Jean Pierre-Bloch | |
Jean Pierre-Bloch en 1986, par Olivier Meyer. | |
Fonctions | |
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Député français | |
– (7 mois et 4 jours) |
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Élection | 21 octobre 1945 |
Circonscription | Aisne |
Législature | Ire Constituante |
Groupe politique | SOC |
– (5 ans, 5 mois et 18 jours) |
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Élection | 3 mai 1936 |
Circonscription | 1re de Laon |
Législature | XVIe (Troisième République) |
Groupe politique | SOC |
Coalition | Front populaire |
Prédécesseur | Henry Lenain |
Successeur | Circonscription supprimée |
Conseiller général de l'Aisne | |
– (22 ans) |
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Circonscription | Canton de Marle |
Successeur | Henry Loncq |
– (5 ans, 8 mois et 25 jours) |
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Circonscription | Canton de Marle |
Prédécesseur | Henry Lenain |
Biographie | |
Nom de naissance | Pierre Pierre-Bloch |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | 10e arrondissement de Paris |
Date de décès | (à 93 ans) |
Lieu de décès | 5e arrondissement de Paris |
Parti politique | SFIO |
Diplômé de | Lycée Charlemagne Lycée Henri-IV |
Profession | Journaliste |
Distinctions | Grand-croix de la Légion d'honneur |
Députés de l'Aisne | |
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Jean Pierre-Bloch est un homme politique français, socialiste, résistant de la Seconde Guerre mondiale et militant ardent contre le racisme, né le à Paris où il est mort le [1].
Après avoir été membre du comité directeur de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) de 1934 à 1968, il en fut le président de 1968 à 1993, puis le président d'honneur jusqu'à sa mort.
Il est le fils de Georges Pierre-Bloch, directeur d'un grand magasin de vente de vêtements, d'origine juive alsacienne, et de Reine Aboucaya, issue d'une famille séfarade d'Algérie.
Son père meurt peu après sa naissance[2].
Il fait ses études secondaires aux lycées Charlemagne et Henri-IV, puis s'oriente vers le journalisme militant, adhérant à la SFIO.
En 1929, Il est initié à la Franc-maçonnerie, au Droit Humain et rejoint, en 1932, le Grand Orient de France.
En 1930, il devient journaliste au Populaire, l'organe du parti socialiste.
En 1934, il est élu conseiller général du canton de Marle dans l'Aisne[3]. Il prend l'habitude de mettre Pierre-Bloch sur ses affiches au lieu de Bloch, parce qu'un autre Bloch de droite existait dans la région ; il régularisera plus tard ce changement.
En 1935, il renforce son assise locale en devenant adjoint au maire de Laon puis en 1936, devient député socialiste de l'Aisne, le plus jeune député du Front populaire.
Parallèlement, il enquête sur les pogroms commis à Constantine : c'est le début de son engagement pour la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, qui l'occupera pour le restant de sa vie.
En 1937, il devient membre du comité directeur de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA[4]) jusqu'en 1968, date où il sera élu à la présidence. De religion juive, il est particulièrement sensible au sort réservé aux juifs dans l'Allemagne d'hitlérienne. Il collabore alors aux quotidiens L'Ordre d'Émile Buré et Ce soir.
En 1938, Jean Pierre-Bloch est l'un des rares parlementaires à s'opposer aux accords de Munich. Il ne vote pas cependant contre ces accords le . Dans ses mémoires, il souligne la division irréductible du groupe parlementaire de la SFIO entre Munichois et Antimunichois, la volonté d'un petit groupe de députés antimunichois (comprenant Bouhey, Camel, Lapie, Eugène Thomas, Izard, Guy, Lagrange, Vienot, Bloncourt et lui-même) d'« attaquer de front » leurs collègues avant le vote. Mais Léon Blum entend sauvegarder l'unité du parti et réussit à « enlever le vote du groupe ». Vincent Auriol a convoqué tous les récalcitrants. Pierre-Bloch écrit: « Nous sommes huit à refuser catégoriquement de nous plier. Le parti n'en tiendra pas compte et se livrera à une mascarade indigne d'une organisation démocratique. Effectivement, lors de la victoire de juin 1936, nous avions tous accepté le principe de la discipline de vote, chaque parlementaire signant tacitement un chèque en blanc au secrétaire général du groupe en vue d'une délégation de vote. Cet artifice servira à mêler nos voix à ceux des munichois. […] Vincent Auriol se rend, avant le vote, à la questure et fait savoir qu'unanime le groupe votera la confiance. Ainsi tous les socialistes, à l'exception de Jean Bouhey, se retrouvent sous la bannière honteuse des munichois ». Pierre-Bloch s'estime « floué »; il évoque « une escroquerie commise à l'encontre des antimunichois »[5].
