Jacques Duclos | |
Jacques Duclos en 1959. | |
Fonctions | |
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Sénateur français | |
– (15 ans, 11 mois et 28 jours) |
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Élection | 26 avril 1959 |
Réélection | 22 septembre 1968 |
Circonscription | Seine (1959-1968) Seine-Saint-Denis (1968-1975) |
Groupe politique | COM |
Président du groupe communiste au Sénat | |
– (15 ans, 11 mois et 28 jours) |
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Successeur | Marie-Thérèse Goutmann |
Secrétaire général du Parti communiste français (intérim) | |
– (2 ans, 9 mois et 24 jours) |
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Prédécesseur | Maurice Thorez |
Successeur | Maurice Thorez |
Député français | |
– (13 ans et 29 jours) |
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Élection | 21 octobre 1945 |
Réélection | 2 juin 1946 10 novembre 1946 17 juin 1951 2 janvier 1956 |
Circonscription | Seine (1945-1946) 6e de la Seine (1946-1958) |
Législature | Ire Constituante IIe Constituante Ire, IIe et IIIe (Quatrième République) |
Groupe politique | COM |
– (3 ans, 7 mois et 19 jours) |
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Élection | 3 mai 1936 |
Circonscription | Seine |
Législature | XVIe (IIIe République) |
Groupe politique | COM |
Prédécesseur | Paul Poncet |
Successeur | Circonscription supprimée |
– (6 ans, 2 mois et 2 jours) |
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Élection | (partielle) |
Réélection | 29 avril 1928 |
Circonscription | Seine |
Législature | XIIIe et XIVe (Troisième République) |
Groupe politique | COM |
Prédécesseur | Joseph-Louis Bonnet |
Successeur | Marcel Déat |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Louey, Hautes-Pyrénées |
Date de décès | (à 78 ans) |
Lieu de décès | Montreuil, Seine-Saint-Denis |
Sépulture | Cimetière du Père-Lachaise |
Nationalité | Française |
Parti politique | SFIC (1920-1921) PC-SFIC (1921-1943) PCF (1943-1975) |
Fratrie | Jean Duclos |
Profession | Ouvrier patissier |
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Jacques Duclos, né le à Louey (Hautes-Pyrénées) et mort le à Montreuil (Seine-Saint-Denis), est un homme politique français, dirigeant du Parti communiste français (PCF).
Il est à plusieurs reprises député entre 1926 et 1958 et sénateur de 1959 à sa mort.
Resté plus de trente-cinq ans dans l'équipe dirigeante du parti aux côtés de Maurice Thorez et Benoît Frachon, il est responsable du PCF « clandestin » pendant l'occupation de la France par l'Allemagne. De 1950 à 1953, il est secrétaire général par intérim du PCF en raison de la maladie de Maurice Thorez ; il demeure par la suite dans les faits l'un des principaux dirigeants du parti.
Il se présente à l'élection présidentielle de 1969, où il arrive en troisième position du premier tour avec 21,3 % des suffrages exprimés, manquant de peu d'être qualifié au second tour. Il s’agit du meilleur score obtenu par un candidat communiste à une élection présidentielle en France.
Jacques Duclos est le second fils d'Antoine Duclos, artisan-charpentier qui tenait aussi une auberge[1], et d'Anne Louise Cazanave, couturière[2]. Avant d'aller à l'école il ne parlait pas français, mais l'occitan qu'utilisent entre eux ses parents bien qu'ils connaissent parfaitement la langue nationale.
La fratrie compte trois frères. Son frère aîné, Jean, revient défiguré de la Première Guerre mondiale. Le benjamin s'appelle Louis.
Il entre à l'âge de cinq ans à l'école, où l'instituteur interdit à ses élèves de parler la langue occitane pendant les récréations. L'enfant apprend rapidement à lire et à aimer l'histoire telle qu'elle était enseignée par ceux qu'on appelle les « hussards de la République ». Il va aussi au catéchisme où le curé « parvenait avec assez de succès à communiquer sa foi ». Il passe le certificat d'études primaires, mais la situation de sa famille le contraint à devenir apprenti-pâtissier à Tarbes dès l'âge de douze ans. Il reste avide de lecture pendant toute son adolescence.
