son catalogue comprend des séries sur les Psaumes, des motets, des chants sacrés, des œuvres pour orgue, des pièces pour violon ainsi que des œuvres pour orchestre[1].
Günter enfant reçoit ses premiers leçons de musique de sa mère avec qui il découvre tout le répertoire du violon et de la musique de chambre, contenu notamment dans la bibliothèque de son grand-père et de son père réunies. Il commence à composer dès l'âge de dix ans – une petite mélodie pour piano. Ses premiers morceaux, tous dédiées à sa mère, sont majoritairement des œuvres pour violon. La première pièce publiée en 1918, est un Rondo pour violon, alto et piano[1]. Son style de jeunesse, acquis d'abord en autodidacte, est dans la mouvance de Brahms et de Reger.
Günter Raphael prend des leçons particulières de composition avec Arnold Ebel, puis de 1922 à 1925, il suit l'enseignement systématique à l'Académie de Berlin : la composition avec Robert Kahn (1865–1951), le piano avec Max Trapp, l'orgue avec Wilhelm Fischer et la direction d'orchestre avec Rudolf Krasselt, grâce à une bourse d'études de la Fondation Robert Schumann de Leipzig, attribuée en raison de ses dons exceptionnels. Robert Kahn reconnaissait qu'il ne pouvait cependant pas lui apprendre grand chose, car Raphael le savait déjà[1]. En composition du moins, car en 1925 il échoue à l'examen de direction ne connaissant pas le sens du bisbigliando : un effet de chuchotement sur la harpe – ce qu'il rapporte plus tard avec humour. Par l'entremise de Karl Straube, cantor de St Thomas (de Berlin), ancien élève et ami du grand-père Becker, Raphael peut recevoir des conseils en composition d'Arnold Mendelssohn (1855–1933) de Darmstadt.
Raphael bénéficie de l'aide du même Straube pour être engagé dès sa vingt-troisième année en tant que professeur de théorie musicale et de composition au Conservatoire de Leipzig (1926). Il l'introduit aussi auprès des éditeurs et des musiciens et chefs d'orchestre réputés : Adolf Busch et Wilhelm Furtwängler qui jouent sa musique. Le premier Quatuor en mi mineur, opus 5 (1924) et le second en ut majeur, opus 9 (1925), sont créés par le Quatuor Busch à Berlin. En 1926 sa première symphonie est créée à Leipzig par l’orchestre du Gewandhaus sous la direction de Furtwängler. Ce dernier déclare quelques années plus tard qu'il s'agit de l'un « des meilleurs talents de la jeune génération allemande ». Quelques années plus tard, c'est son Requiem qui est joué à Leipzig.
Après avoir signé un contrat avec Breitkopf & Härtel, ses premières œuvres publiées sont une série de Sonates pour violon, alto et violoncelle qui portent les opus 12, 13 et 14. Chaque œuvre est dédiée à l'un des membres du Quatuor Busch. Suivent les deux Quatuors à cordes, opus 5 et 9 et son premier Concerto pour violon. Durant toutes les années 1920, Raphael compose énormément. Straube qualifie cette facilité d'« une créativité sans limites ». Son style évolue lentement d'un classicisme issue de « l'école de Leipzig » à un « modernisme modéré ».
En 1934 Günter épouse la pianiste d'origine danoise Pauline Jessen. La famille s'installe à Meiningen où Pauline a un poste d'enseignante. Ils ont deux filles, Dagmar et huit ans plus tard, Christine qui deviendra violoniste.
Peu après la prise du pouvoir de Hitler en 1933, Raphael est frappé par les lois de Nuremberg et déclaré « demi-juif » (par son père). Il perd son poste de professeur à Leipzig et sa musique est interdite. Il peut enseigner d'abord en privée, mais les tracasseries administratives deviennent de plus en plus insurmontables : en février 1939 il est frappé d'interdiction totale d'exercer une profession et de se produire en public. Il a plusieurs fois tenté d'émigrer, mais sans succès. Le danger devient plus pressant en 1942 avec les déportations massives. Atteint de tuberculose depuis 1937, des médecins lui épargnent la déportation. Sa santé se détériore et il est transféré à Bad Nauheim en Hesse pour y subir une opération qui lui sauve la vie. Durant cette période, malgré la situation troublée et sa santé, le musicien reste constamment productif.
