Président Institut de France | |
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Fauteuil 11 de l'Académie française | |
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(à 78 ans) 6e arrondissement de Paris |
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Pierre Maurice-Garçon (d) Jean Garçon |
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Archives conservées par |
Archives nationales (304AP)[1] Archives municipales de Lyon (114II) |
Maurice Garçon, né le à Lille et mort le à Paris, est un avocat, conseiller juridique, essayiste, romancier, polygraphe et historien français.
Il est surtout connu pour avoir défendu un grand nombre de causes, tant littéraires que criminelles, notamment celles de René Hardy, Georges Arnaud, Jean Genet et de Jean-Jacques Pauvert.
Fils d'Émile Garçon (1851-1922), célèbre juriste professeur de droit pénal à la faculté de droit de Lille puis de Paris, et de Constance Schaal des Etangs, il devient avocat au barreau de Paris en 1911 après avoir rêvé de devenir poète. Jusqu'en 1941, les jurés délibèrent seuls, sans la présence des trois magistrats professionnels, aussi les avocats talentueux comme Maurice Garçon font preuve de toute leur éloquence pour convaincre le jury, parvenant à faire acquitter des criminels grâce au verdict qui reconnaît l'accusé innocent du crime qu'il a commis. Maurice Garçon, tout en utilisant cette éloquence dès le début de sa carrière, fait plus appel à la raison du jury en s'inspirant de la technique de « plaidoirie express » de son mentor Henri-Robert[2].
Les anciens combattants lui reprochent de ne pas avoir fait la Première Guerre mondiale[3], pour laquelle il a été réformé en raison de sa « faiblesse de constitution et d'une imminence de tuberculose », le considérant de fait comme un planqué[4].
Toutefois, il recevra homologations, titres et services pour faits de résistance comme agent au sein des Forces Françaises Combattantes durant la période de l'Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.
En juin 1967, il cosigne l'appel du Comité de solidarité française avec Israël, aux côtés personnalités comme Raymond Aron, Robert Badinter, Pierre Bénouville, Gaston Defferre, Valéry Giscard d'Estaing, Robert Merle et François Mitterrand[5].
Dans les années 1920, il établit des contacts avec le milieu métapsychiste parisien. Il donne trois conférences à l’Institut métapsychique international (IMI) qui les publiera dans la Revue métapsychique : « Les guérisseurs et leurs pratiques » (juillet-), « La magie noire de nos jours » (juillet-), « Thomas Martin de Gallardon » (juillet-).
En 1924, il défend avec tout son talent déclamatoire le journal L’Œuvre, ainsi que le journaliste Georges de La Fouchardière, qui avait évoqué en date du les loyers encaissés « au prix du stupre » sur l'exploitation de maisons de prostitution dans la rue des Pans-de-Gorron voisine de la cathédrale, par Mgr Georges Grente, archevêque du Mans. Ses clients sont condamnés pour diffamation, mais il assoit sa réputation d'orateur.
En 1928, il cofonde, avec les frères Joseph et Georges Kessel, l'hebdomadaire Détective, le grand hebdomadaire des faits-divers[6].
En , il défend Louise Landy accusée du meurtre de son mari Paul Grappe, ancien déserteur travesti pendant dix années en femme pour échapper aux poursuites. Elle est acquittée[7]. Cette affaire inspirera André Téchiné pour son film Nos années folles (2017).
En 1931, dans L'affaire Favre-Bulle, François Mauriac dénonce la cruauté de Maurice Garçon, avocat de la partie civile, envers Mme Favre-Bulle accusée d’avoir tué son mari pour fuir avec son amant[8].
En 1932, Maurice Garçon a défendu avec succès le roman de Georges Simenon Le Coup de lune contre le reproche de la diffamation (calomnie), sinon l’accusatrice aurait dû affirmer qu’elle était autrefois une prostituée[9].
En 1939, il représente avec maître Maurice Loncle la partie civile allemande dans l’Affaire Grynszpan[2].
Il plaide pour Francis Carco dans le procès Camoin. En 1941, il est également de défenseur de l'escroc Charles Joseph Fossez, un voyant plus connu sous le nom du « fakir Birman » devant la 16e chambre correctionnelle du Tribunal de première instance de la Seine (Paris)[10].