En , il quitte les Pyrénées pour se rendre à Paris afin d’exercer le métier d'ouvrier-pâtissier. Il arrondit ses fins de mois en faisant la « claque » au théâtre. Dès l'année suivante, il s'intéresse à la politique. En 1914, il suit la campagne électorale de Marcel Cachin aux élections législatives, dans le XVIIIe arrondissement. Sans travail après la déclaration de guerre, il regagne Tarbes, où il travaille six mois à l'Arsenal.
En , à dix-huit ans et demi, il est mobilisé par l'Armée. Il sert dans l'infanterie et participe à la bataille de Verdun. Blessé, vite soigné, il est redirigé vers le Chemin des Dames où il est fait prisonnier en . Il part pour un camp en Allemagne, puis travaille dans des fermes, d'où il est libéré avec l'Armistice. Rentré en France, il n'est démobilisé qu'en .
À son retour à la vie civile, Jacques Duclos participe à la campagne électorale du Parti socialiste (SFIO) (), sans adhérer à ce parti. Il s'engage à l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC), où milite aussi son frère. Il se syndique à la CGT.
Il adhère au Parti communiste, alors appelé Section française de l'Internationale communiste (SFIC), à sa fondation, le [3]. Un an plus tard, il devient le secrétaire de la section du 10e arrondissement de Paris tout en prenant des responsabilités à l'ARAC. Il exerce son métier de chef-pâtissier jusqu'en 1924 où il suit la première école des cadres du Parti, à Bobigny. Aux élections législatives de 1924, il est pour la première fois candidat, dans le département de la Seine, sans être élu.
Il est élu membre du comité central en 1926. C'est cette année également qu'il fait son entrée à la Chambre des députés. En effet, au terme d'une campagne électorale médiatisée en raison de la notoriété de leurs adversaires[4], lui et son colistier Albert Fournier triomphent de Paul Reynaud et d'Henri de Kérillis lors d'une élection partielle qui se tient le à Paris. Aux élections de 1928, vainqueur du leader socialiste Léon Blum dans le 20e arrondissement de Paris, il fait partie des 14 rescapés sur 28 députés communistes sortants.
En fait, Jacques Duclos ne siège pas au Parlement ; à l'avant-garde de la lutte antimilitariste[5], il est constamment condamné pour divers délits liés à son action. En 1928, le total de toutes les condamnations qui l'ont frappé se monte à quarante sept ans d'emprisonnement. Il vit donc dans la clandestinité, mais séjourne souvent à Moscou, assume des responsabilités pour le compte de l'Internationale ou du Profintern, l'Internationale syndicale rouge. En 1932, alors que le radical Édouard Herriot est président du Conseil, Duclos bénéficie d'un non-lieu et peut reprendre des responsabilités officielles dans le parti. Il en devient, de façon officieuse, le « numéro deux », aux côtés de Maurice Thorez, Eugen Fried et André Marty.
Lors des élections législatives de 1932, candidat dans sa circonscription du XXe arrondissement, il arrive en tête au premier tour mais est battu au second tour par Marcel Déat[6]. Quatre ans plus tard, il est réélu député en se présentant dans une autre circonscription, craignant une nouvelle défaite face à Marcel Déat[7].
Il signe souvent des articles dans L'Humanité et y défend la ligne « classe contre classe » avant 1934, mais à partir de , il suit les recommandations de l'Internationale communiste (IC) et appelle au rapprochement avec les socialistes et les radicaux. Il représente le Parti communiste au stade Buffalo le , aux Assises de la Paix où il fait chanter La Marseillaise aux militants communistes.
Il est souvent chargé de missions par l'IC : remise en ordre du parti espagnol (1930-1931)[8] supervision du Parti communiste de Belgique (1934-35), nouvelle intervention auprès du parti espagnol (1935). En cette année 1935 il est élu membre titulaire du Comité exécutif de l'Internationale communiste. Il est un des quatre Français, avec Marcel Cachin, Maurice Thorez et André Marty, de cette instance mondiale de la révolution, où siègent entre autres Staline, Dimitrov, Mao Tse Tung, Togliatti[9].
