Après son service militaire, effectué entre 1950 et 1951, Hervé Pinoteau devient lieutenant d’infanterie de réserve. Il se lance ensuite dans l'édition et devient cadre au sein des maisons Hachette, Larousse et Palais Royal. Il devient parallèlement l'un des directeurs de la revue Mémoire de 1984 à 1989, tout en étant nommé collaborateur d'honneur de la revue Hidalguía, à Madrid, et conseiller adjoint du comité de rédaction de la revue Emblemata, à Saragosse[2].
Principalement connu comme spécialiste de l'héraldique, de la vexillologie, de la phaléristique et de l'étude de la symbolique de l'État français à travers ses divers régimes et dynasties, il écrit au cours de sa vie plus d'une trentaine d'ouvrages et environ 900 articles que l'on peut notamment retrouver dans l’Encyclopædia universalis, le Dictionnaire du Grand siècle de François Bluche, le Dictionnaire du Second Empire de Jean Tulard, l’Encyclopédie de la culture française, le Dictionnaire de biographie française, ou encore le Dictionnaire mondial des images de Laurent Gervereau[2].
Passionné très tôt par les dynasties ayant régné en France, Hervé Pinoteau avait « compos[é], vers 1950, une généalogie des Capétiens qui s'étalait sur douze mètres carrés »[3] (à partir des « œuvres de Joseph Calmette et [de] pas mal d'encyclopédies de tous les siècles »[3]). Dès l'adolescence, vers 1942, il avait demandé au comte Espierre[Note 1] qui pouvait être le roi de France : « cet ancien notable des mondanités royannaises »[5] lui avait répondu que la réponse « devait se trouver dans la descendance de Philippe V d'Espagne »[5],[6]. En appliquant ses connaissances de généalogiste et en suivant les lois fondamentales du royaume de France, Hervé Pinoteau en déduit que l’aîné des Capétiens est en fait Jacques-Henri de Bourbon, duc d’Anjou et de Ségovie, un prince espagnol descendant de Philippe V, le deuxième petit-fils de Louis XIV. D'après Jacques de Bauffremont, ce prince « généreux, gentil »[7], qui est sourd, ce qui lui donne une diction particulière, devient néanmoins populaire « grâce à son humour et son côté bon vivant »[7].
En 1947, paraît un livre de Raoul de Warren sur les prétendants au trône de France : plusieurs pages[8] sont consacrées au duc de Ségovie, aîné des Bourbons, qui vient quelques mois plus tôt de revendiquer les titres de duc d'Anjou et de chef de la maison de France. Ses partisans se retrouvent chaque année[9] pour la messe du dans l'église Saint-Augustin de Paris, pour rendre hommage à Louis XVI. La déclaration du nouveau duc d'Anjou (Jacques II pour les légitimistes) a donné lieu à quelques articles de presse, notamment dans les hebdomadaires Samedi-soir[10], Quatre et Trois (articles d'Alain Decaux)[11] et Cavalcade[12]. De son côté, Hervé Pinoteau avait cofondé au sortir de la guerre un cercle orléaniste (d'Action française) rue Saint-Guillaume et vendait Aspects de la France et du monde (un hebdomadaire maurrassien créé en ). Ce n'est que quelques années plus tard, grâce à la lecture du livre de Raoul de Warren et aux renseignements du légitimiste Michel Josseaume (futur rédacteur du journal légitimiste Le Drapeau blanc), qu'Hervé Pinoteau rencontre le prétendant Jacques II (en assistant à la messe du à Saint-Augustin) et se met à son service dès 1955. En , pour protester notamment contre le port du titre et des armoiries de dauphin de France par Henri d'Orléans, relayé médiatiquement à l'occasion du mariage de ce dernier, Hervé Pinoteau envoie[13] à tous les chefs des maisons souveraines et à la presse une circulaire (sous forme de feuille ronéotypée[14]) intitulée La légitimité française. Le journal Le Monde s'en fait l'écho : « Pour les tenants de l'orthodoxie monarchiste, en effet, l'héritier légitime des rois n'est pas le comte de Paris. Le vrai prétendant, le seul, ne saurait être que Jaime (Jacques) Henri, duc d'Anjou et de Ségovie »[15]. Et le Journal de Genève publie le communiqué en entier[16].
Les armes de sa famille[Note 2] datent d'un ancêtre, le général de brigadePierre-Armand Pinoteau, fait baron de l'Empire par décret impérial du mais sans lettres patentes. Ce titre — auquel Hervé Pinoteau devait succéder — a été confirmé par lettres patentes sous le Second Empire le [17],[18]. Ces armes portent au franc-quartier senestre la marque des barons militaires de l'Empire ; légèrement modifiées, elles ont été définitivement réglées sous Napoléon III[18].
réalisé des fers de reliure, des ex-libris et des marques commerciales.
participé à la réalisation des armoiries du roi dans la grille dorée du château, à la demande de l'architecte du château de Versailles, Frédéric Didier.
réalisé l’affiche du 150e anniversaire de l’Académie de Versailles (1984).
