Louise Jeanne Baraduc naît le à Montpellier. Ses parents sont Léon Baraduc, négociant en mercerie de gros, et Émilie Blanche Guillot, fille d'un opticien. Galzy est le nom de son arrière grand-mère. Sa sœur cadette Berthe a écrit deux romans pour enfants[3].
Professeur de lettres de 1915 à 1943[5], elle est la première femme à enseigner dans un lycée de garçons à Montpellier pendant la Première Guerre mondiale[7]. Elle publie son premier roman L'ensevelie en 1911 sous le nom asexué de J.Galzy.
Lesbienne, Jeanne Galzy entretient une liaison avec l'actrice Caroline-Eugénie Segond-Weber (1867-1945), de 1921 environ jusqu'à la mort de cette dernière en 1945[5],[8].
Jeanne Galzy écrit à propos de l'époque qu'elle traverse, sur ses propres expériences, décrivant avec sensibilité le quotidien de ses contemporains. Elle place la majorité de ses romans dans sa région natale. Montpellier est ainsi évoqué dans au moins onze de ses romans. Jacques Angleviel, auteur d'un mémoire "sur la vie montpelliéraine du 19e siècle à la Première Guerre mondiale" fait de Jeanne Galzy la " Mauriac du Languedoc"[10].
Les romans de Jeanne Galzy sont souvent considérés comme des romans à clef, traduisant ses expériences personnelles. Ainsi, dans La Femme chez les garçons ou L'Initiatrice aux mains vides, elle est considérée comme racontant sa propre vie d'enseignante à Paris, et de même, Les Allongés ou Le retour dans la vie sont censés traiter de son expérience de la maladie de Pott. Jeanne Galzy elle-même a résisté à une telle lecture (appelée "sophisme autobiographique" par les critiques littéraires), prétendant qu'écrire des romans lui permettait un détachement de la réalité. Dans Les Allongés, par exemple, les lecteurs devraient trouver, outre un éventuel lien biographique, "une investigation métaphysique plus générale et une validation de la souffrance humaine". Les critiques notent cependant que le déni explicite du roman à clef est souvent un geste rhétorique ; un tel déni est donné en première page de Jeunes Filles en serre chaude, un roman d'"amour intergénérationnel" (entre professeur et élève) dans un "contexte pédagogique" similaire aux expériences de Jeanne Galzy à l'École normale supérieure qui s'interroge sur "l'adéquation des possibilités éducatives contemporaines pour les jeunes femmes"[11],[12].
« Dans ce milieu de grands bourgeois languedociens et puritains, le goût salé de la mer, l’amour des chevaux et des jeunes corps, la découverte du plaisir et de l’art ébranlent la rigueur des principes protestants. (…) Un vrai roman plein de vent, de chevaux et de trouble pureté. »
Jeanne Galzy jouit d'une certaine popularité et reconnaissance littéraire. Elle est membre du salon de Natalie Clifford Barney[13] et est lue par des écrivains tels que Colette ou Marguerite Yourcenar. On sait qu'elle entretient une correspondance active avec ces dernières[5]. Hélène de Monferrand a notamment été fortement influencée par Jeanne Galzy. À l'image d'autres femmes écrivains de sa génération (la période de l'entre-deux-guerres), Jeanne Galzy a souffert de l'indifférence de la critique qui a déclaré à son propos qu'elle "méritait d'être mieux connue aujourd'hui", ce que l'on retrouve dans de nombreuses publications à son sujet[14],[11],[12]. Son œuvre, ainsi que celle d'autrices comme Marguerite Audoux et Catherine Pozzi, est relativement méconnue aujourd'hui et beaucoup de ses livres ne sont plus imprimés[15],[16].