En , au VIIIe congrès, confirmé secrétaire du Parti, il devient officiellement responsable de la propagande. En , au second tour des élections législatives, il est élu député dans la circonscription de Montreuil-sous-Bois (Seine), avec 5 000 voix d'avance sur son adversaire ; il devient secrétaire général du groupe communiste et vice-président de l'Assemblée nationale. Pendant l'été 1936, il participe, avec Maurice Thorez, à des rencontres en tête-à-tête avec Léon Blum.
Dès que la rébellion franquiste éclate en Espagne, il est chargé de superviser l'action du Parti communiste espagnol (PCE). Il conseille au PCE de participer au gouvernement[3]. Émissaire du Komintern en Espagne, il aide à la livraison d’armes à l’Espagne républicaine[5].
Le , Jacques Duclos épouse une infirmière, Gilberte Roux (1911-1990), fille d'un père mort au front en 1914 et élevée par un beau-père militant communiste et syndicaliste. Le couple emménage au 258 bis, rue de Paris à Montreuil, puis, début 1939, dans un pavillon de Montreuil mis à sa disposition par le parti et que le couple habite jusqu'à sa mort.
Passionné d'histoire, une matière qu'il apprend à connaître en autodidacte, il initie dans sa ville d'adoption la création du musée de l'Histoire vivante, dont il confie l'organisation à l'historien Jean Bruhat[10]. Il en inaugure l'ouverture en au moment de la célébration du 150e Anniversaire de la Révolution française[11].
Le , il est réélu vice-président de la Chambre des députés. Il se rend encore souvent en Espagne pour rencontrer les dirigeants du Parti communiste espagnol.
Lorsque après le pacte germano-soviétique et la déclaration de guerre le Parti est dissous par Édouard Daladier, le , Jacques Duclos, qui n'est pas mobilisé en raison de son âge, quitte la France, et fait partie du groupe de l'équipe dirigeante qui se rassemble à Bruxelles autour d'Eugen Fried, le délégué de l'IC. Selon les termes du « Maitron », dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, « Une nouvelle fois, il se montra totalement fidèle à l'URSS, à Staline, à l'IC et soutint fermement Maurice Thorez »[12]. Jacques Duclos reste à Bruxelles d' à , alors que Maurice Thorez a été aiguillé vers Moscou après sa désertion de l'armée en , sur ordre de l'IC, et que Benoît Frachon est resté en région parisienne, dans la clandestinité.
Député membre du groupe ouvrier et paysan français, il est déchu de son mandat, le , et condamné par défaut le par le 3e tribunal militaire de Paris à cinq ans de prison, 5 000 francs d'amende et cinq ans de privation de ses droits civiques et politiques[13] pour être resté fidèle à la ligne du Parti communiste et ne pas avoir dénoncé le pacte germano-soviétique[14].
En , alors que l'équipe de direction constituée autour de Benoît Frachon et d'Arthur Dallidet a quitté la région parisienne et s'est repliée dans le sud de la France, Jacques Duclos et Maurice Tréand sont convoyés de Bruxelles par un diplomate chilien et arrivent à Paris aux alentours du .
En contact régulier avec l'Internationale communiste de Moscou, les deux hommes assument ensemble la prise de contact avec les autorités allemandes[15],[16] en vue de faire reparaître légalement l'Humanité. Ces pourparlers avec les autorités allemandes furent un fiasco complet, et jusque dans les années 1970 (publication des Mémoires de Duclos) on en fit porter le chapeau au seul Tréand[17]. Ce n'est que le qu'une directive de l'IC à Moscou clarifia la situation : ordre était donné de suspendre tout contact, et Duclos était nommé responsable du PCF clandestin. Il assume ce rôle jusqu'au retour de Maurice Thorez en , toujours en contact étroit avec Benoît Frachon, remonté à Paris en .
