Passionné de cinéma et de philosophie, Marcel Bozonnet découvre le théâtre durant sa scolarité avec Michel Pruner et Jean Maisonnave (de l’école primaire à l’Université) en passant par l’organisme de la Jeunesse et Sports où il rencontre Maurice Masuelle qui le prépare à être un comédien amateur éclairé (il lui fait découvrir des auteurs comme Jean Tardieu, Bertolt Brecht, Simone de Beauvoir), Marie-Jo Gros, danseuse qui aura une grande importance pour Marcel Bozonnet, et le poète François Dominique.
En 1966 il rencontre, à l'occasion du festival des Nuits de Bourgogne, Victor Garcia, artiste d’avant-garde, qui lui fait interpréter le rôle d'Emanou dans Le Cimetière des voitures d'Arrabal. Marcel Maréchal le remarque lors de cette représentation et lui propose de rejoindre sa troupe à Lyon où il va peu à peu faire l’expérience de la pratique de la scène et de la camaraderie théâtrale. Il interprète des textes de Jean Vauthier, Louis Guilloux, Paul Claudel et Shakespeare.
Deux ans plus tard, Marcel Bozonnet monte à Paris où il poursuit sa formation avec la danseuse Laura Sheleen, élève de l'École de Martha Graham, avec laquelle il s'imprègne de l’école américaine en s’initiant à une danse qui repose sur le calme, la tranquillité, la souplesse, la respiration qui lui plait énormément et dont il s’inspire pour son jeu d’acteur.
En 1968, il se lie d’amitié avec Alain Crombecque et rencontre Patrice Chéreau qui lui propose de jouer dans sa mise en scène des Soldats de Jacob Lenz.
Dans cette même période, Marcel Bozonnet fait aussi la connaissance de Jean-Marie Villégier et François Regnault qui lui permettent d’appréhender au plus près le monde du théâtre. C’est ainsi qu’il pourra conjuguer ses aspirations philosophiques et littéraires avec l’Histoire du théâtre. Les belles rencontres artistiques vont se poursuivre : Valère Novarina, Jean-Louis Jacopin et les comédiens Tatiana Moukhine, Pierre Tabard et Catherine Sellers qui l’accueillent et le soutiennent. Il devient aussi l'assistant de Roger Blin pour sa création de Macbeth de Shakespeare.
En 1982, Marcel Bozonnet, à la demande de Jacques Toja, intègre la troupe de la Comédie Française comme pensionnaire pour interpréter Victor, dans Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac, mis en scène par Jean Bouchaud. Il devient sociétaire en 1986, année où il interprète Antiochus, dans Bérénice de Racine, sous la direction de Klaus-Michaël Grüber. Il se produit également dans Cinna, Le Balcon, Les Femmes Savantes, Tête d'Or, Torquato Tasso, La Vie de Galilée, Le Médecin malgré lui et Le Médecin Volant, Le Barbier de Séville.
Au début des années 1980, Marcel Bozonnet rencontre Eric Blanche avec qui il va créer dans sa ville natale, Semur-en-Auxois, le festival de théâtre « Scènes en découverte » qui dure de 1983 à 1989[1]. Cette expérience est fondatrice pour Marcel Bozonnet.
De 1979 à 1984, il met en pratique sa passion pour la pédagogie théâtrale en tant que professeur d’interprétation à l’école de la rue blanche (aujourd’hui ENSATT).
Il est nommé directeur du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique en et quitte alors la Comédie Française. Il occupe cette fonction jusqu’en . À ce poste, il s’emploie à défendre le travail vocal et corporel en créant deux nouveaux départements : Danse, dirigé par Caroline Marcadet, et Chant, dirigé par Alain Zaepffel. Il y développe aussi des ateliers en faisant appel à des intervenants étrangers toujours dans ce désir de faire se rencontrer différentes approches de pédagogies théâtrales. (Klaus Michaël Grüber, Piotr Fomenko, Gregory Motton…). Il met aussi en relation le Conservatoire avec deux autres écoles : la FEMIS et Les Arts décoratifs.