Héraldique capétienne, tomes I, II & III, 1954, 1955, 1956, Les Cahiers nobles n° 1, 4 et 6 (ouvrage réimprimé en 1979 en un seul volume) ;
Monarchie et avenir, Nouvelles éditions latines, 1960.
L'Héraldique de Saint Louis et de ses compagnons, 1966, Les Cahiers nobles n° 27 (avec Claude Le Gallo) ;
État présent de la Maison de Bourbon: pour servir de suite à l'"Almanach royal" de 1830 et à d'autres publications officielles de la Maison, Éditions du Palais-Royal, 1975.
L’Héraldique capétienne en 1976, Nouvelles éditions latines, 1977.
L’État de l’ordre du Saint-Esprit en 1830 et la survivance des ordres du roi, Nouvelles éditions latines, 1983.
Études sur les ordres de chevalerie du Roi de France, Le léopard d'or, 1995.
Le chaos français et ses signes : Étude sur la symbolique de l’État français depuis la révolution de 1789, éditions PSR, 1998 (ISBN2-908571-17-X).
Hervé Pinoteau, Jean de Vaulchier, Jacques Amable de Saulieu et Jean de Bodinat, Armorial de l'ANF - Association d'entraide de la Noblesse Française - Hervé Pinoteau : Héraldique et noblesse en préface de l'ouvrage.
La symbolique royale française, 2004.
Insignes et vêtements royaux, Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Objets et Insignes du Pouvoir, .
Saint Louis : Son entourage et la symbolique chrétienne, Éditions du Gui, 2005.
Cinq études d'héraldique et de symbolique étatique, Le léopard d'or, 2006.
Notre-Dame de Chartres et de France - Le voile de la Vierge et autres merveilles. François-Xavier de Guibert, 2008.
Clefs pour une somme : comportant l'index et la bibliographie de "La symbolique royale française" et du "Chaos français et ses signes", ainsi que des additions et corrections (avec la collaboration de Michel Popoff et de Jean de Vaulchier), PSR, 2011.
Nouvelles études dynastiques : héraldique, vexillologie, phaléristique (avec la collaboration de Jean de Vaulchier), Le léopard d'or, 2014.
↑Armes de la famille Pinoteau : Rietstap donne : écartelé, au 1er d'argent, au lion de sable, armé et lampassé de gueules; au 2e de gueules, à une épée d'argent garnie d'or ; au 3e de gueules, à un sabre d'or, en bande et à une carabine d'or, en barre, passés en sautoir ; au 4e d'argent, à un chevron d'azur, accompagné de trois lapins courant de sable — et Borel d'Hauterive donne dans l' Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, T. 21, Paris, 1865 : écartelé, au 1er d'argent, au lion de sable, armé et lampassé de gueules ; au 2e de gueules, à l'épée haute d'argent, franc-quartier des barons militaires ; au 3e de gueules, à un sabre et une carabine d'or, posés en sautoir (armes d'honneur); au 4e d'argent, à un chevron d'azur, accompagné de trois lapins de sable, qui est de Brumauld.
↑ a et bHervé Pinoteau, « Présentation de l'entreprise », Vingt-cinq ans d'études dynastiques, Paris, éditions Christian, 1982, p. 12, lire en ligne (BNF36602378).
↑« Le Comte Gabriel Espierre », La Revue du Bas-Poitou, 70e année, No 1, janvier-février 1959, p. 72, lire en ligne (BNF32858979).
↑ a et bHervé Pinoteau, Nouvelles précisions dynastiques, Paris, Sicre Éditions, 2001, 77 p. (ISBN2-914352-38-7), p. 20.
↑Hervé Pinoteau, État de l’ordre du Saint-Esprit en 1830 et la survivance des ordres du roi, Paris, Nouvelles Éditions Latines, coll. « Autour des dynasties françaises » (no II), , 165 p. (ISBN2-7233-0213-X, lire en ligne), p. 155.
↑« Nous avons annoncé qu'une messe anniversaire de la mort de Louis XVI avait été célébrée, le 21 janvier, en l'église Saint-Augustin, devant une centaine de personnes. […] La cérémonie de Saint-Augustin, qui se déroula bien dans les circonstances que nous avons rapportées, était organisée, elle, par un groupe de monarchistes " légitimistes ", ceux qui, rejetant les prétentions du comte de Paris, ont choisi pour chef le duc de Ségovie, don Jaime de Bourbon » : « Un point d'histoire », Le Monde, no 931, .
↑« Sosie d'Adolphe Menjou, Jacques Ier [sic pour Jacques II] duc de Ségovie revendique le trône de France », Samedi-soir, no 88, 15 février 1947, p. 9 (BNF32864589).
↑Quatre et Trois, nos 67 et 70, 3 avril et 24 avril 1947 (BNF32846474).
↑Pierre des Hauts de Bellevue, « À propos du mariage du dauphin de France », Hidalguía, Madrid, no 111, , p. 284 (ISSN0018-1285, BNF34466739, lire en ligne).
↑Titres et confirmations de titres Monarchie de Juillet 2e République 2e Empire 3e République 1830 - 1908 p. 472 | Auteur : A. Révérend | Éditeur : H.Champion