Pendant toute la période de à , où il est responsable du PCF clandestin, Jacques Duclos est le principal rédacteur de la presse communiste clandestine. Il peut être par conséquent identifié aux différentes lignes suivies par le Parti durant cette période :
D'abord installé dans les HBM proches des boulevards extérieurs à Paris, Jacques Duclos déménage pour des raisons de sécurité à Bourg-la-Reine, puis à Villebon-sur-Yvette, en , à la villa de l'Oasis d'où il ne sortait à vélo qu'une fois par mois pour se rendre aux réunions du secrétariat où il retrouvait Benoît Frachon, Charles Tillon, puis Auguste Lecœur, à partir de la mi 1942. Seul Benoît Frachon lui rendait parfois visite à l'Oasis.
Grâce à un système d'agents de liaison circulant à vélo ou à pied, Jacques Duclos put maintenir des contacts réguliers aussi bien avec l'URSS, grâce à un réseau de radios installées en région parisienne, qu'avec tous les responsables de régions ou avec les multiples organisations qui gravitaient dans l'orbite du PCF, comme le Front national, mouvement de résistance ouvert aux différentes catégories socio-professionnelles, dont la responsabilité avait été confiée à Pierre Villon, les Francs-tireurs et partisans (FTP), mouvement de résistance armée dont le responsable était Charles Tillon. Il dirige les membres du Détachement Valmy, qui seront chargés, entre autres, d’exécuter des opposants et des collaborateurs au sein même du PCF[19]. Il était également en contact avec tous les communistes présents à divers titres dans les organes de la Résistance, que Jean Moulin avait commencé à mettre en place à partir de 1943 : Conseil national de la Résistance (CNR), CFLN (Gouvernement provisoire d'Alger), COMAC (Comité Militaire).
Le Jacques Duclos fait son entrée dans Paris avec Benoît Frachon. Il réintègre le siège du Comité central et négocie avec Charles de Gaulle dès le début du mois de septembre la participation de ministres communistes au gouvernement français.
Au retour à Paris de Thorez, le , Duclos redevient le numéro deux du PCF, sans que l'on ait connaissance de rivalités qui auraient pu naître entre les deux hommes.
De 1945 à 1947, Jacques Duclos joua un rôle politique et parlementaire de première importance. Il proposa à l'assemblée la nationalisation d'une grande partie de l'économie française : banques, assurances, électricité, sidérurgie, chimie et marine marchande (). Le , il est élu vice-président de l'Assemblée constituante. Pour reprendre les termes du « Maitron », « Comme au temps du Front populaire, précédente période « d'ouverture politique », Duclos a donné dans les trois années qui ont suivi la Libération toute la mesure de ses talents de politique, de tacticien, de négociateur et de propagandiste[12]. »
Jacques Duclos conserve également à cette époque d'importantes fonctions dans le mouvement communiste international, car malgré la dissolution officielle de l'IC en 1943, les partis communistes du monde entier sont toujours regroupés sous la tutelle des Soviétiques. Jacques Duclos représente souvent le Parti français dans les diverses rencontres, notamment en en Pologne, à Szklarska-Poreba, où le PCF fut mis en cause par Jdanov pour n'avoir pas su prendre assez tôt le tournant de la guerre froide et cesser toute participation au gouvernement. Là encore, Duclos appliqua strictement la nouvelle ligne et écrivit dans la revue du Kominform de nombreux articles contre Tito après la rupture entre celui-ci et Staline. De 1947 à 1968, Jacques Duclos est aussi directeur de Démocratie nouvelle, « revue mensuelle de politique mondiale »[20]. Il y publie régulièrement des éditoriaux illustrant strictement la politique extérieure de l'Union soviétique et vantant les "réalisations" des pays du bloc communiste[21].
En 1947, lors d'un entretien à Moscou entre Thorez et Staline, ce dernier demanda au chef du Parti français si Duclos était un bon second. Thorez répondit que « Duclos est un bon travailleur et qu'il travaille beaucoup mais il s'autorise parfois à prendre la parole au Parlement sans avoir, au préalable, préparé suffisamment son intervention... Néanmoins, Duclos est un très bon communiste, intelligent. »
Jacques Duclos reste parlementaire presque sans interruption jusqu'à sa mort en 1975 : député de 1945 (élu à l'Assemblée constituante) à 1958, sénateur et président du Groupe Communiste de 1959 à 1975. Mais c'est surtout à l'intérieur du PCF que son rôle demeure primordial. Le , Maurice Thorez est victime d'une hémiplégie : jusqu'à sa mort en 1964, il effectue de fréquents séjours en URSS pour y être soigné. Jacques Duclos fait alors fonction de secrétaire général par intérim ; il doit gérer l'exclusion d'autres dirigeants éminents : André Marty, Charles Tillon[22] et Georges Guingouin en 1952, Auguste Lecœur en 1954.
