Henri Emmanuelli | |
Henri Emmanuelli en 2007. | |
Fonctions | |
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Président de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations | |
– (4 ans, 8 mois et 2 jours) |
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Élection | 19 juillet 2012 |
Législature | XIVe (Cinquième République) |
Prédécesseur | Michel Bouvard |
Successeur | Marc Goua |
Président du conseil général puis départemental des Landes | |
– (17 ans, 1 mois et 14 jours) |
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Prédécesseur | Robert Cabé |
Successeur | Xavier Fortinon |
– (15 ans, 8 mois et 9 jours) |
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Prédécesseur | Henri Scognamiglio |
Successeur | Robert Cabé |
Président de la commission des Finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire de l'Assemblée nationale | |
– (2 ans, 3 mois et 20 jours) |
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Élection | |
Législature | XIe (Cinquième République) |
Prédécesseur | Augustin Bonrepaux |
Successeur | Pierre Méhaignerie |
– (6 mois) |
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Élection | |
Législature | XIe (Cinquième République) |
Prédécesseur | Pierre Méhaignerie |
Successeur | Augustin Bonrepaux |
– (10 mois et 14 jours) |
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Élection | 23 mai 1991 |
Législature | IXe (Cinquième République) |
Prédécesseur | Dominique Strauss-Kahn |
Successeur | Jean Le Garrec |
Premier secrétaire du Parti socialiste | |
– (1 an, 3 mois et 25 jours) |
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Élection | 19 juin 1994 |
Réélection | 20 novembre 1994 |
Prédécesseur | Michel Rocard |
Successeur | Lionel Jospin |
Président de l'Assemblée nationale | |
– (1 an, 2 mois et 10 jours) |
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Élection | 22 janvier 1992 |
Législature | IXe (Cinquième République) |
Prédécesseur | Laurent Fabius |
Successeur | Philippe Séguin |
Secrétaire d'État chargé du Budget et de la Consommation[N 1] | |
– (2 ans, 11 mois et 26 jours) |
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Président | François Mitterrand |
Premier ministre | Pierre Mauroy |
Ministre | Jacques Delors |
Gouvernement | Mauroy III |
Prédécesseur | Laurent Fabius (ministre délégué) |
Successeur | Alain Juppé (ministre délégué) |
Secrétaire d'État chargé des Départements et Territoires d'outre-mer | |
– (1 an et 10 mois) |
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Président | François Mitterrand |
Premier ministre | Pierre Mauroy |
Ministre | Gaston Defferre |
Gouvernement | Mauroy I et II |
Prédécesseur | Paul Dijoud |
Successeur | Georges Lemoine |
Député français | |
– (17 ans, 1 mois et 14 jours) |
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Élection | 6 février 2000 (partielle) |
Réélection | 16 juin 2002 17 juin 2007 10 juin 2012 |
Circonscription | 3e des Landes |
Législature | XIe, XIIe, XIIIe et XIVe (Cinquième République) |
Groupe politique | SOC (2000-2007) SRC (2007-2016) SER (2016-2017) |
Prédécesseur | Joël Goyheneix |
Successeur | Monique Lubin |
– (9 ans, 5 mois et 24 jours) |
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Élection | 5 juin 1988 |
Réélection | 28 mars 1993 19 septembre 1993 (partielle) 1er juin 1997 |
Circonscription | 3e des Landes |
Législature | IXe, Xe et XIe (Cinquième République) |
Groupe politique | SOC |
Prédécesseur | Proportionnelle par département |
Successeur | Joël Goyheneix |
– (2 ans, 1 mois et 12 jours) |
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Élection | 19 mars 1986 |
Circonscription | Landes |
Législature | VIIIe (Cinquième République) |
Groupe politique | SOC |
– (3 ans, 3 mois et 20 jours) |
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Élection | 19 mars 1978 |
Réélection | 14 juin 1981 |
Circonscription | 3e des Landes |
Législature | VIe et VIIe (Cinquième République) |
Groupe politique | SOC |
Prédécesseur | Jean-Marie Commenay |
Successeur | Robert Cabé |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées, France) |
Date de décès | (à 71 ans) |
Lieu de décès | Bayonne (Pyrénées-Atlantiques, France) |
Nature du décès | Neuropathie et bronchite |
Sépulture | Cimetière de Laurède |
Nationalité | Française |
Parti politique | PS (1971-2017) |
Diplômé de | IEP de Paris |
Profession | Directeur adjoint de banque |
Religion | Catholicisme |
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Présidents de l’Assemblée Nationale | |
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Henri Emmanuelli, né le à Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées, aujourd'hui Pyrénées-Atlantiques) et mort le à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), est un homme politique français, membre du Parti socialiste.
Député des Landes et président du conseil général du département pendant plus de trois décennies, il est plusieurs fois secrétaire d'État sous la présidence de François Mitterrand dans les années 1980 et président de l'Assemblée nationale entre 1992 et 1993. Il est battu par Lionel Jospin à la primaire socialiste en vue de l’élection présidentielle de 1995.
