La littérature algérienne comprend l'ensemble des œuvres écrites par des auteurs algériens. Faisant partie de la littérature maghrébine, elle utilise plusieurs langues dont l'arabe et le berbère — les deux langues nationales — ainsi que le français et le judéo-arabe[1].
La diaspora algérienne commence parfois à écrire dans une autre langue.
La population algérienne (et le lectorat), estimée à 5 millions d'individus en 1900, s'accroît depuis l'indépendance : 12 en 1966, 46 en 2024.
L’Algérie recèle, au sein de son paysage littéraire, de grands noms ayant non seulement marqué la littérature algérienne mais également le patrimoine littéraire universel, et cela dans trois langues : l’arabe, le berbère et le français[2].
Dans un premier temps, la littérature algérienne est marquée par des ouvrages dont la préoccupation était l'affirmation de l'entité nationale algérienne par la description d'une réalité socioculturelle qui allait à l'encontre des clichés habituels de l'exotisme, c'est à ce titre qu'on assiste à la publication de romans tels que la trilogie de Mohammed Dib, avec ses trois volets que sont la Grande Maison, l'Incendie et le métier à tisser, ou encore le roman Nedjma de Kateb Yacine qui est souvent considéré comme une œuvre majeure. D'autres écrivains connus contribuent à l'émergence de la littérature algérienne parmi lesquels Mouloud Feraoun[3],[4], Moufdi Zakaria, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, Malek Haddad, Jean Amrouche et Assia Djebar. Au lendemain de l'indépendance plusieurs nouveaux auteurs émergent sur la scène littéraire algérienne, ils s'imposeront notamment sur plusieurs registres comme la poésie, les essais ainsi que les nouvelles, ils tenteront par le biais de leurs œuvres de dénoncer un certain nombre de tabous sociaux et religieux, parmi eux il y a Rachid Boudjedra[5], Rachid Mimouni, Tahar Djaout, Zoubeïda Bittari, Leïla Sebbar, Achour Fenni, Abdelhamid Benhedouga, Yamina Mechakra et Tahar Ouettar.
Actuellement, une partie des auteurs algériens a tendance à se définir dans une littérature d’expression bouleversante, en raison notamment du terrorisme qui a sévi durant les années 1990, l'autre partie se définit dans un autre style de littérature qui met en scène une conception individualiste de l'aventure humaine. Parmi les œuvres récentes les plus remarquées il y a l’Écrivain, Les hirondelles de Kaboul et L’attentat de Yasmina Khadra, Le serment des Barbares de Boualem Sansal, Mémoire de la chair de l'écrivain d'expression arabe Ahlam Mosteghanemi, Nulle part dans la maison de mon père d'Assia Djebar et, enfin Ô Maria et Le Rapt d'Anouar Benmalek. Beaucoup d’auteurs vivent et publient à l’étranger, comme le romancier Abdelkader Djemaï, Mohamed Aknoun, Kamel Bencheikh, Mohamed Kacimi,Mohamed-Chérif Zerguine mais aussi des nouvelles venues comme Kaouther Adimi, Fadéla Chaïm-Allami, Katia Hacène.
Le Maître de chasse, roman, Le Seuil, 1973 et Points Seuil.
L'Histoire du chat qui boude, contes pour enfants, La Farandole, (1974, pour le texte) et Albin Michel Jeunesse, (2003, illustré par Christophe Merlin).
La Quête et l'Offrande / Mohammed Souheil Dib, roman / Paris / Marsa, 2002, (ISBN2-913868-40-1) [archive]. Traduction en arabe sous le titre «al-baht wa al-qurban» / (ISBN978-9961-848-08-1) DL: 4272-2007.
Écriture dans un moment de nudité, Kitaba Fi Lahdat Ouray, 1976
Algérie, femmes et écriture, préface de Jacques Berque, 1985, réédition l'Harmattan, 2000 (ISBN2858025061 et 978-2858025060)
Mémoires de la chair, traduction française de Mohammed Mokeddem, 332 p., Albin Michel, 2002, Prix Naguib Mahfouz et Prix Nour de la meilleure œuvre féminine en langue arabe (ISBN2226133976 et 978-2226133977)
Les Chercheurs d'os (roman), Éditions du Seuil, Paris, 1984, Réédition dans la Collection "Points', no 824, Éditions du Seuil, 2001. Traduction en allemand, 1988. Traduction en catalan, 2003.
L’Exproprié (roman, version définitive), Éditions François Majault, Paris, 1991.
Les Rets de l'oiseleur (nouvelles, 1973-1981), Entreprise Nationale du Livre, Alger, 1984. Réédition, ENAG, Alger, 2002.
Les Vigiles (roman), Éditions du Seuil, Paris, 1991, Prix Méditerranée. Réédition dans la Collection Points, Éditions du Seuil, no 171, 1995. Traduction en allemand, 1998. Traduction en anglais, 2008. Traduction en portugais, 2004.
Le Dernier Été de la raison (roman), Éditions du Seuil, Paris, 1999. Traduction en anglais, 1999. Traduction en italien, 2009.
1954-2014, j’aurais eu 60 ans…, coffret rassemblant 4 romans de Tahar Djaout : Les Chercheurs d'os, L'Invention du désert, Les Vigiles, Le Dernier Été de la raison, Éditions Quipos, Alger, 2014.