Après la guerre, la famille Raphael vit à Laubach en Haute-Hesse, près de Gießen. Le musicien qui a perdu sa renommée, travaille à se faire connaître de nouveau. Il trouve un éditeur pour les pièces non publiées d'avant 1945 (Bärenreiter). Raphael, bon pianiste, et sa femme se produisent en duo à travers l'Allemagne ou à l'étranger, pour des concerts ou pour la radio. De nombreux chefs d'orchestre, chanteurs, interprètes, défendent le compositeur au concert. En 1948, Günter Raphael reçoit le Prix Franz Liszt de composition de la ville de Weimar – tout comme son grand-père Albert Becker, 70 ans plus tôt[1].
Il enseigne au conservatoire de Duisbourg de 1949 à 1953. En 1951, une rechute l'oblige à une nouvelle opération et un séjour de dix mois en sanatorium à Uppsala ; l'État suédois prenant généreusement à sa charge les frais. En 1956 une offre de réintégration à Leipzig d'où il avait été banni en 1934, lui est faite, mais il refuse le poste, ne voulant plus dépendre d'un État totalitaire. De 1956 à 1958, il enseigne au Conservatoire Peter Cornelius de Mayence et à partir de 1957 au Conservatoire de Cologne.
En 1953 il rédige des notes biographiques intitulées In me impsum.
Il meurt à l'âge de 57 ans à Herford le . Dans son éloge funèbre, Hans Joachim Moser disait que « Günter Raphael était un homme aimable, un artiste des sons de haute volée, un croyant d'une authentique piété ». Trois aspects de l'homme se dévoilent : l'homme, l'artiste et le croyant ce qui transparaît dans son œuvre.
Günter Raphael a composé environ 300 opus. Les compositions avec un numéro sont étalées de 1922 à 1960, auxquels s'ajoutent nombre de partitions moins importantes ou préparatoires, telles les quatre symphonies inédites. Selon le genre on compte 120 œuvres vocales, dont un Requiem et un Te Deum, plusieurs cantates, des lieder ; 86 œuvres de musique chambre, dont six quatuors à cordes, un trio avec piano, un quintette avec clarinette ; une trentaine de pièces pour clavier et autant pour orgue ; 35 œuvres pour orchestre, dont onze concertos (violon, alto, violoncelle, flûte, saxophone alto, orgue), cinq symphonies.
Cantate pour soprano et basse solo, chœur mixte, trompette, clavecin et orchestre à cordes (1928 - pub. Breitkopf) Sur des textes de Goethe.
15 Volksliedbearbeitungen für das Volksliederbuch für die Jugend (1928 - Éditions Peters)
Der Minne Lied. 32 altdeutsche Liebeslieder pour chœur mixte (1949 - pub. Bärenreiter)
Palmström-Sonate pour ténor solo, clarinette, violon, tambour (ad lib.), Schlagbass et piano, opus 69 (1950 - pub. Breitkopf)
8 Poèmes de Hermann Hesse pour voix de femmes et orchestre/piano, opus 72 (1951 - pub. Breitkopf)
Gesang der Erzengel. Prolog im Himmel du Faust de Goethe, pour soprano, alto, baryton et 16 instruments à vent/piano, opus 79 (1954 - pub. Breitkopf)
10 Canons pour chœur de 2 à 5 voix (1956 - pub. Breitkopf) Sur des textes de Goethe
Profanes (a capella)
6 chants de potence pour chœur mixte, opus 76 (1953 - pub. Breitkopf) sur des poèmes de Christian Morgenstern.
