Reiser est issu d'une famille modeste : sa mère, Charlotte Roeiser, est femme de ménage et il ne connaît pas l'identité véritable de son père, peut-être le soldat Pierre Roussillon comme l'affirme sa mère. Il arrête ses études à 15 ans en 1956, travaille un moment comme apprenti chez Couleurs Lefranc puis entre chez le caviste Nicolas où il reste quatre ans jusqu'en 1960[1].
Autodidacte du dessin, Reiser commence en 1958 une carrière de dessinateur en publiant dans différentes revues mineures, telles que Blagues (sous le pseudonyme JIEM) et La Gazette de Nectar, journal interne à la maison Nicolas (sous le pseudonyme J.-M. Roussillon). Il présente ses dessins à Cavanna dès 1958 et publie dans le journal de celui-ci, Les Cordées (ex-Zéro). En 1960 il participe à la création du mensuel Hara-Kiri fondé par Cavanna, Georges Bernier (Professeur Choron) et Fred (Fred Othon Aristidès), magazine qui deviendra l'un des fleurons de la culture underground des années 1960. Après son retour du service militaire en 1963 il ne signe plus ses dessins de son pseudo Jiem (pour « J.M. », les initiales de son prénom) mais de son nom de famille.
En 1966 il entre au journal Pilote où il collabore avec Gotlib, Alexis, Mézières, Mandryka et d'autres. En mai 1968 il dessine dans Action, avec Siné et Wolinski. Après l'interdiction d'Hara-Kiri Hebdo en 1970, en raison de l'annonce irrespectueuse de la mort du général de Gaulle (le fameux « Bal tragique à Colombey : un mort »[2], amalgame iconoclaste de la mort du général et de l’incendie d’un dancing à Saint-Laurent-du-Pont en Isère où périrent 146 personnes), il collabore naturellement dès le premier numéro à Charlie Hebdo qui lui succède. Tout au long de sa carrière, Reiser a également publié dans La Gueule ouverte (il s'intéresse de très près à l'écologie, particulièrement à l'énergie solaire), BD, Charlie Mensuel, Métal hurlant, L'Écho des savanes (ce dernier avec la collaboration de Coluche), et Le Monde (été 1978[3]).
Son œuvre est considérable. On retiendra ses personnages titres Gros Dégueulasse ou Jeanine, mais ses véritables héros sont des personnages de la vie ordinaire évoluant dans des scénarios d'une grande originalité. Ses dessins ont été rassemblés dans de nombreux recueils : Ils sont moches, La Famille Oboulot en vacances, Les Oreilles rouges, La Vie au grand air, Vive les femmes, Vive les vacances, La Vie des bêtes, On vit une époque formidable, Les copines, Phantasmes, etc. La série des Sales Blagues publiée dans L'Écho des Savanes, poursuivie par Vuillemin, continue d'attirer un grand nombre de lecteurs.
Parmi les principales caractéristiques de son style, on peut retenir[réf. nécessaire] :
son habitude de parler des gens ordinaires, de leur vie de tous les jours ; il a très rarement dessiné les hommes politiques de son époque, bien que travaillant pour un hebdomadaire satirique ;
la simplicité de son dessin : Reiser va toujours à l'essentiel, faire rire ; après son décès son trait a été imité, voire plagié, par plusieurs confrères ;
son humour, très cru (mais porté par son époque), dont le fréquent mauvais goût assumé s'estompe derrière le génie des inventions.
Il a été l'époux de Michèle Reiser, réalisatrice de télévision et membre du CSA, auteur des livres Dans le creux de la main (2008), Jusqu'au bout du festin (2010). Son fils est Frantz Reiser[4].
Jean-Marc Reiser meurt le à Paris des suites d'un cancer des os et, lors de son enterrement au cimetière du Montparnasse, l'équipe d'Hara-Kiri dépose sur sa tombe une gerbe sur laquelle on peut lire : « De la part de Hara Kiri, en vente partout. » Le mois suivant, un numéro spécial du journal reprend le titre d'un de ses dessins dont la cible était à l'origine le général Franco : « Il est allé au cimetière à pied. »
Pour Reiser le titre est devenu :
« Reiser va mieux. Il est allé au cimetière à pied. »
Selon Sylvie Coma, qui deviendra directrice adjointe de la rédaction de Charlie Hebdo, le dessinateur aurait demandé que les femmes viennent à son enterrement en porte-jarretelles et sans culotte et qu'elles enjambent sa tombe[5].
La tombe de Reiser au cimetière du Montparnasse
Cette tombe, d'une forme peu conventionnelle, a été brocardée par Pierre Desproges qui vouait une véritable admiration à Reiser[6]. Elle présente en fait le profil d'une aile parce que Reiser était un passionné d’aviation (il est l’un des pionniers du vol libre français à travers l’expérimentation des ailes delta). Il a croqué les travers de ce milieu avec le trait féroce qui caractérise son œuvre : la crise de l’industrie aéronautique française et de l’aéropostale, les difficultés de Concorde, l'esthétique particulière du Boeing 747, les grèves des pilotes d’Air France, les détournements d’avion, le choc pétrolier… Une exposition au musée de l'air en 2008[7] a dévoilé ce côté méconnu de Reiser.
En avant pour une vie de bonheur. Reiser, 1987. Tirage limité à 500 exemplaires, pour l'inauguration du lycée professionnel Reiser de Longlaville (Meurthe-et-Moselle).
Une nouvelle biographie plus complète et descriptive de son biographe attitré Jean-Marc Parisis est parue pour célébrer les 30 ans de sa mort chez Glénat le [18].
En 1976, Patrick Roegiers et Jean-Pierre Berckmans ont consacré l'un de leurs six films co-réalisés dans la série Le Crayon entre les dents (RTBF) à Jean-Marc Reiser.
Un film intitulé Vive les femmes ! a été réalisé en 1983 sur la base de la BD du même nom.
↑« Bal tragique à Colombey : un mort », republication de la célèbre couverture de Hara-Kiri dans La Dépêche du (De Hara-Kiri à Charlie, plus de 40 ans de provocations).
↑« Le jour où… “Le Monde” vira Reiser », Ariane Chemin, Le Monde, 26 juillet 2014.
↑« "Quelques instants plus tard…" : une exposition BD jouissive entre BD et art contemporain bientôt à Angoulême », Charente libre, (lire en ligne, consulté le ).