Henri Joseph Emmanuelli est le fils de Louis-Ange Emmanuelli, ouvrier électricien d'origine corse[N 2], et de Julie Chourré, femme de ménage[1]. Son grand-père maternel, Henri Chourré, est un berger originaire d'Aas dans la vallée d'Ossau[2]. Il lui manque un doigt de naissance[3]. Son père, militant CGT communiste anticlérical ayant perdu son emploi du fait de ses convictions, s'est installé par la suite comme artisan électricien. Il meurt électrocuté sur un clocher en 1958[4],[5].
Après des études à l'école de Gourette puis au lycée Louis-Barthou à Pau, boursier, Henri Emmanuelli est diplômé de l’Institut d'études politiques de Paris (promotion 1967, section Service Public)[6].
Il retourne alors dans le Béarn pour veiller sur sa mère, victime d'une tumeur au cerveau et qui meurt en 1969[7].
Banquier de profession, il est recommandé à Edmond de Rothschild qui vient de créer la Compagnie financière Edmond de Rothschild qu'il intègre en 1969[8]. Il est ensuite attaché de direction puis chef d’agence à la Banque de l'Union parisienne (1971-1973). Fondé de pouvoir, sous-directeur puis directeur adjoint à la Compagnie française de crédit et de banque (1974-1977)[9],[10]. À la même époque, il entre dans la franc-maçonnerie, qu'il quittera cinq ans plus tard. Il poursuit son activité professionnelle à la banque Rothschild — occupant un poste de direction[11] — jusqu'à sa première élection comme député à 32 ans, en 1978[8].
Il adhère au Parti socialiste en 1971.
À la demande de François Mitterrand, il est, à 27 ans, candidat lors des élections législatives de mars 1973 dans la 2e circonscription de Lot-et-Garonne. Mais c'est le , qu'il est élu pour la première fois député de la 3e circonscription des Landes qu'il fait basculer à gauche[8].
En 1982, il est élu pour la première fois président du conseil général des Landes[12].
Le , Henri Emmanuelli est nommé secrétaire d'État aux Départements et territoires d'outre-mer dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy ; il est reconduit à ce poste dans le second gouvernement dirigé par Mauroy, jusqu'à ce qu'il soit chargé du Budget dans le troisième gouvernement du Premier ministre, à partir du .
Le , il est reconduit au rang de secrétaire d'État chargé du Budget dans le gouvernement du nouveau Premier ministre, Laurent Fabius.
Secrétaire national chargé de la Trésorerie et de la Coordination en 1988, puis membre du secrétariat national du PS, chargé du Budget, de l'Administration et de la Trésorerie à l'issue du congrès de Rennes en , il contribue à faire échec à la première tentative de prise de contrôle du PS par Laurent Fabius, en soutenant la motion de Pierre Mauroy et de Lionel Jospin dans cette lutte fratricide entre Jospiniens et Fabiusiens. En octobre, Les fabiusiens prennent leur revanche en empêchant Henri Emmanuelli de devenir président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale après l'entrée de Louis Mermaz au gouvernement.
Le , après la démission de Laurent Fabius désigné premier secrétaire du Parti socialiste, Henri Emmanuelli présente sa candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. Au premier tour de scrutin, il est mis en difficulté par la candidature d'Huguette Bouchardeau, puisqu'il recueille 256 suffrages contre 44 à l'ancienne ministre de l'Environnement ; finalement, il est élu au perchoir à l'issue du second tour de scrutin, avec 289 voix contre 225 à Jacques Chaban-Delmas, candidat de l'opposition, et 32 à Huguette Bouchardeau. Henri Emmanuelli occupe le poste jusqu'au terme de la IXe législature.
Le , lors du Conseil national de la Villette, il est élu premier secrétaire du Parti socialiste, à titre provisoire, après avoir battu son seul concurrent, le jospinien Dominique Strauss-Kahn (140 voix contre 64), avec l'appui des fabiusiens, des poperenistes et de la Gauche socialiste[13]. Il est réélu à ce poste lors du congrès de Liévin, le , avec 92,15 % des voix des militants et le soutien de Laurent Fabius, Lionel Jospin, Michel Rocard, Pierre Mauroy et Jean Poperen[réf. nécessaire]. Si cette élection représente un « coup de barre à gauche » pour le PS, Henri Emmanuelli propose quelques jours plus tard à Jacques Delors de représenter le parti à l'élection présidentielle alors qu'il est « le plus proche du discours et d’une pratique blairiste du pouvoir »[14].
Il est candidat à la primaire présidentielle socialiste de 1995 face à Lionel Jospin, qui l'emporte avec 65,85 % des voix contre 34,15 % pour Henri Emmanuelli soutenu, puis lâché au dernier moment, par Laurent Fabius. Lionel Jospin lui succède à la tête du PS en [15].
Inculpé le dans l'affaire Urba en tant que trésorier du parti, défendu par Philippe Lemaire et Patrick Maisonneuve, il est condamné ès qualités pour complicité de trafic d'influences, le , à dix-huit mois de prison avec sursis et à deux ans de privation de ses droits civiques[16]. Également mis en examen le dans le cadre de l'affaire Destrade de financement illégal du Parti socialiste, il est relaxé, le juge ayant prononcé un non-lieu le concernant[17],[18].
