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nigérienne (depuis ) française |
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Institut d'études politiques de Paris (jusqu'en ) Université Paris-Sorbonne (à partir de ) |
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Jean-Pierre Olivier de Sardan (né dans le Languedoc, le ) est un anthropologue français et nigérien, professeur d'anthropologie (directeur d'études) à l'École des hautes études en sciences sociales de Marseille. Il est également directeur de recherches émérite au Centre national de la recherche scientifique à Paris, et professeur associé à l'Université Abdou-Moumouni (Niamey, Niger) où il a fondé le master de socio-anthropologie de la santé. Il conduit des recherches au Niger depuis les années 1960.
J.P. Olivier de Sardan vient d'un milieu intellectuel du Languedoc. Il a grandi ensuite à Paris où son père travaillait comme conseiller juridique, après avoir été conseiller d'état. Il a sept enfants et a été marié plus d'une fois. Il a obtenu la nationalité du Niger en 1999[1].
Olivier de Sardan a étudié la science politique et l'anthropologie en France à partir de la fin des années 1950, obtenant son diplôme à l'Institut d’Etudes Politiques de Paris (Sciences Po) en 1961, une licence en sociologie à la Sorbonne en 1963 et en 1967 son doctorat en ethnologie sous la supervision de Roger Bastide et d'André Leroi-Gourhan. Son doctorat d’état a été dirigé par Jean Rouch et sa soutenance présidée par Georges Balandier a eu lieu en 1982[2].
Il a été actif dans la lutte contre la guerre du Vietnam (comme dirigeant des comités Vietnam de base) et en , dans une mouvance « maoïste-althussérienne »[3][source insuffisante]. Il a aussi réalisé un film documentaire militant Palestine vaincra en 1970[4], ainsi que divers films ethnographiques (en particulier La Vieille et la pluie, premier film en version songhay intégrale)[5].
Pour son doctorat, il a étudié le changement social parmi le peuple Wogo du Niger, après avoir été d'abord recruté par Jean Rouch pour mener des entretiens avec ce groupe pendant près d'un an, en 1965. Au fil du temps, ses observations détaillées des populations Songhaï-Zarma ont évolué vers d'autres projets plus larges, mais toujours solidement ancrés empiriquement en Afrique : l'anthropologie de la santé ; l'anthropologie du développement ; et de façon générale une anthropologie des actions publiques et de la délivrance de biens et services collectifs[6]. Il a été un pionnier[7] dans l'usage de la méthode anthropologique pour l'étude des politiques publiques et de l'aide au développement en Afrique. Son approche non conventionnelle de l'anthropologie l'a amené à collaborer avec des chercheurs d'autres disciplines (sociologie, histoire, science politique) et à produire des concepts innovants repris par d'autres chercheurs, comme « les modes locaux de gouvernance » ou « les normes pratiques »[8]. Avec l'anthropologue allemand Thomas Bierschenk, il a développé un canevas d'enquête collective nommé ECRIS pour des recherches multi-chercheurs et multi-sites, qui a largement été repris en Afrique et ailleurs[9][source insuffisante].
Toutes ses recherches depuis 2001 ont été menées depuis un centre de recherches qu'il a cofondé, le LASDEL de Niamey (Laboratoire d’études et de recherches sur les dynamiques sociales et le développement local)[10].
Il a aussi contribué à fonder l'APAD (Association Euro-Africaine pour l’Anthropologie du Changement social et du Développement) et son journal Bulletin de l'APAD [10] (devenu aujourd'hui Anthropologie et Développement), et en a été le premier président[11][source insuffisante].
Il a développé ses perspectives méthodologiques et épistémologiques sur le métier d'anthropologue dans un ouvrage consacré aux fondements empiriques des interprétations anthropologiques : « La rigueur du qualitatif »[12].
Les premiers travaux d'Olivier de Sardan étaient l'étude anthropologique classique d'une société particulière, le peuple Wogo, sur les rives du fleuve Niger, à l'ouest du pays. Plusieurs livres suivront, décrivant le langage et la culture des plus larges populations Songhaï-Zarma de la région, incluant également leurs pratiques thérapeutiques et leurs anciennes relations d'esclavage. Lui et son collègue anthropologue Jean Rouch sont probablement les ethnographes majeurs de l'Ouest du Niger.
