Jean-Louis Gouttes | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Naissance | Tulle (France) |
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Décès | (à 54 ans) Paris |
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Évêque de l'Église catholique | ||||||||
Dernier titre ou fonction | Évêque constitutionnel | |||||||
Évêque constitutionnel de Sâone-et-Loire | ||||||||
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Jean-Louis Gouttes, né le [1] à Tulle et mort le à Paris, guillotiné[2], est un ecclésiastique et un homme politique français.
Fils de Pierre Gouttes « bourgeois » de Tulle[3], après des études au collège des Jésuites de Tulle[4] il s'engage jeune dans un régiment de dragons, avant de devenir prêtre[2]. En 1761 il est vicaire à Larrazet, dans le diocèse de Montauban. Il est ensuite vicaire à Roquemaure dans l'Albigeois. En 1775 il « monte » à Paris et devient vicaire au Gros Caillou, succursale de Saint-Sulpice. Il publie en 1780 Théorie de l'intérêt de l'argent tirée des principes du droit naturel, de la théologie et de la politique contre l'abus de l'imputation d'usure[5].
Curé près de Bordeaux, puis à partir de 1787 d'Argeliers, près de Béziers il est un des meneurs du bas-clergé de son diocèse, réclamant l'augmentation de la portion congrue, puis est élu, le , député du clergé aux États généraux de 1789 pour la sénéchaussée de Béziers, avec 185 voix sur 311[2]. Il est l'un des 148 membres du clergé qui rallient le tiers-état dès le . Il se montre député actif, intervenant fréquemment sur les questions financières et religieuses. Ce n'est donc pas un hasard si du au , il est le 24e président de l'assemblée constituante[6].
Le , en remplacement de Talleyrand démissionnaire, il est élu évêque d'Autun par l'assemblée des électeurs du département, réunie à Mâcon sous la présidence de Claude Larmagnac : il recueille au second tour de scrutin 178 suffrages pour 347 votants[7]. Sacré à Paris le , en même temps que plusieurs autres évêques élus, il arrive à Autun le et est installé le évêque constitutionnel de Saône-et-Loire (ex. évêché d'Autun). Le territoire de son évêché regroupe ceux des anciens diocèses de Chalon, Mâcon et Autun. Le , il est élu administrateur du département[2].
Les sources varient : « homme de cœur » et révolutionnaire modéré pour Auguste Marcade[8], il pille le diocèse en « scélérat » pour Jean Orieux[9]. Anatole de Charmasse, peu enclin à louer les révolutionnaires, déclare ne pouvoir souscrire « à une maligne interprétation » et souligne « la bienveillance attendrie » qui ressort de ses portraits[10].
Inconnu en Saône-et-Loire, il n'est pas sans réputation de prêtre intègre, attaché au nouveau régime, et de député actif. Deux autres départements faillirent l'élire évêque, l'Aude et le Lot[11]. Si à l'échelon du département de Saône-et-Loire, le clergé paroissial fut majoritairement « jureur », de l'ordre de 61 % selon l'historien Timothy Tackett[12], il n'en fut pas de même au chapitre cathédral d'Autun et dans les paroisses de la ville, majoritairement réfractaire. Le nouvel évêque fut donc amené à « importer ses collaborateurs », dont le premier vicaire épiscopal Pierre Victor Lanneau, qui avait été un temps professeur au collège de Tulle[13]. Or Lanneau évolua rapidement vers des positions antireligieuses, renonçant à la prêtrise et devenant le président de la Société populaire puis du district d'Autun. Il devint le principal accusateur de l'évêque, demandant sa démission. Jean-Louis Gouttes refusa[14].
Ayant protesté contre la suppression totale du culte et contre la Terreur, il est arrêté le 18 nivôse an II () par le comité révolutionnaire d'Autun[15]. Transféré à Paris le , incarcéré à la Conciergerie, condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire le 6 germinal an II, il est guillotiné le soir-même, ce [16]. Philippe Séguin termine la présentation de ce prédécesseur en écrivant[17] :
« Ainsi l'évêque mourut en martyr. Pas plus qu'à Grégoire vivant l'Église ne rendit justice à son souvenir (...) Jean-Louis Gouttes, curé éducateur et évêque actif, est tombé dans l'oubli. »