C'est également sous son autorité et avec l'appui de l'Union soviétique que sont lancés des appels contre la guerre d'Indochine menée par son pays, pour la fraternisation avec le Viet-Minh qui luttait pour la décolonisation, mais aussi, avec certains succès, contre l'armée française. Duclos combat par la même occasion contre ce qu'il appelle déjà l'« impérialisme » américain. Il est visé par le gouvernement dans le contexte international de la guerre de Corée lors de l'organisation par le PCF le d'une manifestation interdite contre la venue à Paris du général américain Ridgway que la propagande communiste accusait de mener une guerre bactériologique en Corée (« Ridgway la peste »). À cette occasion[23], alors que ce rassemblement du mai 1952 a donné lieu à des violences de rue, il est à nouveau incarcéré un peu plus d'un mois à la prison de la Santé : des policiers avaient découvert dans sa voiture des pigeons tués au cours d'une partie de chasse, qui furent qualifiés de « pigeons voyageurs » pour porter des messages secrets à Moscou ! C'est le « complot des pigeons ». La police affirme aussi avoir retrouvé dans sa voiture son cahier de notes mentionnant : « Nous travaillons pour la défaite certaine [de l'armée française] au Viêt Nam, en Corée, en Tunisie[24]. »
De 1953 à 1958, en accord avec Thorez, Jacques Duclos ne s'aligne pas sur les mises en cause de la personne de Staline exprimées par les nouveaux dirigeants soviétiques, ne divulgue pas auprès des communistes français le contenu du « rapport secret » de Khrouchtchev au XXe congrès du PC de l'Union soviétique en 1956[25]. Cette même année 1956, les deux hommes restent fidèles à l'URSS lors de la répression de l'insurrection hongroise.
En , Duclos perd son siège de député dans son fief de Montreuil[26], face à un adversaire gaulliste. Il connaît par ailleurs quelques problèmes de santé et son influence au sein du PCF commence à décliner. Cependant, dans les années qui suivent la mort de Thorez en 1964, aucun successeur ne s'impose réellement au sein du Parti et sa place reste importante.
En 1959, il est élu sénateur dans le département de la Seine et devient le président du Groupe communiste au Sénat. Il le reste jusqu'à sa mort.
En 1968, année du Printemps de Prague, il désapprouve l'invasion de la Tchécoslovaquie par les armées du Pacte de Varsovie, comme l'ensemble de la direction du parti (à l'exception de Jeannette Thorez-Vermeersch), mais demeure fidèle, par la suite, à la ligne conservatrice du parti communiste d'Union soviétique.
Notamment soutenu par Louis Talamoni (sénateur et maire de Champigny), il est désigné candidat du Parti communiste français à l'élection présidentielle de 1969, qui fait suite à la démission du président de Gaulle. Au cours de la campagne, grâce à son allant et à ses talents d'orateur[27], appuyé par un large « comité national de soutien »[28],[29], il arrive en troisième position, talonnant le centriste Alain Poher, en recueillant 4,8 millions de voix, soit 21,3 % des suffrages exprimés. Il devance nettement les autres candidats de gauche : Gaston Defferre (5,0 %), Michel Rocard (3,6 %), Louis Ducatel (1,3 %) et Alain Krivine (1,1 %). Entre les deux tours, Jacques Duclos refuse de choisir entre Georges Pompidou et Alain Poher, déclarant, dans une formule restée célèbre, que « c'est blanc bonnet et bonnet blanc »[30],[31].
De 1962 à 1975, Jacques Duclos est président de l'Association des amis de la Commune de Paris, créée en 1882. Il présente, en 1973, le cinquième tome de ses Mémoires pour parler de la guerre d'Indochine et de Lautréamont[32].