Olivier de Sardan a également apporté des contributions à la compréhension du changement social et du développement des sociétés africaines, à travers des recherches empiriques[réf. souhaitée] au Niger, au Bénin, au Mali et d'autres pays encore (dont la Lozère, dans le sud de la France). Après quinze ans, il passe de la description ethnographique de sociétés de petite échelle à l'observation des modalités de l'incorporation de la "modernité" et des influences occidentales dans ces groupes, plus particulièrement à travers la mise en place de services publics et collectifs et l'aide au développement[13]. Dans son livre souvent cité[14] de 1995 (traduction anglaise en 2015 et italienne en 2008) il perfectionne le champ de l'anthropologie du développement, prônant une anthropologie du développement de type « fondamental » (et non seulement « appliquée »), non normative, mettant en évidence les "dérives" des projets de développement et leurs effets inattendus, décrivant les représentations, les rôles et les logiques sociales de ceux que l'on appelle plus couramment les « acteurs du développement »[15] (dans le jargon de l'aide internationale). Il se penche aussi sur leur implication par rapport aux structures politico-sociales déjà existantes[réf. souhaitée]. Un ouvrage collectif, paru en 2000, a été la première étude à se pencher sur les différents intermédiaires (« courtiers ») entre les sociétés locales et les agences d'aide internationales[16].
Ses travaux plus récents portent sur la décentralisation politique et économique et sa signification dans un contexte de sociétés stratifiées en Afrique (Olivier de Sardan et Tidjani Alou, 2009), ou sur les « élections au village » (2015). Il a également travaillé sur la corruption politique dans les contextes de pénurie de liquidités dans des économies africaines (Blundo et Olivier de Sardan, 2006)[17]. Il a aussi observé les différentes prestations médicales, traditionnelles comme occidentales, en Afrique de l'Ouest, et analysé les relations entre professionnels de santé et usagers des services de santé[18](Jaffré & Olivier de Sardan, 2003).
Ses derniers travaux portent sur les politiques publiques et les administrations africaines. Il s'intéresse plus particulièrement aux « modèles voyageurs » (politiques de développement et de santé standardisées) et à leur confrontation avec les contextes locaux où ils sont mis en oeuvre face à des acteurs ayant leur propres logiques (« contextes pragmatiques »). Il a développé le concept de « normes pratiques » pour décrire les régulations informelles des pratiques routinières des fonctionnaires qui s'écartent des normes officielles[pas clair] (De Herdt et Olivier de Sardan, 2015; Olivier de Sardan et Piccoli, 2018). C'est aussi dans ce cadre qu'il a codirigé avec Thomas Bierschenk un livre sur « l’État en chantier », et avec Valéry Ridde un livre sur « Les politiques publiques de santé ». En s'appuyant sur ces divers travaux et plus généralement sur les résultats des vingt dernières années de recherches au Niger et en Afrique de l'Ouest il a publié en 2021 un ouvrage majeur : "La revanche des contextes. Des mésaventures de l'ingéniérie sociale en Afrique et au-delà", qui analyse en profondeur les effets inattendus des interventions menées en vue de changer les comportements et les organisations, lorsqu'elles confrontées aux contextes locaux où elles sont mises en œuvre, la complexité des normes pratiques des agents de terrain, la diversité des modes de gouvernance qui délivrent des services d'intérêt général, ou l'enchevêtrement des logiques sociales qui sous-tendent les pratiques d[es acteurs.
Olivier de Sardan a également écrit un livre épistémologique et méthodologique de référence[19] sur la méthode anthropologique et les conditions d'une « rigueur du qualitatif » en sciences sociales (2008, traduction anglaise en 2015 et espagnole en 2018). Il a également souligné l'importance et la qualité des travaux empiriques menés sur le long terme[1].
Ses archives de terrain sont déposées à la phonothèque de la MMSH et partagées avec le Laboratoire d'études et recherches sur les dynamiques Sociales et le développement (LASDEL) à Niamey.
• Ressources relatives à la recherche: Les Classiques des sciences sociales (classiques.uqac.ca). ; Jean Pierre Olivier de Sardan (isidore.science).