Les Chants cannibales, 2012, Éditions Casbah-Alger
L'Olympe des infortunes, 2010, Julliard
Ce que le jour doit à la nuit, 2008, Julliard (Sédia, Alger, 2008), (Pocket 2009), (France Loisirs 2009), (Grand Livre du Mois, 2008); (Éditions de la loupe -GROS CARACTERES- 2009); en Audio (CD) 2008.
Le Quatuor algérien : Morituri, Double blanc, L'Automne des chimères, La Part du mort (en 1 seul volume, Gallimard, Folio policier 2008).
Les sirènes de Bagdad, 2006, Julliard , (Sedia, Alger 2006); (Pocket 2007), (France Loisirs 2007)
La première pièce de théâtre publiée en arabe l'a été par l'Algérien Abraham Daninos en 1847 ; il s'agit d'une création originale et non d'une adaptation d'une œuvre européenne.
Selon Mahboub Stambouli, la première pièce fut jouée en 1910[12]. Les premières pièces algériennes, à cette époque étaient sans rayonnement important en raison de la censure qu’exerçait la tutelle coloniale, qui craignait notamment que les pièces ne dérivent vers des sujets d’ordre subversif, par conséquent les éternelles questions domestiques constituaient les thèmes principaux, mais qui étaient cependant loin de refléter la réalité socioculturelle des Algériens.
À partir des années quarante, de grands noms du théâtre émergent tels que Mahiedine Bachtarzi, Rachid Ksentini[13], Bach Djarah, Mme Keltoum, ces figures allaient constituer le premier noyau de dramaturges algériens qui allaient accompagner de façon soutenue, le mouvement d’affranchissement qui s’est saisi du peuple algérien, puisque durant la Révolution algérienne, des troupes théâtrales faisaient des tournées à travers plusieurs pays du monde, dans le but de faire connaître le combat que menaient les Algériens contre la domination coloniale.
Après l’indépendance, le théâtre suit la même trajectoire que le cinéma, avec l’avantage d’être plus critique à l’égard de certaines transformations sociales, politiques et culturelles que connaît alors la société algérienne. Animées par des dramaturges de talent à l’image de Kateb Yacine, ces pièces avaient pour thèmes dominants les principales préoccupations des Algériens face au changement de statuts et de mœurs.
Par la suite, une nouvelle vague de jeunes comédiens et de dramaturges font leur apparition sur la scène théâtrale, cette épopée fut menée par des figures telles que Abdelkader Alloula[14], Azeddine Madjoubi, Benguettaf et Slimane Benaïssa. Leurs créations ont été nombreuses et souvent de bonne qualité, parmi les pièces connues il y a Bab El-Foutouh brillamment interprétée par Madjoubi et Lejouad, écrite et interprétée par Alloula, .
De nos jours, l’activité théâtrale est marquée par des programmes de création locale et d’adaptation de pièces de grande renommée, l’Algérie dispose à ce titre d’un théâtre national, de sept théâtres régionaux et de nombreuses troupes dites de « théâtre amateur ».
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↑Jean Déjeux, « Bibliographie méthodique et critique de la littérature algérienne d'expression française, 1945-1970 », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, vol. 10, (lire en ligne, consulté le )
↑Mouloud Feraoun, Le fils du pauvre, Menrad instituteur kabyle, Le Puy, Cahiers du nouvel humanisme, 1950, p. 206
↑Christiane Achour, Mouloud Feraoun, Une voix en contre point, Paris, Silex, 1986, p. 104
↑Voir : Anthologie de la littérature algérienne (1950-1987), introduction, choix, notices et commentaires de Charles Bonn, Le Livre de Poche, Paris, 1990, (ISBN2-253-05309-0)
↑Catherine Schwaab, « Ahlem Mosteghanemi : brûlantes nuits orientales… », Paris Match, (lire en ligne, consulté le ).
Jamel-Eddine Bencheikh et Jacqueline Lévi-Valensi, La jeune poésie algérienne d'expression française de 1945 à 1965, Centre pédagogique maghrébin, Alger, 1967, 255 p.
Charles Bonn, La littérature algérienne. Itinéraire d'une lecteur. Entretiens avec Amel Maafa, postface Naget Khadda, Alger 2019, Elkalima, 269 p.
Collectif, « L’insurrection kabyle de 1871. Représentations, transmissions, enjeux identitaires en Algérie et en France », Études françaises, numéro préparé par Isabelle Guillaume, vol. 57, no 1, 2021 [lire en ligne].
Charles Tailliart, L'Algérie dans la littérature française. Essai de bibliographie méthodique et raisonnée jusqu'à l'année 1924 (thèse), (lire en ligne) [lire en ligne]
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Fatiha Chouiref épouse Bentouis, La question amazighe en Algérie : le passage d’une revendication culturelle et linguistique au pouvoir politique, thèse, 2018, Université de l'Adour (Pau)
(ar + fr) Vivre et écrire en Algérie, film réalisé par Dominique Rabourdin, avec la participation de Mohamed Kacimi, Boualem Sansal, El-Mahdi Acherchour, Mustapha Benfodil (et al.), Centre national de la cinématographie, Paris, 2008, 79 min (DVD)
Collectif, « Roman colonial et idéologie coloniale en Algérie », Revue algérienne des sciences juridiques, économiques et politiques, (lire en ligne, consulté le )