Au mois d', après une hospitalisation en janvier, Jacques Duclos se rend à Louey où la télévision doit commencer le tournage d'un film sur sa vie. Mais se sentant mal, il est hospitalisé à nouveau à Paris pour une congestion pulmonaire. Il meurt à son domicile le .
Ses obsèques, organisées à Paris le , rassemblent près de 200 000 personnes[33], entre la place du Colonel-Fabien et le cimetière du Père-Lachaise, où il est inhumé. Avant le discours final, prononcé par Georges Marchais, deux personnalités prennent la parole : Dolores Ibárruri, figure iconique de l'antifascisme, et Boris Ponomarev, représentant le Parti communiste de l'Union soviétique[34].
Le 4 janvier 1937 à Paris 19e, il épouse Gilberte Louise Roux[2] (née le 18 décembre 1911 à Paris 19e et morte le 8 août 1990 à Montreuil[35]).
Jacques Duclos était de petite taille puisqu'il mesurait 1,56 mètre[36]. Forçant le trait, les caricaturistes, surtout Sennep, en profitaient pour le représenter comme un enfant[37].
Jacques Duclos apparaissait comme un excellent orateur, doté de beaucoup de faconde et d'un grand sens de la repartie, ce qui a probablement joué en sa faveur quand la génération du baby-boom l'a découvert à la télévision à l'occasion de l'élection présidentielle de 1969. Dominique Desanti, dans Les Staliniens, indique : « Entendre Duclos pour la première fois, quelle fête pour l'oreille amie de l'éloquence ! Période balancée, formule répétée en refrain, symbiose de la tradition oratoire du Midi et des rites du langage communiste qui gagne de la saveur à rouler sur le gravier d'un accent. Rond le petit corps, ronde la grosse tête, rondes les lunettes ; tout rassure, tout fait penser au matou ronronnant quand soudain cette voix vous emporte et quand soudain le regard, perçant et froid, vous atteint. »
En 1971, interpellé à la maison de la Mutualité par un militant du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR) qui lui demande si son parti a « révisé sa position sur les prétendues perversions sexuelles », il déclare : « Comment vous, pédérastes, avez-vous le culot de venir nous poser des questions ? Allez vous faire soigner. Les femmes françaises sont saines ; le PCF est sain ; les hommes sont faits pour aimer les femmes »[38],[39].
La personnalité de Jacques Duclos, son action et sa place dans l'histoire du communisme en France sont difficiles à cerner par les historiens. Ainsi, fait rare, le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (Le Maitron) lui consacre deux notices biographiques, représentant chacune un aspect de l'historiographie du communisme : l'une est rédigée par Jean Maitron lui-même, en collaboration avec Stéphane Courtois[40] ; l'autre[3] est rédigée par Serge Wolikow.
« Duclos avait la passion de l'histoire […]. Quel extraordinaire personnage ! Je ne peux pas, faute de documents, évoquer le rôle qu'on tend à lui prêter dans les relations entre le Parti communiste français et l'URSS. Ce rôle semble cependant établi […]. Il faut bien reconnaître qu'en dehors des premières pages (le jeune Duclos), ses Mémoires ne nous apprennent pas grand chose qui ne soit très largement connu. […] Peut-être regrettait-il de se croire tenu au secret, alors que ce secret fait obstacle à l'histoire ? « L'esprit de Parti » l'emportait sur les impératifs de la connaissance historique. » (Jean Bruhat, Il n'est jamais trop tard)
De nombreuses villes ont donné le nom « Jacques-Duclos » à des avenues, boulevards, parcs, places ou rues.
En République démocratique allemande, plusieurs rues et places portaient son nom, par exemple la Jacques-Duclos-Straße en 1976 (renommée en 1992 Möllendorffstraße), dans le quartier de Lichtenberg, à Berlin[45].
Gilberte, l'épouse de Jacques Duclos a légué la bibliothèque personnelle de son mari à la ville de Louey, commune natale de son mari[46].
L'année de sa mort, l'administration postale de l'Union soviétique émet un timbre-poste à son effigie. De même, une rue de Saint-Petersbourg porte son nom (Улица Жака Дюкло (ru))[47].
La plupart des écrits de Jacques Duclos ont été publiés aux Éditions sociales.