Le , il lance Le Quotidien de la République, qui se veut un « Figaro de gauche »[19] ; le journal cesse de paraître après onze numéros, le 28 suivant[20],[21],[22].
Mitterrandien de toujours, hostile aux tendances sociales-libérales dont l'influence grandit chez les socialistes européens et français, il s'est placé depuis le congrès de Grenoble en 2000 dans l'opposition interne, et plaide sans relâche pour un PS clairement ancré à gauche. Pour le congrès du Mans du Parti socialiste en , il s'associe au courant NPS d'Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Benoît Hamon.
Dans le cadre de la campagne sur le référendum en 2005, au sujet du traité établissant une Constitution pour l'Europe, il fait publiquement campagne pour le « non », se plaçant en opposition ouverte avec la position officielle du Parti socialiste, favorable au traité[23].
Il fonde alors les « collectifs socialistes pour le non », qui mettent en avant les nombreuses délocalisations qui touchent l'industrie française. Henri Emmanuelli estime non seulement que le projet de constitution empêchera à l'avenir l'Union européenne (UE) de se doter des outils nécessaires à la protection de l'industrie tant française qu'européenne mais aussi qu'il organisera la concurrence entre les pays membres plutôt que d'en faire une zone politique et économique intégrée et homogène en aidant massivement les nouveaux membres de l'UE à rattraper leur retard de développement. Il voit dans le traité une renonciation à l'idéal d'une Europe fédérale, pour laquelle il plaide, notamment dans son Plaidoyer pour l’Europe.
La campagne du non amène l'éclatement de Nouveau Monde et la recomposition de l'aile gauche du Parti socialiste. Alors que Jean-Luc Mélenchon se rapproche de Laurent Fabius en vue du congrès du Mans, Henri Emmanuelli crée un nouveau courant : Alternative socialiste. Il est rejoint par Marc Dolez, de Forces militantes et Gérard Filoche, du Nouveau Parti socialiste (NPS). Alternative socialiste fusionne avec Nouveau Parti socialiste mi- pour déposer une motion commune lors du congrès du Mans.
Le , à l'occasion de la séance de questions de l'Assemblée nationale, il fait un geste interprété comme un doigt d'honneur pendant une intervention du premier ministre François Fillon[24]. Il assure ensuite que son geste a été mal interprété et n'était pas dirigé contre le chef du gouvernement[25].
Le , il est nommé membre de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations[26], commission dont il devient le président le [27]. Le , il est l'un des signataires de l'appel à la légalisation du cannabis, intitulé « Le laxisme, c'est de ne rien changer ».
La même année, il vote contre la ratification du pacte budgétaire européen mais pour son application en votant la loi organique chargée de sa mise en œuvre[28].
En mars 2015, il est élu conseiller départemental[29] du canton de Coteau de Chalosse en tandem avec Odile Lafitte. Ils ont pour suppléants Didier Gaugeacq et Patricia Taormina[30]. Le suivant, il est élu à la présidence du département[31].
Alors qu'à l'été 2016, il souhaitait soutenir une nouvelle candidature de François Hollande, « la seule candidature légitime » selon lui[32], il apporte en son soutien pour la primaire citoyenne à Benoît Hamon[33].
Il se marie en 1967 à Antonia Gonzalez (fille d'un pilote républicain espagnol), professeur d'éducation physique et sportive à Mugron[34], avec qui il a un garçon, Antoine, et une fille, Laetitia[35].
Souffrant d'une neuropathie dégénérative depuis quelque temps, Henri Emmanuelli meurt le à l'hôpital de Bayonne, où il était hospitalisé depuis le [36] pour une double bronchite infectieuse, « des suites d'une longue maladie » selon l'annonce de sa famille[37],[38],[39].
Après une cérémonie d'obsèques en l'église de la Madeleine de Mont-de-Marsan, un hommage républicain a lieu le samedi en présence du président François Hollande[40]. Henri Emmanuelli est ensuite inhumé dans la plus stricte intimité dans le cimetière du village de Laurède où il avait élu domicile en 1978[41]. Le , une plaque en son honneur est inaugurée dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale[42].
Le , une statue réalisée par Jacques Raoult est inaugurée à Laurède, dans les Landes en hommage à Henri Emmanuelli[43]. Un mémorial est également inauguré[44].
Depuis le 7 décembre 2017, la salle polyvalente de Mugron (anciennement "l'Agora") porte désormais son nom[45].
Son nom est également associé au village landais Alzheimer de Dax inauguré en 2020, projet initié par Henri Emmanuelli lui-même lorsqu'il était président du conseil général des Landes. Un hommage lui est rendu lors de l'inauguration de cette structure unique en France, trois ans après son décès[46].
DELPONT Hubert : Henri Emmanuelli, fils d'Ossau, homme de gauche, prince des Landes, 2023, 160 p.