Second prix de Rome en gravure de médaille et pierre fine en 1860, puis premier grand prix en 1863 grâce à une médaille Bacchus faisant boire une panthère et pierre fine gravée d'une Tête de Mercure antique, Chaplain est pensionnaire de la villa Médicis de 1864 à 1867[3]. Lors de ce séjour, Gaston Migeon mentionne qu'il exécute « quelques beaux dessins d'après les œuvres de peinture les plus célèbres de Rome[4] ».
En 1870, avec l'archéologue helléniste Albert Dumont (1842-1884), il est missionné par le ministère de l'Instruction publique pour l'étude et la recherche d'origine des vases grecs peints. Ce n'est qu'après la guerre franco-allemande de 1870, où les deux hommes s'engagent dans les ambulanciers, qu'ils entreprennent ces travaux qui sont assortis d'une mission qu'ils effectuent en Grèce, en Albanie et en Dalmatie[5] et qu'ils rapporteront par des publications dans le Journal des savants en 1872 et 1873[6] : « dans une étroite et féconde collaboration, évoque Raymond Poincaré, les deux amis ont étudié tous les anciens vases, hydries et lécythes, coupes et amphores, cratères et canthares, et Chaplain les a fidèlement reproduits dans les planches où s'exprime son respect religieux de la beauté antique »[7].
Le , Jules Chaplain épouse Marie-Louise Dumont (1853-1922)[8], sœur cadette d'Albert. Les quatre enfants qui naîtront à la suite de l'aîné, Paul mort en bas âge, sont Louise (1877-1951), Marcel (1879-1966), Suzanne (1882-1908) et Maurice (1884-1886), dont les quatre profils apparaissent ensemble sur la médaille que l'artiste réalise en 1886. « Issue du domaine intime et d'abord destinée à rester dans le cercle familial », la médaille que Jules Chaplain signe en son centre, comme pour « placer le père au cœur de la fratrie », n'en sera pas moins exposée au Salon de 1886 à côté des effigies de Paul Baudry, Jean-Léon Gérôme, Christakis Zografos(en) et Victor Hugo[9].
Graveur reconnu et admiré à la fin du XIXe siècle pour ses séries de médailles — « minuscules morceaux de métal transmettant bien des messages ou des émotions, et racontant maintes histoires »[10] — il passe à la postérité surtout pour la gravure des pièces de 10 et 20 francs-or du système monétaire français qui sont frappées de 1899 à 1914. Il réalise des médailles pour l'Exposition universelle de 1867, l'Exposition universelle de 1878, les premiers Jeux Olympiques modernes à Athènes en 1896, et pour l'Exposition universelle de 1900. Son atelier se trouve rue Mazarine à Paris[7].
9e division : Léo Delibes, 1893, portrait en médaillon ornant la sépulture du compositeur[14] ;
23e division : Ulysse Trélat, 1890, portrait en médaillon ornant la sépulture du chirurgien.
cimetière du Montparnasse, 25e division : Joseph-Armand Mayer (1857-1892), portrait en médaillon ornant la sépulture du capitaine, « le Dreyfus oublié »[15].
Camille Sée, 1892, New York, Metropolitan Museum of Art.
Princesse Marie Gortchakow, 1895.
Laboremus pro Patria. 25 ans de la fondation des brasseries Ny Carlsberg, 1896, Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek ; New York, Metropolitan Museum of Art.
Dessin pour le projet de remplacement des timbres-poste Cérès (2e prix au concours gagné par Sage, retenu pour timbres téléphone de 1885), 1875, Paris, L'Adresse Musée de La Poste[41].
Discours et plaidoyers de Léon Gambetta avec une notice biographique par Joseph Reinach, édition ornée du médaillon de Gambetta par Jules-Clément Chaplain, Paris, G. Charpentier et Cie éditeurs, 1883.
« Il semble qu'en Chaplain se sont trouvées réunies toutes les qualités pour que la médaille sortît des ornières où l'avaient enlisée les artistes de la première moitié du XIXe siècle. Tous ses efforts ont tendu à lui redonner une indépendance et une originalité qu'elle avait perdues. D'une science consommée, d'un goût pur, très respectueux de la nature, y revenant toujours comme à la source de toute vérité artistique, d'un esprit lucide qui refuse de se perdre dans la complication et l'obscurité des symboles, n'aimant rien tant que la clarté, nous lui devrons l'aube d'une renaissance radieuse. Son dessin a du style et affirme son goût pour les formes arrêtées. Sa main est d'une habileté remarquable, et parfois il ne résiste pas assez à la tentation d'en tirer parti. Qu'il est difficile pour un artiste de pouvoir s'arrêter à temps et de sentir la limite où l'adresse devient de la virtuosité ! »
« Chaplain fut l'un des premiers maîtres de l'école nouvelle, il en est resté avec Roty, le plus vénéré au point que ces deux noms seuls ont paru longtemps résumer toute la médaille française […]
L'œuvre de Chaplain est imposant par le nombre comme par une qualité à peu près indéfectible : c'était un maître. Qui ne lui doit point ? Est-il besoin de citer ses portraits célèbres de Jules Ferry, de Gréard, de Casimir-Perier, de Garnier, du duc d'Aumale, et tant d'autres. Chaplain tout en restant lui-même, a un génie assez accompli pour s'adapter chaque fois à son modèle, pour composer l'attitude, le volume même de ses personnages selon le caractère qu'il veut rendre dominant. »
À Mortagne-au-Perche, une rue porte son nom, et le Monument à Jules-Clément Chaplain, œuvre de Denys Puech, est inauguré le dans les jardins de l’hôtel de ville[45].
↑Études réunies par Michel Gras et Olivier Poncet, Construire l'institution : l'École française de Rome, 1873-1895, Éditions de l'École française de Rome, 2015.
↑Albert Dumont et Jules Chaplain, « Les vases peints de la Grèce propre », Le journal des savants, septembre- et août-.
(en) Leonard Forrer, Biographical dictionary of medallists, Londres, Spink & Son, 1904.
Philippe Auquier, Sculptures et gravures en médailles, Éditions du Musée des beaux-arts de Marseille, 1904.
Ernest Babelon, « Jules-Clément Chaplain et l'art de la médaille au XIXe siècle », Revue de l'art ancien et moderne, no 153, , et no 154, .
article d'André Michel, Journal des débats, .
Stanislas Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l'École française du XIXe siècle, tome premier, Librairie ancienne Honoré Champion, 1914 (lire en ligne).
Jean Babelon, La médaille en France, Larousse, 1948.
Les Muses. Encyclopédie des arts, vol.5, Paris, Grange Batelière, 1971.
Nicolas Maier, L'art de la médaille en France, 1870-1949, Éditions Nicolas Maier, 2010 (lire en ligne).
Katia Schaal, Jules-Clément Chaplain (1839-1909), médailleur, sculpteur et acteur de l'essor de la médaille, mémoire de Master 2, sous la direction de Béatrice Coullaré et Anne Pingeot, École du Louvre, 2012.
Catherine Chevillot et Édouard Papet, Au creux de la main. La médaille en France aux XIXe et XXe siècles, Skira-Flammarion, musée d'Orsay, 2012.
Anne Vezin-Plivard, Jules Chaplain, graveur médailleur : sa vie, son œuvre, auto-édition, 2012.