Le lesbianisme est un thème récurrent dans sa production littéraire[18],[19].Trois romans écrits relativement tôt dans la carrière de Jeanne Galzy explorent le désir lesbien, L'Initiatrice aux mains vides, Les Démons de la solitude et Jeunes Filles en serre chaude, écrits entre 1929 et 1934[20]. Selon un critique, Jeanne Galzy n'aurait pas initialement abordé le lesbianisme comme une question de genre mais comme un problème d'impératif social contre l'expression d'une attirance pour le même sexe[20] :
« L'ambiguïté qui intéresse Jeanne Galzy ne concerne pas le genre mais plutôt le processus par lequel ses personnages réalisent que leurs sentiments sont bien ceux de l'amour pour d'autres femmes. Ses protagonistes n'ont pas de place pour se situer socialement. L'hétérosexualité et la maternité sont les seuls modes d'amour publiquement disponibles dans leur monde. Il n'est donc pas surprenant que Jeanne Galzy s'écarte progressivement de la question du désir lesbien. »
— Jennifer Waelti-Walters, Damned women : lesbians in French novels, 1796-1996
L'Initiatrice aux mains vides met en scène une institutrice développant des sentiments de plus en plus intenses pour une de ses élèves. Dans Les Démons la solitude, un père et sa fille (qui a déjà une amie intime) tombent amoureux de la même femme. Jeunes Filles en serre chaude est de loin le roman le plus explicite des trois : une relation se développe entre une élève et sa professeure, dans un amour possible qui sera finalement frustré[20]. Jeunes Filles en serre chaude se voulait le portrait des élèves de l'École normale supérieure de Sèvres ; l'école était réputée être un "vivier de relations homosexuelles", et avait déjà fait l'objet d'un roman explorant le désir homosexuel, Les Sévriennes (1900) de Gabrielle Reval[21].
Plus tard dans sa carrière, Jeanne Galzy reviendra sur le thème lesbien dans la série de romans publiée sous le titre La Surprise de vivre (1969-1976)[20],[22].
Raymond Huard, dans la biographie qu'il lui consacre, précise que le lesbianisme de Jeanne Galzy lui permet de décrire les femmes avec une grande sensualité[5]:
« De cette attraction passionnée vers les autres femmes, il y a (...) l’acuité avec laquelle elle décrit le corps féminin. Le plaisir que la vue ou l’imagination de ce corps semblent lui procurer est profondément sensuel. »
— Raymond Huard, Jeanne Galzy, romancière ou la surprise de vivre
Catherine de Médicis, NRF « Leurs figures », 1936.
Les Démons de la solitude, Rieder, 1936.
Margot, reine sans royaume, NRF « Leurs figures », 1939.
Les Oiseaux des îles, NRF, 1941.
Pays perdu, NRF, 1943.
Diane de Ganges, Lyon, Gutenberg, 1945 ; rééd. sous le titre Le Dieu terrible, Diane de Ganges, SEPE, Paris, 1949. — biographie de Diane de Joannis de ChateaublancAg
La Cage de fer, NRF, 1946.
Vie intime d'André Chénier, Les éditions de la Nouvelle France, 1947
Jacques Angleviel, Montpellier du Second Empire à la guerre de 14-18 d’après l’œuvre de Jeanne Galzy, Mémoire de maîtrise, Université de Montpellier III, ..
Jeanne Galzy, romancière languedocienne 1883-1977, Catalogue de l’exposition présentée à la Bibliothèque du Carré d’Art de Nîmes, 1997.
Claire Pascal-Brocardi, Portraits d'écrivains, Le miroir des idées, .
Aurore Turbiau, Alex Lachkar, Camille Islert, Manon Berthier, Alexandre Antolin, Ecrire à l'encre violette : littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours, Paris, Cavalier Bleu (Editions Le), , 292 p. (ISBN979-10-318-0516-0)
Dieudonné Giraut, "no 27 Grand’rue, le souvenir de l’écrivain Jeanne Galzy", Cahiers de la Grand'Rue - volume no 7 "La Grand’rue, il y a cinquante ans, 1987[26].
Nadine, membre de l’Association Mémoire Protestante Montpelliéraine, « Louise Jeanne Baraduc, dite Jeanne GALZY », Bulletin d’information et d’étude de l’association, vol. 1, , p. 6-7 (lire en ligne)
Jacques Proust, « Eloge de Mme Jeanne Galzy », Bulletin de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, vol. Tome 10,
Carole Renard, « Innovation numérique et archives : « L’Hérault de Jeanne Galzy », une balade historique et culturelle », Patrimoines. La revue de l'institut national du patrimoine, no 15, , p. 154
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↑Jacques Angleviel, Montpellier, du second Empire à la guerre de 1914-1918, d’après l’œuvre de Jeanne Galzy. Mémoire de maîtrise, gérard Cholvy dir. Université Montpellier 3.1982
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