Léontine Zanta devient licenciée ès lettres en 1898[3]. Elle enseigne à la Mutualité de Maintenon, institution privée et laïque dispensant aux femmes des cours dans des domaines auxquels l'enseignement public ne leur permet pas d'accéder.
Elle sera à 42 ans, en 1914, la première femme française titulaire d'un doctorat ès lettres-philosophie[4]. Elle a été précédée en cela par une étudiante roumaine, Alice Steriad, qui devint première femme à décrocher un doctorat de philosophie à l'université française en 1913[5]. La soutenance de thèse de Léontine Zanta provoque, contrairement à celle d'Alice Steriad, un phénomène médiatique important.
Née dans une famille profondément catholique, ses conceptions philosophiques sont également inspirées par le spiritualisme de Bergson, philosophe avec lequel elle noue une solide amitié.
Elle a rencontré Pierre Teilhard de Chardin dans le salon de la cousine de celui-ci, Marguerite Teilhard-Chambon. Dans une lettre, elle annonce à Teilhard la parution dans L'Écho de Paris du (en première page[10]) de son article « Les Équipes sociales féminines »[11]. Teilhard lui répond de Tien-Tsin le : « Vous avez raison de voir dans celles-ci un triomphe, de fait, pour le Féminisme ! C’est en s’imposant de la sorte que les femmes feront leur place dans la société[12]. »
La vision de Léontine Zanta sur la place des femmes dans la société est conforme à celle du féminisme chrétien catholique. Elle entretient une attitude relativement agressive envers les féminismes non catholiques, estimant que le véritable féminisme est celui qui ne rompt pas avec l'ordre social et est favorable à la famille catholique.
Autrice de deux romans où le personnage principal est incarné par une étudiante en philosophie, elle pose la question de la conciliation entre féminité et philosophie. Elle y répond de manière pessimiste, estimant que le salut peut venir de Dieu seul[14].
L'avènement du régime de Vichy ne semble pas avoir perturbé sa vision. Elle s'empare en effet dans ces écrits de certains thèmes d'extrême-droite comme la régénération de la culture et recevra même un prix pour son œuvre en 1941.
« Le féminisme : ses manifestations variées à travers les faits, les institutions, les tendances, les mouvements d'opinions », Semaines Sociales de France, 19e session - Nancy 1927 : La femme dans la société, Gabalda, p. 67-86, 1928
La Part du feu, Plon et Nourrit, 1927, prix de littérature spiritualiste 1928
La Science et l'amour. Journal d'une étudiante, Plon, 1921
La Doctrine d'Épictète stoïcien, comme l'homme se peut rendre vertueus, libre, heureus et sans passion, traduitte du grec en françois par André Rivaudeau, 1567 ; réédition : La Traduction française du Manuel d'Épictète d'André de Rivaudeau au XVIe siècle, introduction par Léontine Zanta, Paris, E. Champion, 1914 lire en ligne sur Gallica.
La Renaissance du stoïcisme au XVIe siècle, thèse pour le doctorat ès lettres présentée à la faculté des Lettres de l'Université de Paris, Champion, 1914 ; réédition La Renaissance du stoïcisme au XVIe siècle, Slatkine, 1975, prix Marcelin Guérin
Henri Maleprade, Léontine Zanta : vertueuse aventurière du féminisme, Éditions Rive droite, 1997 (ISBN978-2-84152-050-3)
Pierre Teilhard de Chardin, Lettres à Léontine Zanta, introduction par Robert Garric et Henri de Lubac, Desclée De Brouwer, 1965
Victor Giraud, « Stoïcisme et Christianisme au XVIe siècle », Écrivains et Soldats, Hachette, 1921, p. 5-12[18]
Annabelle Bonnet, Léontine Zanta - Histoire oubliée de la première docteure française en philosophie, préface de Geneviève Fraisse, Paris, L'Harmattan, collection Logiques sociales, 2021.
↑Émile de Feuquières, « La philosophie compte en Mlle Zonta sa première doctoresse », Le Petit Parisien, 20 mai 1914, p. 2, avec une photo de Léontine Zanta lire en ligne sur Gallica.
↑Samuel Rocheblave, « Mlle Zanta soutient sa thèse de philosophie en Sorbonne », Le Temps, 21 mai 1914, p. 3, article qui commence par « Quiconque veut suivre l'évolution du temps présent dans le domaine des idées traduites en actes significatifs, n'a qu'à regarder aux spectacles imprévus offerts en ce moment par La Sorbonne » lire en ligne sur Gallica.
↑Annabelle Bonnet, La barbe ne fait pas le philosophe, Paris, CNRS, , 332 p., p. 130.
↑Toril Moi(en), Simone De Beauvoir: The Making of an Intellectual Woman, Oxford University Press, 2008, p. 284.
↑Ouvrage présenté ainsi par Antoine Albalat dans le Journal des débats politiques et littéraires du 30 janvier 1923, p. 3 : « Féministe modérée et persuasive, Mme Zanta consacre un volume élégamment écrit et très convaincu, à plaider la cause des femmes. Ce qu'elle demande semble assez raisonnable. Elle voudrait que la femme eût sa place au soleil et qu'on prît au sérieux son intelligence, ses aptitudes, son effort et sa bonne volonté. […] Quand on a lu cette belle apologie de l'intelligence des femmes, on s'étonne qu'il n'y ait jamais eu chez elles ni grand sculpteur, ni grand musicien, ni grand peintre, ni grand philosophe, ni grand mathématicien, et que les femmes n'aient jamais rien inventé, pas même la machine à coudre. » lire en ligne sur Gallica.