En 2001, il est nommé administrateur général de la Comédie-Française, poste qu’il occupe jusqu’en 2006[2]. Durant ces années, il poursuit la mission de la Comédie-Française en programmant un répertoire classique et ouvre également la salle Richelieu à des auteurs contemporains en faisant notamment entrer au répertoire Marie NDiaye et Valère Novarina. Sa mandature est marquée par l’invitation de grands metteurs en scène internationaux comme Bob Wilson, Piotr Fiomenko, ou Anatoli Vassiliev, ainsi que par l’engagement du premier artiste noir au sein de la troupe de la Comédie Française : Bakary Sangaré. Il met en scène pour la salle Richelieu LeTartuffe ou l’imposteur de Molière en et Orgie de Pasolini au Vieux Colombier en . Le metteur en scène Bruno Bayen lui propose de monter une pièce de Peter Handke : Le voyage au pays sonore ou l’art de la question. Mais Marcel Bozonnet lit dans un article du Nouvel Observateur que Peter Handke s’est rendu aux obsèques de Slobodan Milosevic en et qu’il a pris la parole pour défendre sa mémoire. Après trois semaines de réflexion, aucun contrat n’étant encore signé, il prend la décision de déprogrammer la pièce de Handke[3]. Au terme de ses cinq années de mission en tant qu’administrateur, son mandat n’est pas renouvelé.
En 2006, Marcel Bozonnet crée sa compagnie « Les Comédiens voyageurs » avec laquelle il est en résidence à la Maison de la Culture d’Amiens de 2007 à 2014. Il poursuit une tournée en Afrique, en Algérie, dans la péninsule arabique et au Moyen-Orient avec des lectures de poèmes de la littérature arabo-musulmane, française et algérienne. Il met en scène Jackie de Elfriede Jelinek avec Judith Henry et Rentrons dans la rue ! à partir de textes de Victor Hugo et d’Antonin Artaud, spectacle présenté en décentralisation dans les gymnases des établissements scolaires, dont il est aussi l’interprète. Il met ensuite en scène Baïbars, le mamelouk qui devint sultan, à partir du Roman de Baïbars, un conte de la littérature arabo-musulmane. Après Chocolat, clown nègre créé en , d’après un texte de l’historien Gérard Noiriel sur le premier artiste noir de la scène française, il présente Le couloir des exilés de Michel Agier et Catherine Portevin en à la Maison de la Culture d’Amiens, puis en tournée dans le département de la Somme. En 2014, dans le cadre du Festival des Francophonies en Limousin, il crée en collaboration avec le musicien Richard Dubelski un projet théâtral et musical avec une soixantaine d’amateurs : Jamais mon cœur n’a retiré sa bienveillance à la ville d’Alep.
En 2015, il crée Soulèvement(s), avec l’actrice Valérie Dréville et le musicien Richard Dubelski est représentée en à la Maison des Métallos à Paris. Puis en 2016, artiste coopérateur au Théâtre de l'Union - Centre Dramatique National du Limousin, il renoue avec la démarche de "Rentrons dans la rue", et poursuit le travail entâmé avec "Le couloir des exilés" en créant le "La neuvième nuit, nous passerons la frontière", d'après les travaux de Michel Agier et Catherine Portevin. Le spectacle est répété au lycée agricole des Vaseix, puis tournera ensuite dans le Limousin, en Seine-Saint-Denis (avec la MC93 Bobigny), et en Nouvelle Aquitaine.
Parallèlement, à la demande du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, Les comédiens Voyageurs portent la première édition du projet TranceForms dans le cadre du Programme Culturel Franco-Emirien "Dialogue avec le Louvre Abu-Dhabi", porté par l'Institut Français, le Ministère des Affaires Etrangères, et le "Tourism and Culture Authority" Emirien. Pensé en écho au projet universaliste et humaniste du Louvre Abu Dhabi, ce programme, mené par Marcel Bozonnet et Caroline Marcadé, vise à encourager une nouvelle génération vivant aux Émirats arabes unis à s’emparer de son histoire, des arts de la scène, de ses lieux de présentation et de production, et à développer sa relation au monde. En se centrant sur la formation de jeunes artistes émiriens ou résidents aux Émirats arabes unis, il s’agit de lier transmission et création en proposant des sessions de formation à Abu Dhabi et à Paris qui aboutiront à la fabrique d’un spectacle : أنا لغتي (Ana Lughati) / Je suis ma langue, créé à Abu Dhabi en 2017.
Il travaille en tant que comédien avec Alfredo Arias, Alain Ollivier, Georges Aperghis, Antoine Vitez, Petrika Ionesco, Philippe Adrien, Lucian Pintilié, Dario Fo avec lesquels il interprète le répertoire classique et contemporain (Beckett, Vauthier, Guyotat, Copi, Atlan).