Il devient l'avocat de l’Académie Goncourt. En 1943, il fait acquitter sous les acclamations du public Henri Girard, plus connu sous le nom de Georges Arnaud, le futur auteur du Salaire de la peur, accusé d'avoir assassiné son père, sa tante et leur bonne à coups de serpe. La même année, il sauve de l'échafaud Jean Gautier, jugé par le Tribunal d'État pour avoir assassiné à Poitiers le , en compagnie de quatre étudiants, le docteur Michel Guérin, alias Pierre Chavigny, l'éditorialiste du journal collaborationniste L'Avenir de la Vienne[11].
À la Libération, il défend victorieusement deux fois de suite René Hardy soupçonné d'avoir livré Jean Moulin aux Allemands lors de la réunion de Caluire. En 1953 il assure victorieusement en tant que partie civile, les intérêts de la famille Finaly contre Mlle Brun, cette dernière ayant refusé de rendre à leur famille deux enfants juifs qu'on leur avait confié. Garçon permet ainsi aux deux jeunes frères de rejoindre leur famille. En 1954, dans un procès en appel devenu célèbre, citant comme témoins Georges Bataille, Jean Cocteau et Jean Paulhan, il assure la défense du jeune éditeur Jean-Jacques Pauvert qui, bravant la censure, a publié l’Histoire de Juliette, Les Cent Vingt Journées de Sodome et La Philosophie dans le boudoir du marquis de Sade[2]. Il continue de le défendre dans l'affaire d'Histoire d'O, qui se solde en par une annulation grâce à l'intervention habile de Dominique Aury, dont on apprit plus tard que c'était elle qui se cachait derrière le pseudonyme de Pauline Réage, l'auteur alors non identifié du roman sulfureux.
Pendant la guerre d'Algérie, il doit mener une enquête diligentée par le gouvernement français sur les exactions de l'Armée française en Algérie, mais en est empêché par Pierre Bolotte, qui parvient à lui refuser d'accéder aux documents qu'il demande[12].
En 1962, la pugnacité de Maurice Garçon permet aux éditeurs d’œuvres érotiques (Jean-Jacques Pauvert, Régine Desforges…) de pouvoir imprimer des textes jusque-là interdits et susceptibles de condamnation pour outrage[13].
Passionné de littérature ésotérique, il écrit plusieurs livres sur la sorcellerie et rassemble dans son appartement parisien de la rue de l’Éperon une bibliothèque spécialisée (dont 400 ouvrages sur le Diable)[14]. Il reçoit de nombreuses personnalités des arts et des lettres dans son domaine de campagne, au château de Montplaisir, près de Ligugé. Amateur d'art, il contribue, avec son ami Roland Dorgelès au célèbre canular du tableau Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique peint par l'âne Boronali (anagramme d'Aliboron).
L’Académie française lui décerne le prix de Jouy en 1941.
Avec Paul Claudel, Charles de Chambrun, Marcel Pagnol, Jules Romains et Henri Mondor, il est une des six personnes élues le à l'Académie française lors de la deuxième élection groupée de cette année visant à combler les très nombreuses places vacantes laissées par la période de l'Occupation. Il est reçu le par André Siegfried au fauteuil de Paul Hazard qui, à cause de la guerre, n'avait jamais été reçu.
Grande figure du barreau, il est cité avec René Floriot — son parfait contraire sur le plan du caractère — dans la dernière phrase du film de Jean-Pierre Melville Bob le flambeur. Insolent, anticonformiste refusant d'être membre de l'ordre des avocats, il est détesté par beaucoup de ses confrères[2].
On lui doit quelques frasques d'anthologie comme jouer à la pétanque place de la Concorde, faire servir à table des carafes d'eau dans lesquelles tournoyaient des poissons rouges. Il fut par ailleurs membre du conservatoire de l'Humour, président du Club du Cirque et avocat du syndicat français de la prestidigitation (art qu'il pratiquait)[15].
Maurice Garçon est mort le 28 décembre 1967 à Paris.
Il est enterré au cimetière de Trivaux à Meudon[16].
Marié en août 1921 avec Suzanne Grivellé (1891-1977), il a trois enfants : Pierre (1922-1997), également avocat, il publie ses écrits sous le nom de Pierre Maurice-Garçon[17], Françoise (1925-2015) épouse du médecin François Lhermitte et Jean Garçon (1928-2010).
Une avenue à Ligugé, dans la Vienne, porte son nom.