10 chœurs d'hommes pour soliste et chœurs à 2 ou 4 voix, opus 78 (1954 - pub. Breitkopf)
Sechsmal Ringelnatz im Drei-Stimmen-Satz Miniatures pour chœur de chambre mixte à trois voix, opus 85 (1959 - pub. Breitkopf)
Sacrées
Requiem pour quatre solistes, double chœur mixte, orgue et orchestre, opus 20 (1927–28 - pub. Breitkopf)
Te Deum pour soprano, alto, basse, chœur, orchestre et orgue, opus 26 (1930 - pub. Breitkopf)
3 chants sacrés pour voix et piano (ou orgue), opus 31 (1928–1930 - pub. Breitkopf)
Wiegenlied der Maria pour chœur mixte, 2 violons et violoncelle (1930 - pub. Music-Chantry Press, Ohio)
Vater unser Cantate choral pour chœur mixte, orchestre (et orgue ad lib.) (1937 - pub. Bärenreiter)
Triptychon Maria pour alto, flûte, violon, alto et violoncelle (1943 - pub. Bärenreiter)
Nun bitten wir den heiligen Geist Partita chorale pour soprano, chœur mixte et orgue, 1947 (pub. Breitkopf)
6 motets chorals pour voix et flûte obligée, opus 55 (1945 - pub. Bärenreiter)
Bußkantate pour trois solistes, chœur mixte et orchestre (1952 - Carus)
Kantate nach der heiligen Schrift auf den Sonntag Judaica pour baryton, 4 voix d'enfants, 4 voix mixtes, et orchestre (1955 - Carus)
Mitten wir im Leben sind, Partita chorale pour chœur mixte et orgue (1957 - pub. Bärenreiter)
Verleih und Frieden gnädiglich Partita chorale pour chœur mixte à trois voix et orgue (1957 - pub. Bärenreiter)
Was mein Gott will, das g'scheh allzeit Partita chorale pour chœur mixte et orgue (1957 - pub. Bärenreiter)
Herr Gott, dich loben alle wir Cantate pour alto, baryton, chœur mixte, hautbois, alto violoncelle et orgue (1958 - pub. Breitkopf)
3 geistliche Konzerte (zu Advent, Passion und Pfingsten) pour soprano, alto, 2 flûtes à becs (oder andere Melodieinstr.) (1959 - Carus)
Sacrées (a capella)
5 Marienlieder pour chœur de femmes à 3 voix, opus 15 (1925 - pub. Breitkopf)
Komm heiliger Geist, erfülle die Herzen Motet pour chœur de femme à trois voix (1927 - pub. Breitkopf)
Psalm 104 : « Lobe den Herrn, meine Seele » pour chœur mixte à douze voix, opus 29 (1931 - pub. Breitkopf)
Vom jüngsten Gericht pour chœur mixte à 4 ou 8 parties, opus 30 no 1 (1931 - pub. Breitkopf)
Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort Motet pour chœur mixte à 5 voix, opus 30 no 2 (1932)
Die Versuchung Jesu pour chœur mixte à 4 ou 8 parties, opus 35 (1934 - pub. Breitkopf)
3 Motets pour chœur mixte à 4 ou 8 parties, opus 39 (1935 - pub. Breitkopf)
I. Weihnachtsfest
II. Osterfest
III. Pfingstfest
Vom rechten Glauben pour chœur mixte à 6 parties (1937)
Cycle de 7 motets pour voix égales ou mixtes (1938 - pub. Carus)
Vater unser Motet pour chœur 4 chœurs mixtes à 16 voix (1945)
Chœurs, opus 63 (1936/46 - pub. Breitkopf)
I. Christus, der Sohn Gottes pour chœur mixte à 7 parties (1936)
II. Im Anfang war das Wort pour 2 chœurs mixtes à 5 parties (1943)
III. Hebräer-Brief : Gedenkt auch künftig pour 4 chœurs mixtes à 12 parties (1946)
IV. Die Auferstehung Jesu pour chœur mixte (1946)
Psalm 126 : « Wenn der Herr die Gefangenen Zions erlösen wird » pour chœur mixte, opus 56 no 1 (1945 - pub. Bärenreiter)
Aus den Klageliedern Jeremias pour chœur mixte à 4 ou 8 voix, opus 56 no 2
Es kommt ein Schiff geladen pour deux chœurs à 3 voix de garçons (1946 - pub. Éditions Peters)
Das Glaubensbekenntnis (Text: dt. und lat.) pour chœur mixte a cappella et 6 instruments à vent, opus 64 (1948 - pub. Breitkopf)
20 Advents - und Weihanchtsliedsätze pour chœur mixte (1949 - pub. Bärenreiter)
Wer sich selbst erhöht, Motet pour chœur mixte (1950 - pub. Carus)
13 pièces pour la collection « Das Wochenlied » [La semaine de la mélodie] pour chœur mixte (3 voix féminines et 4 voix d'hommes) (1950 - pub. Bärenreiter)
12 Spuchmotetten pour chœur mixte (1951 - pub. Bärenreiter)
Sequenz « Dies irae » Chaconne pour 2 chœurs mixtes, opus 73 (1951 - pub. Breitkopf)
Mitten wir im Leben sind pour chœur mixte (1952 - pub. Bärenreiter)
Singet dem Herrn, ein neues Lied pour chœur mixte (1957 - pub. Carus)
Dvorak, Concerto pour violoncelle (1865). Lors de la découverte de l'œuvre en 1918, seule une partition pour piano et violoncelle fut découverte. Raphael en réalise l'orchestration.
Concerto pour violon no 2, œuvres pour violon - Christine Raphael, violon ; Max Rostal, Wolfgang Stockmeier ; Nordwestdeutsche Philharmonie, dir. Jorge Rotter (2CD CPO) (OCLC699865457)