1966 : Le Cimetière des voitures de Fernando Arrabal, mise en scène Victor Garcia
1966 : L'oiseau Recommencé, de François Dominique, Nevers, Éducation Populaire, direction Maurice Massuelle
1995 : Nouvelles et contes II, Bal à Wiepersdorf et Imbiss à Oranienbaum d'Ivane Daoudi, lecture Festival d'Avignon
1996 : La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, mise en scène Marcel Bozonnet, Théâtre de Lorient (spectacle qu’il ne cessera de jouer jusqu’en 2014 : Théâtre Firmin Gémier, Théâtre de la Criée, Théâtre de l’Ouest Parisien, Théâtre des bouffes du Nord, Théâtre de la Bastille…)[4]
En parallèle de son travail de comédien et de pédagogue, Marcel Bozonnet se consacre dès les années 1970 à la mise en scène et les années 1990 sont les plus prolifiques : Scènes de la grande pauvreté de Sylvie Péju au Théâtre de Gennevilliers (1990), Le Surmâle d'Alfred Jarry, opérette moderne, sur une musique de Bruno Gillet au Théâtre des Arts de Rouen (1993), La Princesse de Clèves (1995) d'après le roman de Madame de La Fayette, spectacle qu'il interprète également et qui tourne régulièrement en France et à l’étranger depuis sa création[5]. En il met en scène Dido and Aeneas opéra en trois actes de Henry Purcell, sous la direction musicale de David Stern pour le Festival International d'art lyrique d'Aix-en-Provence, Académie européenne de musique. En , il met en scène à La Maison de la Culture de Bourges puis au Théâtre de La Bastille Antigone de Sophocle dans une nouvelle traduction de Jean et Mayotte Bollack. Marcel Bozonnet a aussi cette volonté de monter des textes qui font écho à l’actualité contemporaine.
1983 : La Lune déclinante sur 4 ou 5 personnes qui dansent de Marcel Bozonnet, festival de Semur-en-Auxois
Le Surmâle d’après Alfred Jarry, livret de Patrick Besnier, Marcel Bozonnet et Hélène Delavault, Arles, Actes Sud, 1993.
Peter Sellars, introduction de Marcel Bozonnet, Arles, Actes Sud Papiers, 1994.
Entretien avec Marcel Bozonnet in Cassandre no 24, .
Le cours d'acrobatie d'Alexandre del Pérugia au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, une étape nouvelle dans la formation des comédiens, Lila Berthier, mémoire de DEA, Paris 3, 2000.
La mise en scène des classiques aujourd'hui ? : "L'annonce faite à Marie" de Claudel, par Frédéric Fisbach, "Henry IV" de Shakespeare, par Yann-Joël Collin, "Antigone" de Sophocle, par Marcel Bozonnet et Jean Bollack, "Le Juif de Malte" de Marlowe, par Bernard Sobel. Aurélia Guillet, mémoire de DEA, Paris 3, 2000.
La Comédie française, 30 ans de création théâtrale par Laurencine Lot et Joël Huthwohl, préface de Marcel Bozonnet, Tournai, Renaissance du Livre, 2003.
Les fables de la Fontaine, dessins de Robert Wilson, textes de Pierre Bergé, Marcel Bozonnet et Marc Fumaroli, Paris, Edition fondation Pierre Bergé Yves Saint-Laurent, 2004.
Antigone: enjeux d'une traduction, Paris, Campagne première, 2004.
La musique à la Comédie-Française de 1921 à 1964 : aspects de l'évolution d'un genre par Catherine Steinegger, Sprimont, Mardaga, 2005.
Le conte à l'épreuve de la scène contemporaine (XX-XXIe siècles), sous la direction de Martial Poirson, Paris, Société d’Histoire du théâtre, 2012.
↑Josanne Rousseau, « Théâtre Public », Théâtre Public, nos 76-77,
↑« Quand on fait une saison, on fait un bouquet » remarquait Marcel Bozonnet à l’aube de celle qui vient de s’achever, première de la programmation placée sous sa seule responsabilité. Et il poursuivait la métaphore en ces termes : « Dans un bouquet vous avez des fleurs de natures différentes, des feuilles, des branches qui ne s’organisent pas du tout de la même façon. On voit dans un bouquet les qualités de structure, et aussi de couleur, de volume. Mais, à un moment donné, tout doit tenir ensemble ». Le « bouquet » de cette saison a réuni 20 pièces de 18 auteurs, sans compter, avec La légende des siècles et la poursuite des représentations de Ruy Blas, la célébration du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, ni, avec Présences de Kateb Yacine et l’accueil de Nedjma, spectacle invité, la participation aux célébrations de « Djazaïr, une année de l’Algérie française », ni encore, en hommage à Alexandre Dumas pour le bicentenaire de sa mort, la lecture de Christine de Suède. » Cahier des activités de la Saison de la Comédie Française de 2002-2003, n°43. (Bibliothèque de la Comédie Française).