En 1939, il est engagé volontaire et est fait prisonnier le . Il ne peut donc pas participer au vote lorsque Pétain demande les pleins pouvoirs en juillet. Le , il s'évade du camp d'Essey-lès-Nancy et rejoint la Zone libre. Après son évasion, il se rend à Vichy et déjeune avec son épouse avec François Valentin, directeur-adjoint de la Légion française des combattants pour plaider, en vain, la cause des juifs étrangers engagés dans l'armée française et faits prisonniers[6].
En , il rend visite à Léon Blum dans sa prison de Riom, puis rencontre Xavier Vallat pour protester contre les lois anti-juives, mais n'obtient rien. En mars, il est cofondateur du Comité d'action socialiste de la zone sud. En août, sur l'initiative de Max Hymans, il rencontre à Châteauroux Jacques Vaillant de Guélis, qui le recrute pour la section F du Special Operations Executive. En octobre, il organise, près de sa propriété de Villamblard en Dordogne[7], le premier comité de réception d'un parachutage combiné d'hommes et d'armes en France, qui a lieu dans la nuit du 10 au [8].
Le , il est arrêté à Marseille alors qu'il transporte des fonds pour la Résistance, puis transféré à la prison de Périgueux, où il est détenu cinq mois, puis au camp de Mauzac dont il s'évade le matin du , avec dix camarades. Il tente de rejoindre le Général de Gaulle à Londres, mais est arrêté en Espagne et passe de longs mois au camp de Miranda, dont il est tiré par le consul anglais.
Arrivé à Londres, il devient chef de la section non militaire du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA). En 1943, transféré à Alger, Jean Pierre-Bloch devient commissaire adjoint à l'Intérieur. À ce titre, il contribue au rétablissement du décret Crémieux de 1870, qui avait fait citoyens français les Juifs d'Algérie et avait été abrogé par le régime de Vichy et maintenu par le général Giraud[9]. Mais c'est en vain qu'il propose, une mesure similaire pour les Algériens musulmans.
Patriote exemplaire, il milite pour le châtiment des collaborateurs et approuve la condamnation à mort de l'ancien ministre de l'Intérieur de Pétain, Pierre Pucheu.
Partisan convaincu du général De Gaulle pendant la guerre, il dénonce cependant, dans De Gaulle ou le temps des méprises, la présence dans l'entourage du Général, au moins jusqu'en 1942, de royalistes ou de personnalités proches des ligues d'extrême-droite avant guerre : Claude Hettier de Boislambert, sympathisant de la Cagoule, le colonel Pierre Fourcaud, membre présumé de cette organisation, Pierre de Bénouville, ancien membre de l’Action française, émeutier le , Henri d'Astier de la Vigerie. Selon Jean Pierre-Bloch, le ralliement du général de Gaulle à la République aurait été purement tactique et la Résistance a été confisquée par de Gaulle : pour lui, les gaullistes ont entretenu une vision tronquée de la Résistance, présentant leur courant comme la seule grande force de résistance, avec les communistes, oubliant les socialistes et les démocrates-chrétiens.
En 1945, Jean Pierre-Bloch retrouve aisément son siège de député, qu'il abandonne pour diriger, de 1947 à 1953, la Société nationale des entreprises de presse (SNEP), chargée d'administrer les biens des journaux interdits de publication après la Libération.
Il est juré au procès du maréchal Pétain, le jury chargé de juger le maréchal Pétain étant exclusivement composé de parlementaires n'ayant pas voté les pleins pouvoirs et de résistants[10] et vote pour la condamnation à mort du maréchal Pétain. À ce sujet il déclare : « Juré du procès Pétain, je m'honore d'avoir voté la peine de mort pour le traître Pétain, plus coupable que Laval qui a été fusillé ».
Entre-temps, il a présidé la commission de l'Assemblée nationale pour la coordination des affaires musulmanes. À ce titre, il tente d'améliorer le sort des Algériens[11] et participe à la rédaction du statut de 1947, qui ne sera pas appliqué.
De 1950 à 1960, il participe au Mouvement de la paix. En 1956, il échoue à retrouver son siège de député.
En 1968, il devient président de la Ligue internationale contre l'antisémitisme (LICA, qui deviendra la LICRA en 1979). Il le restera jusqu'en 1992. De 1974 à 1981, il est président du B'nai B'rith France et, de 1987 à 1989, de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) auprès du Premier ministre. En 1998, il est témoin à charge au procès de Maurice Papon, à l'âge de 93 ans.
En 1936, il épouse Gabrielle Sadourny, dite « Gaby », née en 1908 à Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme), et morte le .
Ils ont eu trois enfants : Claude, Michèle et Jean-Pierre Pierre-Bloch, ancien député (UDF-PSD) de Paris et conseiller municipal (DL, puis UMP) du 18e arrondissement.
Son petit-fils, David Pierre-Bloch, est un producteur et homme politique Nouveau Centre, anciennement à la direction des programmes du Groupe AB.
Jean Pierre-Bloch vivait à Neuilly-sur-Seine dans un hôtel particulier[12].
Il reçoit la médaille de vermeil des collectivités locales et la plaque du millénaire de la ville de Paris